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Bulletin 2020

À PROPOS DE L’ÉGLISE DE SAINT-GILLES

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Au VIIIème siècle, deux siècles avant sa fondation, son saint patron avait dû fuir Athènes, harcelé par ses concitoyens pour ses visions.  Embarqué sur la galère d’un négociant grec qui faisait le commerce du vin avec la Gaule, il finit par mettre le pied sur les quais d’Arles et gagna Nîmes, décidé à vivre la vie d’ermite dans l’épaisse forêt proche. Plusieurs années s’écoulèrent quand, un jour, la biche qu’il avait apprivoisée vint se réfugier près de lui, poursuivie par des chasseurs ;  voulant la protéger, il étendit l’une de ses mains qui fut transpercée par la flèche destinée à l’animal. Varma, le gouverneur de Nîmes en ce VIème  siècle, eut connaissance de l’anecdote et voulut rencontrer l’ermite. La douceur de ce dernier et la rudesse de la vie qu’il s’imposait lui firent si grande impression qu’il lui fit édifier un monastère au bord du Gard dont le rayonnement s’accrut au fil des missions d’évangélisation dépêchées à travers toute la Gaule à partir du VIIIème siècle.

Dédié d’abord à Saint Pierre et Saint Paul, l’ermite, s’étant voué à Saint Gilles, devint le saint patron du monastère qui, au IXe siècle, prit le nom de Saint-Gilles-du-Gard. Portées par la ferveur des moines, les missions s’intensifièrent. L’une d’elle s’ancra à Saint-Michel-en-l’Herm. Dans le même siècle, les pas des moines de Saint-Michel-en-l’Herm les conduisirent ermau havre de Sidon situé au fond de l’estuaire de la Vie. Depuis l’antiquité les navires y faisaient escale pour commercer, y trouver refuge et renouveler leurs provisions de vivres et d’eau douce tant les sources y abondaient. Quelques habitations se groupaient alors autour d’une motte fortifiée qui avait bien du mal à résister aux incursions des pirates, des vikings et des bandes armées. La mission édifia une modeste église sur les flancs de la motte, élargit les fortifications et les compléta d’un système de douves s’emplissant d’eau de mer à chaque marée. De cette église carolingienne il ne reste rien car ces moines décidèrent de la transformer en l’agrandissant et surtout en renforçant ses défenses ainsi que celles du prieuré qu’ils y adossèrent. Un bullaire de Saint-Gilles-du-Gard du XIIème siècle en fait mention. Solidement ancré sur le haut de la falaise rocheuse, face à l’entrée de l’estuaire, le monastère fortifié fut à la fois le refuge des habitants lors des incursions normandes et un amer précieux pour les marins.

Livrée à ses seules ressources, l’église Saint Gilles, partagea les vicissitudes qui accablèrent ses paroissiens comme les guerres, les ravages du temps et les colères de la nature.

Les guerres.

Au cours de la guerre de Cent Ans, les terres du Poitou furent tour à tour anglaises et françaises. La victoire de chaque camp, les ruinèrent chaque fois un peu plus. Ainsi, l’église Saint Gilles fut détruite par les anglais au début du XIVème siècle. Ils ne laissèrent debout que l’assise du pilier nord actuel et le clocher. La victoire leur semblant durable ils reconstruisirent l’église qui fut dite « église des anglais ». Les clochers étaient indispensables pour faire le guet sur terre et se repérer en mer.

L’insécurité régnait alors sur les routes. Dans le même temps, les progrès de l’art de naviguer faisaient préférer aux commerçants les routes maritimes. La première caraque génoise toucha en 1277 Bruges qui s’imposa comme le grand centre de distribution des produits méditerranéens à travers l’Europe du nord jusqu’à Novgorod et la laine anglaise approvisionnait les métiers à tisser de Toscane. L’Atlantique, la Manche et la mer du Nord devinrent le cadre d’un trafic commercial allant s’intensifiant, les flottes anglaise et génoise se taillèrent la part du lion tout en se faisant une concurrence féroce. La flotte anglaise, chez elle à Bordeaux en terre de Guyenne, relâchait régulièrement en baie de Bourgneuf pour y embarquer des frets de sel et de blé.

De 1568 à 1610, les guerres de religion mirent les lieux de culte au cœur des conflits. En 1613 les catholiques décidèrent de reconstruire leur église dont les protestants n’avaient laissé debout que le bas-côté nord et la tour du clocher. Faute d’argent et d’ouvriers qualifiés, ils durent se contenter d’élargir la nef centrale, non voûtée, d’une nef collatérale nord, le tout fermé par une épaisse muraille percée de fenêtres ordinaires, sans meneaux. La victoire de Louis XIII sur le chef des armées protestantes, Benjamin de Soubise, lors de la bataille de Riez, annonça le déclin de l’emprise de la Réforme sur les terres d’Aquitaine et du Poitou. Dès l’année qui suivit la Révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en octobre 1685, les protestants de Saint-Gilles eurent à subir la destruction du temple même si les mariages entre réformés continuèrent d’être actés devant notaire.

Crédit photo Denis Draoulec

En 1793, les Bleus s’en prirent à l’église détruisant les statues, les objets du culte et lacérèrent les tableaux. Les cloches furent descendues et transportées en chaloupe jusqu’aux Sables-d’Olonne pour y être fondues laissant l’église sans voix jusqu’en 1821. Pendant la Révolution, le port de Saint-Gilles, baptisé Port-Fidèle pour prix de sa loyauté envers la République, vit son église devenir Temple de la Raison après avoir été un casernement et un grenier à fourrage. En 1801, le Concordat rendit L’église au culte catholique. Quinze ans plus tard, Saint-Gilles et Croix-de-Vie eurent à endurer le dernier épisode des guerres de Vendée faisant s’opposer sur leurs sols les troupes bonapartistes aux émigrés royalistes soutenus par les Anglais qui firent même débarquer des renforts à la Petite Côte. C’est alors qu’en 1815, le général Grosbon inspectant les alentours du haut du clocher de l’église Saint Gilles fut atteint à l’œil par une balle improbable partie du quai des Greniers, ajustée par un soldat royaliste, sniper avant l’heure. Mortellement blessé, descendu sans ménagement par ses soldat et transporté en charrette jusqu’au Sables-d’Olonne, il ne survécut pas à ses blessures.

Les ravages du temps.

Le 18 novembre 1870, en pleine guerre, l’église de Saint-Gilles s’est lézardée au point que le préfet dut condamner la grande nef. Les paroissiens suivaient les offices, tassés sous le clocher. En 1871, l’architecte départemental, Monsieur Leclais dressa les plans d’une église à trois nefs. Un terrain fut acheté au sud à cet effet. Le montant des travaux fut estimé à 30 000 francs. Les 5 500 francs de la paroisse ne pouvant suffire, la commune participa pour 2 300 francs. Le financement fut bouclé grâce aux quêtes pour 13 000 francs et au don de 10 000 francs de l’abbé Dorion, retiré à Saint-Gilles et alors âgée de 94 ans. L’entreprise Gaborit de Pucette obtint le chantier qui dura trois ans.

Les violences de la nature.

En 1787, la foudre détruisit la flèche du clocher. Rapidement reconstruit, celui-ci continua d’être un amer précieux pour les marins. Le 21 novembre 1840, la foudre frappa de nouveau la flèche du clocher et engendra un début d’incendie. Le 18 décembre 1845 un nouvel incendie nécessita 50 000 francs de travaux. Le 29 juillet 1894, la foudre, encore fit flamber le clocher et détériora l’horloge. Quelques minutes plus tôt, elle avait foudroyé un séminariste sur la Grande Plage. L’installation d’un paratonnerre fut décidée sur lequel la foudre tomba deux fois le 24 juin 1925, puis sur la minoterie qui fut détruite. Seuls, les greniers à grains furent épargnés. Les pompiers de la Roche-sur-Yon et ceux des Sables-d’Olonne arrivèrent trop tard. Les édiles décidèrent alors la constitution d’un corps de pompiers. Le 18 février 1937 la foudre brisa le paratonnerre pendant la grand-messe sans que l’office ne s’interrompe. Restauré, le paratonnerre tint bon.

Depuis 1874 l’église n’a pas subi de profonde transformation. Quant à lui, le clocher de Saint Gilles est resté debout sinon en l’état depuis près de huit siècles. En témoignent les graffiti exceptionnels remontant au XIVème siècle qui, gravés dans ses pierres, en disent long sur l’ennui des guetteurs pendant leur temps de veille mais aussi sur la silhouette des navires, à quai, sous leurs yeux.

Michelle Boulègue.

Article réalisé à partir des archives de la cure.

Bulletin 2020

NOUS NE LES OUBLIONS PAS

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L’été 2019 aura été une épreuve répétée pour V.I.E.

Le 18 août, Jean Jacques Mouton, «  Incroyable Jardinier » de la première heure, nous quittait après une impitoyable maladie affrontée courageusement deux ans durant.

Quelques jours plus tard, le 26 août, Jean Louis Charrier s’éteignait brusquement, nous laissant incrédules et ébranlés par sa disparition.

 Le 20 septembre, Louis Toupet, délégué de l’APF en Vendée, nous quittait à son tour alors que nous étudiions avec lui et selon ses conseils le moyen de rendre accessibles les allées de « l’Incroyable Jardin de Monsieur Torterue ».

 Tous les trois avaient en commun leur générosité et l’élégance de tenir à distance la maladie et le handicap. Leur amitié nous manque. Le souvenir de leur générosité  et le témoignage de leur courage discret nous restent.

Les administrateurs de V.I.E.

Bulletin 2020

UN ENFANT DU PAYS NOUS A QUITTES.

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Jean Louis Charrier

Jean Louis Charrier, fidèle et généreux administrateur de V.I.E. nous a quittés brusquement le 26 août dernier, épuisé par sa lutte obstinée pour préserver les marges de vie que lui mesurait sa santé fragile. Depuis, son large sourire, son regard bleu pétillant, poivré d’humour, ses paroles mesurées et toujours pertinentes nous manquent. La morosité lui était trop étrangère pour la laisser nous gagner.

Évoquons plutôt le parcours d’un enfant du pays si profondément attaché à Saint-Gilles-Croix-de-Vie qu’il aurait voulu y naître.  Mais la guerre a voulu qu’il naisse le 4 mai 1940 au Lude, où sa mère avait été évacuée. S’ouvrirent à lui six années de plein bonheur chez ses grands-parents paternels aux Allées, route de la Roche (maintenant 89 de la rue du Calvaire) à Saint-Gilles.  À leurs côtés, il s’imprégna de tendresse, de discipline, de lumière et des parfums du jardin. Sa tristesse, ce fut que sa mère avait dû regagner Paris pour y travailler, et que ses visites ne pouvaient être qu’espacées, même si régulières ; et que, comme beaucoup d’enfants nés à cette époque, il ne fit connaissance avec son père, fait prisonnier quelques jours après sa naissance, qu’à la toute fin de la guerre. Doux, discret et secret, il fut adoré par sa grand-mère et réceptif aux enseignements de vie, distillés au fil des jours, par un grand-père paternel chaleureux et aussi rigoureux que pouvait l’être le directeur de l’école de garçons de Saint-Gilles.

De retour à Paris, après une scolarité à l’école primaire de la rue Lepic à Paris et de solides études secondaires au lycée Condorcet, Jean Louis s’engagea sans conviction dans deux années de droit sur les pas d’un père avocat. Un reportage destiné à promouvoir les atouts touristiques de Sarlat suivi d’une exposition de ses prises de vue, très appréciée, l’engagea définitivement dans la carrière de photographe. Cela faisait des années que Jean Louis exerçait son regard au travers d’un objectif photographique. Un box-kodak offert par sa mère l’avait mis sur cette voie, de cliché en cliché. Trop de plaisir à saisir et rendre compte des jeux de lumière sur les paysages et les visages pour n’en faire qu’un passe-temps. Sa jeune épouse elle-même de tempérament artistique, lui fit rencontrer un photographe professionnel auprès duquel il apprit les ficelles du métier. À ses côtés il acquit une assurance professionnelle qui l’amena à créer dans le XVIII ème arrondissement un studio laboratoire avec son jeune frère Michel. La répartition des rôles alla de soi : à Jean- Louis le pilotage du studio et à Michel le laboratoire. 20 ans durant, le tandem fut gagnant. L’entreprise acquit une solide réputation auprès des sociétés qui savaient l’importance d’un bon visuel pour faire connaître et valoriser leurs produits, pourtant aussi difficiles à flatter que  l’outillage de précision et les machines-outils. Les deux frères enchaînèrent les stands d’expositions avec un succès répété. L’histoire commença à s’enrayer quand les entreprises frappées par la crise limitèrent les budgets alloués à la publicité. S’ajouta à ce déclin progressif l’arrivée de la photo numérique, qui ouvrit le marché à des « non-professionnels », puis le non-renouvellement du bail du studio-laboratoire. Dans le même temps, Jean louis commença à avoir des problèmes pulmonaires jusqu’à ce qu’une infection impossible à éradiquer lui imposa l’ablation d’un poumon encaissée stoïquement. Les frères firent le point et décidèrent que leurs chemins professionnels devaient se séparer. Michel poursuivit une solide carrière dans une importante agence d’images. Jean Louis accepta des vacations au rythme toléré par sa santé, car un asthme sévère avait fait sa réapparition, le privant d’une de ses grandes passions, les randonnées pédestres, jusqu’au moment où il décida de prendre sa retraite à Saint-Gilles-Croix-de-Vie dans la maison bleue de ses grands-parents. Pas un meuble ne changea de place. En revanche, au fil des années, le jardin fut remodelé de fond en comble sous l’œil exercé de Jean Louis qui savait exactement ce qu’il voulait y voir à chaque heure du jour. C’est là qu’il apprivoisa il y a cinq ans, Cooky, son dernier chat. Car les chats ont été une autre de ses passions. 

À son rythme, Jean Louis mit sa connaissance du pays, sa disponibilité, ses compétences de photographe, son coup d’œil intransigeant, au service des associations qui lui semblèrent en phase avec ses centres d’intérêts et ses principes de vie.

 V.I.E. eut ainsi la chance de pouvoir, plusieurs années durant, bénéficier de son fidèle attachement au pays, de ses qualités de discernement et de sa générosité qui lui faisait taire les exigences de sa santé pour être le plus possible à nos côtés dans la diversité de nos entreprises. Il est certain que « l’Incroyable Jardin de Monsieur Torterue » a tenu une place particulière dans ses engagements. Il se réjouissait d’en voir le dessin habité sans façon par une végétation généreuse pour le plus grand plaisir des résidents, des voisins et des bénévoles qui s’y consacrent. Il nous a vivement encouragé à entreprendre l’accessibilité de ses allées pour les personnes à mobilité réduite. Nous avons été profondément touchés d’apprendre qu’il avait demandé que les fleurs d’adieux soient remplacées par des dons pour le Jardin. Sa façon à lui de poursuivre son compagnonnage amical et assidu avec les « Incroyables Jardiniers » et V.I.E. dont il partageait le goût pour ce qui régale l’œil, le palais et le cœur.

Les administrateurs de V.I.E.