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Bulletin 2020

« LA DUNE » DE BOISVINET EN LENTE FORMATION

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Appelée plage de Boisvinet, en souvenir des épines vinettes qui poussaient sur la lande au-dessus de la plage, avant la construction des chalets.

C’est une côte rocheuse où les schistes et micaschistes ont fait d’excellents lieux de pêche à pied pendant tout le XIXe siècle.

La construction de la jetée (1880-1883), destinée à protéger l’entrée du port, a profondément modifié la forme de la plage, en entraînant une modification des courants et un dépôt de sable, en triangle entre le niveau de la mer, la jetée et la route.

Cette accumulation de sable a été contrecarrée à la fin du XXe siècle par une repoussée du sable vers la mer par des engins de chantier.

 

Après 2013, cette technique a été abandonnée et le sable s’est de nouveau accumulé en épousant une forme arrondie, un profil de dune. Depuis cette date, nous avons vu s’installer spontanément une dizaine de plantes typiques des paysages dunaires maritimes.
Nous travaillons en coordination avec les services municipaux, qui se sont engagés à faire un nettoyage « écologique »  de cette partie de la plage et qui ont mis en place des panneaux explicatifs.

Nous avons réalisé un relevé de ces plantes avec le Conservatoire du Littoral, et depuis nous continuons le suivi : le cakilier maritime qui a fleuri tout l’été, le pourpier de mer  complètement disparu des dunes du Jaunay, la renouée maritime, espèce protégée, le panicaut maritime, emblème du Conservatoire du Littoral.
Pourquoi cet espace, qui rebute certains visiteurs qui voudraient une plage aussi nette qu’une salle de bains, nous intéresse-t-il ? Sur toutes les côtes, on observe un recul du littoral et une disparition des dunes et de leurs plantes caractéristiques. En Vendée, nous avons deux zones de dune en développement : Les Sableaux à Noirmoutier et Boisvinet à Croix-de-Vie. Il faut les protéger !!!

 

Janine Bureau, les photos sont de Robert Bousquet.

Bulletin 2017 Histoire - récit - mémoire

Les petits animaux de l’estran se racontent

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Le crabe dormeur ou Tourteau (Cancer pagurus).

Photographies: C. Chauvet

On m’a pris mon nom scientifique pour l’attribuer à une cruelle maladie. Et pourtant, je ne suis pas très méchant, je suis incapable de m’attaquer à la moindre proie, sauf si elle est fixée ou peu mobile. Par contre, tout en marchant de côté, je fais le ménage au fond de la mer et mon festin de tout animal mort. J’arrache la chair avec mes pinces et je la broie avec mes mandibules très dures.
J’ai cependant un gros problème, comme tous mes copains de Classe…les Crustacés : ma carapace n’est pas extensible. Et pourtant, je grossis !
Je dois donc de temps en temps me «dévêtir» entièrement jusqu’au bout de mes pattes : c’est la mue.
Comme je suis très pudique, je me cache dans un trou de rocher, j’absorbe beaucoup d’eau et la pression fait craquer ma carapace suivant des lignes bien définies. Je peux alors sortir lentement (30 minutes à 6 heures) en marche arrière et laisser de côté mon ancienne carapace. Je suis épuisé, tout nu, tout mou et je peux me faire manger tout cru !
J’ai donc intérêt à me cacher ! Ma nouvelle carapace, que j’avais fabriquée sous l’ancienne depuis quelques mois, est un peu froissée. En me gonflant d’eau, je la défroisse et elle se retrouve donc plus grande que l’ancienne. Je n‘ai plus qu’à patienter pour qu’elle devienne bien dure en s’imprégnant de chitine et de carbonate de calcium. Après cette mue qui m’a bien fatigué, ma chair gorgée d’eau n’est pas très ferme et vous serez déçus si vous me dégustez.

 

 

Photographies: C. Chauvet

Je peux aussi vous raconter un phénomène assez éprouvant, l’accouplement (dure, dure la vie de crabe !).
Disons, un accouplement périlleux avec accrochage sur le dos de la femelle avant sa mue et renversement complet, face à face, juste après sa mue, afin de profiter de sa souplesse.
Moi, le mâle, j’ai mué depuis longtemps et ma carapace est bien ferme ainsi que mes deux pénis. Les deux conduits génitaux de ma femelle peuvent alors recevoir mes gamètes. Les ovules qui remplissent ses ovaires (le rouge, quand elle est cuite) seront fécondés longtemps après l’accouplement car ils restent en réserve dans une spermathèque.
Les oeufs fécondés iront migrer sous son abdomen dont la forme élargie et arrondie est « étudiée » pour ça. Ils resteront en contact avec l’eau de mer pendant quelque temps. De ces oeufs sortiront des larves planctoniques microscopiques dont la métamorphose donnera des jeunes crabes. Ces larves, très nombreuses, serviront de nourriture à d’autres animaux. Nous délaissons complètement notre très nombreuse progéniture, tant pis si elle est très mal élevée !


La bernique ou Patelle (Patella vulgata)

Photographies: C. Chauvet

Photographies: C. Chauvet

Les Vendéens m’appellent « bernique » et les estivants « chapeau chinois » ! En fait, mon nom français est Patelle et j’ai autant de ressemblances avec un chapeau chinois qu’avec une vache normande !
Eh oui, toute ma vie, je m’active à brouter. A marée haute, je broute les algues microscopiques plaquées sur le rocher en laissant de jolis dessins sinueux, mais je peux aussi consommer des algues plus grosses. Avec mes « cousins » les bigorneaux et les escargots qui, comme moi sont des Mollusques Gastéropodes, je broute, grâce à ma langue râpeuse appelée radula.
Vue au microscope, on dirait une râpe à fromage et on peut comprendre qu’en faisant des mouvements de bascule avec la langue, elle râpe. Les dents qu’elle porte sont microscopiques et s’usent très vite, d’où une régénération progressive par l’arrière de cette radula qui fait 3 à 5 cm de long.
Comme les escargots, j’ai un pied musculeux sur lequel je peux glisser.
Le mien, plus arrondi, a l’avantage d’agir comme une ventouse. En contractant les muscles qu’il contient et en sécrétant un mucus collant, je me plaque solidement au rocher à marée basse. C’est vrai, personne ne me voit bouger, sauf quelques prédateurs armés d’un couteau qui viennent me décoller. Pourquoi donc me

Photographies: C. Chauvet

Photographies: C. Chauvet

coller si fort au rocher ?
À part les humains, je ne crains personne ! Toutefois, je risque ma vie si je laisse ma coquille se soulever à marée basse.
En effet, je possède, autour de mon corps, une cavité palléale dans laquelle se trouvent mes branchies.
Comme pour la majorité des animaux aquatiques, elles ne peuvent faire des échanges gazeux respiratoires qu’avec l’eau.
Ça y est ! C’est facile à comprendre ! Je me plaque au rocher pour garder de l’eau et rester en vie jusqu’à la prochaine marée haute.
Élémentaire, n’est-ce pas !

Catherine CHAUVET

Bulletin 2016 Histoire - Récits - Mémoire

Les petits animaux de l’estran se racontent

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mouleTout le monde me connaît et peut me déguster en mouclade ou à la marinière, mais, avant cela, il faut me nettoyer et arracher un paquet de fils enchevêtrés qui sort de ma coquille. C’est quoi ? Ce sont les filaments du byssus et je suis un des rares animaux à pouvoir en fabriquer. En effet, je vis à l’état sauvage sur les rochers et je ne possède aucun autre moyen pour résister à l’assaut des vagues, pas de ventouses ni de moyen de locomotion pour aller me cacher ou m’enfouir. Heureusement, je peux fabriquer un par un des filaments très fins qui formeront le byssus. Il suffit de me placer dans un bocal d’eau de mer et d’observer attentivement. Au bout de quelques minutes, on peut voir une sorte de langue sortir entre mes deux valves : c’est mon pied. Je l’étire jusqu’à ce que la pointe touche une paroi dure. Et là ! On ne bouge plus ! Sans en avoir l’air, je fais couler une sécrétion de ma glande à byssus dans le sillon médian de mon pied. Ce liquide s’étale contre la paroi et se solidifie en formant à son extrémité une plaque adhésive reliée à un fil que vous observerez quand je rétracterai mon pied.

Je peux recommencer un certain nombre de fois et même disposer mes fils en un bel éventail. Ça y est ! Ça tient ! Je suis bien accrochée et vous pourrez le vérifier en renversant le bocal qui se transforme alors en cloche tintant. Il paraît que des biologistes ont découvert la composition chimique de la protéine qui constitue le byssus. J’aurais dû déposer un brevet de fabrication avant de découvrir une copie de ma sécrétion dans le rayon «colles et adhésifs» d’un magasin de bricolage. Au fait ! Avant que vous me dégustiez, il a fallu moi aussi que je me nourrisse. Je n’ai pas de tentacules qui sortent de ma coquille et pourtant, je peux attirer mes proies. Oh ! Elles ne sont pas bien grosses, zooplancton, phytoplancton, ça me va très bien. Mais alors, comment l’eau et le plancton peuvent-ils entrer ?
J’ai la chance d’être un Mollusque lamellibranche ou bivalve. Non seulement mes branchies ont l’aspect de lamelles et filaments qui filtrent l’eau mais en plus, elles possèdent des cils vibratiles microscopiques. Comme ils bougent sans arrêt, ils créent un courant qui entre par l’entrebâillement de mes valves et sort par la « boutonnière». Je récupère alors le plancton, l’emprisonne dans un mucus qui se déplace lentement vers mes palpes labiaux puis ma bouche. Et voilà, c’est bon ! Je n’oublie pas non plus de respirer en captant l’oxygène dissous dans l’eau avec mes branchies. C’est pourquoi, je me ferme solidement pour garder de l’eau à marée basse ou sur l’étal du poissonnier. Si je relâche mes muscles adducteurs et commence à bâiller, attention, je suis en danger de mort ! En serrant très fort le sac dans lequel le poissonnier nous a jetées, nous aurons du mal à nous ouvrir et vous pourrez nous conserver au frais plus longtemps. Question reproduction, tout baigne ! Mâles et femelles restent bien fi xés dans leur coin, et pourtant «no problem», les mâles au manteau blanchâtre libèrent leurs spermatozoïdes et les femelles au manteau orangé leurs ovules. L’eau de mer qui nous baigne devient une véritable « soupe» de gamètes dans laquelle se feront les fécondations donnant des oeufs puis des larves microscopiques et enfi n des petites moules. Il faudra nous laisser grossir sur des cordes et des pieux (bouchots) avant de nous arracher pour faire le bonheur des amateurs de… moules-frites. Il m’arrive parfois d’héberger un pinnothère. Mais si ! Vous l’avez parfois trouvé croustillant sous la dent ! Ce petit crabe ne me dérange pas et comme je ne suis pas chatouilleuse, tout va bien. Nous partageons la nourriture mais cela ne m’empêche pas de grossir. Il est donc diffi cile dans ce cas, de parler de parasitisme. Le seul inconvénient se présente pour le gourmet qui me dégustera les yeux fermés !

La balane (Balanus balanoïdes)

balaneOn me trouve partout sur l’estran et pourtant personne ne s’intéresse à moi. Je vous pose cependant des problèmes car je vous fais mal aux pieds et vous devez me gratter avant de faire cuire les moules. Vue à la loupe, je ressemble à un minuscule volcan surmonté de son cratère. En réalité, je suis un Crustacé. Vous devez vous demander en quoi je ressemble à un crabe ou une crevette ! Eh bien, je vais vous le dire ! Comme les autres Crustacés, je possède des appendices articulés, ce sont des cirres assimilés à des pattes transformées. J’appartiens donc au groupe des Crustacés cirripèdes comme les Anatifes et les 8 «pousse-pieds». De mes oeufs sortent des larves qui sont celles de tous les Crustacés. Elles s’appellent Nauplius, puis elles se transforment en larves Cypris qui se fi xent au rocher avant de se métamorphoser en balanes. Une muraille formée de plaques soudées se construit autour de mon corps et quatre plaques au sommet, forment l’opercule. À marée basse, je ferme « toutes les portes» pour garder un peu d’eau. À marée haute, c’est l’ouverture. Dans un mouvement rythmé et gracieux, je déploie un panache de cirres qui entre et sort de mon opercule. Je crée ainsi un courant d’eau qui m’apporte plancton et oxygène. Si vous voulez voir ce «spectacle» mettezmoi dans une coupelle d’eau de mer et observez-moi à la loupe: c’est étonnant! Je vous saluerai non pas de la main mais de mon panache de cirres.

Catherine CHAUVET