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Bulletin 2022 LA TERRE, L’EAU, DONS FRAGILES

LA TRANSMISSION DES SAVOIRS AU JARDIN DE M. TORTERUE

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LA TRANSMISSION DES SAVOIRS AU JARDIN DE M. TORTERUE.

Le contexte sanitaire n’a pas facilité la tâche du collectif des Incroyables Comestibles lors de l’année passée. Cependant, l’envie de partager la passion du jardinage et la volonté de développer la démarche écologique restent intactes.

Revenons sur nos actions en 2021 :

Lors du 1er week-end de juin, le traditionnel «Rendez vous au jardin» nous a permis de renouer avec l’accueil du public et notre volonté d’ouverture à tous et toutes. Le thème proposé cette année, «la transmission des savoirs», était particulièrement en adéquation avec nos objectifs. Les visites, commentées par Michèle Tramoy, se sont succédées dans l’Incroyable Jardin de Monsieur Torterue et ont suscité de nombreux échanges autour du mouvement Incroyables Comestibles, de l’histoire de l’hôpital, de la permaculture…

Au delà de cet évènement parti- culier, les jardiniers ont poursuivi leurs actions pédagogiques auprès des enfants des écoles. Les exercices pratiques réalisés depuis 3 ans par les élèves de la petite section de l’école maternelle Sainte-Croix sont toujours basés sur les principes de la permaculture (installation de lasagnes par exemple). Les enfants bénéficient de séances mensuelles sur site et peuvent ainsi réaliser des observations sur un cycle de culture complet, de la plantation des pommes de terre, par exemple, jusqu’à leur récolte.

L’étude des petites bêtes du jardin, et de leurs fonctions, est aussi au pro- gramme, en lien avec la thématique des animaux, leur projet d’école.

Depuis sa création en 2016, le jardin de l’hôpital a gagné en notoriété. Plusieurs autres écoles ont approché nos bénévoles afin d’organiser des visites libres (école de la Chapelle) ou encadrées (école des Salines), ou encore pour bénéficier de conseils techniques dans l’aménagement de bacs de culture dans la cour de leur école (école Edmond Bocquier).

Une classe du lycée Nature de La Roche-sur-Yon fait aussi appel de- puis deux ans au savoir-faire de nos bénévoles pour aider les élèves à construire leur projet «développe- ment durable».

Alors, comment ne pas partager largement toutes ces belles aventures humaines et environnementales… Le 5ème numéro de notre Gazette numérique a été publié en fin d’année. Bien sûr, notre petit journal s’adresse d’abord aux jardiniers réguliers ou occasionnels, mais aussi aux différents partenaires, dont l’association V.I.E.. Il est aussi diffusé largement à toutes les personnes nous ayant laissé leurs coordonnées. Alors amis lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter et à laisser votre adresse mail si vous souhaitez être personnellement informés de l’activité du jardin.

Certains projets en cours devraient aboutir, comme l’attribution à notre collectif d’un local à proximité pour le rangement des outils. D’autres, plus complexes et coûteux, nécessitent encore de la réflexion et la recherche de financements comme la réalisation d’un cheminement autour des cultures pour les personnes à mobilité réduite. Par ailleurs, dès que la situation sanitaire nous le permettra, nous renouvellerons les animations telles que le troc-plantes, les visites commentées, les rencontres musicales et ludiques, etc… et ceci pour tous les publics et en premier lieu pour les résidents de l’Ehpad voisin.

Les temps d’échanges ont manqué ces derniers mois. Un souffle nouveau est attendu pour accompagner et alimenter encore la réflexion autour du Jardin de Monsieur Torterue. Une réunion du collectif des Incroyables Jardinières et Jardiniers est envisagée en début d’année 2022. En attendant, si vous souhaitez partager notre belle aventure, et bien, rejoignez-nous, venez nous rencontrer le mardi pour en discuter, et pourquoi pas pour jardiner, pour conseiller, pour apprendre, pour partager vos interrogations, pour arroser l’été, pour installer des châssis ou des tipis… Toutes les compétences, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, sans engage- ment formel, car selon notre adage

«Vient qui veut, qui peut !»

Pour le collectif,

Gaëtan Chatellier

Contact : incroyablescomestiblestorterue@orange.fr

 

Bulletin 2022 LA TERRE, L’EAU, DONS FRAGILES

L’EFFACEMENT DES ENROCHEMENTS DE LA GRANDE PLAGE

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L’EFFACEMENT

DES ENROCHEMENTS DE LA GRANDE PLAGE

Les observations du trait de côte du littoral sud gillocrucien (classé Natura 2000) révèlent une évolution disparate de la morphologie de l’ensemble plage- dune :

  • d’une part la poursuite de l’érosion dans la partie voisine de la plage artificielle,
  • d’autre part une stabilité voire le renforcement naturel du mécanisme d’accumulation de sable (témoins : avancement de clôture, mesure de l’enfouissement des poteaux de la clôture) notamment sur le haut de plage et le pied de dune (accrétion).

Sur le secteur particulier de l’accès La Paterne (28), le cordon dunaire fragilisé a subi régulièrement des sinistres dus notamment à la désorganisation hydrodynamique des déferlantes se fracassant sur les enrochements.

Cette situation a perduré jusqu’aux travaux de novembre 2021 et l’effacement tant attendu des enrochements de la plateforme (blocs de rhyolite).

Sur le secteur des Océanides, la cale de l’accès La Vigie (27) délimite la plage artificielle de la plage naturelle bordée par le cordon dunaire qui s’étend au-delà de la limite communale (accès Breti 01).

Une nouvelle fois l’allongement et la consolidation de la cale et du perré d’enrochement (travaux de décembre 2020) confirme la stratégie du renforcement des points durs. Bien sûr les bâtiments les plus proches du trait de côte artificiel (Panoramique) restent éligibles à être défendus, mais pendant combien de temps et à quel coût ? Lors des coefficients élevés ou des surcotes, c’est la même hydrodynamique provoquée par les enrochements qui engendre la dépression (bassine) et qui sape le pied de la dune voisine et fait s’ébouler par pans la dune du site 27.

Sur toute une partie de la plage artificielle qui borde le remblai, la dépression s’étend, aidée en cela par le poids des enrochements qui s’enfoncent et renforcent la puissance dévastatrice des déferlantes. L’immense baïne de 2019 atteste que la désorganisation des déferlantes peut se propager en courants d’arrachement au-delà des points durs.

Vue de la bassine creusée par les perturbations des déferlantes cognant sur les enrochements protégeant la cale. Photo du 9 nov. 2021

Au niveau de l’accès

28 La Paterne Bilbao, en novembre 2021, les enrochements de la plateforme servant 2 mois au poste de secours ont enfin été retirés à la satisfaction des usagers qui désapprouvaient les enrochements facteurs de la désorganisation des déferlantes engendrant les sinistres dans la dune.

Ceux-ci étaient en expansion notamment suite aux tempêtes de la fin d’automne 2019 et de l’hiver 2020. Il a fallu une dernière fois apporter du sable de remblai (juin 2020) pour reconstruire le front de dune (chargement de centaines de mètres cubes de sable). Ces enrochements étaient ébranlés à chaque marée par les déferlantes (à partir de coefficient 85). En équilibre précaire certains blocs auraient constitué un danger lors de leur chute.

Paterne avant retrait des enrochements : cône d’érosion et cheminement d’accès en suspens.

Photo du 26 sept. 2021

En complément de l’effacement salutaire des enrochements, les travaux de terrassement ont porté sur une modification du chemin d’accès de la Paterne plus en oblique dans la dune rabotée sur la crête, permettant de rejoindre l’estran avec une pente acceptable. Cette solution permet de s’affranchir d’aménagement type escalier, et de l’entretien y afférent. Auparavant la pente de l’accès nécessitait des marches pour rejoindre la plateforme d’enrochement. Si les marches n’étaient pas soumises directement à la puissance des déferlantes, les abords étaient devenus de plus en plus vulnérables à l’érosion accélérée (sape, mise en falaise, succion, éboulement de pans, …) malgré les rechargements en sable du front dunaire.

Accès Paterne,Insertion graphique de la plateforme du poste de secours. Source : Bureau d’études ATLAM Environnement

L’avenir nous montrera l’évolution de la connexion à l’estran avec les risques de bassine engendrés par la propagation des perturbations des déferlantes sur l’enrochement de la cale de La Vigie. C’est la résistance du pied de dune qui sera en premier testée. En l’absence de structure végétale du fait du piétinement, le pied de dune de l’accès doit être consolidé par du tissu géotextile.

De même, à l’emplacement de l’ancien accès, la consolidation du pied de dune réalisée avec du sable récupéré (sable sans structure végétale) est nécessaire. Une plateforme sur pilotis, recevant en été le poste de secours, se trouve en aval de la clôture sur cet ancien accès. Espérons que les tempêtes épargneront cette structure positionnée relativement bas.

Plus au sud à 150 m, l’accès Kerlo (29) équipé d’un escalier permet, de la dune, d’atteindre l’estran. La troisième version de l’escalier et le plancher, qui sert de petit belvédère, s’appuient sur des pilotis fichés sur le versant de la dune. Quelques marches facilitent le passage de la crête et rejoignent la platebande du chemin.

Après avoir beaucoup insisté, cinq blocs découverts lors des tempêtes et perturbant l’atterrissage des déferlantes ont été retirés (décembre 2020). Néanmoins l’absence de rechargement de sable manquant a laissé vulnérable ce versant dunaire. Des rangs de clôture de renforcement (poteaux et ganivelles) compensent en partie le déficit en sable sur le versant. Cependant l’écoulement du sable du front dunaire se poursuit, de même que l’éboulement chaotique des fondations d’une ancienne voie empierrée.

Le projet de remodeler les accès (via une tranchée) est prévu également pour l’accès Kerlo. Pourtant l’escalier a montré sa résistance malgré les désordres sur le versant dunaire sur lequel s’appuient ses pilotis. Un rechargement en sable permettant de laisser les pilotis suffisamment enfouis donnerait la possibilité de garder ce petit patrimoine (escalier et belvédère), construit par les menuisiers de la commune, au moins pendant 3 années sans beaucoup d’entretien. L’arrachement de la clôture lors des tempêtes est un marqueur approximatif de ce secteur soumis à l’érosion.

L’accès Kerlo (29) a-t-il besoin d’être déplacé et remodelé pour s’affranchir de l’escalier ?

Photo du 18 nov. 2021

L’accès suivant (STGIL 30) vers le sud constitue le seul accès à un important secteur dit plage sauvage qui s’étend au-delà de la limite communale jusqu’à l’accès Bréti 01, avant les rochers qui annoncent le massif rocheux de La Roche Biron. Auparavant l’accès 31 permettait l’accès à ce secteur très sauvage.

Au contraire du secteur nord de la plage (accès 27, 28, 29) soumis lors des tempêtes aux sinistres d’une érosion accélérée, la morphologie de la plage- dune du secteur sud autour de l’accès

30 a vu l’engraissement de l’estran(formation de nombreuses banquettes) et l’accumulation du sable en pied de dune. Cette accrétion est le résultat des tempêtes Bella (27-28 déc. 2020),

Hortense (21 jan. 2021) et Justine (30 jan. au 1er fév. 2021).

Le littoral dunaire a bien résisté aux déferlantes qui ont glissé sur le pied de dune (jusqu’à 3 ou 4 m sur le profil en pente douce) sans dégât majeur. Une accumulation vraiment exceptionnelle par son ampleur a été observée sur le chemin dunaire de l’accès 30 qui a été complétement enfoui sur la crête (plus d’un mètre d’épaisseur).

Aux confins sud du cordon dunaire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le front de dune est en reconstruction après une période de dévastation dont on voit les échancrures dans les crêtes dunaires.

Petit à petit des banquettes sur le haut de l’estran ont initié le rechargement des dunes embryonnaires qui rejoignent le massif dunaire dévasté et inapte (car déminéralisé) à la végétalisation.

Le développement de prairies naturelles de chiendent maritime puis d’oyats protégées par de nouvelles ganivelles installées plus près de la mer, favorise le dépôt et l’accumulation de sable (phénomène d’accrétion par apport éolien sédimentaire).

Au printemps, protégés par la ganivelles, les cakiliers, les panicauts et autres plantes halophiles tolérantes à la salinité, profitent également de l’engraissement du haut de l’estran. Des deux accès Bréti 01 A et Bréti 01 B, à la hauteur du Pont Jaunay, seul le dernier est resté ouvert et aménagé (fil de fer de délimitation du cheminement) pour rejoindre l’estran. Des délimitations de protection sur le haut de l’estran ont pour objectif de favoriser la ponte en haut de plage des gravelots (gestion LPO).

L’effacement du point dur de la plateforme de La Paterne (nov. 2021) devenait de plus en plus nécessaire pour stopper la dynamique du délabrement de la dune et défendre l’intégrité du cordon dunaire, défense naturelle de la zone sud de la commune.

Paradoxalement, les enrochements placés le long du remblai et qui s’enfoncent irrémédiablement, amplifient le phénomène des vagues subversives et des courants d’arrachement et augmente la sensibilité du trait de côte artificiel en renforçant les cycles d’amaigrissement de l’estran.

Cet accès est le seul accès au chemin dunaire jusqu’aux fins du littoral Brétignolles (Bréti 01). L’enfouissement des poteaux témoigne du

phénomène d’accrétion.

Nous devons nous préparer à des aléas météorologiques marins de plus en plus déstabilisants.

L’effacement des enrochements doit donc se poursuivre notamment en réduisant la longueur de la cale et en arrondissant le perré, pour limiter la zone de perturbation des déferlantes. Un repli stratégique pour défendre la dune doit être adopté en s’appuyant sur des aménagements renforcés par du tissu géotextile.

D’autres enjeux sont liés à la défense des dunes :

•l’expansion des siffle-vents et des caoudeyres,

•la protection de la biodiversité particulière attachée à cet environnement,

•l’accessibilité : les cheminements pour accéder aux plages sont un facteur d’inclusion favorisant l’accès de tous dans un espace naturellement sécurisé toute l’année. « L’accès des piétons aux plages est libre », rappelle en effet le code général de la propriété des personnes publiques. Les enfants en bas âge, les personnes à mobilité réduite, doivent dans des conditions de sécurité acceptables pouvoir emprunter les cheminements publics.

Les accès sont aussi des « portes de secours » en cas d’épisodes de submersion qui peuvent vite surprendre les promeneurs. Sans doute ne sont-ils pas assez nombreux (3 sur une distance de 2 km). L’organisation des secours doit pouvoir intégrer les accès dans les procédures tout en respectant la fragilité de l’environnement dunaire.

Denis Draoulec