Plutôt qu’une autocélébration, nous préférons refaire avec vous le chemin parcouru en 20 ans, jalonné par nos bulletins que, chaque année, vous trouvez dans vos boîtes aux lettres.
Revenons à l’acte fondateur, le dépôt de nos statuts à la sous-préfecture des Sables d’Olonne par Jean Marcel Couradette le 20 septembre 1995.
Le Journal Officiel du 11 octobre de la même année sous la référence 1497, publie notre objet : «Prendre et favoriser toutes les initiatives économiques, sociales et culturelles dans le cadre du canton pour développer les richesses locales, contribuer au bien-être de chacun, préserver les patrimoines économiques, sociaux, culturels et naturels, promouvoir les pratiques et les organisations citoyennes». Le cap est tenu.
Deux agréments délivrés par la Préfecture le confirment. Le premier, en 2009, reconnaissait V.I.E. en tant qu’association locale de préservation de l’environnement. Le deuxième, en 2013, nous a agréée en tant qu’association locale en charge de la défense des usagers au titre du code de l’urbanisme.
Dès sa création, V.I.E. fut membre du comité de dragage. Depuis 2014, Gérard Roches, fait partie de la commission consultative de mise en place de l’AVAP (Aire de valorisation de l’Architecture et du Patrimoine) en tant que personne qualifiée.
Rien n’aurait été possible sans les femmes et les hommes qui ont décidé de mettre V.I.E. sur pied. Le premier conseil d’administration comprenait déjà Rolande Berthomé, Louis Boulineau, Jean Luc Bolteau, Valérie Chéronet, Martine Clémenceau, Jean Marcel Couradette, Michelle Couradette-Boulègue, Maurice Guittonneau, Jeanine Eudier, Madeleine Friez, Claude Lefeuvre, André Menuet, Christiane Paillé, Marie Thérèse Perrault, Jacky Prieur, Denise Rivalin, Gérard Roches et Adolphe Romanet.
Notre actuel conseil d’administration témoigne de la fidélité de nos membres fondateurs, tandis que de nouveaux membres diversifient notre compétence collective sans nous faire oublier ceux qui ont pris d’autres responsabilités, ont changé de région ou que la vie a quittés. Quelques exemples de nos initiatives, déjà exposés dans nos bulletins précédents, illustrent notre parcours dans les domaines de nos missions : la valorisation du patrimoine, de l’amélioration du cadre de vie et la préservation de l’environnement.
A propos de la valorisation du patrimoine.
Commençons par quelques déceptions.
Nous ne sommes pas parvenus à empêcher la vente des «maisons Levron» des 25 et 26 de la rue Cadou, alors bien communal. Sitôt connue la décision du Conseil Municipal du 18 juin 1997, V.I.E. s’est efforcée de sensibiliser l’opinion publique en lançant une pétition. En dépit de l’audience recueillie grâce, notamment, à la diligence de Monsieur Gaudremeau, ces maisons ont été vendues «à la bougie». Elles méritaient pourtant de rester dans le giron communal. L’une d’elles détient, enfoui dans son pignon nord, un arc gothique du 12ème siècle prouvant que cette construction devait faire partie de l’ensemble religieux bâti, à l’époque, autour de l’église. Au moins, cette maison continue, avec charme, son destin de demeure. L’autre est une maison de commerce du 17ème siècle, restée dans son jus, entièrement construite avec des pierres de lest, dépendances et hautes clôtures comprises. Un large passage dallé et couvert permettait de faire transiter à l’abri, les marchandises entre les entrepôts et le quai de Saint Gilles. Ainsi sommes-nous privés de ce bien communal, témoin de notre passé maritime remontant au 17ème siècle.
Le Château aurait dû subir le même sort par décision du Conseil Municipal du 15 juin 1995. Sitôt prise, cette décision a fait l’objet de vives contestations de la part des associations, dont V.I.E., attachées à notre patrimoine local. Coriace, le Château a découragé le promoteur se proposant d’y aménager une dizaine d’appartements outre un immeuble sur garage prévu sur le parking attenant. Toujours bien communal, depuis 1999, ce mal aimé de notre patrimoine, trop longtemps négligé, est délabré. Seul, le gros œuvre du 17ème siècle tient bon ainsi que la magnifique charpente de la même époque, mais les planchers s’effondrent. Le Château mérite mieux que l’indifférence.
Le 27 août 2003, V.I.E. a déposé, auprès de la DRAC*, un dossier cosigné par le CPNS* et l’ACQVM* dans le but d’obtenir l’inscription de la tour dite «Joséphine» et son site d’ancrage à l’inventaire des bâtiments historiques. Nous visions surtout à protéger la baie d’Adon dont nous avions découvert qu’elle n’était pas répertoriée au titre de la ZPPAUP*, en dépit de la valeur historique de cet exceptionnel témoignage d’architecture maritime remontant jusqu’au 17ème siècle. Ce patrimoine justifierait que Saint Gilles Croix de Vie soit reconnu comme «port d’intérêt patrimonial». Nous sommes satisfaits d’être parvenus, à la longue, à faire identifier la baie d’Adon comme site remarquable dans le PLU. Actuellement nous travaillons à ce que ce site bénéficie de l’AVAP pour les mêmes motifs. Actuellement, V.I.E. alerte les décideurs sur l’intérêt qu’il y aurait à préserver les postes d’amarrage de la baie d’Adon dont l’un a été balayé par les tempêtes du printemps dernier.
Depuis 2010, V.I.E. s’emploie à souligner l’intérêt urbain, architectural et historique des murs en pierres de lest des quartiers historiques de Saint Gilles Croix de Vie. Les journées du patrimoine ont témoigné de l’intérêt que suscite ce modeste témoignage de la vie maritime du 16ème au 19ème siècle. L’étude financée par V.I.E. et réalisée, à sa demande, par Alexandre Billon, architecte du patrimoine, expose les techniques de préservation et de restauration. Remise à la mairie en septembre 2014, elle est désormais à la disposition des propriétaires qui peuvent la consulter. Nous aurons terminé notre mission quand ces murs bénéficieront de la réglementation de l’AVAP. Auquel cas, les propriétaires pourront solliciter une aide de la Fondation du Patrimoine pour protéger simultanément leurs biens et notre patrimoine commun. C’est un exemple des effets-leviers que V.I.E. privilégie. Enfin rappelons que des adhérents spécialistes de l’histoire maritime ont identifié des graffiti du XVème siècle dans le haut du clocher de Saint Gilles. V.I.E. s’attache à garder vive la mémoire des métiers et des professionnels de la mer, de l’agriculture, du commerce, des conserveries qui ont façonné notre identité locale. Il en est de même pour les engagements citoyens, notamment au service de l’habitat, de l’enseignement, de la santé. Nous prenons plaisir à faire vivre, de bulletin en bulletin, les personnages célèbres et méconnus qui ont contribué à notre histoire locale, tour à tour prestigieuse, touchante et cocasse. Le deuxième axe de nos missions est l’amélioration de notre cadre de vie. En voici quelques exemples :
Dès 2002, nous avons entrepris de réveiller le projet de pont-rail permettant de relier les quartiers de la Corbillère et du Terre-Fort au boulevard Pompidou, de supprimer du même coup deux passages à niveau, de désenclaver les quartiers concernés et de faire contourner notre ville par un flux important de circulation via le boulevard Pompidou. Faute de pouvoir financer une telle entreprise, les municipalités précédentes avaient, du moins, effectué des réserves foncières qui en permettaient la réalisation. Bloqués derrière la ligne du chemin de fer, les habitants des quartiers limitrophes devaient gravir le talus de la voie ferrée pour aller à Intermarché. En 2002, ces réserves foncières firent l’objet d’un projet immobilier qui risquait de compromettre celui du pont-rail. A l’époque, Réseau Ferré de France (RFF) avait entrepris de supprimer le plus grand nombre possible de passages à niveau après plusieurs accidents mortels. Nous nous sommes saisis de cette opportunité pour rencontrer les dirigeants de RFF à Nantes qui nous ont confirmé le bien-fondé d’un tel projet pour autant que les collectivités territoriales concernées s’engagent à leurs côtés. La commune de Saint Hilaire de Riez et le Conseil Général ont immédiatement compris les intérêts financiers et structurels du projet. La mairie de Saint Gilles Croix de Vie a accueilli notre exposé avec scepticisme. Deux ans plus tard elle s’est laissé convaincre. Le pont-rail inauguré en 2009 démontre tous les jours son utilité économique et sociale. Qui se rappelle qu’en 2006, la fermeture et la vente de la «Villa Notre Dame», comptant plus d’une centaine d’emplois qualifiés et hautement qualifiés, était programmée par l’Agence Régionale d’Hospitalisation (ARH) et ses gestionnaires dans le cadre d’un plan de restructuration de l’offre départementale de la rééducation fonctionnelle ?
En 2008, V.I.E. s’est fait grain de sable en obtenant des sœurs de Saint Charles, propriétaires des lieux, l’assurance par écrit, qu’elles ne voulaient pas vendre la «Villa Notre Dame» si un projet utile à la santé et au bien-être des habitants pouvait s’y développer. Cet écrit a privé d’un argument com- mode les tenants de la vente et donner un répit aux salariés qui ont su faire valoir les atouts de la Villa Notre Dame et les compétences reconnues de ses professionnels dans les domaines de la rééducation fonctionnelle et les soins de suite. Aujourd’hui, nul ne conteste la qualité des soins que reçoivent les patients de la Villa Notre Dame, que ce soit en ambulatoire ou en hospitalisation. C’est aussi une gamme d’emplois qualifiés et hautement qualifiés dans une commune qui souffre d’un taux de chômage de 14 %.
Autre dossier porté à bout de bras depuis 4 ans, la mobilité des habitants de Saint Gilles Croix de Vie et de Saint Hilaire de Riez. V.I.E. s’efforce de convaincre la Communauté de Communes de mettre en place un service de navettes ne serait-ce qu’à titre expérimental dans un premier temps. Dans ce but nous avons proposé aux décideurs un circuit de trajets inter cités très détaillé, minuté et chiffré. Il serait resté lettre morte sans l’engagement de la Mairie de Saint Gilles Croix de Vie d’organiser sur son sol un transport collectif d’autant plus attendu, à ce jour, que le financement de quelques trajets annuels en taxi et sous conditions de ressources est loin de satisfaire la demande.
A la charnière du domaine de la qualité du cadre de vie et de l’environnement, V.I.E. s’implique depuis sa création dans un suivi de dossiers tels que l’ex- tension du port de plaisance, la prévention des risques climatiques dont le rehaussement des quais le long de la rive droite de la Vie, l’assainissement des eaux, le traitement des déchets. En sa qualité de membre du comité de dragage, V.I.E. suit attentivement les risques de pollution des eaux de baignade et fait des propositions permettant de mieux les mesurer et les contrôler.
L’environnement est le troisième axe de nos missions.
Depuis sa création, V.I.E. rend compte des pressions que notre économie, nos loisirs et le climat exercent sur nos quais, notre littoral, notre fragile cordon dunaire et nos plages. Pour chacun de ces dossiers Jean Marcel Couradette s’est activement employé à faire partager les informations et les arguments des experts sans négliger les visites sur site afin de permettre au public de prendre plus directement conscience sur le terrain des enjeux dont l’environnement est l’objet et le rôle individuel qu’il est possible de jouer. Dans son sillage, des botanistes adhérents de V.I.E. poursuivent sa mission de sensibilisation en organisant chaque année une dizaine de promenades d’herborisation dans les dunes du Jaunay, complétée par l’accueil de classes de mer et des interventions en IUT environnement. Notre vigilance n’a cependant pas empêché la vente, le 12 janvier 2007, de 4 ha de dunes du Jaunay en zone NBL 146-6, en dépit de la mobilisation des collectivités territoriales concernées que nous étions parvenus à alerter.
La volonté de contribuer à la création et à la préservation des espaces verts en zone urbaine nous a conduit à suggérer, dès 2004, dessin à l’appui, l’aménagement et l’ouverture au public du jardin du vieux môle autrefois potager de la maison des Phares et Balises. Ce fut chose faite quatre ans plus tard pour le plus grand plaisir des promeneurs.
Dès 2013, le projet de création d’une usine de méthanisation sur les bords du Jaunay nous a conduits à nous investir dans le Collectif ayant pour but de mesurer son impact, sans remettre en cause les principes et l’intérêt de la méthanisation des déchets organiques comme source d’énergie verte. Cependant la conception du projet, ses modalités de gestion et son implantation comportent des risques qui justifient d’être dénoncés auprès des pouvoirs publics et du public. Pour le moment les arguments du Collectif n’ont
pas obtenu une reconsidération du projet. Ensemble, nous avons eu des échecs et quelques résultats. Dans tous les cas, la modestie de nos moyens, contrepartie de notre indépendance financière, limite notre capacité d’action que nous cherchons à compenser en nous appuyant sur l’écoute des habitants, les effets de levier du partenariat et les ressources d’un bénévolat aussi patient que compétent.
Depuis notre création nous nous employons à rendre compte de nos actions en distribuant, chaque année, un bulletin à tous les habitants de Saint Gilles Croix de Vie, grâce au fidèle soutien des annonceurs. Chaque assemblée générale est l’occasion pour V.I.E. d’accueillir des conférenciers qui nous permettent d’approfondir les composantes scientifiques, historiques, sociales, économiques et culturelles des questions qui sont au cœur de nos missions.
Les membres de V.I.E. et tous ceux qui nous apportent de l’information, la saveur de leurs souvenirs et de leurs expériences, l’étendue de leurs connaissances font la substance de V.I.E. et sont le gage de son avenir. A tous, nos remerciements les plus chaleureux.
Michelle Boulègue
* Direction Régionale de l’Action Culturelle (DRAC) *Comité de Protection de la Nature et des Sites (CPNS) * Association Culturelle du Quartier du Vieux Môle(ACQVM) * Zone de protection du patrimoine Architectural, Urbain et des Paysagers (ZPPAUP) * Illustration: photos de la baie d’Adon, de la dune, du vieux quartier de Saint Gilles Croix de Vie….