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Bulletin 2019 Environnement

LE PAVILLON BLEU NE FLOTTE PAS SUR SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE

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Sous la protection de ces Sauveteurs, improvisés ou non, chacun espère pouvoir profiter des bienfaits de l’air marin. Les touristes, estivants ou autres, peuvent se référer au classement « Pavillon bleu » pour choisir leur station. Mais Saint-Gilles-Croix-de-Vie n’y figure jamais : serions-nous dans un endroit malsain ? Nous allons voir les raisons de cet état de fait.

Mai 2018. Enfin arrive le classement des villes déclarées « Pavillon Bleu ». Distinction convoitée ou simple hochet à mettre en vitrine ?

Certains ont pu être surpris que Saint-Gilles-Croix-de-Vie ne figure pas dans ce classement. Serait-ce qu’elle n’est pas assez belle, notre ville ? Les eaux seraient-elles polluées à ce point ? Et n’y respirerait-on pas un air sain ?

Scrutons un peu la liste des communes mises à l’honneur en Vendée. Première surprise, le classement sépare les ports des plages. Un seul port est à l’honneur dans notre département : Bourgenay. Et huit plages, dont celle toute proche de Saint-Jean-de-Monts. Ces sites sont-ils si différents ?

Deuxième surprise, il ne s’agit pas d’un label officiel décerné par un organisme public, mais par une association loi 1901, dénommée TERAGIR (1). La procédure complexe n’est pas initiée par l’association, mais sollicitée par la ville candidate. Et c’est là que commencent les difficultés.

Un difficile processus de labellisation

• Tout d’abord, la ville doit monter un dossier ayant trait à quatre grands critères : l’éducation à l’environnement, la gestion de l’eau, la gestion des déchets et l’environnement en général. Vaste programme, direz-vous, d’autant plus qu’il ne s’agit pas seulement de remplir une ligne, avec un indice de qualité, reflet d’une situation à un instant t.

• Mais la ville doit mettre en place des actions déterminées précisément par l’association pour chaque critère. Ainsi, pour l’éducation à l’environnement, cinq actions doivent être engagées par les communes et deux au minimum sur la plage en cours de labellisation. C’est un effort de longue haleine, qui exige une vigilance de chaque instant, les évaluations étant faites l’année précédant celle de l’attribution du label.

• A ce stade, intervient ce que l’on a l’habitude de nommer le nerf de la guerre, soit l’argent nécessaire pour arriver au but ultime, décrocher le graal !

– Tout d’abord, des frais de participation sont versés à l’association par la commune qui désire participer au classement. En effet, l’association fonctionne avec des subventions mais insuffisantes pour assumer les frais de présentation à l’international. Ces frais varient, selon qu’il s’agit d’un port (proportionnellement au nombre d’anneaux) ou d’une simple commune (suivant le nombre d’habitants permanents). Ils sont décomptés, d’une part au retour du questionnaire et d’autre part pour le montage du dossier international (2).

* frais de participation pour une commune pour la labellisation 2019


(NB : Les frais de montage du dossier jury international ne sont appliqués que pour les dossiers validés par le jury national, chaque plage constituant un dossier).

* frais de participation pour un port pour la labellisation 2019


(NB : là encore, les frais du dossier international ne sont appliqués qu’en cas de validation par le jury national). »

– Ensuite, la commune doit voter une ligne budgétaire significative pour combler les attentes en termes de qualité. En effet, tous les détails sont examinés, de l’accessibilité des plages aux handicapés, jusqu’au type de poubelles sélectives proposées en passant par des mesures de la qualité des eaux de baignade, été comme hiver, par temps calme ou après des tempêtes. Les communes doivent se montrer réactives et doivent pouvoir bénéficier de matériel et de personnel à tout instant. Ainsi, pour la labellisation de ses trois plages, Saint Nazaire a dû investir 115.000 euros en 2017.

Des bienfaits attendus

Si le coût paraît exorbitant, nul doute que la décision de la commune candidate soit le fruit d’une longue réflexion et que les élus sont attentifs aux résultats. L’engagement doit être impérativement suivi d’effets, quasiment immédiatement.

• Si l’on ignore comment aurait évolué la commune sans cette quête du « Pavillon bleu », de multiples actions ont été engagées méthodiquement, réfléchies en amont et s’inscrivant dans le sens d’une amélioration du cadre de vie. C’est donc quotidiennement et aussi bien en saison qu’hors saison, que les habitants pourront profiter des aménagements et nouveaux équipements qui auront été installés.

• N’oublions pas que le « Pavillon bleu » est un label international, pour des communes destinées à recevoir des touristes de divers pays. Il représente un important argument attractif à destination de personnes soucieuses de leur santé et de la qualité environnementale. Les étrangers qui ne connaissent pas les communes en cause sont friands d’informations crédibles sur la qualité du site qu’ils vont choisir pour leurs vacances. Il est d’ailleurs reconnu qu’ils consultent ce classement et s’y fient pour la plupart. Les retombées en termes d’attraction touristique sont incontestables pour ces communes, même si on ne peut les chiffrer exactement.

Pourquoi Saint-Gilles-Croix-de-Vie n’a-t-elle pas engagé la démarche de labellisation ? Depuis près de vingt ans, notamment depuis la décision prise en novembre 2000 à l’unanimité par l’association des élus du littoral (Avel), les communes de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Brétignolles, Olonne, Les Sables, pour les plus proches, ne sont plus candidates. Elles estiment que la démarche n’a plus aucun sens, compte tenu du mode de relevé des analyses et des atouts de ces stations balnéaires.

• A ce sujet il n’est pas inintéressant de consulter les critères d’attribution du « Pavillon bleu » dans la commune voisine de Saint-Jean-de-Monts (3). Cinq points ont été examinés :

« – Qualité de l’eau : 11 prélèvements par site de baignade, (trois sites) du 15 juin au 15 septembre à partir des analyses de l’ARS (Agence Régionale de Santé). Contrôle sanitaire sur paramètres microbiologiques réglementaires, Escherichia coli et entérocoques intestinaux, (risques de gastroentérites)

– Gestion : Démarche globale de gestion du label – comité de pilotage dédié. Conseil d’enfants force de proposition, à l’origine de la distribution de cendriers de plage.

– Education : Installation de bacs à marée hors saison et collectes pédagogiques de déchets. Retrait des douches trop gourmandes en eau

– Sécurité : 5 CRS et 21 sauveteurs civils recrutés et logés par la commune. Vigies en plus des postes de secours sur les plages.

– Accessibilité : Tiralos dernière génération, fauteuils pour personnes à mobilité réduite. »

• Même si Saint-Gilles-Croix-de-Vie présente des particularités du fait de son double statut de port de pêche et de station balnéaire, des exigences identiques de qualité environnementale s’imposent. Comparons avec les éléments retenus à Saint-Jean-de-Monts pour 2018.

– Les prélèvements d’eau de mer effectués par l’ARS pour l’ensemble de l’année 2017 (4) décernent trois étoiles, soit le maximum, à la Grande Plage de Rochebonne, à la Grande Plage Marine et à la Grande Plage Paternes. Quant aux plages de Boisvinet et des Cinq Pineaux, à la sortie du port, elles obtiennent deux étoiles, ce qui relève encore d’une bonne qualité.

– La démarche de distribution de cendriers de plage a été associée à une démarche de prévention du cancer par plusieurs campagnes organisées sur le remblai de la Grande Plage par le Lion’s club.

– Des bacs à marée sont installés toute l’année au bout du remblai, ainsi que des pancartes pédagogiques. Il n’y a plus de douches sur les plages.

– Sécurité : Saint-Gilles-Croix-de-Vie offre deux kilomètres de plage pour nager, surfer, bronzer et autant d’occasions d’atteintes à la sécurité. Les pompiers et la police municipale, la brigade territoriale de gendarmerie ont vu leurs effectifs renforcés par seize gendarmes mobiles et une équipe de maîtres-nageurs sauveteurs dans trois poste de secours.

– Accessibilité : aménagement de chemins pour l’accès à la plage et à la mer, cabines de plages adaptées à disposition des personnes à mobilité réduite, fauteuils roulants amphibies : tiralos et hippocampes, pour la Grande Plage et la plage de Boisvinet.

Résultat d’une décision ancienne de la municipalité prise à l’unanimité, opposants inclus, l’absence de Saint-Gilles-Croix-de-Vie de la compétition pour le « Pavillon bleu » s’explique aisément. Il n’empêche que les exigences de ce label sont peu contestables. La vigilance reste de mise pour qu’avec l’argent ainsi économisé, des efforts continus soient déployés pour améliorer la qualité d’accueil de notre station.

Christine Ménard

(1) https://www.teragir.org/agir/ Teragir est une association à but non lucratif et reconnue d’intérêt général, créée en 1983. Sa vocation est d’accompagner les acteurs de la société dans leurs projets de développement durable grâce à 7 programmes d’actions : Pavillon Bleu, Eco-Ecole, Clef Verte, la Journée internationale des forêts, Jeunes Reporters pour l’Environnement, Explorateurs de l’eau et le Stockholm Junior Water Prize. L’association participe à une action globale déployée dans 75 autres pays, au sein du réseau de la Foundation for Environmental Education (FEE), dont elle est fondatrice et membre actif.

(2) https://www.pavillonbleu.org/teragir/tarifs-2019.html

(3) Magazine municipal des Montois n° 118 d’octobre 2018 (4) https://www.pays-de-la-loire.ars.sante.fr/system/ files/2018-07/Bmer_classement_pdl_2017.pdf Qualité eau de mer 2017

Bulletin 2019 Environnement

QUE DEVIENNENT NOS DUNES ?

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Depuis l’été dernier, en marchant le long de la plage entre Saint-Gilles et Brétignolles, vous avez peut-être été surpris de voir le mauvais état des descentes sur la plage.

Le responsable de la construction et de la défense contre la mer à la Communauté de Communes, Monsieur Barreteau, nous a reçus cordialement et nous a expliqué les raisons de la lenteur de la remise en état. Effectivement, il y a en cours actuellement un travail sur le recul du littoral, sur la nécessité d’effacer les enrochements. Mais c’est un travail à long terme. Il faut tenir compte de toutes les implications : il s’agit d’une zone Natura 2000, dont une partie seulement (côté Saint-Gilles) est du domaine public car appartenant presqu’entièrement au Conservatoire du Littoral, le reste de la dune appartenant à des propriétaires privés. C’est à partir de ces contraintes que les services de M. Barreteau doivent gérer la dune : cheminements, plantes envahissantes, lignes de crête, propriétés privées. Mais les accès à la plage proprement dits dépendent des compétences communales. Il faut savoir aussi que les accès surveillés aux plages sont complexes à mettre en œuvre. Un poste de surveillance implique l’arrivée du courant électrique, d’eau, de fil de téléphone (loi de 1986). L’inspectrice des travaux n’a pas encore donné l’autorisation des travaux parce que le projet n’est pas encore finalisé.

En ce qui concerne la préservation des caractéristiques dunaires, en particulier la floristique, les difficultés sont liées au développement des plantes invasives (ailanthe, baccharis, peuplier blanc, prunelier, ronces, yucca) qui prennent la place des immortelles, œillets des dunes… et à la nécessité d’un arrachage manuel ou avec un attelage animal. Ce travail est fait par le garde-littoral, dans la zone appartenant au Conservatoire du Littoral, mais pas dans les propriétés privées, qui deviennent ainsi une réserve de graines pour ces plantes invasives.

M.Barreteau nous parle ensuite de la parcelle n°13, située vers l’autre extrémité de la dune du Jaunay : la célèbre parcelle « Voisin ». Elle appartient toujours à la SCI Bénatier qui ne semble pas vouloir la conserver à tout prix. Pour que le Conservatoire du Littoral puisse l’acquérir, il faut d’abord qu’elle soit préemptée par le Conseil Départemental, ce qui n’est pas encore fait.


Carte de la Dune du Jaunay – (Origine : Géoportail).

C’est le même problème en ce qui concerne la dune de la Garenne, même constat et mêmes propriétaires à quelque chose près. Ainsi, si la Communauté de Communes parvient à établir des partenariats avec eux, elle pourrait envisager de poursuivre le programme de protection de cette dune.


Echancrure dans la crête de dunes sur la Grande Plage

Dans ces propriétaires, il y a entre autres le Conseil Départemental et la ville. La zone est sanctuarisée ; mais il reste à remplacer certaines ganivelles qui sont abimées. Il est possible de passer des conventions pour le faire faire par la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles. A suivre des futurs discussions et accords. Ce petit tour d’horizon nous permet de comprendre la complexité des structures qui travaillent à la protection de notre dune si belle, si fragile.

Janine Bureau

Bulletin 2019 Environnement

LA LOI LITTORAL SUR LA SELLETTE

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Votée en 1986, publiée 29 ans plus tard le 14 décembre 2015, la loi littoral N°86- 2 du 3 janvier 1986, concerne 1212 communes en zone côtière, en bordure de grands lacs, d’estuaires et de deltas. L’ambition du législateur est de mettre cette loi au service de la préservation et du développement des zones concernées.

Prévenir les risques en zones côtières s’avère de plus en plus impératif tant le trait de côte est exposé aux effets de l’érosion et aux menaces de submersion marine aggravées par le réchauffement climatique. A cela s’ajoute une pression démographique accrue. D’ici 30 ans, 3,4 millions de nouveaux habitants attirés par les attraits du bord de mer devront trouver à se loger, se divertir, y travailler, se former, se déplacer et se soigner. Les conséquences prévisibles sont une aggravation de l’artificialisation des sols à un rythme trois plus rapide qu’actuellement au détriment des terres agricoles et des espaces naturels. Or ces zones sont également très fragiles tout en abritant de riches écosystèmes également menacés.

Développer ces zones est donc une gageure quand elles doivent être également protégées. Le maître-mot des décideurs locaux en charge de résoudre cette difficile équation est l’aménagement durable.

Ce vocable désigne l’exercice d’équilibriste qui consiste à permettre l’implantation de projets économiques compatibles avec la préservation des espaces agricoles et naturels.

Prudemment, la loi se veut définir un cadre reconnaissant aux décideurs locaux des capacités à prendre des décisions équilibrées à la lumière des réalités du terrain. Elle en fixe donc les principes de mise en œuvre :

– Continuité de l’urbanisme existant est le critère d’extension de l’urbanisme afin d’éviter le mitage du littoral.

– Limitation de l’urbanisme dans les espaces proches du rivage.

– Interdiction de construire sur une bande de 100 m de large à compter de la limite haute du rivage sauf pour les activités qui exigent une proximité immédiate de l’eau comme les fermes aquacoles et non un restaurant de plage.

– Aménagement de coupures d’urbanisme afin de créer des « respirations ».

– Identification et préservation des espaces les plus remarquables, caractéristiques du littoral et des espaces boisés.

Des fiches techniques sont à disposition des élus afin de les aider à appliquer la loi « Littoral ».

Actuellement les façades littorales sont plus exposées encore aux effets de l’érosion et aux risques de submersion marines qu’en 1986. L’actualité ne manque pas d’en apporter les preuves. Les capacités d’anticipation sont plus que jamais attendues de la part des élus. A l’appui de leurs responsabilités le gouvernement édite des instructions complètes sous forme de fiches. Ainsi l’instruction du 7/12/2015 visant les domaines des transports, équipements, logement, tourisme. Réussir la cohérence territoriale est l’enjeu et implique d’articuler aux directives gouvernementales, les SCOT et les PLU. Ainsi posée, la loi « Littoral » votée à l’unanimité n’a jamais été remise en cause même si des coups de canif, parfois implacablement sanctionnés par la nature, ont pu lui être portés. Mais voilà qu’en avril 2018, la loi Evolution du Logement et Aménagement Numériques (loi ELAN) débattue en Assemblées parlementaires en a secoué quelque peu les fondamentaux en proposant d’autoriser de construire sur les « dents creuses » entre deux bâtiments existants. Une réponse à la nécessaire densification urbaine particulièrement prisée en zone balnéaire écartelée entre le manque le foncier pour développer des résidences principales et la concentration des résidences secondaires ? Une ouverture à la tentation de bétonisation, diront les détracteurs de cet amendement curieusement glissé dans la loi ELAN. La levée de bouclier fut telle que les auteurs de l’amendement le remisèrent à la déception d’entreprises du BTP et de particuliers qui y voyaient l’opportunité de valoriser leur patrimoine.

La leçon de cette anecdote est que les pressions sur le foncier en zone littorale existent et sont suffisamment fortes, fondées sur des argumentations si opposées qu’il reviendra d’ici peu aux décideurs locaux de déployer leurs capacités à concilier les contraires avec l’appui des instructions gouvernementales. Autant dire que les dérapages sont à craindre et que la vigilance collective est plus que jamais de mise même si la loi ELAN qui devrait être votée en décembre 2018 veut précisément mettre la politique du logement à l’abri des pressions associatives expressément ciblées.

Michelle Boulègue

Sources : Légifrance, loi « Littoral », projet de loi ELAN, article 24, alinéa 8, page 21 : « Amélioration du dispositif d’action en responsabilité contre les recours abusifs, associatifs ou autres… »