Appliqué à l’urbanisme, le développement durable invite à s’interroger sur ce que pourrait signifier la notion de « ville durable ». D’emblée, s’impose l’idée de la prise en compte de l’environnement et de sa préservation bien au-delà de l’application des techniques d’économie d’énergie.
Des attentes
Les toits végétalisés, le goût pour les jardins expriment le besoin de vivre dans des espaces urbains assainis, irrigués par les espaces verts, eux-mêmes ouverts sur des espaces naturels. A côté de ce besoin d’espace, nul n’ignore que les transports étant la principale source de pollution de notre environnement, la concentration urbaine semble une bonne réponse avec à la clé, la valorisation des «dents creuses». A condition de garantir la qualité de vie individuelle et collective.
Satisfaire à l’ensemble de ces priorités invite à associer urbanisme, schéma de déplacement et projet de société. Le respect du droit fondamental au logement, expression du projet de vie et celui non moins prégnant de la participation à la vie collective, renvoient aux décideurs l’obligation de concevoir une politique de l’urbanisme favorisant la mixité sociale, l’ouverture des espaces publiques, leur accessibilité à tous, leur esthétisme et les économies d’énergie.
Le projet politique se dessine ainsi, pas à pas, faisant du « bien vivre », individuel et collectif, et de la préservation de l’environnement, les principes directeurs tandis que la concertation et la transversalité des approches, sont les méthodes à privilégier. Une ville durable est avant tout une ville qui inscrit son projet social dans l’espace et dont les pratiques témoignent des principes qui l’animent.
Qu’en est il à Saint Gilles Croix de Vie ?
La ville de Saint Gilles Croix de Vie veut donner des gages de son adhésion au principe du développement durable : un pan de l’activité communal lui est dédié, piloté par une conseillère municipale. La commune a adhéré (1000 euros) à l’association « séminaire Robert Auzelle » en novembre 2008 afin de mener, ensemble, une réflexion sur le sujet avec un prix à la clé que la commune s’est enorgueillie d’avoir obtenu dans la foulée. Plus sérieusement, elle a commandé « un audit environnemental » au cabinet BMJ dont le rapport fut présenté lors du Conseil municipal du 1/12/2008. Cette évaluation assortie de recommandations a souligne les dangers d’une approche dispersée, peu lisible et mal partagée tant au sein de l’équipe municipale, qu’avec les services concernés et le public. Cette évaluation devait être suivie d’une « phase deux » placée sous le signe de la concertation, dans les mois à venir. De fait la première semaine d’ avril 2009 fut consacrée à la sensibilisation des habitants au fi l d’une série d’animations.
Des actions qui en témoignent ?
La réponse est un catalogue d’opérations dont on peine à discerner dans quel plan d’ensemble elles se situent. Voici, à titre d’exemple, les opérations les plus emblématiques dont certaines sont dans les tuyaux depuis plusieurs années.
Projets immobiliers :
- Le futur pôle administratif avec un coût prévisionnel de viabilisation de 687 940 euros HT à la charge de la mairie. Implanté à l’est de la route de l’Aiguillon et accolé à la zone industrielle de la Bégaudière, ce pôle est destiné à associer sur son aire des activités du tertiaire voire du logement. Il est prévu, notamment, d’y installer l’antenne de l’inspection d’académie et celle de la Sauvegarde 85, toutes deux actuellement logées dans des préfabriqués. La poste est également annoncée à l’étonnement de ses représentants. Déjà la future gendarmerie ( coût prévisionnel de 6 millions d’euros) sort de terre, comprenant des bureaux, les locaux destinés à une brigade nautique et 22 logements pavillonnaires.
- Les « Vergers d’Eole » avec un coût de l’assainissement et de voirie de la parcelle de 1,8 millions d’euros couvert par l’emprunt à la charge de la mairie. Ce programme prévoit d’associer du tertiaire à des logements La SATOV propose 88 logements dont 23 en accession à la propriété au titre du « Pass foncier ». Une vingtaine de logements peuvent être acquis au titre de la loi « Scellier » encourageant la création de logement locatifs en bénéficiant de prêts locatifs sociaux. Les 47 pavillons et 41 logements collectifs, répondant aux normes BBC), mis en vente depuis plus de 6 mois commencent à trouver preneur. Une coulée verte devrait agrémenter ce futur quartier. Les exigences du règlement de lotissement semblent freiner le démarrage du volet tertiaire.
- PAE de LA Grange, chemin de la Grange pour lequel la mairie a inscrit 454 000 euros au budget prévisionnel 2009. Celicimmo est en charge du programme lancé par la commune le 29/11/2007. 53 lots se développent sur 8 500 m2. En décembre 2008, la commune a augmenté la surface de 5 300 m2, par dation en échange de 4 lots viabilisés, d’une surface globale de 1 600m2
- Le programme de la Cornue. Vendée Habitat est en charge du programme lancé depuis décembre 2008. Il comprend 2 à 4 logements sociaux locatifs et 4 logements en location/ accession à la propriété, ce qui autorise le constructeur à solliciter une subvention du Conseil Général au titre de la viabilisation. Trois terrains sont proposés en accession à la propriété.
- Le programme rue Mervau et allées des Roses Vendée expansion est en charge de ce programme lancé le 22/02/2008. 82 logements et 3 commerces sont prévus sur une surface de 3 959 m2 permettant de développer une superfi cie de plancher de 5 731m2 sur une hauteur de 13,95 m, en limite de la ZPPAUP. Ce projet devrait s’édifi er sur l’emplacement actuelle de l’ancienne gendarmerie et de la trésorerie qui avaient été implantées sur des terrains donnés par Madame Mervau sous réserve que ceux ci soient consacrés à des bâtiments de service public. Le programme immobilier prévu ne respectant pas les conditions de la donation qui interdisent d’utiliser ces terrains à des fins privées et lucratives, il fallu recourir, non sans mal, à la procédure prévue par les textes afi n de s’en affranchir.
Aménagement urbain
Futurs aménagements de la plage de Boivinet
- La plage de Boisvinet est enfin au programme pour 2010/2011.
Cette réalisation envisagée dés le 28/11 2005 dans le cadre du contrat environnement littoral passé avec le Conseil Général a pris du retard. Le contrat incomplètement réalisé a amené la municipalité à proposer son prolongement à son partenaire par décision municipale du 26/10/2009. Un panneau propose aux promeneurs la vision idyllique d’une promenade arborée le long d’un remblai surélevé, en plancher, inspiré de Deauville. La chaussée sera elle-même remaniée et rétrécie afi n de laisser le passage à une piste cyclable destinée à prolonger celle de la Corniche de la Pelle à Porteau jusqu’au « Bout du Monde ».Les coûts d’étude s’élèvent à 45 900 euros et ceux de la réalisation sont de 1,3 millions d’euros, allégés par une subvention du Conseil Général de 225 334 euros.
- la 3ème tranche du quai Garcie Ferrande pour un coût prévisionnel de 315 000 euros HT
- l’achèvement du remblai de la Grande Plage pour un coût prévisionnel de 280 000 euros HT.
- Cerise sur le gâteau, un nouveau rond point sur la semi-rapide, à hauteur de la Rue de la Drie, sera fait en 2010, à la demande de « Leclerc », pour permettre l’accès à la nouvelle implantation de ce centre commercial. La sécurisation d’accès pour les piétons et les cyclistes supposerait une autre conception dont le coût justifi erait l’intervention des collectivités territoriales s’agissant d’une semi-rapide. Actuellement le coût du rond point à la charge de la commune est déjà de 220 000 euros, diminué de la contribution de 50 000 euros de l’enseigne.
Équipement socio-culturel.
Le centre Socioculturel sera réhabilité en 2010 pour un coût de 418 000 euros afi n d’améliorer l’accessibilité, les économies d’énergie et de réaménager le 1er étage en bureau et salles de réunion. Une subvention du Conseil Général de 100 000 euros et de la Caisse d’Allocations Familiales de 36 000 euros complétée par un prêt sur 8 ans de 55 000 euros devrait permettre de venir à bout de cette dépense sollicitée de longue date par les gestionnaires associatifs. Economie d’énergie. La commune s’est attelée à ce diffi cile dossier en ciblant l’éclairage public. Un réverbère sur trois
devrait rester allumé dans un créneau horaire réduit. En 2008 il y avait 3164 points lumineux pour un coût de 60 000 euros soit 18,7 euros par point lumineux. Cette ambition raisonnable se heurte à des problèmes techniques qui en freine la réalisation et nous fait constater des réverbères allumés en plein jour quand des quartiers entiers sont plongés dans l’obscurité, la nuit… Les salles de la Soudinière, à l’occasion de la reprise de la toiture devraient se couvrir de panneaux photovoltaïques avec un raccordement prévu en janvier 2010. Cette centrale est laissée à l’initiative d’un opérateur
privé qui en assurera la gestion à son profi t dans le cadre d’un contrat de concession passé avec EDF. Ce rapide inventaire met en évidence le coup par coup à défaut d’une vision d’ensemble fondée sur un débat. On constate, une fois de plus, combien la municipalité délègue la gestion du foncier à des opérateurs privés des secteurs lucratifs et non lucratifs. Ces intermédiaires font payer le coût de leurs interventions par les clients de leurs programmes. Ce choix de la municipalité augmente le coût d’accès au logement et entrave le développement du logement social, en dépit de quelques opérations loin de satisfaire aux besoins et en l’absence d’un programme permettant de suivre sa réalisation dans le temps. Soulignons enfi n que ces programmes ne s’accompagnent d’aucune structuration de l’espace les inscrivant dans une nouvelle configuration du schéma de circulation. Parce que l’exercice est réellement difficile, autant se mettre au travail.
Louis Boulineau