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Bulletin 2013 Les dossiers de V.I.E.

Comment protéger les murs en pierres de lest

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Le savoir-faire des maçons construisant les murs avec les pierres de lest de navire débarquées sur les rives de la Vie, fait que ces murs font encore le charme des façades et des rues des quartiers historiques de Saint Gilles Croix de Vie. C’est en diagnostiquant à temps les fragilités des murs et en respectant les techniques traditionnelles de construction et de restauration que ces murs pourront défier le temps. Les recommandations suivantes de l’architecte du patrimoine Alexandre BILLON, qui a réalisé l’étude, sont essentielles pour respecter les principes et les techniques de l’appareillage d’un mur en pierres de lest et pour savoir utiliser les bons matériaux afin de préserver la pérennité de ces murs.

Rapide description géologique et architecturale des murs en pierres de lest de navire :

L’observation (réalisée par plusieurs scientifiques) des murs en pierres de lest atteste d’une grande variété géologique des roches dont la plupart correspondent à des pierres roulées, d’autres à des pierres extraites de carrières. Les roches les plus représentées, généralement à forte densité, sont les suivantes : les granites, les gabbros, les gneiss, les quartz, les grès, les schistes, les basaltes, les larvikites, les pyroxénites, les silex et les calcaires. Des pierres présentant des fossiles ont été également observées. L’étude de la roche (pétrologie) peut permettre de connaître son origine par comparaison de ses caractéristiques avec les gisements identifiés sur les rivages maritimes.

D’autres types de moellons ont été associés à la construction des murs : notamment schiste bleu du Fenouiller, blocs de pierre taillés calcaires, morceaux de terres cuites…

Sur le plan de l’architecture et des techniques de constructions, plusieurs éléments (se reporter au dessin de capelinage) ont été identifiés sur les murs des vielles rues de la ville par l’architecte du patrimoine, principalement:

  • l’ossature composée de deux parements de pierres apparentes scellées généralement à l’argile ou à la chaux bordant une fourrure (nucléus du mur) composée de blocaille (petites pierres de remplissage),
  • la structure de construction basée sur la levée représentant environ 2 pieds (60 cm) de hauteur de mur, chaque levée se terminant par une arase constituée en plan horizontal d’une succession de pierres plates (généralement schiste du Fenouiller), sur laquelle une nouvelle levée était édifiée d’abord avec une ligne (assise) de gros moellons,
  • l’appareil, agencement judicieux et généralement harmonieux des pierres posées sur lit associant des pierres particulières posées spécifiquement afin de renforcer le mur (cf. ligne cidessous) ;
  • les éléments de renforcement du mur : panneresse (pierre posée longitudinalement au mur), boutisse (pierre dont la plus petite face forme le parement), boutisse traversière (boutisse qui traverse le mur en présentant deux petites faces de parement), pierre moisée (assurant le chainage entre deux pans de murs).
  • les éléments de protection du mur : chapeau ou chaperon, ou écorché de pierres à joints étanches
  • d’autres éléments de construction : trou de boulin (qui permettait de dresser les échafaudages), coup de sabre de délimitation, niche de mitoyenneté, chantepleure pour l’évacuation des eaux pluviales, – les pierres de taille calcaires (encadrements de fenêtres, chaînes d’angles, corniches, bandeaux) complètent les éléments d’architecture
  • les petites constructions en pierres de lest enrichissent le cadre : puits mitoyens, fontaines.

Recommandations de l’architecte du patrimoine (préservation des murs par l’entretien, consolidation et restauration).

Mortier traditionnel à base de chaux : L’utilisation de la chaux aérienne en tant que liant dans les mortiers pour scellement et joints ou pour les enduits est vivement recommandée, notamment pour sa plasticité particulièrement adaptée à l’hétérogénéité des supports. Le mortier est constitué d’un mélange d’1 volume de chaux grasse ou aérienne pour 3 à 5 volumes de sable propre. L’utilisation du ciment est à proscrire. Il rigidifie la structure et asphyxie le mur. Il provoque des fissures et d’autres pathologies qui peuvent entraîner la ruine des maçonneries.

Entretien des murs :

  • Repérer le dégarnissage des joints anciens, afin de procéder au moins partiellement à la réfection des joints au mortier traditionnel, chaux grasse et sable.
  • Vérifier l’étanchéité du chaperon du mur (arase terminale ou chapeau) et renforcer le rejointoiement des pierres du dessus si nécessaire.
  • En cas de descellement d’une pierre, ne pas attendre pour la resceller avec un mortier traditionnel.
  • Si le mur présente des signes de déformation (bouclement, bouffement), il convient de renforcer l’étanchéité du jointement et de consolider la structure du mur en refaisant les joints le plus profondément possible et en complétant avec des injections de coulis de chaux hydraulique, afin de renforcer la fourrure interne.

pierreRestauration des murs (à assurer par un professionnel de la maçonnerie traditionnelle):
Dans le cas de fissures (relativement rares dans les murs de clôture, moins rares dans les murs présentant des baies), l’idéal est de remplacer deux pierres concernées par la fissure par une pierre plus longue (moisée) qui assurera le renforcement de l’endroit. Si la fissure est plus importante, notamment dans le cas de maison à étage, le chaînage (fer et béton) s’avère nécessaire. Il conviendra de le cacher par un parement de pierres ou de mortier à la chaux.
En cas de déformation très importante du mur : bouclement (mur bombé), bouffement (détachement du parement), la démolition méthodique puis la reconstruction (à l’identique selon les règles de la maçonnerie traditionnelle) de la partie du mur est à envisager, en prenant soin au préalable d’établir le calepinage du pan de mur (représentation graphique de l’assemblage des pierres composant le pan de mur).

Réfection du rejointoiement :
Afin de contrecarrer le délitement et l’écrasement des joints anciens, une réfection des joints est nécessaire. Dégarnir les joints fragilisés sans desceller les pierres (marteau et burin fin ou l’utilisation de la sciotte (scie). Le sablage mécanisé maîtrisé n’est pas conseillé. Il provoque les épaufrures des arêtes des pierres de taille. Le gommage à base d’alumine est toléré, dans la mesure où il est bien exécuté.
Un coulis (à base de chaux hydraulique) pourra être injecté en remplacement ou en complément du mortier originel afin de renforcer la résistance de la maçonnerie. Préparer le mortier traditionnel.
Bien nettoyer les joints, humidifier les interstices avant de les garnir de mortier. Bien nettoyer les surplus de mortier (au pinceau).
Le joint refait doit toujours rester en retrait (en creux) du parement de la pierre (coté visible) afin de bien la rendre apparente (technique à pierre vue). Eviter les joints beurrés.

Enduits :
Traditionnellement les murs des maisons d’habitation étaient enduits au mortier de chaux grasse et de sable argileux. Le prix de la chaux dissuadait les propriétaires d’enduire les murs de clôture, des constructions attenantes (grange…) et de certains pignons. De nos jours beaucoup de murs de maisons (et quelquefois des murs de clôture) de vieilles rues de Saint Gilles Croix de Vie ont été recouverts d’enduit ciment formant une carapace incompatible avec la nature composite des murs de pierres.
Seul un enduit traditionnel à base de chaux est recommandé par les professionnels de la restauration des constructions en vielles pierres, l’ajout de fibres et d’adjuvants reste possible. Pour autant, recouvrir les murs de pierres d’un enduit n’est pas indispensable : un rejointement renforcé et une protection des pierres les plus fragiles permettent de laisser les pierres apparentes (mur «à pierre vue»).
Cette tendance «esthétique» déjà engagée pour les murs intérieurs des maisons se développe petit à petit sur les façades des vielles rues à l’instar d’autres centres villes historiques. Il n’est pas recommandé de procéder à un enduit laissant en apparence le parement de quelques pierres (pâté de tête) et encore moins de faire dépasser l’enduit ou le joint en surépaisseur par rapport à la pierre de taille des baies. Lorsque les murs sont enduits, seuls les mortiers à base de chaux grasse permettent l’aération du mur et l’évaporation de l’humidité interne.
Après avoir débarrassé le mur de l’ancien enduit (par piochement) et reconsolidé le jointement, la réalisation de l’enduit consiste à appliquer 3 couches de mortier traditionnel (chaux et sable) : le gobetis (mortier assez gras déterminant pour l’accroche), le corps d’enduit et la couche de finition. Après la prise du mortier, éponger finement l’enduit de finition à l’eau claire pour retrouver la couleur du sable, d’où l’expression «faire chanter le sable ».
Cette action supprime la laitance souvent très blanche. L’adjonction de pétards de chaux, de granulométrie variable, contribue à renforcer l’aspect traditionnel des mortiers anciens.
Denis Draoulec

(*) l’étude complète réalisée par Alexandre Billon à
la demande de l’association V.I.E. est disponible au
siège de l’association qui prévoit d’en remettre également
un exemplaire à la mairie.

Bulletin 2013 Les dossiers de V.I.E.

Protection du patrimoine local

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Depuis deux ans, V.I.E. s’est engagé dans la préservation et la valorisation des murs en pierres de lest de navire qui témoignent sur le sol communal du dynamisme du port dont la flotte se consacrait au commerce maritime international et plus brièvement à la pêche hauturière du XVIème au XIXème siècle.
La valeur patrimoniale de ces pierres, de part leur intérêt géologique et leur rôle déterminant dans l’urbanisation des communes de Saint Gilles et de Croix de Vie a amené V.I.E. à mobiliser l’expertise de géologues des universités de La Rochelle et de Nantes ainsi que du département histoire de cette même université.
Une étudiante, résidant à Saint Gilles Croix de Vie, et inscrite en première année de licence, a pu suivre nos travaux d’investigation tout au long de l’année en bénéficiant du double parrainage de Denis Draoulec et de Bernard de Maisonneuve. Dans le même temps, V.I.E. a pu financer une étude de faisabilité(*) avec le concours du Conseil Général et d’un généreux mécène afin de préciser les conditions optimales de préservation et de valorisation, telles que préconisées par M. Billon, architecte du patrimoine et spécialiste de cette question.

Notre objectif, est de remettre gracieusement cette étude à la mairie afin que les propriétaires de murs en pierres de lest accèdent à cette information et que les services techniques de la ville puissent enrichir cette information de leurs conseils. Nous espérons ainsi que la préservation de ces murs trouve sa place dans le cadre de la politique patrimoniale de la commune. A ce titre nous souhaitons que la préservation et la valorisation des ces murs en pierres de lest soient spécifiées dans le cadre de l’AVAP qui reste encore à définir à Saint Gilles Croix de Vie.
Par ailleurs, nous poursuivons notre quête de subvention afin de pouvoir indemniser décemment les étudiants qui projettent de faire de nos murs l’objet de leurs travaux en master et en doctorat.

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A quand des navettes intercommunales ?

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En octobre 2010, l’association V.I.E. a soumis à la Communauté de Communes du Pays de Saint Gilles une proposition d’expérimentation de transports collectifs dans le but d’établir une desserte «urbaine» drainant différents quartiers pour des destinations d’intérêt de Saint Gilles Croix de Vie et de Saint Hilaire de Riez. Les principes qui ont inspiré cette proposition étaient de répondre, en priorité, aux attentes des habitants qui souhaitaient s’affranchir de l’enclavement de leur quartier, particulièrement les personnes à mobilité réduite (personnes avec handicap, parents avec poussette…). Notre préoccupation était également de faire une proposition à minima de telle sorte que la modestie des moyens à mobiliser nous épargne l’objection du manque de réalisme : un minibus de 8 places assurant un aller et retour, chaque demi-journée, selon deux boucles qui permettaient de desservir les principaux buts de déplacements tels que les centres villes, leurs commerces et leurs services, les lieux de loisirs et de promenades, les marchés, les grandes surfaces, les centres médicaux, les gares.

Deux ans plus tard, où en est ce projet ?
L’association V.I.E. a régulièrement rencontré l’élu en charge de la question des transports à la Communauté de Communes ainsi que les responsables du service compétent en ce domaine. Parmi les hypothèses, un scénario plus ambitieux est également envisagé afin de mailler les communes du littoral à celles de l’intérieur. Il en résulterait des trajets plus étendus et plus fréquents mobilisant plusieurs chauffeurs et plusieurs minibus. L’attractivité de ces dernières, mieux reliées aux zones d’activités économiques, en serait renforcée tandis que le tourisme irriguerait mieux l’arrière pays. Par ailleurs, il est entendu que le développement des transports collectifs est une réponse éprouvée à l’encombrement croissant des voies de circulation et aux risques qui en découlent pour la sécurité des personnes. Cependant, la Communauté de Communes avance prudemment et prévoit de mener une étude approfondie de faisabilité avec le concours d’une expertise. L’association V.I.E., tout en approuvant cette démarche, continue de militer en faveur d’une expérimentation en dimension réduite afin de recenser concrètement les différents problèmes que ne manquerait pas de révéler une confrontation au réel tout en apportant aux habitants concernés le réconfort de constater que ce projet n’est pas différé. Pour sa part le CCAS envisage d’organiser à partir de janvier 2012 un service de transport couvrant le canton et réservé aux personnes agées de 75 ans et plus valides ou semi valides et résidant sur la commune. Ce service fonctionnerait du lundi au vendredi sauf les jours fériés. Son accès, limité à deux trajets par semaine, s’effectuerait moyennant une contribution basée sur les revenus des personnes intéressées, qui devraient prévenir le service 48h à l’avance.

Par ailleurs, l’association V.I.E. ne pense pas qu’un service de transport en commun soit l’unique solution à l’amélioration de la mobilité des personnes. En particulier, nous pensons qu’une politique globale de déplacement doit intégrer d’autres dispositifs tels que l’aménagement de parkings au service du covoiturage, l’adaptation des arrêts de la ligne 172 CAP Vendée entre Saint Gilles Croix de Vie et la Roche sur Yon (par exemple ajout d’un arrêt au carrefour giratoire de l’Europe) ainsi que la multiplication de cheminements doux pour vélos et pour piétons notamment au bénéfice des personnes à mobilité réduite.

L’association V.I.E. maintient la nécessité d’une expérimentation et soutient le projet de la Communauté dont la réalisation est envisagée au printemps 2013, à l’instar de ce qui a déjà été mis en oeuvre à l’initiative d’autres agglomérations de Vendée (Les Sables d’Olonne, Challans, Saint Jean De Monts, …) ou d’autres départements (par exemple Arcachon), tant nous sommes convaincus de son intérêt pour le dynamisme des communes concernées et le mieux vivre de leurs habitants.

Denis Draoulec