La montée en puissance des sports nautiques est telle que durant la saison, notamment pour des raisons de sécurité, des chenaux d’évolution (cf carte ci-dessous) ont été organisés pour chaque discipline de sport nautique. Durant la saison estivale, les baigneurs peuvent ainsi profiter des vagues sans être heurtés par une planche de surf. Seul le bodyboard est permis dans la zone des baigneurs. S’équiper de ce bodyboard (relié au poignet par un bout appelé leash) peut-être une sage précaution, notamment pour les enfants.
En effet la baignade dans les vagues n’est pas sans risque. Les panneaux mis sur le «remblai» : «Baignade dangereuse à marée haute», signalent à juste titre les risques de noyade… Mais plus insidieux et mal connus sont les risques de noyade à marée basse. En effet tout semble sécurisé pour s’amuser dans les vagues même quand elles sont puissantes. Le déferlement des vagues sur une plage en pente très douce est propice pour s’avancer gaillardement vers les vagues, tout en gardant «pied», la concentration des baigneurs de tout type rassure, et puis il y a la surveillance des MNS (Maîtres Sauveteurs Nageurs) pour tranquilliser…
Et tout d’un coup, en pleine joie d’affronter les vagues, vous vous retrouvez sans que personne ne s’en aperçoive, aspiré par le fond vers le large. Instinctivement (et à tort) vous recherchez à regagner le rivage, vos forces s’épuisent, votre moral vous précipite vers une sombre issue…
C’est précisément la mésaventure qui est arrivée à certains d’entre nous, secourus, épuisés par les MNS (Maîtres Nageurs Sauveteurs), les moniteurs de surf ou un quidam lui aussi entraîné vers le large mais avec son bodyboard qui devient alors la planche du salut quand la surveillance depuis la plage ou en patrouille sur l’eau fait défaut. Au vu des effets, ce phénomène d’entraînement vers le large (sur plusieurs dizaines de mètres) est comparable aux courants de sortie de baïne (cuvette naturelle sur la plage favorisant la concentration de masses d’eau) que l’on rencontre sur la côte landaise. Pour les MNS, les petites baïnes (40 à 50 cm de profondeur observés) de la Grande Plage ne sont pas assez profondes pour engendrer un courant de sortie (que l’on peut observer surtout à la marée montante) suffisant pour entraîner les baigneurs vers le large.
Par contre lors des fortes houles, la configuration particulière de certaines vagues associée à la bathymétrie de la plage est susceptible de générer des courants ponctuels et puissants vers le large (dits courants d’arrachement par les spécialistes), dont la force est suffisante pour entraîner vers le large tout baigneur expérimenté ou non. La convergence de séries de vagues arrivant sous deux angles sensiblement différents concentre le déferlement de masses d’eau. La répétition du phénomène engendrera la sortie des masses d’eau accumulées par un puissant ressac canalisé voire un courant d’arrachement en direction du large.
A marée basse sur la Grand Plage, l’observation attentive de la plage nous permet d’observer les chenaux (décaissements perpendiculaires au littoral de la plage) que les courants d’arrachement ont laissés.
A ces endroits l’érosion du banc de sable (qui peut aller jusqu’à l’apparition des bancs de marne du sous-sol comme au printemps 2012) témoigne de la force de ce type de courant qui entraîne les alluvions vers le large. Les anciens nous racontent dans le passé plusieurs cas de noyades de baigneurs entraînés vers le large notamment à la hauteur du club de surf (endroit appelé Rochebonne en référence au plateau rocheux situé en face, plateau qui anticipe le déferlement de la houle).
L’important pour tout baigneur emporté par un courant d’arrachement est de se rappeler du conseil suivant : Surtout ne pas paniquer, se rappeler de ce phénomène (d’où la connaissance minimum) et des conseils connus : ne pas tenter de résister au courant (même si l’on est un nageur expérimenté) et se laisser dériver en respirant calmement afin de conserver ses forces pour le retour. S’épuiser, s’essouffler est le meilleur moyen de se noyer. L’essoufflement survient en raison d’une respiration rapide qui n’élimine pas suffisamment le CO2. A un moment donné le courant s’effacera (quelques dizaines de mètres sur la Grande Plage, plus loin sur les cotes landaises), il sera temps alors de regagner en toute lucidité (même si l’émotion nous a gagnés), sans affolement, le rivage en se faisant pousser par les vagues déferlantes. Boire la tasse n’est pas grave, c’est l’essoufflement qu’il faut éviter.
Le premier conseil est de pratiquer les vagues en zone surveillée, en période autorisée par les Maîtres Nageurs Sauveteurs, mais il est très difficile aux MNS comme le précise Michel FILLON, président de la SNSM du secteur, de tout surveiller, notamment quand la houle est forte et les baigneurs nombreux. Il vaut mieux aux abords des plages, expliquer aux baigneurs ce qui peut arriver.
Les panneaux sur la Grand Plage indiquant «baignade dangereuse à marée haute» sont indispensables, mais ils doivent être complétés d’informations indiquant le risque d’entraînement par des courants d’arrachement durant les heures autour de la marée basse. La surveillance des parents à proximité de leurs enfants sachant nager ou non dans les vagues est indispensable. Un enfant risque de paniquer tout de suite dans un courant voire un simple ressac énergique qui le déstabilise et le fait disparaître dans les vagues sans que personne ne s’en aperçoive. Pour autant, la présence des navettes à moteur (bateau de secours et moto de mer) au large des zones de baignade, notamment durant les périodes de houle, est indispensable pour renforcer la surveillance depuis les postes de secours.
Denis Draoulec