Ecoquartier : voyage en utopie ou nouvelle configuration sociétale et environnementale de l’habitat ?
Lors de la séance du conseil municipal 26 octobre 2015, la municipalité de Saint Gilles Croix de Vie a acté le lancement d’une démarche d’écoquartier au lieudit « La Croix ». L’urbanisation de ce site de 20 ha en zone bocagère, proche du rond point de l’Europe et de ses commerces et services, et non loin des deux collèges et du futur lycée, ne doit pas faire oublier les enjeux environnementaux qui lui sont associés.
Qu’est-ce qu’un écoquartier ?
Depuis le Grenelle de l’environnement (2009-10), c’est d’abord l’inscription, à l’échelle d’un quartier, de la démarche de développement durable (DD). On retrouve donc dans un projet « fini », les 3 volets fondamentaux du DD :
Volet environnemental : réduire l’impact environnemental, en économisant l’espace, l’énergie, les matériaux, et en favorisant la biodiversité et les déplacements doux.
Volet économique : favoriser le développement économique en instaurant des commerces et services en lien avec le territoire, répondant aux besoins des habitants, et participant à la vie du quartier.
Volet social-sociétal : favoriser la qualité de la vie, le bien être, la mixité sociale et intergénérationnelle, l’échange au sein du quartier et avec les autres secteurs de la ville grâce à des équipements : salles de réunions, terrains de jeux, etc… ouverts à tous.
Comme toute démarche de développement durable, le projet d’écoquartier, dès sa conception, adopte une démarche de démocratie participative et de partenariat avec les acteurs de l’aménagement urbain.
Les écoquartiers ont pour rôle de tirer le reste de la ville vers le développement durable urbain en fournissant des exemples concrets de réalisation. Ils permettent ainsi aux habitants, aux artisans, aux techniciens et architectes de progresser vers des solutions techniques répondant aux problématiques environnementales actuelles (réchauffement climatique, perte de biodiversité, dégradation de la qualité des cours d’eau..). Mais ils sont aussi une nouvelle façon de penser la ville, d’habiter un quartier, lieu de convivialité, en faisant plus de place au vivre ensemble.
Le Label écoquartier
Depuis les années 2009 et 2010, le ministère du Logement, de l’Egalité, des Territoires et de la Ruralité a créé une charte écoquartier, qui fixe un certain nombre d’objectifs et de principes. L’engagement de la collectivité sur cette charte est la première phase d’une labellisation qui conduit, si toutes les étapes sont menées à terme, et réussies, à l’obtention d’un «label écoquartier », valorisant le caractère exemplaire du projet d’urbanisation type écoquartier.
La conception d’un écoquartier
Elle implique tous les acteurs de la ville, du citoyen à l’élu, et la concertation et le suivi des aménagements garantissent la qualité du projet dans la durée et à l’usage. Chaque écoquartier, en fonction des particularités de son territoire, de son histoire, se doit de décliner les 7 principes qui en feront un quartier modèle : sobriété énergétique (lors de la construction et du fonctionnement), limitation de l’étalement urbain, mixité sociale et générationnelle, optimisation des matériaux et ressources lors de la construction, mobilité douce, et préservation de la biodiversité.
Concrètement, au sein de l’écoquartier, tout est prévu pour favoriser les comportements respectueux de l’environnement : espaces et chemins piétons, pistes cyclables, zone pacifiée limitée à 30km/h, garages à vélos, stationnement réglementé, bornes de recharge pour voitures électriques, et bâtiments à « énergie positive » et à haute qualité environnementale (HQE), gestion des eaux pluviales, etc.
En fonction de sa taille et de l’environnement urbain, l’écoquartier est doté de services ou relié à ces derniers : commerces de proximité, groupe scolaire, arrêt de bus, salle de réunion, espace de détente (jeux pour enfants, mini-stade pour adolescents et jeunes adultes, …)
Quelles sont les réalisations d’écoquartiers en Vendée ?
Après un projet novateur aux Herbiers (sur 9 ha, plus de 170 logements dont 30 % de logements aidés, distingué en 2007 par le prix national de l’Art Urbain), la Vendée a développé un savoir-faire d’aménagement d’écoquartier qu’accompagne l’EPF85 (Etablissement Public Foncier de Vendée), sur plusieurs sites. D’autres communes ont lancées leur écoquartier (Chantonnay, Saint Laurent sur Sèvres) avec le bailleur social Vendée Habitat, qui propose une accession très avantageuse et sécurisée : prix du terrain réduit, TVA à taux réduit, exonération de taxes. La Roche sur Yon renouvelle avec concertation le quartier de la gare selon le concept d’écoquartier.
Quel projet pour Saint Gilles Croix De Vie ?
Le projet d’écoquartier envisagé dans le secteur de la Croix, est localisé sur un site unique du bocage de rétro-littoral (20 hectares de terres agricoles en relief : champs cultivés, petit bois classé, étangs, ruisseaux vers le Grenouillet), dernier «espace urbanisable d’ampleur» de la commune, en continuité de l’agglomération. L’emprise foncière du futur écoquartier est sous la maîtrise foncière de l’EPF85, ce qui dégage la commune de l’investissement d’achat foncier.
Le projet de la commune se veut exemplaire, en s’inscrivant dans la démarche du label « Eco Quartier » proposée par le Ministère du logement, en étant conforme aux orientations du SCoT (Schéma de Cohérence territoriale) (qui prescrit 40 habitants par hectare…). Le SCoT est lui-même en conformité, avec le SRCE (Schéma Régional de Cohérence Écologique), prônant l’aménagement du territoire en faveur de la biodiversité (trames verte et bleue) et avec le Plan Départemental de l’Habitat de la Vendée (2014 – 2020), notamment pour les orientations sociales. Ce dernier préconise par exemple de développer l’offre publique de logements dans les secteurs tendus (cas de la commune de Saint Gilles Croix De Vie), de prévoir une part significative de logements de petite et moyenne tailles (T2/T3) en réponse aux demandes des personnes seules (plus de 52 % des adultes vivent seuls, tendance en hausse, dans la commune) à faibles ressources, d’accentuer la production de logements en locatif et en accession à la propriété en favorisant l’intervention des opérateurs publics, etc…
L’adhésion de la ville à la charte écoquartier l’engage à souscrire aux objectifs et principes qui y sont contenus. Par exemple, en matière de biodiversité : le respect des espaces classés et protégés, de la trame paysagère, l’établissement d’espaces verts faisant appel à des plantes vivaces et indigènes sont des points envisagés.
Etre exemplaire dans le domaine de la sobriété énergétique des bâtiments (par ailleurs de qualité HQE), conduit à mettre les logements au niveau de la norme 2020, qui vise la maison à énergie positive, qui produit plus qu’elle ne consomme, par une conception bioclimatique (compacité des formes et orientation solaire des constructions).
Quel calendrier prévisionnel
Contrôlé par la Mairie par l’intermédiaire d’un cahier des charges et d’un suivi méthodologique, le prestataire chargé d’études préalables et pré-opérationnelle (retenu après appel d’offre en novembre 2015), propose les scenarii d’aménagement et la préparation du projet retenu (2016), jusqu’à la désignation de l’aménageur maître d’œuvre. Afin que le projet soit irréprochable sur les différents dossiers techniques, différents partenaires qualifiés seront associés au projet : EPF85, le SyDEV, CAUE, etc…).
Quels sont les clés de la réussite d’un projet d’éco-quartier?
Les retours d’expérience de projet d’écoquartier déterminent les clés suivantes :
– Piloter le projet d’écoquartier et son suivi avec méthodologie (1);
– Faire participer divers partenaires et s’entourer de multi-compétences;
– Associer la population (pas seulement les « convaincus » de l’écohabitat), dès l’amont et durant tout le projet et son suivi, par des processus dynamiques de démocratie participative;
– Assurer une bonne communication suffisamment tôt en amont, notamment pour sensibiliser les futurs habitants aux mérites de l’écoquartier.
Le point de vue de l’association V.I.E.
L’association V.I.E., réfléchissant sur l’évolution « vertueuse » de la ville vers la transition écologique, invite les acteurs à engagerune démarche participative exigeante avec la population, afin de conduire le projet vers un mieux-être social, des modes de vie plus doux, une nature protégée et mise en valeur. L’exemplarité doit être recherchée. Outre les modes d’habitats individuels ou groupés classiques, un lot de construction d’habitat participatif (habitat groupé coopératif) pourrait être expérimenté avec l’accompagnement des ménages volontaires. Un compostage de quartier, associé à un jardin potager partagé, des espaces verts incluant des micros vergers associés à des aromatiques, renforceraient le volet environnemental et social.
Sur le plan social et économique, un local associatif, la mise à disposition d’un lieu de dépôt pour des produits agricoles produits par l’agriculture locale (circuits courts) respectueuse de l’environnement apparaissent également comme des aménagements souhaitables, compatibles avec le label d’Eco Quartier.
Michèle Tramoy, micheletramoy@wanadoo.fr
Denis Draoulec, denis.draoulec22@orange.fr
Principales sources :
Sources municipales, presse locale.
http://www.developpement-durable.gouv.fr – rubrique : Eco-Quartier
SCoT du Pays de Saint Gilles Croix De Vie : Document d’Orientations et d’Objectifs (mai 2015)
Plan Départemental de l’Habitat de la Vendée (2014 – 2020).
EPF de Vendée : Orientations Stratégiques, Rapports d’activité 2014
Ministère du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité, DREAL des Pays de la Loire
Rapports et fiches éco quartier de : l’ADEM, l’ADILE, CEREMA