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Bulletin 2016 Histoire - Récits - Mémoire

Les petits animaux de l’estran se racontent

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mouleTout le monde me connaît et peut me déguster en mouclade ou à la marinière, mais, avant cela, il faut me nettoyer et arracher un paquet de fils enchevêtrés qui sort de ma coquille. C’est quoi ? Ce sont les filaments du byssus et je suis un des rares animaux à pouvoir en fabriquer. En effet, je vis à l’état sauvage sur les rochers et je ne possède aucun autre moyen pour résister à l’assaut des vagues, pas de ventouses ni de moyen de locomotion pour aller me cacher ou m’enfouir. Heureusement, je peux fabriquer un par un des filaments très fins qui formeront le byssus. Il suffit de me placer dans un bocal d’eau de mer et d’observer attentivement. Au bout de quelques minutes, on peut voir une sorte de langue sortir entre mes deux valves : c’est mon pied. Je l’étire jusqu’à ce que la pointe touche une paroi dure. Et là ! On ne bouge plus ! Sans en avoir l’air, je fais couler une sécrétion de ma glande à byssus dans le sillon médian de mon pied. Ce liquide s’étale contre la paroi et se solidifie en formant à son extrémité une plaque adhésive reliée à un fil que vous observerez quand je rétracterai mon pied.

Je peux recommencer un certain nombre de fois et même disposer mes fils en un bel éventail. Ça y est ! Ça tient ! Je suis bien accrochée et vous pourrez le vérifier en renversant le bocal qui se transforme alors en cloche tintant. Il paraît que des biologistes ont découvert la composition chimique de la protéine qui constitue le byssus. J’aurais dû déposer un brevet de fabrication avant de découvrir une copie de ma sécrétion dans le rayon «colles et adhésifs» d’un magasin de bricolage. Au fait ! Avant que vous me dégustiez, il a fallu moi aussi que je me nourrisse. Je n’ai pas de tentacules qui sortent de ma coquille et pourtant, je peux attirer mes proies. Oh ! Elles ne sont pas bien grosses, zooplancton, phytoplancton, ça me va très bien. Mais alors, comment l’eau et le plancton peuvent-ils entrer ?
J’ai la chance d’être un Mollusque lamellibranche ou bivalve. Non seulement mes branchies ont l’aspect de lamelles et filaments qui filtrent l’eau mais en plus, elles possèdent des cils vibratiles microscopiques. Comme ils bougent sans arrêt, ils créent un courant qui entre par l’entrebâillement de mes valves et sort par la « boutonnière». Je récupère alors le plancton, l’emprisonne dans un mucus qui se déplace lentement vers mes palpes labiaux puis ma bouche. Et voilà, c’est bon ! Je n’oublie pas non plus de respirer en captant l’oxygène dissous dans l’eau avec mes branchies. C’est pourquoi, je me ferme solidement pour garder de l’eau à marée basse ou sur l’étal du poissonnier. Si je relâche mes muscles adducteurs et commence à bâiller, attention, je suis en danger de mort ! En serrant très fort le sac dans lequel le poissonnier nous a jetées, nous aurons du mal à nous ouvrir et vous pourrez nous conserver au frais plus longtemps. Question reproduction, tout baigne ! Mâles et femelles restent bien fi xés dans leur coin, et pourtant «no problem», les mâles au manteau blanchâtre libèrent leurs spermatozoïdes et les femelles au manteau orangé leurs ovules. L’eau de mer qui nous baigne devient une véritable « soupe» de gamètes dans laquelle se feront les fécondations donnant des oeufs puis des larves microscopiques et enfi n des petites moules. Il faudra nous laisser grossir sur des cordes et des pieux (bouchots) avant de nous arracher pour faire le bonheur des amateurs de… moules-frites. Il m’arrive parfois d’héberger un pinnothère. Mais si ! Vous l’avez parfois trouvé croustillant sous la dent ! Ce petit crabe ne me dérange pas et comme je ne suis pas chatouilleuse, tout va bien. Nous partageons la nourriture mais cela ne m’empêche pas de grossir. Il est donc diffi cile dans ce cas, de parler de parasitisme. Le seul inconvénient se présente pour le gourmet qui me dégustera les yeux fermés !

La balane (Balanus balanoïdes)

balaneOn me trouve partout sur l’estran et pourtant personne ne s’intéresse à moi. Je vous pose cependant des problèmes car je vous fais mal aux pieds et vous devez me gratter avant de faire cuire les moules. Vue à la loupe, je ressemble à un minuscule volcan surmonté de son cratère. En réalité, je suis un Crustacé. Vous devez vous demander en quoi je ressemble à un crabe ou une crevette ! Eh bien, je vais vous le dire ! Comme les autres Crustacés, je possède des appendices articulés, ce sont des cirres assimilés à des pattes transformées. J’appartiens donc au groupe des Crustacés cirripèdes comme les Anatifes et les 8 «pousse-pieds». De mes oeufs sortent des larves qui sont celles de tous les Crustacés. Elles s’appellent Nauplius, puis elles se transforment en larves Cypris qui se fi xent au rocher avant de se métamorphoser en balanes. Une muraille formée de plaques soudées se construit autour de mon corps et quatre plaques au sommet, forment l’opercule. À marée basse, je ferme « toutes les portes» pour garder un peu d’eau. À marée haute, c’est l’ouverture. Dans un mouvement rythmé et gracieux, je déploie un panache de cirres qui entre et sort de mon opercule. Je crée ainsi un courant d’eau qui m’apporte plancton et oxygène. Si vous voulez voir ce «spectacle» mettezmoi dans une coupelle d’eau de mer et observez-moi à la loupe: c’est étonnant! Je vous saluerai non pas de la main mais de mon panache de cirres.

Catherine CHAUVET

Bulletin 2016 Dossiers d'actualité

Frelons asiatiques : quels enjeux ? Quelles solutions ?

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Le Frelon à pattes jaunes (dit frelon asiatique) Vespa velutina  sur Saint Gilles Croix de Vie.
Une espèce invasive est une espèce introduite (volontairement ou non) à partir  d’une zone biogéographique différente, et qui trouve dans sa région d’accueil toutes les conditions écologiques (climatiques, nutritives, hydriques…) nécessaires à son cycle de développement. Si elle ne rencontre  ni prédateurs, ni parasites, ni compétiteurs sur place, ses populations  vont croître de manière exponentielle, et l’espèce va  alors gêner le développement d’espèces indigènes ou causer le dysfonctionnement  d’écosystèmes.

Le frelon à pattes jaunes, ou frelon asiatique, Vespa velutina  est  une espèce invasive.  D’origine asiatique, sa présence en France a été attestée pour la première fois dans le Lot-et-Garonne, en 2004. Arrivé en Vendée en 2008, il a envahi depuis  plus de la moitié de la France et a atteint d’autres pays (Espagne, Portugal, Belgique, Italie, Allemagne), très rapidement, conformément à la dynamique des espèces invasives.

Plus petit que le frelon commun, plus sombre, il s’en distingue aussi par ses pattes jaunes, d’où son nom. C’est une espèce sociale qui construit des nids. Le nombre d’individus produits par nid au cours d’une saison (d’avril à novembre) a été estimé à 6 000 en moyenne. Mais  les plus gros nids, qui peuvent atteindre 1 m de haut et 80 cm de diamètre, produiraient jusqu’à 13 000 individus dont plus de 500 futures reines (appelées encore fondatrices) et autant de mâles.

Régime alimentaire
Le Frelon à pattes jaunes adulte se nourrit de nectar, de pollen, de fruits.  Mais, d’avril à septembre, il  chasse, pour nourrir ses larves, une multitude d’insectes. L’étude des boulettes ramenées au nid montre une proportion d’environ 1/3 de Diptères (mouches et syrphes surtout) et 2/3 d’Hyménoptères.  «Parmi ces derniers, l’abeille domestique et les guêpes communes sont ses proies favorites.  Le reste du régime alimentaire est constitué,[..], d’autres espèces, très variées, d’insectes et d’araignées ou  à l’occasion de chair des cadavres de vertébrés (oiseaux, mammifères mais aussi  viande et[…] poissons et crevettes prélevés aux étals des marchés) » (1).

Le frelon à pattes jaunes est un donc un prédateur relativement opportuniste: «La diversité de ses proies augmente avec la richesse en espèces d’insectes de son environnement. En milieu urbain, où elle domine… ,l’abeille domestique devient sa proie principale. Elle constitue alors environ 60 % du total de ses proies» (1), que le frelon peut chasser jusque dans le rucher. Dans un contexte généralisé de déclin des colonies d’abeilles domestiques, c’est une source de désarroi supplémentaire pour les apiculteurs, en particulier les professionnels.

 

Les méthodes de lutte contre le frelon asiatique sont régies réglementairement (2)

  1. Piégeage:

– préconisé seulement à proximité immédiate des ruchers afin de diminuer la pression de prédation et le stress sur les colonies.

– piégeage systématique hors des ruchers déconseillé: ils sont inefficaces (rendement très faibles) et préjudiciables à l’entomofaune (ensemble des insectes).

– piégeage des fondatrices au printemps déconseillé: toutes les fondatrices ne feront  pas de nid, compte tenu de la forte compétition intra spécifique entre les individus. Le piégeage, en diminuant la compétition intra spécifique peut être contreproductif.

– Il n’existe pas, à cette date, de piège vraiment sélectifs, c’est à dire très efficaces pour le frelon (même si leur rendement est correct en rucher) et inoffensifs pour les insectes non cible.

– Des recherches dans ce sens sont en cours à l’INRA de Bordeaux, au CNRS de Gif-sur-Yvette et à l’IRBI de Tours.

  1. Destruction de nids (3)

C’est actuellement la seule méthode efficace pour limiter les populations de frelons asiatiques

« La destruction d’un nid de V. velutina est dangereuse; car alors les frelons  manifestent un comportement très agressif. Seules des personnes qualifiées et dûment équipées peuvent procéder à cette destruction, à l’aide d’un matériel spécifique. Les personnes autres doivent se tenir à 50 m minimum du nid , ou à l’abri dans un  local, lors de la destruction » (3).

 

Sécurité des personnes (4)

Cette espèce n’est pas agressive envers l’homme, excepté par autodéfense, comme c’est aussi le cas pour le Frelon d’Europe, dans un périmètre d’environ 5 mètres autour des nids.

La construction de ces nids, le plus souvent à la cime des arbres (75% des nids à plus de 10 m de hauteur) limite les contacts avec les humains. Cependant, on peut trouver aussi des nids (3%) très bas… (haies, terrasse et même… niche de chien!)

Après plusieurs années d’observation, les Centres antipoison n’avaient constaté aucune augmentation significative du nombre de piqûres dans les départements où l’espèce était  installée et abondante entre 2004 et 2009 (4).

Cependant ces mesures de précaution limiteront les risques de piqûres:

  • Ne dérangez pas les frelons, afin de ne pas provoquer de comportement agressif.
  • Pour cela, évitez les chocs sur le support du nid.
  • En été, avant d’entreprendre des travaux de toiture, de taille… observez les lieux, afin de repérer des éventuels nids ou vols d’insectes.
  • Ne frappez pas les insectes volant autour de vous.

En cas de piqûre

Les piqûres ne sont pas plus dangereuses que celle des guêpes ou frelons européens.

Néanmoins, comme avec ces espèces, trois cas  peuvent présenter des complications médicales graves:

– cas de piqûres multiples ;

– cas de piqûre unique sur muqueuses (intérieur de la bouche…) ;

– cas d’allergie au venin d’hyménoptères (guêpes, frelons abeilles…).

En cas de  piqûre dans la bouche ou dans la gorge: le gonflement peut être rapide et important et entraîner des difficultés respiratoires. L’allergie se manifeste par une éruption cutanée avec des démangeaisons, un gonflement du visage…, des vertiges, de la pâleur, des difficultés respiratoires, une sensation d’étouffement.

Dans ces 3 cas le pronostic vital peut-être engagé ; il faut donc  CONTACTER LE 15, pour adapter la marche à suivre.

En  conclusion, il n’y a pas lieu de craindre outre mesure le frelon asiatique,  mais il faut prendre les dispositions habituelles vis à vis des Hyménoptères.

 

Découverte d’un nid à Saint Gilles Croix de Vie :

La découverte en septembre 2015 à Saint Gilles Croix De Vie dans une parcelle privée à 12 m de haut a amené un collectif local de veille citoyenne pour la lutte contre les frelons asiatiques auquel s’est jointe l’association V.I.E, à solliciter la Mairie de SGXV (qui  indemnise 50% des frais dans la limite de 60 €),  la Communauté de Communes (CdC) du Pays de Saint Gilles Croix De Vie et la Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles de Vendée (FDGDON 85) chargée de l’organisation de la lutte contre cette espèce.

frelon

Nid de frelon asiatique repéré en septembre 2015 à Saint Gilles Croix De Vie dans une parcelle privée à 12 m de haut.

 

Finalement, après recherche de solutions économiques, c’est grâce à des apiculteurs  bénévoles que la destruction du nid  encore en activité avec de nombreuses larves a été réalisée. Le coût, de l’ordre de 500 €, a été supporté par les intervenants  (2 intervenants avec matériel élévateur de nacelle, 2 bombes aérosol de destruction d’insectes).

Face à cet état de fait,  en l’absence d’un plan de lutte national, et face aux enjeux environnementaux, économiques et sanitaires, le collectif d’associations locales (CPNS, Innovée et V.I.E.) de veille citoyenne pour la lutte contre les frelons asiatiques a sollicité par courrier la CdC du Pays de Saint Gilles Croix De Vie, afin qu’à l’avenir, elle assure la destruction des nids de frelons asiatiques, seule mesure de lutte efficace contre cette espèce à l’heure actuelle.

Il est en effet indispensable de ne pas laisser les propriétaires seuls avec ce problème, même avec une partie des frais indemnisée,  pour éviter tout  «bricolage» contre-productif et dangereux dans ce type d’intervention.

A l’instar de plusieurs communautés de communes,  la CdC du Pays de Saint Gilles Croix De Vie est à même d’assumer cette prise en charge de la destruction des nids de frelons asiatiques, en fournissant  des moyens matériels  et un financement, en coordination avec la FDGDON 85 et le GDSA 85 (Groupement de Défense Sanitaire Apicole de Vendée).

Un nid de frelon asiatique chez vous?
Informer impérativement la FDGDON Vendée au n° «spécial frelon asiatique»:   02 51 47 70 64

Cet organisme se chargera de vous donner toutes les indications nécessaires sur la procédure à suivre et sur les aides auxquelles vous avez droit.

Contacter la Communauté de Pays de Saint-Gilles Croix De Vie au 02.51.55.55.55, qui en principe, suite à la délibération du bureau communautaire du 12 nov 2015), a prévu à partir de 2016 de prendre en charge la destruction des nids installés sur des parcelles publiques ou privées du territoire.

 

Michèle Tramoy micheletramoy@wanadoo.fr

Les références des documents cités sont disponibles sur les pages web suivantes :

(1) http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i169muller-et-al.pdf

(2) http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/documents//DGALN20138082_cle85fd7f-1.pdf

(3) http://www.itsap.asso.fr/downloads/publications/methodes_de_destruction_des_nids_maaf-medde_2013_07_mac.pdf)

(4)http://www.centres-antipoison.net/cctv/rapport_cctv_vespa_velutina_2009.pdf

Pour en savoir plus consulter le site très riche du Museum National d’Histoire Naturelle à l’adresse :

http://frelonasiatique.mnhn.fr/

 

 

Bulletin 2015 Histoire - Récits - Mémoire

Les petits animaux de l’estran se racontent

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Le Bernard l’ermite (ou l’hermite), (Pagurus bernhardus).
Avez-vous déjà vu  des  bigorneaux courir à toute vitesse sur la plage, à marée basse? Regardez-les de plus près et vous verrez sortir de la coquille des pattes articulées et des pinces, des antennes et des yeux.
Vous avez donc observé une coquille de mollusque gastéropode habitée par un crustacé décapode : c’est moi, le bernard l’ermite ou pagure.
Pourquoi ce nom ? Comme le moine Saint-Bernard de  Clairvaux et  les ermites, je vis caché ! En effet, j’ai un «défaut de fabrication». Pour mes pattes et mes antennes, ça va ! Elles sont protégées par unecarapace chitineuse. Par contre, pour mon abdomen, j’ai tout faux ! Il est recouvert d’une peau très fine et si je le laisse à «l’eau libre» je vais me retrouver coupé en deux par le premier prédateur passant par là. Pour me protéger, j’ai donc trouvé une solution : je repère une coquille vide de gastéropode, je la fais tourner en l’inspectant avec mes antennes,  je place les deux orifices des coquilles face à face et hop ! En un dixième de seconde, j’introduis mon abdomen dans la nouvelle coquille. Le problème, c’est que, comme tous les crustacés, je mue et je grossis. Je dois donc à chaque fois prospecter pour trouver une coquille plus grande. C’est sans compter sur la solidarité de mes congénères.  En effet, nous organisons parfois des «chaînes  de vacance». Nous nous  réunissons autour d’une coquille vide adaptée à la taille du plus gros. Chacun passe ensuite dans la coquille du plus gros que lui et seule la plus petite reste vide (selon Behavioral  Ecology). N’est-ce pas un bel exemple de solidarité lié à un recyclage efficace ? De plus, cela prouve que nous avons un don pour l’évaluation de la taille «à vue de nez» ou plutôt d’antenne !
Il m’arrive de vivre en «copropriété» avec une anémone de mer ou une colonie de petits polypes (Hydractinies) qui se fixent sur ma coquille. Ça va, on  s’entend  bien,  mais  attention, on partage les avantages  ! Comme je ne sais pas manger proprement, elles récupèrent les «miettes de mon repas». En échange, elles prolongent l’ouverture de ma coquille, j’ai donc plus de place pour me loger et elles peuvent aussi me protéger avec leurs tentacules urticants.
Nous   constituons dans ce cas une association de deux animaux d’espèces différentes qui retirent des bénéfices réciproques de cette union. Les biologistes parlent de mutualisme et non de symbiose (association bénéfique et  obligatoire de  deux organismes ne pouvant vivre l’un sans l’autre). Ne pourrait-on pas qualifier cette association de «resto-taxi» ?

L’Anémone de mer (Actinia equina).
Mais qui a bien pu me donner un nom de fleur ? Vous m’imaginez dans un bouquet ?
Il est vrai que c’est très flatteur et je regrette de ne pas pouvoir m’admirer lorsque je déploie mes tentacules comme une rosace autour de ma bouche… Je ne suis en vérité qu’un petit animal, tout mou, sans squelette, sans pattes, appartenant au groupe des actiniaires, voisin des coraux.
À marée basse, je me referme et j’ai beaucoup moins fière allure avec mon   aspect de petite boule rouge, visqueuse, collée au rocher et percée au milieu d’un trou qui fait pschitt si on me touche. En effet, je dois garder de l’eau pour survivre. Bien que  je  sois sans dents, sans pinces, sans aiguilles ni crochets, je suis un animal féroce ! Gare à la moindre crevette ou petit poisson qui effleure l’un  de  mes tentacules ! Je possède à leur surface des cellules urticantes microscopiques (cnidocytes) qui  injectent un  venin dans ma proie en la paralysant. Il ne me reste plus qu’à la faire entrer doucement par ma bouche pour la digérer. Les déchets de cette digestion prendront le   chemin inverse. Bouche ou anus, chez moi, c’est pareil ! Je peux me déplacer en glissant sur mon pédoncule basal imprégné de mucus. Les grandes voyageuses préféreront se placer «sur le bord de la route» en attendant le passage peu probable d’un bernard l’ermite qui les prendrait sur son dos.

Catherine Chauvet.