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La terre, l'eau dons fragiles Non classé

LE TRAIT DE CÔTE EN RECUL, VRAI OU FAUX?

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Le trait de côte fluctue en permanence, s’érodant ici, s’engraissant ailleurs. Cette évolution géologique, lente ou convulsive, a modelé ce que nous connaissons du relief de notre planète. Les hommes ont appris à s’incliner devant les phénomènes climatiques sans s’interdire de les comprendre pour mieux les anticiper, voire se les concilier tant ils les ont toujours redoutés. Forts de nos avancées technologiques, nous ne cessons de vouloir nous en affranchir. Le littoral en témoigne, qui aligne de plus en plus d’équipements et d’aménagements pour mieux en exploiter les ressources, tout en se protégeant de ces risques.

Arrogance prométhéenne ? Actuellement, l’ampleur et la succession rapide de phénomènes climatiques hors normes retracent le trait de côte et nous ramènent à une humilité salutaire. Les mises en garde lancées par les scientifiques depuis cinquante ans deviennent alarmantes. Nous serions au bord de l’irréversible à moins de revoir sévèrement nos méthodes d’agriculture, de productions industrielles, nos modes d’exploitation des ressources naturelles et, plus globalement, nos modes de vie.

Quels enseignements tirer d’un rapide retour sur notre histoire locale ?

À Saint-Gilles, dans le sillage de la vogue des bains de mer, les premiers chalets se sont érigés en crête de dune, à partir de 1883, après que son maire, Auguste Messager, a pu jeter une passerelle sur le Jaunay. Il avait obtenu de Napoléon III, en 1855, le droit de créer des bains de mer sur sa commune. Le casino «la Pierrette» a suivi. Jusqu’alors les tempêtes bousculaient les dunes désertes, dans l’indifférence des habitants, à l’exclusion des naufrageurs.

Le point de vue changea quand une succession de tempêtes a menacé les chalets en 1886, 1892, 1897, 1904, 1923,

1924, 1925. Un article d’Ouest-Eclair de 1924 informa ses lecteurs qu’en vingt ans la dune avait reculé de dix mètres. Alarmés, les propriétaires des chalets construisirent des remblais protecteurs sur leurs propriétés. Une série de tempêtes de 1933 à 1937 les incita à solliciter de la municipalité une aide financière pour renforcer et prolonger un perré de protection, ancêtre de notre remblai actuel, le long de la grande plage.

En 1924, l’argument décisif, développé par le Docteur Baudouin, alors président visionnaire du tout premier Syndicat d’Initiative, a été de faire valoir que cet investissement encouragerait le tourisme balnéaire et profiterait à l’économie locale. Les XIXe et XXe siècles ont vu se poursuivre les équipements portuaires à Croix-de-Vie, gommant le trait de côte originel. Ainsi, la digue de Boisvinet, construite en 1876 afin de protéger l’entrée du port de la houle et rejeter plus au large l’effet de barre, a eu pour effet, non recherché, la formation de la plage de Boisvinet, si appréciée.

L’épisode dramatique de l’occupation allemande entre 1940 et 1945 aura une répercussion imprévisible sur l’avenir du port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie dans les années 70. L’armée allemande entreprit alors de gigantesques travaux de défense maritime à grand renfort de béton convoyé jusqu’au bout de la dune de la Garenne pour y construire cinq blockhaus actuellement enfouis dans les sables. La route construite en crête de la dune à cet effet eut pour conséquence, vingt-cinq ans plus tard, l’ensablement du port de Croix de Vie par les sables apportés par les vents de noroît qui, faute d’être retenus par la végétation dunaire, ripaient sur le béton de la route faîtière et tombaient dans le port. Les campagnes de dragage entreprises pour désensabler le chenal affaiblirent d’autant le pied de dune. La tempête du 17 juillet 1973 qui ravagea la plage de Saint-Gilles et les tempêtes hivernales d’importance qui suivirent aggravèrent l’ensablement du port et firent craindre pour son avenir.

Les services des Affaires Maritimes préconisèrent un entablement de roches sur les cinq-cents mètres de pied de dune. Les services des Ponts et Chaussées, appelés à la rescousse, envisagèrent sérieusement une digue au large suffisamment haute pour faire obstacle aux apports de sables éoliens. Les marins s’insurgèrent. Les élus temporisèrent. Des citoyens dotés de quelques compétences, géomètre, ingénieur agricole, soutenus par le secteur associatif, notamment le CPNS1, réussirent à convaincre les décideurs en démontrant que des réponses douces telles que la création de pièges à sables réalisés avec des canisses implantées selon les courbes de niveau de la dune et stabilisés par la plantation d’oyats pourraient résoudre le problème à moindres frais. L’aide assidue des associations et des élèves des écoles permit rapidement de couvrir la dune de la Garenne d’une prairie d’oyats retenant les sables dans leur course vers le port.

De 1978 à 1980, 250 000 pieds d’oyats couvrirent deux hectares de la dune mise à nu, replantés par les bénévoles et les écoliers. Cette anecdote illustre comment un ouvrage en dur peut perturber gravement des équilibres naturels, en l’occurrence l’effet protecteur de la dune depuis le néolithique. Tandis que des interventions douces fondées sur la compréhension et l’utilisation des phénomènes naturels sont efficaces et à moindre frais.

Aujourd’hui, le port est toujours abrité par la dune de la Garenne, souple et toujours aussi exposée et donc à protéger.

Érosion dunaire

Photo de Denis Draoulec du 3/10/2020

Dans les années 1970, le tourisme balnéaire est si bien lancé que les promoteurs immobiliers investirent massivement le littoral vendéen de Saint-Jean-de-Monts aux Sables-d’Olonne. Des programmes immobiliers «les pieds dans l’eau» ont surgi le long de la grande plage de Saint-Gilles, au ras des dunes du Jaunay, si près de l’estran que le «Panoramique» a été gravement menacé par une tempête d’hiver. Craignant de ne pouvoir vendre les appartements de cet immeuble, le promoteur mobilisa une armada de bulldozers, pour créer, sans autorisation, une esplanade brisant l’arc naturel d’épuisement de la houle sur la plage. Depuis, les vagues enragent contre le remblai à marée haute, éprouvant d’autant son infrastructure. Du moins les surfeurs y ont-ils gagné un spot ludique. Cette urbanisation entraîna des équipements routiers et des travaux de défense qui ont pour effet d’amoindrir la souplesse des sols et leur capacité à absorber les chocs de la houle tandis que les biens ainsi créés exigent sans cesse de renforcer les protections à grand renfort de béton et d’enrochements que la houle sape et déplace, affaiblissant d’autant les infrastructures du remblai.

Dans le prolongement du remblai, le cordon dunaire du Jaunay ne se remet pas de l’exploitation de son sable dans les années 50-60, facilitée par la construction d’une route faîtière aujourd’hui détruite par

l’avancée de la mer.

Actuellement, la prise de conscience de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, jusqu’à l’artificialisation dangereuse de notre cadre de vie, gagne du terrain. Se font pédagogues intraitables des phénomènes climatiques hors normes et plus fréquents sous l’effet du réchauffement climatique. La submersion marine Xynthia du 28 février 2010, en témoigna dramatiquement.

Ce que nous observons au plan local s’inscrit-il dans un phénomène plus large ?

En France, depuis les années 90, 24 % de nos côtes sont en recul, 44 % sont stables, 1/10e s’engraisse, et 17,4 % sont concernés par des aménagements portuaires, des digues, des enrochements, des aménagements routiers, des constructions en front de mer. 37 % des côtes basses sableuses sont en recul constant sur les cinquante dernières années. Durant cette période la France a perdu 30 km2 de superficie soit l’équivalent de 4 200 terrains de football.

Cinq départements sont particulièrement

suivis par le Cerema2 : la Seine-Maritime, la Charente-Maritime, la Gironde, les Bouches-du-Rhône et l’Hérault qui accusent un recul sur 50 % de leurs linéaires côtiers.

Le recul est variable selon la nature des sols. De 1 mm par an pour les côtes de granit et de gneiss ; il passe de 1 à 10 m en zone meuble et sableuse.

Quelles perspectives ?

D’ici 2040 il est attendu un réhaussement du niveau des mers de l’ordre de 45 cm à 1,40 m selon les segments côtiers et leur exposition aux vents et aux courants. En France près de 1,5 million de personnes sont directement concernées ainsi que 850 000 emplois. Sur les 503 communes concernées, seules 1/3 d’entre elles, dont Saint-Gilles-Croix-de-Vie, sont dotées d’un Plan de Prévention des Risques Littoraux (PPRL).

Les perspectives ne sont pas encourageantes qui annoncent que, même en tenant les engagements actuels (non respectés à ce jour, sinon trop mollement) il nous faudra endurer un réchauffement de plus de 5° et une augmentation du niveau des mers, par endroits de 1,5 m.

 

Cependant des progrès sont notoires. Les experts échangent leurs observations et leurs analyses à l’échelle planétaire selon des approches plus collaboratives que compétitives. Les institutions concernées s’appuient sur des politiques d’État plus engagées et davantage dotées de moyens même si la tentation de les rogner est quasi constante. Les collectivités territoriales disposent de compétences plus étendues. Enfin, et parce qu’il est démontré que nos comportements et nos choix de vie ont une incidence directe et majeure sur l’évolution du climat et ses effets sur l’érosion côtière, nous avons à nous informer et à nous mobiliser à titre personnel et collectif.

Des plateformes existent déjà à cet effet. Des logiciels sont mis à disposition :

«MOBI-T C», application pour smartphone

«Rivage, mobilité du trait de côte», mise en ligne par le Cerema. Le but est de généraliser une prise de conscience massive des enjeux pour notre devenir individuel et collectif,

Michelle Boulègue

  1. CPNS : Comité pour la Protection de la Nature et des Sites
  2. Cerema : Centre d’Étude et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité, et l’Aménagement. Établissement public relevant du Ministère de la Transition Climatique et du Ministère de la Cohésion des Territoires et de la Relation avec les Collectivités Territoriales.

Sources :

  • Rapport du 6e cycle d’évaluation de la production de C02 par le GIEC de septembre du 22 juillet 2020.
  • Rapports du Cerema sur l’évolution de l’érosion du trait de côte.
  • Gestion intégrée des espaces maritimes, retour sur les schémas de mise en valeur de la mer et autres outils, 24 août 2020.
  • Suivre l’évolution du trait de côte grâce à l’imagerie satellite, 21 septembre 2020
Bulletin 2021 La terre, l'eau dons fragiles

TRAVAUX A LA CALE DE LA VIGIE

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En bout de remblai, une connexion avec le début de la plage naturelle est établie par une cale longitudinale vers le sud. La stratégie de défense face à l’assaut des déferlantes a été de prolonger le perré par un cordon de blocs pour protéger la cale de plus en plus longue et la dune qui est derrière. Celle-ci est régulièrement soumise à l’érosion accélérée (pied de dune sapé, écroulement des pans de falaise de sable). Une fois encore le cordon de blocs et la cale ont été consolidés en décembre 2020.

Ces interventions onéreuses ont montré la non-durabilité de la stratégie de défense. La solution ne serait-elle pas plutôt (stratégie de reprise partielle) de raccourcir la cale et d’offrir à l’assaut des vagues une connexion plus arrondie jusqu’à la

dune consolidée, à l’instar du nouvel accès de la plage de Sauveterre, dont la construction en sable est entièrement armée par une couche de filets en toile de coco (O.N.F., 2014). L’expérimentation des boudins en géotextile écologique, remplis de sable, placés devant la vigie, gagnerait à être reprise à la lumière des éclairages scientifiques et des installations bénéfiques.

Les enrochements ont montré leur nocivité dans les désordres de la dune. La continuité du poste de secours de l’accès 28, Paterne, qui s’installait sur les enrochements durant la saison estivale, demande une solution plus durable, moins onéreuse.

L’érosion peut être évitée en n’oubliant pas les blocs des rhyolites (accès 29, Kerlo).

Denis Draoulec

Denis.draoulec22@orange.fr

Bulletin 2021 La terre, l'eau dons fragiles

L’INCROYABLE JARDIN DE M. TORTERUE

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Plus de 300 visiteurs se sont déplacés vers l’Incroyable Jardin de Monsieur Torterue, samedi 12 septembre, à l’occasion de la Nuit des Jardins. Le signe d’une belle reconnaissance de la part de la municipalité, initiatrice de la manifestation, alors que le jardin se situe en dehors du cœur de ville où étaient concentrées les animations.

Cette soirée restera aussi pour le collectif des Incroyables Jardinières et Jardiniers comme un encouragement et peut-être le moment fort de cette année bien compliquée. Bien qu’empêchés durant le printemps, ils ont réussi à redonner une âme et de belles couleurs au jardin. Depuis sa création en 2016, ils ont adopté la démarche des «Incredibles Edibles» (incroyables comestibles) menée par des habitants de la petite ville anglaise de Tormorden.

L’idée: utiliser des espaces verts publics pour les aménager en jardins participatifs et contribuer à l’effort de transition écologique et sociale. Ainsi une attention particulière est portée à l’enrichissement naturel du sol, au développement de la biodiversité, à une utilisation raisonnée de l’eau (paillage systématique au sol), à l’association judicieuse des légumes et des fleurs, etc… Cette année, un travail de réflexion a permis la mise en œuvre d’un plan de cultures par rotations sur les différentes lasagnes (cultures en strates d’amendement). L’un des objectifs consiste aussi à ouvrir largement le jardin de M. Torterue au public. Sa situation apparaît favorable au sein de l’hôpital et de l’Ehpad, en premier lieu pour les personnes qui y résident, pour leurs familles et les professionnels. C’est une grande satisfaction pour les jardiniers de les croiser et d’échanger avec eux. C’est aussi un lieu de ressourcement pour les personnes venues en consultation. Plus largement, les grilles ouvertes sur la rue Laennec invitent les passants à entrer.

  

 

Parmi les nombreux visiteurs du 12 septembre, certaines et certains sont venus enrichir le collectif des Incroyables Jardiniers. Nous leur souhaitons d’y prendre beaucoup de plaisir et de semer l’envie d’y venir autour d’eux. Nous espérons qu’eux aussi auront l’occasion de participer à l’organisation des animations que nous comptons bien renouveler en 2021 (trocs plantes, rencontres musicales, pédagogiques et ludiques…).

Plus simplement, nous aurons plaisir à nous retrouver dans le jardin de Monsieur Torterue, le mardi et le samedi (une fois par mois).

N’hésitez pas à nous y rejoindre. Contact :

incroyablescomestiblestorterue@orange.fr