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Bulletin 2009 Histoire - Récits - Mémoire

Madame Palmyra Abascal

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Faites l’expérience de prononcer son nom et vous verrez le visage de votre interlocuteur s’illuminer. Il paraît que voir la voiturette jaune citron aux chromes étincelants donnait une envie irrésistible de glaces et de sorbets parfumés et crémeux. Et les souvenirs heureux et gourmands de s’enchaîner !
Pas d’effet magique sans secret, et oui ! Palmyra Abascal détenait bien un secret de famille que les siens se transmettaient de génération en génération, à Ontaneda, son village d’origine, près de Santander en Espagne. L’art de la fabrication des glaces, la famille Abascal s’en était fait une spécialité que Palmyra Abascal partageait avec son mari également né Abascal, tous deux natifs du même village et tout autant versés dans le secret de fabrication de la glace.
Dans les années 30, les duretés de la vie ont convaincu Monsieur et Madame Abascal, jeunes mariés, de tenter leur chance en France, suivant en cela les traces de membres de leur famille qui avaient déjà dû s’expatrier pour mieux gagner leur vie. C’est ainsi qu’ils arrivèrent, en plusieurs étapes, à Croix-de-Vie en 1932. A l’époque, les deux ports voisins, Saint-Gilles et Croix-de-vie s’ouvraient, de conserve, au tourisme balnéaire. Monsieur et Madame Abascal ont très vite su satisfaire la gourmandise des estivants et des habitants. Chacun, au gré de ses promenades savait pouvoir rencontrer l’un ou l’autre, selon les heures et les jours, à l’entrée de la grande plage, devant la mairie, quai de la République ou à l’entrée de la rue du Général de Gaulle les jours de marché. D’un été à l’autre, de si bonnes habitudes ne pouvaient se perdre et c’est ainsi, qu’ au fi l du temps, les « glaces Abascal » sont devenues une véritable institution.

Et ce secret ?
Le secret était un lait frais et crémeux que Madame Abascal et sa fi lle Jacqueline allaient chercher chaque soir à la ferme des «Moreau» sur la route de Saint-Hilaire ou chez les «Caillonneau» à la ferme du Jaunay, sur Givrand. La route du retour à pied, avec deux bidons de 10 litres suspendus en bout de perche paraissait bien longue. Pourtant la journée n’était pas finie. Le soir était consacré à la fabrication des sorbets au cassis et au citron, deux parfums plus difficiles à faire prendre. Tôt le matin, dès 4 heures, Madame Abascal faisait les autres sortes de sorbets aux parfums également fait maison. Dans la famille Abascal, chacun avait son rôle à tenir. Si Madame Abascal avait la responsabilité de la fabrication, toute la famille assurait la vente. Ainsi Jacqueline, leur fille, a eu la responsabilité d’une voiturette dès ses douze ans. Monsieur Abascal avait de plus la charge de la confection des cornets qui ont eu parfois la forme de bateaux. L’entretien des trois voiturettes lui revenait de droit. L’hiver, l’entreprise familiale se mettait en sommeil. Seul, Monsieur Abascal allait proposer des châtaignes et des cacahuètes, grillées maison, lors des matchs de foot. C’est ainsi que Monsieur et Madame Abascal, venus d’Espagne, ont fait métier de donner du plaisir à tous. Ça ne s’oublie pas !

 

Michelle Boulègue

 

Bulletin 2009 Histoire - Récits - Mémoire

Un métier de célibataire

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C’est ainsi que Monsieur Robert Poingt décrit le métier d’agriculteur qui fut le sien jusqu’à l’âge de sa retraite, il y a 15 ans, à la tête de la ferme de « la Jalonnière ».

Combien sommes nous à nous souvenir que, en 1952, on a compté jusqu’à 71 fermes à Saint-Gilles-sur-Vie et 7 à Croix-de-Vie ? Dès 1978, les fermes de Croix-de-Vie avaient disparu. A la même date, 27 exploitations agricoles subsistaient encore à Saint-Gilles-sur-Vie. Depuis, leur nombre n’a fait que décroître jusqu’à trois aujourd’hui, regroupant des terres sur plusieurs communes de Givrand à Saint-Révérend afin de constituer des exploitations rentables dotées des technologies agricoles les plus avancées. La rudesse de ce métier, soumis aux aléas climatiques et aux caprices des marchés, mobilisant tous les membres d’une famille selon une répartition des tâches implacable, n’explique pas à elle seule cette érosion. Aujourd’hui, 40 ha de terres agricoles disparaissent chaque semaine en Vendée, avalées par les zones industrielles, les routes, les lotissements, les centres commerciaux. La nécessité de satisfaire à de nouvelles normes de rentabilité engendre une concentration des terres sur un plus petit nombre d’exploitations et le recours à une intense mécanisation au prix d’ investissements qui, à leur tour, poussent à la concentration des exploitations pour réunir de 150 à 300 ha de terres sur lesquelles sont appliquées des méthodes de culture de plus en plus scientifi ques.

En 1952, 570 ha de terres agricoles ceinturaient les communes de Saint-Gilles et de Croix-de-Vie et s’insinuaient même jusqu’au coeur des cités comme à Croix-de-Vie, la ferme du Gabio appartenant à la famille Chauvin, rue Raimondeau. Les fermes étaient, alors, de taille variable, de 5-6 ha en moyenne, parfois moins quand elles étaient simplement vivrières ou dédiées à la vigne comme l’exploitation de Louis Joubert au « Calvaire », sur le site de l’actuel Centre E.Leclerc ; 50 % des fermes comptaient de 6 à10 ha. Les fermes étaient aussi une forme de placement pour les citadins et le moyen d’organiser une autonomie économique. Par exemple le don permettant de créer l’hôpital « Torterue » a été assorti d’une ferme pour assurer son ravitaillement.

En 1945, les surfaces cultivées dépendaient du nombre de bras qui pouvaient s’y consacrer. L’équation était de 1 homme pour 10 ha. La mécanisation actuelle permet à un homme de cultiver 100ha. Dans les années 50, l’agriculture française a radicalement changé. Le mot d’ordre était, alors, d’améliorer les rendements à marche forcée pour éloigner le risque de pénurie alimentaire. A partir de cette période, les exploitations agricoles sont devenues de véritables entreprises soumises aux enjeux de l’investissement fait à temps et des décisions judicieuses de commercialisation. La concentration des terres a été la contrepartie. En 1973, il existait encore 7 grandes fermes de 30 à 50 ha sur le quartier de Saint-Gilles : les fermes de « la Cour Rouge », de « la Bégaudière », actuelle zone industrielle, de la « Jalonnière », du « Champ de Buzin », de « la Bouchère »,de « La Croix », de « La Cantinière » sur Givrand, du « Champ Pigneton », « des Touchettes » et sur le quartier de Croix-de-Vie, la ferme de la famille Babu.

En 1990, la tendance s’inverse. Il est reproché aux agriculteurs de trop produire. La Communauté Economique Européenne est à l’origine de cette dernière étape de la transformation du monde agricole : en payant les excédents, elle a stabilisé le prix du blé. Cette régulation des prix s’est assortie d’une réglementation draconienne dictée par les techniques de transport et de vente en grandes surfaces. Le calibrage des fruits et légumes en témoigne jusqu’à l’absurde : 10 % d’élimination de la production des fruits et légumes. L’application des quotas laitiers a laissé des souvenirs cuisants : « 200 litres dans le fossé plus des pénalités ! ». Les troupeaux ont été mis en coupe réglée, soumis à des contrôles sanitaires aussi justifiés que salutaires depuis l’épidémie de la vache folle et la découverte que de plus en plus de virus, propres aux espèces animales sont transmissibles à l’homme. Si cette réglementation a apporté une visibilité aux producteurs et de la sécurité aux consommateurs, elle est difficilement réversible. Appliquée au vivant, c’est une grave erreur. Aujourd’hui on s’aperçoit que la pénurie alimentaire pourrait revenir. S’il est possible de dégeler les jachères, on a oublié qu’il faut 3 ans pour faire un troupeau. L’installation des jeunes agriculteurs est compliquée par la disparition des terres et l’importance des mises de fonds de départ.

Les risques sont toujours là, différents. Le moyen de les maîtriser reste le même : s’associer, en coopérative, en groupement d’exploitants agricoles, afin de mieux répartir les aléas et les tâches, accéder à la modernisation des techniques, répartir les investissements de stockage et de mécanisation et surtout accéder aux marchés d’exportation et d’importation. Le métier d’agriculteur est devenu de plus en plus complexe.
Aujourd’hui chaque agriculteur est à la fois producteur, gestionnaire, vendeur et appelé à rendre des comptes sur la préservation de l’environnement voire des paysages.

Les agriculteurs savent aussi qu’ils ont intérêt, comme leurs pères, à être leur propre assureur. Un fond de réserve, c’est 30 % du résultat annuel. Dans les faits c’est plus souvent 10 % tant les marges sont rognées : une laitue vendue par les maraîchers, 15 centimes pièce, est revendue 1,50€ pour payer les intermédiaires. C’est ce qui explique la tendance au circuit court du producteur au consommateur en respectant …les normes de la CEE en matière de traçabilité et d’hygiène. Aujourd’hui 150 ha sont encore en culture dont 20 % sont sur le quartier de Saint-Gilles. Sur celui de Croix-de-Vie, seul un cheval mélancolique dans son champ, rue de Bel Air, a été le dernier témoin de la ferme de la famille Babu et de l’attachement de son propriétaire à son compagnon de travail. Il lui avait promis une douce retraite jusqu’à sa mort survenue en octobre 2008. Depuis lors le cheval fi nit sa carrière dans un centre équestre à la Tranche sur mer.

Michelle Boulègue

Bulletin 2009 Histoire - Récits - Mémoire

La villa Notre-Dame : 115 ans d’histoire partagée

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L’histoire de la Villa Notre Dame est intimement liée à celle de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. En 1893 la Congrégation des soeurs de Saint Charles décida d’acquérir des terrains sur le haut de la dune de la Garenne afin d’édifier un bâtiment à seule fi n d’y soigner ses membres. La ferme de la Villa Notre Dame, située sur les hauts de Saint-Gilles, disposait de terres de culture et de prés qui ont longtemps assuré l’autosuffisance alimentaire à cette communauté. A l’époque, le corps médical avait déjà observé les effets bénéfiques d’une exposition à l’air marin et au soleil pour soigner la tuberculose sous toutes ses formes. A la même période, le docteur ABELANET a fait construire une villa derrière la plage de Boisvinet, sur Croix-de-Vie, afin de soigner au moyen de bains chauds d’eau de mer, son fi ls souffrant d’une tuberculose osseuse. En 1910, la Congrégation fi t de son bâtiment un sanatorium ouvert au public. Pendant la première guerre mondiale, la Villa Notre-Dame accueillit des blessés de guerre en convalescence. Dans le même temps, la Villa Notre-Dame se dota d’un équipement révolutionnaire en créant une piscine d’eau de mer directement reliée à la mer.

Villa Notre Dame

Sur les traces du docteur Abélanet, c’était la balnéothérapie avant la lettre et les premiers pas de la Villa Notre-Dame dans ce qui sera sa spécialité : la rééducation fonctionnelle.

Dès 1940, la Villa Notre-Dame est occupée par l’armée allemande qui en fait un poste d’observation complété par un chapelet de blockhaus sur tout le pourtour du port. Certains, encore enfouis dans le sable, restent visibles. V.I.E a pu en dresser la cartographie grâce à des adhérents férus d’histoire. Après la guerre, la Villa Notre Dame a retrouvé sa vocation thérapeutique, confirmée dès 1953 par un agrément du Ministère de la Santé autorisant la création de 90 lits pour adultes et enfants bénéficiant d’une prise en charge hospitalière de service public. En 1954, la congrégation des soeurs de Saint-Charles se retire et la gestion de l’établissement est assurée par une association : « La Villa Notre-Dame ». En 1978, la Villa Notre-Dame abandonne l’appellation de sanatorium, tombée en désuétude du fait du recul de la tuberculose. A partir de cette date, la Villa Notre-Dame, devenue centre de rééducation fonctionnelle, engage une politique de modernisation de ses équipements et d’amélioration du confort de ses patients qui se poursuivra jusqu’à ce jour. Dans cet esprit, cet établissement imaginera de mettre à la disposition des handicapés un « fauteuil marin » le « TIRALO ». Ainsi, même un grave handicap moteur ne pouvait faire obstacle au plaisir de la baignade. En 1988, l’établissement a passé contrat avec l’Education Nationale pour l’enseignement spécialisé. Désormais une équipe d’enseignants, d’éducateurs et d’animateurs pouvait permettre aux enfants pris en charge de suivre leur scolarité. A partir de 2007 la gestion est assurée par les Mutuelles de Vendée conformément à la vocation non lucrative de cet établissement. Aujourd’hui, La Villa Notre-Dame compte une centaine d’emplois assurés par une équipe réunissant un panel de compétences diversifiées et hautement qualifiées dans un cadre balnéaire exceptionnel qui compte pour beaucoup dans l’efficacité des soins et le moral des patients.

Rolande Berthomé