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Bulletin 2023 La ville, histoire, enjeux et perspectives Non classé

UNE RENAISSANCE.

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UNE RENAISSANCE.

La danse des particules irise la lumière dans laquelle baigne l’atelier et distille les arômes des bois qui y sont travaillés.

Patrick Avrilla, d’un souffle prolongé, fait gémir un tuyau d’orgue en une plainte sourde et grave qui fait basculer la quiétude de l’atelier dans un univers maritime inquiétant.

Magie des sons ! Cela fait 400 heures que deux bénévoles de talent, Jean-Paul Boury, luthier spécialiste
des instruments anciens, et Patrick Avrilla, maître-ébéniste, consacrent à un orgue du XVIIIème siècle
rescapé d’une longue histoire qui aurait pu le laisser ignoré et démembré dans un château de Dordogne.
Il a connu des heures plus fringantes, quand, comme tant d’autres avant lui, il sortit de l’atelier d’un facteur d’orgue sans doute italien, comme le donnent à penser l’architecture du buffet, son décor, la structure mécanique et la facture du sommier. Sur de telles orgues ont joué et composé des musiciens
prestigieux, Frescobaldi, Gabrieli, Scarlatti…

L’Italie ne l’ayant pas retenu, il accompagna les offices religieux célébrés dans les chapelles de demeures seigneuriales en Corse puis en Dordogne où le dénicha Jean-Michel Dieuaide, célèbre organiste, à la recherche de pièces indispensables à la construction d’un orgue de style français du XVIIIème siècle entreprise à Commequiers. Même si beaucoup de ses pièces s’étaient détériorées ou perdues au fil du temps, ce qu’il en restait méritait mieux que le dépeçage envisagé. Il a fallu le diagnostic affûté de Jean-Michel Dieuaide pour y croire quand il ne restait plus que le sommier et 200 tuyaux sur les 400 que comptait sa «forêt» initiale. L’orgue, incomplet et en pièces détachées, arriva àCommequiers. C’est alors que Jean-Louis Loriaut, ami facteur d’orgue de Jean-Michel Dieuaide et actuel restaurateur des orgues de Corse, fut consulté pour savoir si, plus qu’une restauration, une reconstruction était envisageable tant il y avait de pièces à refaire. Ce qu’il restait de cet orgue méritait bien de se lancer dans l’aventure et il proposa de fournir les plans, véritables guides de restructuration.
Autant lancer un défi à Patrick Avrilla et à Jean-Paul Boury qui décidèrent avec enthousiasme de le relever.

S’ouvre alors un nouveau chapitre voué à la découverte des matériaux capables d’émettre des sons dont l’association produira de l’harmonie.

Du cormier pour le pédalier, celui qui a été abattu à Landevieille en 1980 fera l’affaire. Du chêne pour le coffre du pédalier, bordé de wengé pour le renforcer. Les dièses des pédales seront en palissandre de Rio, le clavier en citronnier de Ceylan et en ébène du Gabon sans compter l’ébène prélevée sur les touches du piano de Jean Rousseau qui en fit le don. Il faut trouver du bois à fibres très serrées pour les tuyaux de basse à section carrée.

L’épicéa est choisi tandis que le peuplier sera utilisé pour refaire les deux volets du buffet, de 19 kg chacun, et dont il faut refaire les 6 ferrures à l’identique sur des modèles retrouvés à Figeac et à Thiers, une forge du Fenouiller en est chargée. La restauration des tuyaux métalliques est confiée à Luca Scotti, tuyautier italien à Coma, près de Milan. Même les colles respectent les procédés d’époque comme la colle de poisson ou de peau de lapin utilisée à chaud pour assembler les pièces. Finalement l’orgue, installé sur un socle de 90 cm de haut sur une base de 1,50 m de côté, se dressera sur 3 m de hauteur donnant à admirer l’ornementation rouge et or de ses panneaux, dans le style de l’époque.

Ce sera l’œuvre d’un artiste de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Jean Hondré. On a déjà pu en admirer la représenta tion grandeur nature suspendue dans la nef de l’église Saint Gilles lors des Journées du Patrimoine.

Patrick Avrilla dans son atelier
le 16 septembre 2022

 

A ce jour, Patrick Avrilla et Jean-Paul Boury ont consacré 400 h de travail à cette restructuration. Ils estiment qu’il faudra en totaliser 2 500 pour que l’orgue fasse de nouveau résonner ses sonorités dans la nef de l’église Saint Gilles. Patientons jusqu’en 2023 !

Sa splendeur recouvrée, l’orgue vaudra alors de l’ordre de 125 000 €. De fait, sa restructuration ne devrait pas coûter plus de 50 000 € correspondant au coût des matériaux et aux montants cumulés
des rémunérations dues aux artisans et artistes sollicités, autres que les bénévoles.

Encore faut-il réussir à réunir cette somme.

Une souscription a été lancée lors des Journées du Patrimoine à l’initiative de l’association 0R0(Orgue Rouge & Or). Cette souscription est soutenue par l’Association Orgue en Pays de la Loire dont
le président, Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre, a souligné l’engagement en tenant son assemblée générale de novembre 2022 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Tant il est vrai qu’une telle entreprise ne peut aboutir sans la participation du plus grand nombre.

Sources : Entretien du 16 septembre avec Patrick
Avrilla dans son atelier au Fenouiller .
Contact : ORO.saintgilles@gmail.com

 

Orgue rouge en cours de restructuration.

Le comité de rédaction

Bulletin 2023 L’Océan, incontournable acteur de SGXV

LE PROJET DE PORT DE BRÉTIGNOLLES À LA NORMANDELIÈRE. Suite de la Saga. 

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LE PROJET DE PORT DE BRÉTIGNOLLES À LA NORMANDELIÈRE. Suite de la Saga. 

 

Le 15 octobre 2021, lors d’une réunion  publique, le maire, Frédéric Fouquet, a  défendu l’option d’un port communal, laissant penser qu’elle était la seule capable de répondre aux trois enjeux  du site : faciliter et sécuriser la mise à l’eau, rendre la Normandelière attractive à l’année et prendre en compte  la dimension naturelle du site. (O.-F.  22/10/21) (…) 

Le 24 novembre 2021, La Vigie s’oppose «à toute atteinte au domaine dunaire» et souligne que des expertises supplémentaires repousseraient le réaménagement du plan d’eau. Elle doute du retour sur investissement d’un tel projet. 

Elle rappelle qu’elle «est favorable à un aménagement du site de la Normandelière, en respect avec la Loi Littoral et la préservation de la biodiversité, pour en faire un espace ouvert accessible à tous avec un bon équilibre des  usages.» (O.-F. 24/11/21) 

Depuis : 

2 décembre 2021 : Le Conseil Commu nautaire du Pays de Saint-Gilles-Croix de-Vie met en œuvre l’abandon du projet de port de plaisance sur le site de la Normandelière en accord avec le préfet de Vendée et suivant ses instructions. 

En compensation, la Communauté de Communes décide d’indemniser  la commune de Brétignolles-sur-Mer  pour les études qu’elle a conduites, d’un montant de 2 116 804 euros. 

Cette indemnisation, qui pourrait être versée dans les deux ans, est conditionnée à l’engagement, par la mairie de Brétignolles, de ne pas réaliser de port. 

9 décembre : Le Journal des Sables titre : «Le Collectif pour la remise en  état du plan d’eau s’impatiente et se mobilise»: 

«C’était une promesse de Christophe  Chabot, si le port ne se faisait pas …  Plus rien n’empêche la municipalité de  respecter ses engagements.» 

8 janvier 2022, Ouest-France titre:  «F. Fouquet et C. Chabot, s’associent dans le privé» : 

Frédéric Fouquet, est depuis le 25 oc tobre 2021 le nouveau gérant de l’entreprise Coutaud Manutention dont il  était jusqu’à présent le directeur commercial salarié. 

Christophe Chabot et Frédéric Fouquet sont co-actionnaires de la nouvelle société Foutex maison mère de Coutaud Manutention. 

Dans le même temps, le lobbying de Christophe Chabot est intense auprès de Frédéric Fouquet pour défendre contre vents et marées le projet de  port. L’ancien maire en rend compte  publiquement sur le site de l’association «Brétignolles Veut Son Port», qu’il préside. Au soir du 22 juillet 2021, après le vote du Conseil Communautaire du Pays de Saint-Gilles-Croix-de Vie abandonnant le projet de port à  Brétignolles , Christophe Chabot fustige une «parodie».  

Selon Christophe Chabot, les deux  maires se voient le 1er août, pendant trois heures. À l’issue de cette rencontre, les tensions s’apaisent. «Je  crois pouvoir affirmer que l’on a peut être retrouvé notre Fred… Notre maire a pris l’engagement très clair que rien ne se fera à la Normandelière sans notre association», relate Christophe Chabot. 

12 janvier : Un collectif de contribuables, habitants du Pays de Saint Gilles-Croix-de-Vie, dépose un recours gracieux contre la décision du Conseil Communautaire du 2 décembre 2021, qui actait le remboursement de 2,1 millions d’euros à la commune de Brétignolles, au titre d’études engagées pour l’aménagement d’un port de plaisance, ce projet ayant finalement été abandonné par les élus communautaires en juillet 2021. 

Dans ses vœux, le 8 janvier 2022, le maire de Brétignolles, Frédéric Fouquet maintient la solution d’un  port communal comme «scénario  prioritaire». (O.-F. 14/01/22) 

1er mars : La Région des Pays de Loire  lance un nouvel Appel à Projets pour  un port de plaisance innovant et établit son cahier des charges : 

– Port connecté (internet des objets), 

– Port lieu d’expérimentation, 

– Port durable (économie circulaire,  intégration du port à sec sur le terri toire et dans son environnement). 

Date limite de dépôt des dossiers : 31 mai 2022. 

5 mars, 11 mars et 10 juin : derniers  arrêtés préfectoraux d’abrogation  pour clore le dossier Port-Brétignolles  à la Normandelière, après la décision  communautaire d’abandon.  

5 avril : Congrès annuel de l’association vendéenne des élus du Littoral, salle de la Balise à Saint-Hilaire-de Riez, à l’initiative de Yannick Moreau,  président, et de François Blanchet :  Catherine Meur-Ferec, professeure de  géographie et littoral à l’Université de Bretagne, y intervient sur les risques d’érosion et de submersion côtière. 

5 juin : La Vigie organise un rassemblement pour réclamer la remise en état du plan d’eau de la Normandelière, la remise en état de la dune et le classement définitif du site. 

Le maire évoque un risque de «trouble  à l’ordre public» et envisage un «arrêté  d’interdiction.» (O.-F. 26/05/22) 

9 juin : Après l’abandon du projet de port de plaisance de Brétignolles, en Bureau Communautaire, la Communauté d’Agglomération du Pays de  Saint-Gilles-Croix-de-Vie lance les études pour le développement et l’avenir du port de Saint-Gilles-Croix de-Vie. 

Elle a ainsi répondu à l’Appel à Projets  régional pour un port de plaisance innovant. 

24 juin : le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» diffuse une vidéo de six minutes, sur YouTube, intitulée «Proposition d’aménagement  pour la Normandelière». 

18 juillet : en pleine sécheresse, la carrière de Brethomé est une énigme:  son niveau d’eau reste insensible aux variations climatiques, ne se remplissant pas par l’eau de pluie et ne se vidant pas en été du fait de l’évaporation. 

8 août : le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» présente sa vidéo déjà diffusée, le 24 juin, sur YouTube : 

«Pendant 8 mois, 80 bénévoles ont mis en place une démarche de travail en équipe pour réfléchir à une proposition d’aménagement alternative du site de la Normandelière et a réalisé un film permettant de visualiser ce que ces propositions pourraient offrir. 

Le plan d’eau pour la baignade et les  activités nautiques est restauré avec des espaces de jeux en proximité; les bâtiments de la ferme de la Normandelière sont utilisés comme centre d’interprétation pour le public et lieu de vente de produits de la ferme ; la zone humide est aménagée avec des  cheminements doux ; les prairies accueillent des races anciennes de bovins; un vaste espace de maraîchage est dédié à la recherche agronomique et la carrière est imaginée comme un lieu d’accueil du public avec un pont suspendu, une via ferrata et une scène flottante.» 

Le 8 septembre, Ouest-France titre :  «Brétignolles s’oppose à une intervention de l’agglomération dans la dune» : «La Vigie s’alarme de l’érosion de la dune de la Normandelière, sur le littoral de Brétignolles-sur-Mer. Pour l’association, la dune «a été rendue vulnérable suite aux travaux de septembre 2019 [préparatoires] au projet de port». À la veille des tempêtes hivernales, il devient urgent de la protéger.  (…) Le maire de Brétignolles s’oppose à toute intervention sur la dune.» 

Le président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint Gilles-Croix-de-Vie, François Blanchet, confirme qu’il n’a pas eu l’autorisation du maire de Brétignolles, Frédéric Fouquet, pour faire intervenir ses services. «Comme je m’y étais engagé lors d’un  Conseil Communautaire en décembre  2021, j’ai sollicité [en mai 2022] le maire de Brétignolles pour une intervention des services intercommunaux dans la dune, afin de limiter l’érosion. Le maire n’a pas souhaité donner suite à notre demande», déclare François Blanchet. «La compétence de  défense contre la mer est intercommunale, mais le domaine dunaire est communal. Il faut l’accord du propriétaire pour intervenir», affirme-t-il. 

Le 16 septembre, Le Journal des  Sables titre : «L’association «Bréti gnolles Veut Son Port» perd patience  et confiance» : 

Christophe Chabot [président de  BVSP], amer, refait l’histoire et promet  d’y donner une suite via «Brétignolles  Veut Son Port».  

Il explique : «Après avoir protégé Frédéric Fouquet à de nombreuses re prises, nous considérons que ce n’est  plus possible. Je me suis trompé sur l’homme et je culpabilise. Si j’étais resté, le port serait en cours, les Brétignollais que je rencontre me demandent fréquemment des comptes… J’ai  démissionné de l’actuel mandat après que le maire m’ait refusé de continuer à porter le projet du port… 

(…) 

Frédéric Fouquet a aussi laissé faire la  commission de médiation. Il néglige notre électorat et notre association,  considérée comme rien, qu’il a mise  sous l’éteignoir… Il n’a adressé aucun  message aux Brétignollais et à l’équipe qui portait le port le 22 juillet après la  décision négative du Conseil Communautaire…» 

Le 4 octobre, audience du Tribunal  Administratif. 

Ouest-France titre : «Le tribunal enclin  à protéger l’estran» :  

«Le Plan Local d’Urbanisme ménageait la possibilité d’un port à La Normandelière. Le rapporteur public préconise une annulation partielle. 

Le rapporteur public (…) estime en revanche que l’estran, la partie maritime de La Normandelière, constitue «un espace remarquable», ce pour quoi milite la Vigie. Cela impliquerait une sacralisation de l’estran, interdisant la  construction, sauf exception. Le rapporteur public préconise, en conséquence, une annulation partielle du PLU sur ce dernier point.» (O.-F.  5/10/22) 

La décision est mise en délibéré. 

Début octobre, la municipalité publie son périodique «Parole de Brétignolles» n° 39 :  

«La vocation nautique et touristique de la Normandelière sera confortée» : Pour «- Sécuriser l’accès à la mer et  l’accueil des bateaux, notamment pour  respecter la règlementation concernant la mise à l’eau ;  

– Faciliter les activités nautiques et la  voile légère à proximité de l’école de  voile municipale.» 

Le 20 octobre, Frédéric Fouquet rencontre le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière», dans le cadre de la concertation publique qu’il a engagée en octobre 2021. (O.-F.  2/11/22). 

Le 8 novembre, annulation partielle par le Tribunal Administratif de Nantes du PLU de Brétignolles-sur-Mer. 

Le Tribunal Administratif décide la préservation de l’estran et son classement comme espace remarquable: «Ainsi, contrairement à ce que soutient  la commune, cette partie de l’estran, dans le secteur de la Normandelière présente un caractère géologique remarquable et un intérêt écologique  fort. (…) Dans ces conditions, l’estran du secteur de la Normandelière, qui, à tout le moins, est caractéristique du patrimoine naturel du littoral de  Brétignolles-sur-Mer et présente un  intérêt écologique, est au nombre des espaces remarquables dont les articles L. 121-23 et R. 121-4 du code de l’urbanisme imposent la préservation.» 

Il est enjoint à la commune d’élaborer, sans  délai, les nouvelles dispositions du PLU. 

Le 16 novembre, la «Gazette des communes» titre : «Coup d’arrêt juridique pour le port de plaisance de la discorde» :  

«Le PLU doit être revu sur la partie estran.  Par ailleurs, les autorisations environnementales ont également été abrogées. La partie arrière de l’estran sur laquelle  devait se développer les aménagements  portuaires faisait l’objet d’une orientation d’aménagement et de programmation  (OAP) au PLU, qui tombe également»,  précise Yves Le Quellec, président de FNE Vendée. 

Cependant, la commune a décidé de faire appel de ce jugement le 15 novembre, mais selon les juristes, les  chances de réussite sont très minces. «Le  jugement du 8 novembre 2022 est solidement motivé, tout particulièrement sur la question des espaces remarquables du littoral, tirant toutes les conséquences de la jurisprudence antérieure et de la déclinaison marine de la Loi Littoral sur  cette question essentielle de la protection des espaces remarquables ; il sera pour le moins difficile de faire tomber le jugement nantais…», analyse Laurent  Bordereaux, professeur en droit du littoral à l’Université de La Rochelle. 

Le 3 décembre, le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» présente une vidéo documentant des solutions pérennes, pour faciliter une mise à l’eau sécurisée des bateaux, par tout  temps et tout niveau de marée, tout en  préservant l’ensemble des activités de la plage, l’environnement et la réglementation de l’estran, grâce à un tapis géotex tile sur la plage, un tracteur immersible,  une remorque hydraulique et l’implantation d’un petit port à sec (si la demande  le justifie). 

Le 13 décembre 2022 : «La mairie de Brétignolles-sur-Mer relance le projet  d’un port… à seuil», titre Ouest-France  du 14/12/2022 :  

Frédéric Fouquet, maire, présente un  aménagement d’ensemble avec un bassin de baignade, un bassin de pratique  de la voile légère, la zone humide, la carrière et les bâtiments préservés, … avant  d’en arriver à son projet de port : un port à seuil, soit un bassin à flot avec un seuil  submersible, protégé par une porte anti tempête, pour 400 bateaux de 6 à 10 m, accessible uniquement par beau temps.  

Bernard Biron, président de La Vigie,  réagit : «On est reparti vingt ans en arrière. Pendant ce temps, rien ne se fait à  la Normandelière.» 

Effectivement, nous voilà revenus aux  caractéristiques du 1er projet de port  présenté par Christophe Chabot, le 15 février 2003 (O.-F. 20/02/03)…  

A suivre…. 

Le comité de rédaction

Bulletin 2022 LA VILLE, HISTOIRE, ENJEUX ET PERSPECTIVES

SON NOM POUR UN JARDIN

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SON NOM POUR UN JARDIN

Le 9 octobre 2021, à l’initiative de la mairie de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le nom de Jean Marcel Couradette a été donné au jardin public auquel conduit la délicieuse allée ombragée « Narcisse Pelletier ».

Quel meilleur endroit pour rendre hommage à l’engagement de Jean Marcel Couradette !

Après une longue carrière passée au service d’une coopérative agricole qu’il contribua à rendre prospère, cet ingé- nieur agronome décida de résider à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Il se mit alors tout naturellement au service de ses concitoyens, de la cité et de l’environne- ment.

Situé au croisement de ses incessantes allées et venues au chevet des dunes du Jaunay et de la Garenne, ce jardin lui doit d’exister.

Voici son histoire.

40 ans plus tôt, a été entrepris, le recalibrage du Jaunay afin d’assurer une meilleure irrigation des marais en amont. Les limons dragués et rejetés sur les berges risquaient, à la longue, par ruissellement, de réembourber le canal. De plus ces matériaux, bruts de coffre, offraient un spectacle désolé qui gâchait l’entrée de ville et le plaisir des promenades dans les dunes du Jaunay. La plantation des berges fut décidée tandis que leur aménagement en jardin public gratifiait la ville de jardins d’agréments sur la rive droite et de la promenade Narcisse Pelletier le long de la rive gauche.

Alors que les travaux progressaient vers l’écluse, Jean Marcel Couradette eut l’idée de conclure l’allée Narcisse Pelletier par un jardin public dédié aux enfants. Une roussière échevelée et infestée de moustiques, au débouché du Jaunay, s’y prêtait à peu de frais. Le conseil municipal approuva sa proposition. Mais des voix s’élevèrent, dénonçant la destruction d’une zone humide naturelle en pleine ville. Si la municipalité ne retint pas cet argument, il n’en fut pas de même pour Jean Marcel Couradette très attaché à la préservation des espaces naturels, gages de notre qualité de vie. Après avoir soupesé les arguments contradictoires, il considéra qu’un jardin public en pleine ville valait bien le sacrifice d’une zone humide quand les marais proches en étaient généreux. Cette anecdote illustre pleinement son engagement, toujours à la recherche de ce qui permet de concilier plutôt que d’opposer la préservation de l’environnement et la qualité de vie.

Finalement, les dernières plantes en place, les jeux de plein air installés et le grillage posé, le jardin fut immédiatement adopté par les mères et pères des tout petits à la recherche de coins ombragés, ludiques et en pleine ville.

C’est alors qu’un ami débarqua chez Jean Marcel Couradette, lui annonçant qu’un panneau accroché à la grille du jardin le baptisait « Square Couradette». La blague lui parut évidente mais le sérieux de son interlocuteur le décida à enfourcher sa bicyclette pour voir sur place ce qu’il en était. Là, l’attendait une petite compagnie hilare. Elle saluait en le charriant amicalement, son obstination à faire aboutir ce chantier au service des habitants et des plus jeunes d’entre eux. Ils avaient fait fort les amis, tant le panneau, aux dimensions et couleurs réglementaires, était à s’y méprendre !

La mairie au courant de la farce le fit enlever fissa. Sans commentaires de part et d’autre.

Et pourquoi pas ?

Ce fut l’avis de l’assemblée réunie, ce matin du 9 octobre 2021 à l’initiative d’un autre conseil municipal, bien informé et tout autant au service de l’environ- nement, qui baptisa, pour de vrai, le «Square Jean Marcel Couradette». Elle témoignait en toute amitié du souvenir durable qu’elle gardait de lui.

Parmi les personnes présentes, certaines se souvenaient avoir participé à la restauration de la dune de la Garenne, et à celle du Jaunay. La réussite de ces réalisations dut beaucoup au rôle de pivot que Jean Marcel Couradette sut jouer, comme conseiller municipal, secrétaire du CPNS et, plus tard, président de l’association « Valoriser les Initiative et l’Environnement (V.I.E.) ». A la charnière des pouvoirs, d‘action de la mairie et de mobilisation du secteur associatif, il n’eut aucun mal à convaincre les enseignants de venir avec leurs élèves renforcer les rangs des planteurs bénévoles d’oyats, ces piégeurs des sables apportés par les tempêtes d’hiver. D’année en année, la dune s’est ainsi réhaussée. Plus déterminant encore fut d’avoir associé à ces plantations la transmission, aux enfants, de savoirs leur faisant comprendre les forces et les faiblesses de la nature et préparant ainsi la relève à son chevet. Pour preuve, les enfants devenus adultes se souviennent. La dune de Garenne restaurée témoigne de l’efficacité durable de ces engagements partagés.

Tandis que, ce 9 octobre, l’assemblée se dispersait lentement, échangeant par petits groupes les dernières anecdotes que leur inspirait la rencontre, des enfants reprirent possession des balançoires. Les rayons d’un soleil d’automne lustraient les branches des pommiers conduites en espalier.

Le square Jean Marcel Couradette avait tout le temps de leur raconter ce que la nature attendait d’eux en échange de ses bienfaits.

Michelle Boulègue