Association VIE Vendée » Blog Archives

Tag Archives: histoire

Bulletin 2014 Histoire - récit - mémoire

Les Castors à l’origine du quartier des Fontenelles

Published by:

Se loger décemment en dépit de moyens modestes est une exigence cruciale, personnelle, familiale et sociale. Le logement est un bien vital. Cependant, la pénurie de logements accessibles s’incruste dans notre paysage social et économique depuis près de 60 ans. Déjà l’abbé Pierre avait vigoureusement dénoncé ce scandale en lançant son appel du 1er février 1954. Le problème persiste, à la limite de l’inextricable, particulièrement dans les grandes villes. Les explications dont l’abbé Pierre a été abreuvé continuent d’être ressassées : les destructions de nombreuses habitations par les bombardements au cours de la deuxième guerre mondiale, le rapide développement démographique, les spéculations foncières et financières, les complexités administratives et réglementaires qui verrouillent l’accès aux aides toujours trop chiches. A cela s’ajoute la frilosité des banques en ces périodes de crise économique et financière. Pourtant ce ne sont pas les plans incitateurs qui ont manqué depuis l’après-guerre. Comment expliquer ce grave échec collectif ? Peut-être l’ambiguïté dans laquelle nous nous complaisons faisant, du logement, à la fois un bien de consommation, soumis pour l’essentiel aux lois du marché, un bien de première nécessité et un droit social reconnu de haute lutte mais non assorti de moyens. Encadrer l’accès au logement locatif par un système de règles destinées à équilibrer les intérêts des bailleurs et des locataires ouvre-t-il la voie à des solutions innovantes ? Une loi si pertinente soit-elle ne fera pas venir le beau temps au pays du logement locatif du jour au lendemain. Les initiatives à visées non lucratives restent à prendre. Des exemples ?

Les Castors sur leur chantier

Les Castors sur leur chantier

A Saint Gilles Croix de Vie ce type d’initiative a modelé un quartier entier, traversé par les rues actuelles des Fontenelles, Pierre Lucas, des Castors et de la Félicité, dans les années cinquante. A cette époque, de 35 à 40 familles vivaient à Saint Gilles dans des conditions très dures. Le spectacle de ces familles logées dans des conditions indécentes a fait sortir Victor Nadeau de ses gonds. Ce militant syndical décida avec une équipe de volontaires de prendre ce problème à bras le corps en dépit des difficultés ; trouver du terrain, faire un montage financier qui permette aux familles de payer leur investissement dans la durée et pour finir parvenir à surmonter les multiples complications administratives. La solution de Victor Naudeau : agir ensemble pour se donner toutes les chances de réussir. Il ne nageait pas en pleine utopie. Il savait qu’il devait être concret pour convaincre. Il raconta à ces familles comment, à Saint Pol de Léon, une association s’était lancée dans une aventure similaire et avait ainsi réussi à reloger quelques familles vivant dans des galetas. L’assemblée fut conquise. Victor Nadeau entreprit donc les démarches. Les difficultés administratives s’amoncelèrent au point de doucher l’enthousiasme de plusieurs familles. Victor Naudeau reçut néanmoins l’appui de la Caisse Rurale représentée alors par Monsieur Grousseau. Bientôt, 13 familles seulement s’accrochaient encore au projet. La mise en vente des terrains de la ferme de la Cour Rouge offrit une opportunité à saisir à condition d’agir vite. Le temps pressait. Il s’agissait de ne pas rater cette opportunité. Victor Nadeau alla chercher conseil auprès de l’association nationale des «Castors» et créa l’association 1901 des Castors de Saint Gilles.

Victor Naudeau 1905-1990 Délégué du personnel et comptable à l’entreprise «Mascart - Allez»

Victor Naudeau 1905-1990
Délégué du personnel et comptable
à l’entreprise «Mascart – Allez»

Sans surprise, Victor Naudeau fut élu président. D’emblée, le bureau se comporta comme un comité d’action comprenant un chef de chantier, un secrétaire et un trésorier. Homme d’expérience, Victor Nadeau eut l’idée de créer un comité d’honneur dans lequel il décida, sans en consulter les intéressés, de mettre le maire, le curé, le directeur de «la Mascart»* et le percepteur, toutes personnes susceptibles de convaincre les décideurs du sérieux de l’entreprise. Il ne fut pas déjugé. Les maires de Saint Gilles qui se sont succédés au fil des élections l’ont toujours soutenu. L’administration joua également le jeu. Ainsi Monsieur Faucheux, de la Direction Départementale du Ministère de la Construction, architecte de métier fit personnellement et à titre gratuit les plans de trois types de maisons allant du F3 au F5 afin de tenir compte de la taille des familles. Toutes disposaient d’un garage et d’un jardin. Le 7 mai 1953, le Conseil Municipal de Saint Gilles autorisa le maire à vendre à l’association des Castors 13 terrains dont le prix fixé par les Domaines était de 250 Fr du m2. De plus, la mairie décida de réduire ce montant de 150 Fr du m2 afin de soutenir l’action de l’association des Castors. Le 13 juin 1953, la mairie décida d’accorder aux membres de l’association des Castors, acquéreurs de ces terrains, un délai maximum de paiement d’une durée d’un an à compter de la signature des actes de vente et ce sans intérêt. Le financement des travaux devait s’effectuer au fur et à mesure de l’avancement des constructions grâce à des prêts consentis par la Caisse Rurale, la Caisse des Allocations Familiales et le Crédit Foncier de la Roche sur Yon. Les Castors retroussèrent leurs manches et bâtirent leur maison en s’entraidant. Les chantiers étaient ouverts le soir après le travail, les samedis après-midi, les dimanches et les jours fériés. Victor Naudeau était toujours là. Le quartier des Castors sort de terre C’est alors que trois nouvelles familles demandèrent à faire partie du projet nécessitant l’ouverture d’une nouvelle tranche. D’autres familles les imitèrent. Le 21 novembre 1953, le Conseil Municipal de Saint Gilles délibéra une nouvelle fois en vue d’accorder de nouveaux terrains afin d’étendre le lotissement des Fontenelles pour accueillir 15 nouvelles familles. Cette fois le terrain sera cédé à hauteur de 350 Fr le m2. L’association de gestion n’en restera pas là car en dépit de ses efforts, les besoins persistèrent. Le 9 juin 1960, Victor Naudeau et quelques amis dont Alphonse Barreau, Monsieur Peterman, Paul Thorette et Louis Crochet déposèrent les statuts de l’association d’Aide aux Sans Logis de Saint Gilles sur Vie afin de mener à bien un nouveau programme de 34 logements. 7 entreprises locales remportèrent les appels d’offre concernant 7 corps de métier. Encore une fois, la mairie joua le jeu même si le maire avait changé entretemps. Par délibération du 19 février 1960, le Conseil décida l’acquisition d’un nouveau terrain au quartier des Fontenelles au prix modique de 3 nouveaux francs le m2 grâce au concours financier de la mairie. Au final ce seront 63 nouvelles maisons qui seront construites en trois tranches. N’ayant que leur courage à mettre en partage, les Castors ont assumé avec dignité leur responsabilité de chefs de famille. En dépit de grandes difficultés, ils ont démontré par l’exemple les conditions de la réussite : associer l’initiative et la détermination des personnes au volontarisme des élus avec l’appui des institutions publiques, privées et bancaires. La formule reste gagnante chaque fois qu’elle est mise en pratique.

Michelle Boulègue Article réalisé à partir des recherches effectuées par Jean Michel Barreau *La «MASCART-ALLEZ» est le nom de l’entreprise dans laquelle Victor Naudeau occupait les fonctions administratives et comptables à compter du 1er décembre 1945 photo prêtée par Michel Barreau.

Bulletin 2014 Les dossiers de VIE

Valorisation du patrimoine.

Published by:

Des nouvelles de l’AVAP, enfin !
La loi de Grenelle II du 12 juillet 2010 instaure l’établissement d’une Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) en remplacement des Zones de Protection Prioritaire de l’Architecture et du Patrimoine (ZPPAUP) institué en 1991. L’objectif de l’AVAP maintient la valorisation du patrimoine bâti et veut, de plus, tenir compte des avancées engendrées par l’usage de nouveaux matériaux ainsi que des contraintes réglementaires et législatives nouvelles telles que l’accessibilité, le développement durable et les risques d’inondation. L’AVAP se doit donc de définir un périmètre capable de rendre compte de ses objectifs et des contraintes à satisfaire. Dans ce but, le Conseil Municipal du 14 octobre 2013 a décidé la mise en place d’une commission locale consultative de 15 membres et de 4 suppléants réunissant des représentants de la commune, de la Communauté de Communes au titre de l’urbanisme, de l’environnement et des travaux, des représentants de l’Etat et des personnes qualifiées, du monde associatif (en l’occurrence V.I.E.), du CAUE, de l’entreprise Signavision et d’un architecte. La commune a la charge d’organiser l’information et la concertation au moyen de ses supports de communication et de la presse locale. Un prestataire spécialisé sera chargé de mener les études préalables à l’établissement de l’AVAP. Pour un coût pré-estimé et budgété pour l’exercice 2013 à hauteur de 44 000 euros HT. L’AVAP, moins contraignante que la ZPPAUP, définira les conditions de la valorisation et de préservation du patrimoine urbain, architectural, témoin de l’histoire locale. La tendance poussant à la densification du tissu urbain et à l’investissement des «dents creuses» peut aussi induire une rentabilité du foncier en termes d’espace et de finance. Face à ces pressions, l’AVAP aura fort à faire pour contribuer à la valorisation et à la préservation de notre patrimoine bâti. Du moins sommes nous en bonne voie pour nous doter d’une règle du jeu communale.

Le cas des murs de l’église de Saint Gilles est révélateur de ces désordres puisque des pierres se détachent de temps en temps. Un périmètre de sécurité autour de la tour du clocher a été mis en place en sept 2013. Bonne nouvelle des restaurations sont prévues en 2014 des deux églises. Certains murs laissent tristement apparaître leur fourrure au niveau d’échancrures qui les fragilisent d’autant plus. Photo V.I.E.

Le cas des murs de l’église de Saint
Gilles est révélateur de ces désordres
puisque des pierres se détachent de
temps en temps. Un périmètre de sécurité
autour de la tour du clocher a
été mis en place en sept 2013. Bonne
nouvelle des restaurations sont prévues
en 2014 des deux églises.
Certains murs laissent tristement
apparaître leur fourrure au niveau
d’échancrures qui les fragilisent d’autant
plus. Photo V.I.E.

La restauration des murs en pierres de lest a son mode d’emploi.
En mai 2013, à la demande de V.I.E., Alexandre Billon, architecte des bâtiments de France, lui a remis une étude détaillée et riche d’informations concrètes permettant aux propriétaires de murs en pierres de lest de faire le diagnostic de l’état de leur murs de clôture et d’habitation construits avec ce matériau et de porter remède à leurs détériorations dans les meilleurs conditions. Cette étude a été remise aux autorités compétentes et en toute priorité au Conseil Général qui dès l’origine à bien voulu subventionner son financement. V.I.E. tient cette étude à la disposition des propriétaires intéressés. Certains d’entre eux l’ont déjà consultée utilement. Au-delà de la mise à disposition de cette information propre à préserver ce patrimoine qui fait le charme de nos quartiers anciens, V.I.E. se préoccupe de permettre aux propriétaires d’accéder à des aides financières nécessaires en cas de restauration. A cet effet V.I.E. souhaite que le futur règlement de l’AVAP préconise cette préservation et la favorise en prévoyant d’apporter l’assistance technique de ses services. Cet appui justifierait de l’intérêt collectif que représente ce patrimoine concourant à l’identité de notre ville et donnerait des arguments solides aux propriétaires qui souhaiteraient solliciter une subvention auprès de la Fondation du Patrimoine. Cette démarche devrait s’inscrire, plus largement dans la définition de la politique locale de préservation et de valorisation de notre patrimoine communal.

Bulletin 2013 Histoire - Récits - Mémoire

Le parler des marins locaux (suite)

Published by:

Maurice Guittonneau a dressé un lexique qui s’enrichit tous les jours, nous poursuivons ici la publication d’extraits de ce lexique. V.I.E. vous invite à le compléter.  A Vous !
2 Martrèche (f) ….. Nuage ou temps noir qui monte (arrive),
annonciateur de pluie
4 Nappi * …. Être trempé par la pluie au travers des vêtements, jusqu’à la peau «trempé nappi !
2 Nouc’ (m) ….Un noeud, fait avec un ou deux cordages.
2 Naincre (m) ….Matière visqueuse qui recouvre la peau des poissons.
4 Naincroux …Recouvert de naincre, tout gluant.
1 Nord (m) ….crust…Crabe de rochers gris noir à grosses pinces (6 à 8 cm).
4 Nage …….Action de ramer avec deux avirons.
4 Nageur …..Rameur.
4 Palanquée (f) …Terme utilisé pour indiquer qu’il y a une grande quantité de choses, d’objets, personnes …
2 Pochée (f) ….L’ensemble de la pêche qui est au fond du chalut, senne, autres …
1 Prête (m) …poiss…Un éperlan.
2 Parée (f) …Un passage dans la dune vers la mer, (passage vu de la mer qui sert d’alignement).
1 Piase (f) …poiss… Plie, carrelet.
1 Pochetias (m) …poiss… Grande raie noire disparue de notre région depuis 50 ans environ.
2 Pinasson (m) …. Petit canot de pinasse sardinière, annexe d’un bateau de pêche…
1 Palvadia (m) …crust…. Crabe ballant de sable qui sert d’appât vivant pour la pêche au bar et autres.
3 Pas (m) ……. Passage, gué en rivière «Pas de vaches».
2 Paquet de mer (m) … Vague déferlante sur …
3 Paï (m) …Butte de dune, bois, ou autre pour alignement.
3 Paoû (m) …. En mer, arrêt sur le lieu de pêche, mise bas des pinassons pour la pêche à la sardine (faire plusieurs paoûs sur un même lieu de pêche ou en des lieux différents dans la journée).
1 Paillas …crust… Ensemble de toutes petites crevettes roses de mer.
4 Pialée (f) …Subir un gros grain, coup de vent, une forte brise.
1 Patagau ..(m) …coq… Vénus. (Bivalve)
5 Pas Marque de Fond… Expression qui veut dire qu’il n’y a rien à pêcher en un lieu donné. Surtout employé lors de la pêche au chalut
2 Piaule (f) ….Le vent. Brise.Tempête.
4 Pousse (à la) … Faire avancer un canot en poussant sur le fond à l’aide d’un aviron ou d’une perche.
4 Penguiette ….Pendouille, au pendant.
4 Patroiller ….. Prendre constamment avec les mains de droite à gauche, farfouiller « Arrête de patroiller le poisson !».
5 Pagaille. en …En grande quantité.
5 Pagaille (f) ….Grand désordre.
4 Pinousit’ (m) ….. Petit, tout petit.
1 Pigon (m)..coq…. Telline, bivalve des sables littoraux
1 Plomb (un) ….crust …Petite araignée bien pleine.
4 Pepot’ ou papot’ ….Un bébé.
4 Poumailler…..Changer de place, transvaser, se dit des lignes, palangres, filets, cordages, pour ramasser ou préparer avant de mettre en pêche.
4 Poumailler se … Se presser. «vas-tu te poumailler!» pour demander d’aller plus vite
2 Platier (m) ….Marin qui pêche la sardine à partir d’un pinasson (canot).

M. Guittonneau

http://unepassion-marinpecheur.blog4ever.com