Le GAEC de la Culasse, à l’Aiguillon sur Vie, projette de créer une unité de méthanisation sur son site de production. Le projet a fait l’objet d’une enquête publique du 1er octobre 2012 au 2 novembre 2012. Pour les promoteurs le principe du projet est de faire d’une contrainte légale un facteur de développement économique. A partir du 1er janvier 2013, cet élevage devra satisfaire à des normes « bienêtre » avec pour effet d’augmenter la surface vitale au sol pour les animaux reproducteurs. Dans ce but, le GAEC prévoit de construire un nouveau bâtiment de 480 m2 tout en réorganisant son cheptel : Le cheptel porcin devrait compter 448 porcs supplémentaires. Du moins sur le papier. De fait il s’agirait plutôt d’une régularisation de l’existant, soit un cheptel de 2165 équivalents porcs. Les effectifs bovins sont maintenus à priori à ceci près que les veaux des vaches allaitantes répertoriés comme tels trois ans durant ont le temps de devenir des génisses de génisses faisant passer les effectifs de bovins de 90 à 140. Au final, ces évolutions du cheptel sont considérées par les promoteurs du projet comme n’étant pas substantielles au regard de la circulaire du 11 mai 2010.
Les objectifs de l’unité de méthanisation :
- Augmenter l’autonomie énergétique dans une logique de développement durable (production d’électricité escomptée : 1630 Mwatt ).
- S’assurer des revenus complémentaires sur 15 ans en vendant le surplus d’électricité produite, à EDF, et en contribuant à la fourniture de chaleur aux bâtiments de l’exploitation, au logement et à la proche maison de retraite de Givrand pour la moitié de sa consommation annuelle.
- Transformer le lisier et les fumures en un produit plus assimilable par les végétaux tout en diminuant les nuisances olfactives.
La rentabilité de l’unité de méthanisation implique un volume de déchets organiques à traiter de 10306 m3. Ce qui nécessite de recevoir les déchets organiques de quatre origines différentes outre ceux collectés sur place : La CAVAC, La conserverie Gendreau, le GAEC du Moulin Cassé, le GAEC Clerc et les déchets verts de la commune de Givrand.
Selon l’argumentaire développé, le processus de méthanisation laisserait, en bout de cycle, un «digestat», sorte de compost «hygiénisé et sans odeur» dont le volume, estimé à 7900 m3 est destiné à l’épandage sur 387 ha de terrains sélectionnés selon leur capacité d’absorption. Saint Gilles Croix de Vie est concerné par deux îlots d’épandage situé en zone 2 AU2, l’un à 50 m des premières habitations et l’autre à 180 m du lotissement des Hauts de la Grange.
Les risques pour l’environnement.
Selon l’étude de l’agence NCA en charge de définir le projet, le sérieux du dispositif envisagé permet d’écarter ces risques : cuves étanches, couverture des sites de stockage, gestion des fluides produits selon des circuits distinct des eaux pluviales et pour finir l’engagement de respecter les réglementations en vigueur. C’est bien le moins !
Le risque majeur est l’augmentation de la pression de l’azote qui par capillarité et ruissellement finira dans la nappe phréatique et plus directement dans les cours d’eau proches, le Grenouillé, le Gué Goran ; le Maréchet et le Jaunay.
Selon l’étude, la méthanisation réduirait l’impact de l’azote du digestat de 20%. Les pouvoirs publics ramènent cette estimation à 5% sans préjuger de l’augmentation de la pression d’azote dans l’avenir. Les experts affirment que la méthanisation n’agit sur la pression d’azote qu’à la marge. La conséquence inéluctable est la prolifération des
algues vertes dont la fermentation dégage des gaz toxiques, dioxine et H2S entre autres. La baie de Saint Brieuc en a fait la malheureuse démonstration. L’estuaire de la Vie deviendrait le réceptacle des eaux souillées. Les conséquences pour l’activité portuaire et balnéaire de Saint Gilles Croix de Vie ainsi que pour la santé des habitants sont si redoutables que le conseil municipal de Saint Gilles Croix de vie s’est prononcé à l’unanimité contre ce projet le 22 octobre dernier.
Certes, l’intérêt économique du projet pour le GAEC Chiron est souligné. Il est regrettable que les risques pour l’environnement, au-delà du périmètre de l’exploitation, soient tout au plus pointés, sans faire l’objet d’un exposé approfondi des techniques et des procédés permettant d’y remédier. Les avis du SDAGE et du SAGE manquent dans ce dossier. V.I.E. pour sa part a remis, le 19 octobre 2012, à l’Aiguillon sur Vie, dans le cadre de l’enquête publique organisée par la Mairie, une note détaillée, destinée au commissaire enquêteur, motivant notre opposition à ce projet en l’état :
- La méthanisation n’assure pas une neutralisation suffisante de la pression de l’azote.
- Les procédés éprouvés qui pourraient y satisfaire ne sont même pas évoqués : lagunage et/ou traitement à sec.
- Les prélèvements permettant de mesurer, en continu, l’impact du projet sur l’environnement ne sont pas envisagés.
- La mise en place d’un comité de suivi impliquant l’ensemble des parties prenantes, publiques et privées n’est pas davantage prévue alors que ce projet, au service d’intérêts particuliers, risque de léser l’intérêt général.
Aux dernières nouvelles M. le Commissaire enquêteur a rendu un rapport favorable avec des réserves relatives au taux de production d’azote et à l’impact sur l’environnement du circuit d’adduction de chaleur. La préfecture est très attentive sur la question de l’épandage et de l’impact sur l’environnement.
Michelle Boulegue