En 1835, un pont suspendu entre les deux rives de Croix- de- Vie et de Saint- Gilles- sur- Vie mit d’emblée leurs habitants au diapason des innovations technologiques dont s’enorgueillissait la France. Les frères Escarguel, concessionnaires, instituèrent un péage. Cette pratique alimenta l’amertume de CroixdeViots qui eurent à en supporter la charge plus particulièrement car ce péage s’appliquait aux passages allant de Croix- de- Vie à Saint- Gilles où se concentrait l’essentiel des administrations (1).
En 1845, le pont suspendu commença à donner des signes de délabrement alarmant. La préfecture de Vendée exigea, le 19 novembre de la même année, des réparations dont, en priorité, le remplacement du plancher en bois si pourri qu’un charretier se tua en passant au travers avec son chargement.
Le 8 janvier 1860, le maire de Croix- de- Vie dut signaler à la Préfecture la rupture des barres de suspension, ce qui valut aux concessionnaires une troisième injonction à procéder d’urgence et à leur charge aux réparations.
En 1882, inauguration d’un nouveau métallique qui d’un seul jet de 57 mètres enjamba la Vie en s’appuyant sur deux arches de pierres soutenant 3 travées de 19 mètres chacune. Il était temps car la patience des riverains était à bout après une succession de réparations de plus en plus in suffisantes. Une nouvelle fois, ce pont métallique illustra les prouesses technologiques de l’époque.
1887 voit l’arrivée du chemin de fer à Croix- de- Vie dont une gare implantée en bout du quai de la République favorisa l’essor des 12 conserveries de la commune et l’accueil des amateurs de bains de mer. Trente ans plus tard, un train côtier reliant Bourgneuf aux Sables d’Olonnes flanqua, en amont le Pont métallique, traçant une courbe audacieuse au-dessus de la Vie.
En 1950, les 28 juin et 8 juillet, un rapport alarmant des Ponts et Chaussées contraignit la Préfecture à imposer aux véhicules une traversée du pont au pas et en sens unique de Saint- Gilles- sur- Vie à Croix- de- Vie ,pour des véhicules n’excédant pas un poids de 12 tonnes tandis que le pont de chemin de fer, reconverti en pont routier provisoire, desservit les flux allant en sens inverse. Simultanément, les ingénieurs des Ponts et Chaussées(2) lancèrent l’étude d’un nouveau pont.
En 1957, un pont construit selon une nouvelle méthode révolutionnaire, le béton précontraint, remplaça le pont métallique. Plus tard, le pont de chemin de fer fut démonté, livrant ses arches aux seuls pêcheurs à la ligne jusqu’à servir de support pour une passerelle métallique dite passerelle « Bénéteau » en 2001.
Le 1er février 1967, les maires de Croix -de- Vie et de Saint- Gilles- sur- Vie décidèrent la fusion des deux commines. L’idée murissait depuis 1938. Saluant l’évènement et avec l’ambition de préfigurer, par la même, un avenir plus partagé le pont fut baptisé « le pont de la concorde ».
Michelle Boulegue
(1) -Il est probable que cette inégalité de traitement soit dû au fait que Saint- Gilles- sur -Vie ait pu avoir participé au financement. Ce qui reste à établir. (2) - Il s’agissait des ingénieurs Blondeau, Nauleau et Roger Lévêque. Sources : les archives des Ponts et Chaussées de Vendée.