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Bulletin 2023 L’Océan, incontournable acteur de SGXV

LE PROJET DE PORT DE BRÉTIGNOLLES À LA NORMANDELIÈRE. Suite de la Saga. 

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LE PROJET DE PORT DE BRÉTIGNOLLES À LA NORMANDELIÈRE. Suite de la Saga. 

 

Le 15 octobre 2021, lors d’une réunion  publique, le maire, Frédéric Fouquet, a  défendu l’option d’un port communal, laissant penser qu’elle était la seule capable de répondre aux trois enjeux  du site : faciliter et sécuriser la mise à l’eau, rendre la Normandelière attractive à l’année et prendre en compte  la dimension naturelle du site. (O.-F.  22/10/21) (…) 

Le 24 novembre 2021, La Vigie s’oppose «à toute atteinte au domaine dunaire» et souligne que des expertises supplémentaires repousseraient le réaménagement du plan d’eau. Elle doute du retour sur investissement d’un tel projet. 

Elle rappelle qu’elle «est favorable à un aménagement du site de la Normandelière, en respect avec la Loi Littoral et la préservation de la biodiversité, pour en faire un espace ouvert accessible à tous avec un bon équilibre des  usages.» (O.-F. 24/11/21) 

Depuis : 

2 décembre 2021 : Le Conseil Commu nautaire du Pays de Saint-Gilles-Croix de-Vie met en œuvre l’abandon du projet de port de plaisance sur le site de la Normandelière en accord avec le préfet de Vendée et suivant ses instructions. 

En compensation, la Communauté de Communes décide d’indemniser  la commune de Brétignolles-sur-Mer  pour les études qu’elle a conduites, d’un montant de 2 116 804 euros. 

Cette indemnisation, qui pourrait être versée dans les deux ans, est conditionnée à l’engagement, par la mairie de Brétignolles, de ne pas réaliser de port. 

9 décembre : Le Journal des Sables titre : «Le Collectif pour la remise en  état du plan d’eau s’impatiente et se mobilise»: 

«C’était une promesse de Christophe  Chabot, si le port ne se faisait pas …  Plus rien n’empêche la municipalité de  respecter ses engagements.» 

8 janvier 2022, Ouest-France titre:  «F. Fouquet et C. Chabot, s’associent dans le privé» : 

Frédéric Fouquet, est depuis le 25 oc tobre 2021 le nouveau gérant de l’entreprise Coutaud Manutention dont il  était jusqu’à présent le directeur commercial salarié. 

Christophe Chabot et Frédéric Fouquet sont co-actionnaires de la nouvelle société Foutex maison mère de Coutaud Manutention. 

Dans le même temps, le lobbying de Christophe Chabot est intense auprès de Frédéric Fouquet pour défendre contre vents et marées le projet de  port. L’ancien maire en rend compte  publiquement sur le site de l’association «Brétignolles Veut Son Port», qu’il préside. Au soir du 22 juillet 2021, après le vote du Conseil Communautaire du Pays de Saint-Gilles-Croix-de Vie abandonnant le projet de port à  Brétignolles , Christophe Chabot fustige une «parodie».  

Selon Christophe Chabot, les deux  maires se voient le 1er août, pendant trois heures. À l’issue de cette rencontre, les tensions s’apaisent. «Je  crois pouvoir affirmer que l’on a peut être retrouvé notre Fred… Notre maire a pris l’engagement très clair que rien ne se fera à la Normandelière sans notre association», relate Christophe Chabot. 

12 janvier : Un collectif de contribuables, habitants du Pays de Saint Gilles-Croix-de-Vie, dépose un recours gracieux contre la décision du Conseil Communautaire du 2 décembre 2021, qui actait le remboursement de 2,1 millions d’euros à la commune de Brétignolles, au titre d’études engagées pour l’aménagement d’un port de plaisance, ce projet ayant finalement été abandonné par les élus communautaires en juillet 2021. 

Dans ses vœux, le 8 janvier 2022, le maire de Brétignolles, Frédéric Fouquet maintient la solution d’un  port communal comme «scénario  prioritaire». (O.-F. 14/01/22) 

1er mars : La Région des Pays de Loire  lance un nouvel Appel à Projets pour  un port de plaisance innovant et établit son cahier des charges : 

– Port connecté (internet des objets), 

– Port lieu d’expérimentation, 

– Port durable (économie circulaire,  intégration du port à sec sur le terri toire et dans son environnement). 

Date limite de dépôt des dossiers : 31 mai 2022. 

5 mars, 11 mars et 10 juin : derniers  arrêtés préfectoraux d’abrogation  pour clore le dossier Port-Brétignolles  à la Normandelière, après la décision  communautaire d’abandon.  

5 avril : Congrès annuel de l’association vendéenne des élus du Littoral, salle de la Balise à Saint-Hilaire-de Riez, à l’initiative de Yannick Moreau,  président, et de François Blanchet :  Catherine Meur-Ferec, professeure de  géographie et littoral à l’Université de Bretagne, y intervient sur les risques d’érosion et de submersion côtière. 

5 juin : La Vigie organise un rassemblement pour réclamer la remise en état du plan d’eau de la Normandelière, la remise en état de la dune et le classement définitif du site. 

Le maire évoque un risque de «trouble  à l’ordre public» et envisage un «arrêté  d’interdiction.» (O.-F. 26/05/22) 

9 juin : Après l’abandon du projet de port de plaisance de Brétignolles, en Bureau Communautaire, la Communauté d’Agglomération du Pays de  Saint-Gilles-Croix-de-Vie lance les études pour le développement et l’avenir du port de Saint-Gilles-Croix de-Vie. 

Elle a ainsi répondu à l’Appel à Projets  régional pour un port de plaisance innovant. 

24 juin : le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» diffuse une vidéo de six minutes, sur YouTube, intitulée «Proposition d’aménagement  pour la Normandelière». 

18 juillet : en pleine sécheresse, la carrière de Brethomé est une énigme:  son niveau d’eau reste insensible aux variations climatiques, ne se remplissant pas par l’eau de pluie et ne se vidant pas en été du fait de l’évaporation. 

8 août : le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» présente sa vidéo déjà diffusée, le 24 juin, sur YouTube : 

«Pendant 8 mois, 80 bénévoles ont mis en place une démarche de travail en équipe pour réfléchir à une proposition d’aménagement alternative du site de la Normandelière et a réalisé un film permettant de visualiser ce que ces propositions pourraient offrir. 

Le plan d’eau pour la baignade et les  activités nautiques est restauré avec des espaces de jeux en proximité; les bâtiments de la ferme de la Normandelière sont utilisés comme centre d’interprétation pour le public et lieu de vente de produits de la ferme ; la zone humide est aménagée avec des  cheminements doux ; les prairies accueillent des races anciennes de bovins; un vaste espace de maraîchage est dédié à la recherche agronomique et la carrière est imaginée comme un lieu d’accueil du public avec un pont suspendu, une via ferrata et une scène flottante.» 

Le 8 septembre, Ouest-France titre :  «Brétignolles s’oppose à une intervention de l’agglomération dans la dune» : «La Vigie s’alarme de l’érosion de la dune de la Normandelière, sur le littoral de Brétignolles-sur-Mer. Pour l’association, la dune «a été rendue vulnérable suite aux travaux de septembre 2019 [préparatoires] au projet de port». À la veille des tempêtes hivernales, il devient urgent de la protéger.  (…) Le maire de Brétignolles s’oppose à toute intervention sur la dune.» 

Le président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint Gilles-Croix-de-Vie, François Blanchet, confirme qu’il n’a pas eu l’autorisation du maire de Brétignolles, Frédéric Fouquet, pour faire intervenir ses services. «Comme je m’y étais engagé lors d’un  Conseil Communautaire en décembre  2021, j’ai sollicité [en mai 2022] le maire de Brétignolles pour une intervention des services intercommunaux dans la dune, afin de limiter l’érosion. Le maire n’a pas souhaité donner suite à notre demande», déclare François Blanchet. «La compétence de  défense contre la mer est intercommunale, mais le domaine dunaire est communal. Il faut l’accord du propriétaire pour intervenir», affirme-t-il. 

Le 16 septembre, Le Journal des  Sables titre : «L’association «Bréti gnolles Veut Son Port» perd patience  et confiance» : 

Christophe Chabot [président de  BVSP], amer, refait l’histoire et promet  d’y donner une suite via «Brétignolles  Veut Son Port».  

Il explique : «Après avoir protégé Frédéric Fouquet à de nombreuses re prises, nous considérons que ce n’est  plus possible. Je me suis trompé sur l’homme et je culpabilise. Si j’étais resté, le port serait en cours, les Brétignollais que je rencontre me demandent fréquemment des comptes… J’ai  démissionné de l’actuel mandat après que le maire m’ait refusé de continuer à porter le projet du port… 

(…) 

Frédéric Fouquet a aussi laissé faire la  commission de médiation. Il néglige notre électorat et notre association,  considérée comme rien, qu’il a mise  sous l’éteignoir… Il n’a adressé aucun  message aux Brétignollais et à l’équipe qui portait le port le 22 juillet après la  décision négative du Conseil Communautaire…» 

Le 4 octobre, audience du Tribunal  Administratif. 

Ouest-France titre : «Le tribunal enclin  à protéger l’estran» :  

«Le Plan Local d’Urbanisme ménageait la possibilité d’un port à La Normandelière. Le rapporteur public préconise une annulation partielle. 

Le rapporteur public (…) estime en revanche que l’estran, la partie maritime de La Normandelière, constitue «un espace remarquable», ce pour quoi milite la Vigie. Cela impliquerait une sacralisation de l’estran, interdisant la  construction, sauf exception. Le rapporteur public préconise, en conséquence, une annulation partielle du PLU sur ce dernier point.» (O.-F.  5/10/22) 

La décision est mise en délibéré. 

Début octobre, la municipalité publie son périodique «Parole de Brétignolles» n° 39 :  

«La vocation nautique et touristique de la Normandelière sera confortée» : Pour «- Sécuriser l’accès à la mer et  l’accueil des bateaux, notamment pour  respecter la règlementation concernant la mise à l’eau ;  

– Faciliter les activités nautiques et la  voile légère à proximité de l’école de  voile municipale.» 

Le 20 octobre, Frédéric Fouquet rencontre le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière», dans le cadre de la concertation publique qu’il a engagée en octobre 2021. (O.-F.  2/11/22). 

Le 8 novembre, annulation partielle par le Tribunal Administratif de Nantes du PLU de Brétignolles-sur-Mer. 

Le Tribunal Administratif décide la préservation de l’estran et son classement comme espace remarquable: «Ainsi, contrairement à ce que soutient  la commune, cette partie de l’estran, dans le secteur de la Normandelière présente un caractère géologique remarquable et un intérêt écologique  fort. (…) Dans ces conditions, l’estran du secteur de la Normandelière, qui, à tout le moins, est caractéristique du patrimoine naturel du littoral de  Brétignolles-sur-Mer et présente un  intérêt écologique, est au nombre des espaces remarquables dont les articles L. 121-23 et R. 121-4 du code de l’urbanisme imposent la préservation.» 

Il est enjoint à la commune d’élaborer, sans  délai, les nouvelles dispositions du PLU. 

Le 16 novembre, la «Gazette des communes» titre : «Coup d’arrêt juridique pour le port de plaisance de la discorde» :  

«Le PLU doit être revu sur la partie estran.  Par ailleurs, les autorisations environnementales ont également été abrogées. La partie arrière de l’estran sur laquelle  devait se développer les aménagements  portuaires faisait l’objet d’une orientation d’aménagement et de programmation  (OAP) au PLU, qui tombe également»,  précise Yves Le Quellec, président de FNE Vendée. 

Cependant, la commune a décidé de faire appel de ce jugement le 15 novembre, mais selon les juristes, les  chances de réussite sont très minces. «Le  jugement du 8 novembre 2022 est solidement motivé, tout particulièrement sur la question des espaces remarquables du littoral, tirant toutes les conséquences de la jurisprudence antérieure et de la déclinaison marine de la Loi Littoral sur  cette question essentielle de la protection des espaces remarquables ; il sera pour le moins difficile de faire tomber le jugement nantais…», analyse Laurent  Bordereaux, professeur en droit du littoral à l’Université de La Rochelle. 

Le 3 décembre, le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» présente une vidéo documentant des solutions pérennes, pour faciliter une mise à l’eau sécurisée des bateaux, par tout  temps et tout niveau de marée, tout en  préservant l’ensemble des activités de la plage, l’environnement et la réglementation de l’estran, grâce à un tapis géotex tile sur la plage, un tracteur immersible,  une remorque hydraulique et l’implantation d’un petit port à sec (si la demande  le justifie). 

Le 13 décembre 2022 : «La mairie de Brétignolles-sur-Mer relance le projet  d’un port… à seuil», titre Ouest-France  du 14/12/2022 :  

Frédéric Fouquet, maire, présente un  aménagement d’ensemble avec un bassin de baignade, un bassin de pratique  de la voile légère, la zone humide, la carrière et les bâtiments préservés, … avant  d’en arriver à son projet de port : un port à seuil, soit un bassin à flot avec un seuil  submersible, protégé par une porte anti tempête, pour 400 bateaux de 6 à 10 m, accessible uniquement par beau temps.  

Bernard Biron, président de La Vigie,  réagit : «On est reparti vingt ans en arrière. Pendant ce temps, rien ne se fait à  la Normandelière.» 

Effectivement, nous voilà revenus aux  caractéristiques du 1er projet de port  présenté par Christophe Chabot, le 15 février 2003 (O.-F. 20/02/03)…  

A suivre…. 

Le comité de rédaction

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LE PORT DE SAINT-GILLES CROIX-DE-VIE TIENT SON CAP.

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LE PORT DE SAINT-GILLES CROIX-DE-VIE TIENT SON CAP.

 

Confronté au réchauffement climatique, aux aléas économiques et aux enjeux internationaux, le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie résiste en s’organisant et en se diversifiant. Il s’adapte. Il suit en cela les orientations  adoptées par le monde de la pêche, très en alerte sur les évolutions qui affectent l’environnement maritime et les pratiques  professionnelles. 

En 2021, IFREMER dresse un diagnostic qui  prouve que les efforts entrepris par les professionnels de la pêche pour restaurer les stocks commencent à porter leurs fruits. On estime à 300 le nombre d’espèces pêchées  le long de nos côtes. Une cinquantaine d’entre elles représente à elles seules 95%  des prises. Le risque de surpêche justifie le  suivi effectué. 

En 2020, la part des débarquements français provenant de stocks en bon état est de  52% (contre 9% en 2000 et 16% en 2010).  C’est encore loin de l’objectif de 100% fixé  par la PCP (Politique Commune de la Pêche)  pour 2020. En 2020 la part des débarquements français provenant de stocks effondrés a augmenté (10% du total) du fait de l’effondrement du stock de sardines du Golfe de Gascogne où la sardine est particulièrement affectée par le réchauffement climatique. Il en est de même dans le Golfe  du Lion. Pour un âge donné, la taille des individus diminue fortement. 

Le réchauffement des eaux vaut aux marins pêcheurs de voir leurs casiers et leurs filets  investis par les poulpes depuis 2021. En dépit de la nette amélioration constatée, l’IFREMER souligne que la surpêche continue de menacer d’effondrement certaines espèces dont le cabillaud en Mer-du-Nord. Dans ce contexte incitant à la vigilance sans catastrophisme, qu’en est-il pour le port de  Saint-Gilles-Croix-de-Vie ? 

Fin 2021 le tonnage débarqué représente 2 641 t en diminution de 33% par rapport  à 2020. 

Ce fléchissement s’explique par une diminution importante des apports en poissons bleus de 1 627 t (-53%). Au contraire le poisson blanc débarqué est en hausse de 320 t (+37%) 

La valeur débarquée représente 8 607 k,  en progression de 13%, due à l’augmentation du tonnage des prises de poissons blancs assortie d’une hausse du prix moyen  de 70%. 

Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie résiste aux aléas climatiques et économiques en  menant de longue date une politique de  modernisation et de diversification de ses  activités de pêche. 

La criée, informatisée, accueille 10 ateliers de mareyage et s’ouvre au public pour mieux  lui faire partager l’histoire du port et de ses  métiers. Les bateaux accompagnent la demande. Les poissons traqués au sonar sont gardés au frais grâce à des techniques innovantes de conservation des prises à bord. Actuellement le port compte 4 fileyeurs, 10 chalutiers, et 26 ligneurs, soit 40 unités  

en tout. Géré par la Communauté de Communes depuis le 5 mars 2015, le port maintient son cap en s’attachant à suivre 2 axes :

  • miser sur la qualité des produits avec l’obtention du label «Poisson du Pays de Saint-Gilles»
  • valoriser et mutualiser les équipements des ports de pêche et de plaisance. Des signes de résistance au mauvais vent ?  

En 2021, les Etablissements Gendreau associés aux mareyeurs et à un patron de pêche  arment deux nouveaux chalutiers, le «Jérémie Simon» et le «Prométhée» au service d’une pêche artisanale qui approvisionne, en circuit court, le marché local. A ce nouvel attelage s’ajoutent 2 sardiniers des Sables d’Olonne qui débarquent leurs prises, chaque saison, au port de Saint-Gilles Croix-de-Vie : le «PapyChiChi» et «Les  Chignolles» et de plus en plus de bateaux  sont équipés de cuves d’eau de mer à 0C°  et de moteurs à émissions de CO2 réduites. Le port et plus encore la pêche, fondent l’identité sociale et culturelle de notre territoire et stimulent son attractivité touristique; en témoigne l’inscription de la pêche sardinière au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO décidé en 2000 par les 4 ministères de la Culture, de l’Agriculture, du Tourisme et de l’Environnement. En 2018, Saint-Gilles-Croix-de-Vie a été identifié comme site remarquable du goût promu par la Confrérie de la Sardine. 

Ouvert sur la cité, acteur de la politique touristique du Pays, notre port peut compter sur la convergence des efforts et la coopération des professionnels de le pêche et de  leurs organisations socioprofessionnelles avec les collectivités territoriales et en premier lieu la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 

 

SEM DES PORTS DU PAYS DE SAINT-GILLES-CROIX DE-VIE.  

  1. : Les montants des tonnages présentés 

dans le tableau ci-dessus sont en kg et non en  tonnes comme indiqué. 

IFREMER : Diagnostique 2021 sur les res sources halieutiques débarquées par la pêche  française métropolitaine – Présentation par  Alain Biseau (janvier 2022). 

Le comité de rédaction

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QUAND CROIX-DE-VIE ET SAINT-GILLES-SUR-VIE SE FIRENT PORTS SARDINIERS.

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QUAND CROIX-DE-VIE ET  SAINT-GILLES-SUR-VIE SE  FIRENT PORTS SARDINIERS.  

Au XIXème siècle, les ports de Saint-Gilles sur-Vie et de Croix-de-Vie, souvent ensablés, se prêtaient de plus en plus mal aux  exigences du trafic maritime marchand. 

D’importants bancs de sardines se  présentaient alors régulièrement, aux  beaux jours, à portée d’avirons. Les  marins saisirent leur chance, associant étroitement la pêche et les conserveries. 

Depuis l’Antiquité, on sait conserver les aliments, confits dans le sel. Au Moyen Âge on utilisait déjà des «presses en baril», sorte de tonneaux percés de trous dans lesquels on tassait légumes, viandes ou poissons entre des couches de sel. En 1835, on comptait à Saint Gilles-sur-Vie trois presses en baril, ou  «saurisseries». L’une d’elle était la propriété du sieur JUHEL. Le sieur COLIN,  un industriel nantais, fut le premier confiseur à associer, en 1830, l’appertisation*  (1809) à la ferblanterie. La renommée de  ses sardines ainsi conservées le poussa  à sortir 100 000 boîtes par an en 1836.  Fort de ce succès, il installa une fabrique à Saint-Gilles-sur-Vie.  

vaudage d’un chalut sur le quai sud de la 1ère darse du port de Saint-­‐Gilles-­‐Croix-­‐de-­‐Vie. Ravaudage d’un chalut sur le quai de la 1ère
darse du port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

Le 2 juin 1850, la réussite du sieur COLIN  donna l’idée à deux nantais, Messieurs  TERTRAIS et BALLEREAU, d’industrialiser la fabrication. Ils implantèrent une première conserverie à Croix de-Vie, à l’emplacement actuel de la  salle de la «Conserverie». Plus tard, SAUPIQUET leur succédera. Ils furent  imités par Messieurs LEJEAU et DEFESSES qui acquirent le château COLLINET où ils construisirent leur usine, reprise ensuite par CASSEGRAIN, puis par GENDREAU. 

En 1883, à Croix-de-Vie une quarantaine de conserveries s’échelonnaient depuis  la baie de l’Adon, jusqu’au quai Gorin.  Les tables bourgeoises et les casse-croûtes faisaient une place de choix aux  conserves de sardines cuites à l’huile  d’olive. En 1880, les Parisiens consommaient 300 tonnes de sardines à l’huile par an. L’arrivée du chemin de fer à Croix de-Vie en 1885, permit la commercialisation des boîtes de sardines sur tout le territoire national voire international. 

Les familles des marins-pêcheurs n’ap préhendèrent plus l’hiver. Le nombre de pêcheurs sardiniers quadrupla de 1830  à 1906. En 1850, la flottille vendéenne compta 600 bateaux dont l’essentiel était basé à Saint-Gilles et Croix-de-Vie. Jusqu’en 1900 elle était composée de  chaloupes de 7 m le long et de 2,60 m  de large avec un tirant d’eau de 1,10 m.  Ces chaloupes à faible tirant d’eau et  fortement voilées, manœuvrées à l’aviron par des équipages de 5 hommes  étaient bien adaptées à une côte dangereuse truffée de hauts fonds et de bancs de sable. Voilures déployées, les  chaloupes portaient haut foc, misaine, taillevent, un ou deux huniers surmon tant deux voiles au tiers majeures et, parfois, un tape cul à livarde. Ainsi parées, les chaloupes avaient fière allure. 

 

Le succès de cette pêche transformée et commercialisée par les conserveries attira, en saison estivale, des paysans  audacieux qui, les moissons faites, se  lançaient sur les flots. Ces nouveaux  venus, fraîchement accueillis par les  marins du cru, étaient surnommés «marins patates». Mais à l’époque, il y avait  assez de sardines pour tout le monde.  

La prospérité était cependant inégalement répartie. La capitalisation de certaines usines se révéla fragile dès que la sardine se fit capricieuse. Les campagnes sardinières de 1846, 1852, 1858, 1872 furent médiocres mais les conserveries résistèrent, fortes de leur monopole. De 1880 à 1887, la pénurie  frappa le littoral, épargnant les côtes de  Saint-Gilles et de Croix-de-Vie en 1880 et 1881. Ce ne fut qu’un répit. En 1890, après une succession de faillites et de rachats, seule une quinzaine de conserveries subsistaient à Croix-de-Vie. Déjà, depuis 1886, des industriels installaient des usines au Portugal et en Espagne  créant leur propre concurrence. La pénurie de sardines jeta les familles de pêcheurs du littoral breton et vendéen  dans la misère et poussa à la création de comités de secours. La crise mit en évidence les intérêts économiques et sociaux qui opposaient les conserveurs et les pêcheurs. Les premiers voulaient  augmenter le rendement de la pêche par la modernisation de flottilles plus puissantes et l’évolution des techniques. Les seconds craignaient l’appauvrissement des stocks et la concentration des richesses dans les mains de ceux capables d’investir au détriment des autres. Les pêcheurs utilisèrent le filet tournant tardivement craignant déjà la surpêche et dénonçant l’écrasement des poissons au détriment de leur qualité. De plus, les fortes prises minoraient leur valorisation ne les faisant pas mieux  vivre que lors des années médiocres. Si  leurs intérêts étaient mieux préservés lors des années de rendement moyen,  pourquoi investir et s’endetter ? Pour se faire mieux entendre, les pêcheurs se dotèrent d’organisations professionnelles capables de défendre leurs intérêts et de les représenter auprès des décideurs. La loi sur la pêche de 1852 et les décrets de 1853 et 1859 réglementèrent l’usage des sennes et interdirent le chalutage à moins de 3 milles des côtes. A la fin du XIXème siècle, la sardine, de capricieuse se fit rare.  Le retour des sardines en 1909 amena les capitaines les plus fortunés à faire  construire des «gazelles» capables de traquer la sardine plus loin et plus longtemps. Tandis que ceux qui se contentaient d’une pêche d’appoint optèrent pour des bateaux plus petits manœuvrés à trois, les Quimperlés, sur le modèle d’embarcations bretonnes adaptées à la petite pêche côtière à l’année et à la sardine l’été. 

Les cours fluctuaient au gré des rendements de la pêche et de la demande. C’est ainsi qu’en début de saison, en 1912, le «mille» était payé par les  conserveurs entre 15 et 20 francs tandis qu’il baissait à 8/12 francs en fin de saison. Les ouvrières ne voyaient pas leur travail mieux rémunéré avec 0,20  francs de l’heure à la même époque, de jour comme de nuit, sans  garantie du nombre d’heures  rémunérées. Elles percevaient des jetons par quart  d’heure travaillé monnayé à  la semaine. En 1917, suivant  l’exemple des ouvrières des  Sables-d’Olonne, elles ont fait  grève et obtinrent 25 francs  de l’heure. Plus tard, pendant  les années 1920-1930, une  pêche trop abondante a saturé les capacités de traitement des usines. Les poissons, faute d’acquéreurs, furent rejetés dans le port. Les conserveurs des Sables-d’Olonne vinrent  profiter de l’aubaine, au grand dam des marins-pêcheurs sablais. Pire, des marins bretons sont venus le 25  août vendre leurs maquereaux et firent s’effondrer les cours pour cette pêche.  En 1927, les ouvrières firent cause commune avec les pêcheurs pour exiger que les conserveurs paient les prises à un prix acceptable. Forcés de négocier, les conserveurs acceptèrent que le prix soit fixé au vu et su de tous dans le cadre d’enchères publiques dans la nouvelle criée de Croix-de-Vie construite sur le  quai, face à la gare.  

Une crise de surproduction et de dé bouchés suivit l’augmentation des capacités de pêche jusqu’en 1931 sur un  marché dominé par les productions portugaises, espagnoles et américaines. La qualité s’imposa pour y résister. Dès lors, l’enjeu pour les capitaines était autant le tonnage des prises que leur capacité à être les premiers à vendre en criée, à un bon prix, un poisson tout  juste sorti de l’eau. Conscient de l’enjeu, dès 1925, Benjamin BENETEAU a été parmi les premiers à construire des sar diniers à moteur. Des aménagements  portuaires sont entrepris: construction des cales et creusement du chenal, en 1937, creusement de la première darse en 1951 suivie par celui de la deuxième darse entre 1967 et 1971 abritant 450 marins, 135 bateaux dont 23 sardiniers, 12 thoniers, 10 caseyeurs, 40 chalutiers côtiers et 50 canots. La pêche faisait alors tourner 3 conserveries dont GENDREAU. 

En 1967, les deux communes portuaires, Croix-de-Vie et Saint-Gilles sur-Vie fusionnent. La même année, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ajoute une corde à son arc en se dotant d’un port de plaisance. Etabli sur la «Roussière»,  il compta d’abord 600 anneaux, puis bientôt 1000, toujours très demandés.

En 1993 le port abritait 106 navires sur lesquels embarquaient 300 marins-pêcheurs pratiquant une pêche diversifiée. Fort du dynamisme du port, la  Chambre de Commerce et d’Industrie de Vendée, son gestionnaire, décida de moderniser la criée selon les normes européennes. En 1995 la nouvelle criée  disposa d’une surface opérationnelle de 9 200 m2, d’une halle de vente de 3 000 m2 et de 14 ateliers de mareyage pour une coût de 30,5 millions de francs, le tout financé en partie par des subventions nationales et européennes. C’était sans compter avec «le plan Mellick», qui, en application de dispositions communautaires européennes, fit  disparaître 40% de la flotte de pêche française, par vagues successives à partir de 1991. Le port paiera un lourd tribut, perdant des unités de pêche tandis que les équipages se dispersaient et que disparaissaient des compétences ancestrales. Suivirent la réduction des quotas de pêche aux anchois, la crise de 2008 et les premiers signes du changement climatique.  

Depuis, de crise en crise, les marins-pêcheurs s’adaptent, modernisent et diversifient leur flotte et leurs techniques de pêche. Depuis 2006, l’entreprise GENDREAU reste la seule conserverie, après avoir intégré VIF ARGENT ex-SAUPIQUET. L’entreprise, partie prenante de l’activité portuaire, a armé deux unités de pêche. Depuis 2015, la Communauté de Communes assure efficacement la gestion de la criée, équipement indispensable à l’activité portuaire et source de notre attractivité touristique. 

Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie  s’adapte et résiste. 

 

 

darse du port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

 

6    

 


Le  Port  de  Saint-­‐Gilles-­‐Croix-­‐de-­‐Vie,  juillet  2021.   

 

 

 

 

Sources : 

– Chasse-Marée – Bateaux des côtes de France- Sar diniers de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et des Sables d’Olonne. 

– «J’ai posé mon sac à terre, le port de Croix-de-Vie de  1950 à 1985» – Louis VRIGNEAU 2015. 

– «Produits du Terroir et Recettes traditionnelles de Ven dée» – Edition l’Etrave 1995.  

– «La crise sardinière française : les premières re cherches scientifiques autour d’une crise économique  et sociale» par Marie-Hélène Durand, économiste  ORSTOM. 

* Appertisation : procédé mis au point par  Nicolas Appert qui consiste à stériliser par la  chaleur des denrées alimentaires périssables  dans des contenants hermétiques (bocaux en  verre ou boîtes métalliques) afin de les conser 

ver durablement sans altérer leurs qualités  gustatives et nutritives. 

Le comité de rédaction