Bulletin 2013 Les dossiers d'actualité

La pêche côtière résiste à Saint Gilles Croix de Vie

Les chiffres sont là pour le dire. Même si les effectifs de marins recensés par le comité des pêches locales étaient de 420 en 1994, ils sont passés depuis à 260 en 2001 et à 130 en 2011*, il n’en reste pas moins que la situation est stabilisée depuis 3 ans. La flottille a également subi une saignée, sévère, de 2008 à 2010. Les quotas imposés à la pêche aux anchois sans quotas de substitution et l’envolée du gasoil l’expliquent. 65% de la flottille se consacrant exclusivement à cette pêche ont été frappés de plein fouet avec pour conséquence la destruction des navires, la dispersion des équipages et la perte du savoir faire. 25 chalutiers de 12 à 15 m sont partis à la casse. On s’en souvient.

Aujourd’hui le port de Saint Gilles Croix de Vie se place au 25ème rang des ports de pêche en France
pour les valeurs débarquées et au vingtième rang pour le tonnage débarqué. La flottille compte 57 navires dont la puissance moyenne reste équivalente à celle de 2010. 54% de ces navires ont plus de 20 ans et 4% ont moins de 5 ans. Les chalutiers restent prépondérants.
Les bateaux de 16 m ont mieux résisté, enchaînant campagnes de pêche à la sardine d’août à octobre et les pêches aux bars, dorades, et maquereaux le reste du temps. Sur place leurs débouchés sont assurés par la criée, l’usine Gendreau et le marché du frais. Les professionnels constatent que la ressource halieutique est là. Les espèces qui abondent sont le merlu, le thon rouge, le maquereau, la sole et…l’anchois.

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Pour autant l’horizon de la pêche côtière n’est pas dégagé. Les patrons peinent à reconstituer leur équipage. Ils diagnostiquent un manque de motivation. Les jeunes redouteraient la dureté du métier, aggravée par une offre de formation insuffisante. A cela s’ajoutent d’autres difficultés. L’aquaculture suscite de l’inquiétude. Les techniques d’alimentation et de médication appliquées dans les élevages, génèrent des pathologies inédites qui menacent les espèces sauvages déjà gravement touchées par les pollutions et les frayères.
Si la concurrence se tasse entre les pays de la communauté économique européenne, elle se déplace, faisant s’affronter la pêche européenne à celle des pays de l’Amérique latine. Pourtant la pêche artisanale permet de gagner sa vie très correctement. C’est la conviction de deux jeunes patrons de Saint Hilaire de Riez, des frères, qui viennent d’armer «Le Gars de Sion» et «Le Diapason». Les organisations professionnelles leurs donnent raison en lançant «Le Pavillon de France» qui vise à inciter les consommateurs à privilégier les prises pêchées par la flottille française. C’est un coup de patte à la pêche industrielle, avec sa flotte suréquipée et grande consommatrice en énergie sans compter ses rejets en mer de poissons non commercialisables. Olivier De Schutter*, rapporteur de l’ONU en dresse un bilan alarmant. Une étude de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture souligne que la pêche industrielle ne fait travailler que 200 personnes pour 1000 tonnes de poissons pris alors que la pêche artisanale fait travailler, en moyenne 2400 personnes pour un tonnage de prises équivalent tout en consommant moins de carburant.

2013-03-11_181936En conclusion le rapporteur recommande de créer des zones exclusives pour la pêche artisanale. Il préconise de soutenir l’action des coopératives de pêcheurs et de favoriser leur création. La Fédération des Coopératives Maritimes du Centre Ouest n’a pas attendu les conclusions de ce rapport pour soutenir la transformation des produits et en assurer leur promotion en misant sur la qualité afin de stimuler les débouchés. Ainsi en est-il des conserves goûteuses de sardinettes. Par ailleurs se réfléchit localement le moyen de faciliter la vente directe du poisson à la sortie du bateau sans pour autant porter préjudice aux équilibres économiques à respecter, si complexes pour la pêche et l’organisation de la distribution de ses produits.

Les marins ne désarment pas, de même que leur coopérative qu’ils détiennent à 80%. Cette dernière investit lourdement pour rapprocher son offre commerciale au plus près de la zone de chalandise et va regrouper confection et décoration. Les locaux libérés permettront d’améliorer les synergies entre les différentes organisations professionnelles. Que serait Saint Gilles Croix de Vie sans la ténacité de ses marins qui témoignent, obstinément de son identité maritime et façonnent celle de la cité ? * Le Monde du 1er novembre 2012. «Devant l’ONU, la pêche industrielle mise en accusation» de Martine Valo et Gilles van Kote.

Michelle Boulegue

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