Category Archives: Dossiers de V.I.E.

Bulletin 2015 Dossiers de V.I.E.

V.I.E. fête ses vingt ans

Published by:

Plutôt qu’une autocélébration,  nous préférons refaire avec vous le chemin parcouru en 20 ans, jalonné par nos bulletins que, chaque année, vous trouvez dans vos boîtes aux lettres.

Jean-Marcel Couradette et Maurice Friez lors du centenaire de la loi 1901  (photo V.I.E.)

Jean-Marcel Couradette et Maurice Friez lors du centenaire de la loi 1901
(photo V.I.E.)

Revenons à l’acte fondateur, le dépôt de nos statuts à la sous-préfecture des Sables d’Olonne par Jean Marcel Couradette le 20 septembre 1995.
Le Journal Officiel du 11 octobre de la même année sous la référence 1497, publie notre objet : «Prendre et favoriser toutes les initiatives économiques, sociales et culturelles dans le cadre du canton pour développer les richesses locales, contribuer au  bien-être de chacun, préserver les patrimoines économiques, sociaux, culturels et naturels, promouvoir les pratiques et les organisations citoyennes». Le cap est tenu.
Deux agréments délivrés par la Préfecture le confirment. Le premier, en 2009, reconnaissait V.I.E. en tant qu’association locale de préservation de l’environnement. Le deuxième, en 2013, nous a agréée en tant qu’association locale en charge de la défense des usagers au titre du code de l’urbanisme.
Dès sa création,  V.I.E. fut membre du comité de dragage. Depuis 2014, Gérard Roches, fait partie de la commission consultative de mise en place de l’AVAP (Aire de valorisation de l’Architecture et du Patrimoine) en tant que personne qualifiée.
Rien n’aurait été possible sans les femmes et les hommes qui ont décidé de mettre V.I.E. sur pied. Le premier conseil  d’administration comprenait déjà Rolande Berthomé, Louis Boulineau, Jean Luc Bolteau, Valérie Chéronet, Martine Clémenceau, Jean Marcel Couradette, Michelle Couradette-Boulègue,  Maurice  Guittonneau, Jeanine Eudier, Madeleine Friez, Claude Lefeuvre, André Menuet, Christiane Paillé, Marie Thérèse Perrault,  Jacky Prieur, Denise Rivalin, Gérard Roches et  Adolphe Romanet.
Notre actuel conseil d’administration témoigne de la fidélité de nos membres fondateurs, tandis que de nouveaux membres diversifient notre compétence collective sans nous faire oublier ceux qui ont pris d’autres responsabilités, ont changé de région ou que la vie a quittés. Quelques exemples de nos initiatives, déjà exposés dans nos bulletins précédents, illustrent notre parcours dans les domaines de nos missions : la valorisation du patrimoine, de l’amélioration du cadre de vie et la préservation de l’environnement.

A propos de la valorisation du patrimoine.
Commençons par  quelques déceptions.
Nous ne sommes pas parvenus  à empêcher la vente des «maisons Levron» des 25 et 26 de la rue Cadou, alors bien communal. Sitôt connue la décision du Conseil Municipal du 18 juin 1997, V.I.E. s’est efforcée de sensibiliser l’opinion publique en lançant une pétition. En dépit de l’audience recueillie grâce, notamment, à la diligence de Monsieur Gaudremeau, ces maisons ont été vendues «à la bougie». Elles méritaient pourtant de rester dans le giron communal. L’une d’elles détient, enfoui dans son pignon nord, un arc gothique du 12ème siècle prouvant que cette construction devait faire partie de l’ensemble  religieux bâti, à l’époque, autour de l’église. Au moins, cette maison continue, avec charme, son destin de demeure. L’autre est une maison de commerce du 17ème siècle, restée dans son jus, entièrement construite avec des pierres de lest, dépendances et hautes clôtures comprises. Un large passage dallé et couvert permettait de faire transiter à l’abri, les marchandises entre les entrepôts et le quai de Saint Gilles. Ainsi sommes-nous privés de ce bien communal, témoin de notre passé maritime remontant au 17ème siècle.
Le Château aurait dû subir le même sort par décision du Conseil Municipal du 15 juin 1995. Sitôt prise, cette décision a fait l’objet de vives contestations de la part des associations, dont V.I.E., attachées à notre patrimoine local. Coriace, le Château a découragé le promoteur se proposant d’y aménager une dizaine d’appartements outre un immeuble sur garage prévu sur le parking attenant. Toujours bien communal, depuis 1999, ce mal aimé de notre patrimoine, trop longtemps négligé, est délabré. Seul, le gros œuvre du 17ème siècle tient bon ainsi que la magnifique charpente de la même époque, mais les planchers s’effondrent. Le Château mérite mieux que l’indifférence.

La Baie d’Adon  (photo V.I.E.)

La Baie d’Adon
(photo V.I.E.)

Le 27 août 2003, V.I.E. a déposé, auprès de la DRAC*, un dossier cosigné par le CPNS* et l’ACQVM* dans le but d’obtenir l’inscription de la tour dite «Joséphine» et son site d’ancrage à l’inventaire des bâtiments historiques. Nous visions surtout à protéger la baie d’Adon dont nous avions découvert qu’elle n’était pas répertoriée au titre de la ZPPAUP*, en dépit de la valeur historique de cet exceptionnel témoignage d’architecture  maritime remontant jusqu’au 17ème siècle. Ce patrimoine justifierait que Saint Gilles Croix de Vie soit reconnu comme «port d’intérêt patrimonial». Nous sommes satisfaits d’être parvenus, à la longue, à  faire  identifier la  baie  d’Adon comme site remarquable dans le PLU. Actuellement nous travaillons à ce que ce site bénéficie de l’AVAP pour les mêmes motifs. Actuellement,  V.I.E. alerte les décideurs sur l’intérêt qu’il y aurait à préserver les postes d’amarrage de la baie d’Adon dont l’un a été balayé par les tempêtes du printemps dernier.

Depuis 2010, V.I.E. s’emploie à souligner l’intérêt urbain, architectural et historique  des murs en pierres de lest des quartiers historiques de Saint Gilles Croix de Vie. Les journées du patrimoine ont témoigné de l’intérêt que suscite ce modeste témoignage de la vie maritime du 16ème au 19ème siècle. L’étude financée par V.I.E. et réalisée, à sa demande, par Alexandre Billon, architecte du patrimoine, expose les techniques de préservation et de restauration. Remise à la mairie en septembre 2014, elle est désormais à la disposition des propriétaires qui peuvent la consulter. Nous aurons terminé notre mission quand ces murs bénéficieront de la réglementation de l’AVAP. Auquel cas, les propriétaires pourront solliciter une aide de la Fondation du Patrimoine pour protéger simultanément leurs biens et notre patrimoine commun. C’est un exemple des effets-leviers que V.I.E. privilégie. Enfin rappelons que des adhérents spécialistes de l’histoire maritime ont identifié des graffiti du XVème siècle dans le haut du clocher de Saint Gilles. V.I.E. s’attache à garder vive la mémoire des métiers et des professionnels de la mer, de l’agriculture, du commerce, des conserveries qui ont façonné notre identité locale. Il en est de même pour les engagements citoyens, notamment au service de l’habitat, de l’enseignement, de la santé. Nous prenons plaisir à faire vivre, de bulletin en bulletin, les personnages célèbres et méconnus qui ont contribué à notre histoire locale, tour à tour prestigieuse, touchante et cocasse. Le deuxième axe de nos missions est l’amélioration de notre cadre de vie. En voici quelques exemples :
Dès 2002, nous avons entrepris de réveiller  le projet de pont-rail permettant de relier les quartiers de la Corbillère et  du  Terre-Fort au boulevard Pompidou, de  supprimer du même coup deux passages à niveau, de désenclaver les quartiers concernés et de faire contourner notre ville par un flux important de circulation via le boulevard Pompidou.  Faute de pouvoir financer une telle entreprise, les municipalités précédentes avaient, du moins, effectué des réserves foncières qui en permettaient la réalisation. Bloqués derrière la ligne du chemin de fer, les habitants des quartiers limitrophes devaient gravir le talus de la voie ferrée pour aller à Intermarché. En 2002, ces réserves foncières firent  l’objet  d’un  projet  immobilier qui risquait de compromettre celui du pont-rail. A l’époque, Réseau Ferré de France (RFF)  avait entrepris de supprimer le plus grand nombre possible de passages à niveau après plusieurs accidents mortels. Nous nous sommes saisis de cette opportunité pour rencontrer les dirigeants de RFF à Nantes qui nous ont confirmé le bien-fondé d’un tel projet pour autant que les collectivités territoriales concernées s’engagent à leurs côtés. La commune de Saint Hilaire de Riez et le Conseil Général ont immédiatement  compris les intérêts financiers et structurels du projet. La mairie de Saint Gilles Croix de Vie a accueilli notre exposé avec scepticisme. Deux ans plus tard elle s’est laissé convaincre. Le pont-rail inauguré en 2009 démontre tous les jours son utilité économique et sociale. Qui se rappelle qu’en 2006, la fermeture et la vente de la «Villa Notre Dame», comptant plus d’une centaine d’emplois qualifiés et hautement qualifiés, était programmée par l’Agence Régionale d’Hospitalisation  (ARH) et ses gestionnaires dans le cadre d’un plan de restructuration de l’offre départementale de la rééducation fonctionnelle ?

En 2008, V.I.E. s’est  fait  grain de sable en obtenant des sœurs de Saint Charles, propriétaires des lieux, l’assurance par écrit, qu’elles ne voulaient pas vendre la «Villa Notre Dame» si un projet utile à la santé et au bien-être des habitants pouvait s’y développer. Cet écrit a privé d’un argument com- mode les tenants de la vente et donner un répit aux salariés qui ont su faire valoir les atouts de la Villa Notre Dame et les compétences reconnues de ses professionnels dans les domaines de la rééducation fonctionnelle et les soins de suite. Aujourd’hui, nul ne conteste la qualité des soins que reçoivent les patients de la Villa Notre Dame, que ce soit en ambulatoire ou en hospitalisation. C’est aussi une gamme d’emplois qualifiés et hautement qualifiés dans une commune qui souffre d’un taux de chômage de 14 %.
Autre dossier porté à bout de bras depuis 4 ans, la mobilité des habitants de Saint Gilles Croix de Vie et de Saint Hilaire de Riez. V.I.E. s’efforce de convaincre  la Communauté de Communes de mettre en place un service de navettes ne serait-ce qu’à titre  expérimental dans un  premier temps. Dans ce but nous avons proposé aux décideurs un circuit de trajets inter cités très détaillé, minuté et chiffré. Il serait resté lettre morte sans l’engagement  de la Mairie de Saint Gilles Croix de Vie d’organiser  sur son sol un transport collectif d’autant plus attendu, à ce jour, que le financement de quelques trajets annuels en taxi et sous conditions de ressources est loin de satisfaire la demande.
A la charnière du domaine de la qualité du cadre de vie et de l’environnement, V.I.E. s’implique depuis sa création dans un suivi de dossiers tels que l’ex- tension du port de plaisance, la prévention des risques climatiques dont le rehaussement des quais le long de la rive droite de la Vie, l’assainissement des eaux, le traitement des déchets. En sa qualité de membre du comité de dragage, V.I.E. suit attentivement les risques de pollution des eaux de baignade et fait des propositions permettant de mieux les mesurer et les contrôler.

Jardin du vieux môle imaginé par C. Vidal le 12 Nov. 1999  (photo V.I.E.)

Jardin du vieux môle imaginé par C. Vidal le 12 Nov. 1999
(photo V.I.E.)

L’environnement est le troisième axe de nos missions.
Depuis sa création,  V.I.E. rend compte des  pressions que notre économie, nos loisirs et le climat exercent sur nos quais, notre littoral, notre fragile cordon dunaire et nos plages. Pour chacun de ces dossiers Jean Marcel Couradette s’est activement  employé à faire partager les informations et les arguments des experts sans négliger les visites sur site afin de permettre au public de prendre plus directement conscience sur le terrain des enjeux dont l’environnement est l’objet et le rôle individuel qu’il est possible de jouer. Dans son sillage, des botanistes adhérents de V.I.E. poursuivent sa mission de sensibilisation en organisant chaque année une dizaine de promenades d’herborisation dans les dunes du Jaunay, complétée par l’accueil de classes de mer et des interventions en IUT environnement. Notre vigilance n’a  cependant pas empêché la vente, le 12 janvier 2007, de 4 ha de dunes du Jaunay en zone NBL 146-6, en dépit de la mobilisation des collectivités territoriales concernées que nous étions parvenus à alerter.
La volonté de contribuer à la création et à la préservation des espaces verts en zone urbaine nous a conduit à suggérer, dès 2004, dessin à l’appui, l’aménagement et l’ouverture au public du jardin du vieux môle autrefois potager de la maison des Phares  et Balises. Ce fut chose faite quatre ans plus tard pour le plus grand plaisir des promeneurs.

Dès 2013, le projet de création d’une usine de méthanisation sur les bords du Jaunay nous a conduits à nous investir dans le Collectif ayant pour but de mesurer son impact, sans remettre en cause les principes et l’intérêt de la méthanisation des déchets organiques comme source d’énergie verte. Cependant la conception du projet, ses modalités de gestion et son implantation comportent des risques qui justifient d’être dénoncés auprès des pouvoirs publics et du public. Pour le moment les arguments du Collectif n’ont
pas obtenu une reconsidération du projet. Ensemble, nous avons eu des échecs et quelques résultats. Dans tous les cas,  la  modestie de  nos  moyens, contrepartie de notre indépendance financière, limite notre capacité d’action que nous cherchons à compenser en nous appuyant sur l’écoute des habitants, les effets de levier du partenariat et les ressources d’un bénévolat aussi patient que compétent.
Depuis notre création nous nous employons à rendre compte de nos actions en distribuant, chaque année, un bulletin à tous les habitants de Saint Gilles Croix de Vie, grâce au fidèle soutien des annonceurs. Chaque assemblée générale est l’occasion pour V.I.E. d’accueillir des conférenciers qui nous permettent d’approfondir les composantes scientifiques, historiques, sociales, économiques et culturelles des questions qui sont au cœur de nos missions.
Les membres de V.I.E. et tous ceux qui nous apportent de l’information, la saveur de leurs souvenirs et de leurs expériences, l’étendue de leurs connaissances font la substance de V.I.E. et sont le gage de son avenir. A tous, nos remerciements les plus chaleureux.

Michelle Boulègue

* Direction Régionale de l’Action Culturelle (DRAC)
*Comité  de Protection  de la  Nature  et des Sites (CPNS)
* Association  Culturelle du Quartier  du Vieux  Môle(ACQVM)
* Zone de protection du patrimoine Architectural, Urbain et des Paysagers (ZPPAUP)
* Illustration: photos de la baie d’Adon, de la dune, du vieux quartier de Saint Gilles Croix de Vie….
Bulletin 2015 Dossiers de V.I.E.

L’AVAP en chantier

Published by:

La Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et des Paysage (ZPPAUP) en vigueur depuis 1991 sera remplacée par l’Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) en 2016.
Dans cette perspective le conseil municipal du 15 mars 2013 a décidé la mise en place d’une commission locale consultative ayant pour objet de définir les priorités à prendre en compte et à concrétiser au titre de l’AVAP. Depuis un an et à raison d’une réunion mensuelle, un groupe de personnes désignées, dont Gérard Roches, président de V.I.E., avance pas à pas sous la houlette de Gilles Maurel, architecte du patrimoine et de ses collaborateurs, Eric Emon, paysagiste et Eve Lagleyze, environnementaliste.

Nouveauté :   la  réglementation de l’AVAP accordera toute leur place à la  géologie, au climat, au système hydraulique et aux pressions exercées sur le littoral par l’océan. Conjointement, ces contraintes physiques ont façonné notre paysage et notre habitat tout en influençant les vies, économique, sociale et culturelle de notre commune.
Les objectifs sont à la mesure de l’ambition réglementaire de l’AVAP :

  • prendre en compte des enjeux environnementaux,  conformément au Grenelle 2 et aussi l’intégration des nouveaux matériaux et des nouvelles technologies,
  • améliorer la coordination avec le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le Plan de Développement Durable (PADD),
  • formuler des  préconisations précises afin d’éviter l’écueil des interprétations, sources de conflits,
  • favoriser une plus grande réactivité quant aux consultations des services de l’Architecture et des Bâtiments de France,
  • prendre en compte le contexte local et de ses évolutions notamment en matière de réhabilitation,
  • favoriser les rencontres entre les générations, la mixité sociale et la cohésion sociale.
Extrait du diagnostic du patrimoine urbain dans le cadre du l’AVAP par Gilles Maurel architecte du patrimoine - Eric Enon paysagiste concepteur- Eve Lagleyze Environnementaliste

Extrait du diagnostic du patrimoine urbain dans le cadre du l’AVAP par Gilles Maurel architecte du patrimoine – Eric Enon
paysagiste concepteur- Eve Lagleyze Environnementaliste

La démarche se veut participative, associant des représentants de la Mairie, des experts et des membres du secteur associatif tandis que les habitants seront invités à en prendre connaissance lors de réunions publiques et d’une enquête publique prévue en 2015. Un cahier d’observations est à leur disposition à la mairie qui expose, dans son hall, une présentation synthétique de la phase de diagnostic.
A ce jour, la commission a réalisé un recensement  du patrimoine architectural et urbain. Nous avons noté avecsatisfaction, la  confirmation que  la baie d’Adon est répertoriée comme site remarquable tandis que les murs en pierres de lest sont bien identifiés comme constitutifs de l’originalité architecturale et urbaine des quartiers historiques de la commune. La commission a été invitée à constater les interactions du bâti avec l’environnement naturel.
Ce  travail s’est appuyé sur des références historiques tels que des cartes archéologique du Bas Poitou à l’époque gallo-romaine, les cartes du 18ème siècle établies par  Claude Masse en 1703, le cadastre Cassini (1750) et les cadastres napoléoniens de 1820 et 1866, les carte IGN et le cadastre actuel. Ces contraintes physiques fortes expliquent sans doute la stabilité de la configuration du tissu urbain depuis le 17ème siècle jusqu’au 19ème siècle. Dès 1920, la vogue du balnéaire, l’intensification de la pêche et le développement des conserveries ont impulsé une extension  accélérée du tissu urbain, au-delà du noyau historique tout en l’englobant. C’est en se déplaçant dans la commune que la commission a pu mesurer les impacts du climat et du peu de matériaux de construction disponibles sur place qui façonnèrent une architecture traditionnelle ramassée, dictée par l’économie de moyens et la prise en compte du climat. Lorsque les moyens financiers l’autorisent, les demeures prennent de l’ampleur et de la hauteur au tout début du 20ème siècle, l’attrait du balnéaire a fait fleurir sur la corniche et en bordure des plages des villas souvent de style «anglo-normand» ou «basque» en référence à Cabourg et à Biarritz, célèbres villes balnéaires.

Actuellement, le recours aux nouvelles technologies font que l’architecture se libère de plus en plus de ces contraintes jusqu’à des choix de toitures complexes peu compatibles avec les nouvelles nécessités d’économie d’énergie tandis que les toits de tuiles «tige de botte» pigeon- nées disparaissent de notre paysage. Ces évolutions mettent en évidence que les choix architecturaux répondent concrètement à des contraintes climatiques, géographiques et économiques dont  les  avancées   technologiques tendent à nous affranchir à condition que celles-ci restent financièrement accessibles.  Cette analyse a permis aux experts en  charge du  dossier d’identifier 6 zones urbaines dont il conviendrait  de respecter les caractéristiques en conservant les volumes et  les  matériaux traditionnels. Les coffres de volets roulants et de climatisation devront se faire discrets tandis que le recours aux fenêtres sur toit ne sera pas encouragé. Les couleurs de façade devront se faire neutres et le faux rustique est carrément proscrit. La zone des quais s’érigeant en une barrière d’immeubles hétéroclites à l’architecture considérée  comme banale n’atteindrait pas l’objectif de «faire vitrine». A défaut, il est recommandé de privilégier la cohérence. Autant dire que le mal est fait.

Le 6ème secteur cité est celui de notre environnement naturel de dunes et de marais, constitutif de notre tissu urbain et dont il est recommandé de préserver la végétalisation endémique. La valorisation de l’existant, la préférence accordée aux matériaux traditionnels ne veut pas faire obstacle au recours aux nouveaux matériaux et nouvelles technologies à condition de préserver l’identité des quartiers et de rechercher la cohérence d’ensemble.  Ces recommandations valent aussi pour les clôtures.

La prochaine étape des travaux de la  commission consultative devrait la conduire, au-delà des constats actuels, à identifier des évolutions et à définir les critères permettant aux décideurs de les accompagner  tout en préservant les traits identitaires de la commune. La rareté du foncier et l’envolée des prix qui va avec ne seront pas les contraintes les plus faciles à maîtriser pour une commune au tissu urbain déjà serré et exposé , le long de l’estuaire, à des risques de submersion que les travaux en cours devraient permettre de mieux contrôler.

Gérard Roches

Bulletin 2015 Dossiers de V.I.E.

L’écoulement des eaux pluviales, l’affaire de tous

Published by:

L’écoulement pluvial est l’un des plus silencieux et des plus vieux problèmes d’urbanisme. Ne pas s’en préoccuper peut porter atteinte aux  biens fonciers privés et collectifs et provoquer des inondations. C’est aussi l’un des principaux  motifs de conflit de voisinage. C’est pourquoi cette question relève, à la fois, du code civil, du
code de l’urbanisme et du code de l’environnement.
En premier lieu, il revient aux propriétaires fonciers de satisfaire aux servitudes  d’égout de toit et  aux servitudes naturelles d’écoulement. A ce titre, l’article 681 du code civil stipule que les eaux pluviales en provenance des toits ne doivent pas s’écou- ler directement sur un terrain voisin mais sur celui du
propriétaire ou sur la voie publique. Lorsque la toiture se situe en limite de propriété, cela définit une servitude d’égout de toit.
La  servitude naturelle d’écoulement oblige le propriétaire  d’un terrain en contre bas de recevoir les eaux d’écoulement des terrains situés plus haut. Sur ce point le code civil précise que :

  • le propriétaire d’un terrain supérieur ne peut aggraver la servitude naturelle d’écoulement en réalisant notamment des travaux modifiant la circulation et la vitesse d’écoulement (article 640),
  • le propriétaire du terrain inférieur ne peut faire obstacle à l’écoulement en réalisant une digue, un mur ou un renvoi des eaux vers le terrain supérieur,
  • en cas d’aggravation de la servitude naturelle d’écoulement, à  l’initiative d’un propriétaire de terrain supérieur, celui-ci est redevable d’une indemnité au propriétaire du terrain inférieur (article 641 du code civil).

Dans le cas d’un permis de construire ou d’un permis d’aménager, des prescriptions relatives à la gestion des eaux pluviales  peuvent s’appliquer en référence à des documents et règlements d’urbanisme tels qu’établis par le PLU ou le zonage pluvial qui ont à préciser les principes d’infiltration et de stockage préalable des eaux pluviales, la limitation du débit autorisé au réseau de collecte en cas de raccordement, les choix de revêtement, le coefficient de pleine terre… Le projet architectural doit préciser «les modalités selon lesquelles les bâtiments ou ouvrages seront raccordés aux réseaux  publics, les équipements privés prévus notamment pour l’alimentation en eau et l’assainissement (article R 431-9 du code de l’urbanisme)».

En cas d’un permis d’aménager, il n’y a pas de pièce réglementaire à laquellerattacher explicitement la question del’écoulement des eaux pluviales (article R 441-1 à 4 du code de l’urbanisme). Une autorisation d’urbanisme valide la conformité  du projet au regard des règles d’urbanisme. Elle ne démontre pas le respect des règles de droit privé. Ce qui signifie qu’un permis de construire ne dédouane pas son bénéficiaire de ses obligations au regard du code civil. Il lui revient de s’assurer que ses obligations au titre de l’écoulement des eaux pluviales et des écoulements naturels sont respectées par son projet.
Les projets de lotissements, de zones d’activités relèvent quant à eux d’une procédure de déclaration ou de demande d’autorisation au titre du code de l’environnement (rubrique 22.1.5.0– rejets d’eaux pluviales).

Au fil des acquisitions, il s’oublie progressivement qu’un  fossé  séparait autrefois deux parcelles. La rareté du foncier en zone balnéaire favorise des constructions mitoyennes, à cheval sur un fossé busé et oublié. Le désir d’optimiser son bien peut inciter à gagner sur ces espaces sans assurer suffisamment le drainage, indispensable à l’assainissement des sols. C’est ignorer, plus ou moins délibérément que l’eau suit, obstinément, les mouvements du terrain et que si les fossés ne sont pas curés, que les buses sont encombrées ou écrasées, les constructions subissent des remontées  d’humidité voire des inondations. Depuis quelques mois le service d’urbanisme de la commune note attentivement ces problèmes, et se rend sur place, à la demande de propriétaires.  Une mission de conciliation est déjà intervenue pour aider les propriétaires à régler à l’amiable les tensions que suscite une gestion négligente de  l’écoulement des eaux pluviales.

Michelle Boulègue