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Bulletin 2023 La terre, l’eau, dons fragiles

DU MARAÎCHAGE A LA VIE : LE JARDIN SOLIDAIRE DE LA FAYE.

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DU MARAÎCHAGE A LA VIE : LE JARDIN SOLIDAIRE DE LA FAYE.

L’air sent le vert, ce matin de juillet, dans le jardin solidaire de la Faye. En rangs serrés, les légumes se pressent le long des sillons. Leurs feuillages denses déclinent une variété de tons, du bleu vert au jaune chartreuse ponctués d’éclats d’argent sous un soleil déjà chaud. C’est à peine si la terre légère et noire d’humus qui les nourrit se laisse apercevoir entre les rangs de haricots verts, de poivrons, de courgettes…. Une ligne chargée de tomates mûres cache le puits en limite de parcelle. Les insectes font preuve d’une vitalité bourdonnante. Cette abondance ne doit rien au hasard. Pour preuve, trois jeunes tomates marquées des stigmates du «cul noir» le rappellent. Heureusement le pied atteint est le seul de la rangée. Une résistance miraculeuse ? Le recours à la chimie ? Plutôt une alchimie maîtrisée, faite de connivence entre le maraîcher, la plante, le sol, l’eau, le vent et les insectes. Enfant, je me souviens avoir entendu chuchoter au marché de Croix-de-Vie «qu’il ne fallait pas acheter de légumes aux gens de Saint-Hilaire.
– Pourquoi ?
– Ce sont des légumes du diable».
La réponse m’enchantait tant il était facile d’y croire puisqu’ils étaient cultivés par la Fée. Un doute m’effleurait cependant.
«- Du diable, tu crois ?
– Tu ne vois donc pas comme ils sont beaux et gros ces légumes! Ce n’est pas normal !»
Les grand-mères, au mouchoir immaculé noué sous le menton, n’avaient pourtant rien de satanique, leur panier au bras rempli des fraises de leur potager, des «balles» de haricots verts à leur pieds. Le maraîchage à Saint-Hilaire-de-Riez est une longue histoire qui ne doit rien aux fées mais plutôt à celle de son sol, à l’esprit d’observation et au pragmatisme des natifs. Calés contre la dune, abrités du vent et baignés des eaux du marais proche, les potagers de la Faye fournissent des récoltes généreuses au fil des saisons.

Jusqu’au XVIIème siècle, Saint-Hilaire-de- Riez était une île, cernée de marais drainés par la Besse. Emergée sur un socle de micaschiste et de grès veinés de quartz, les vents de noroît déposèrent sur son sol une couche sableuse facile à travailler sans outillage lourd, amendée par l’apport de goémons, vite réchauffée mais toujours fraîche grâce à la nappe phréatique maintenue à fleur de terre par le marais.
Progressivement, les limons charriés par la Besse, et les apports de sables éoliens ont fait disparaître l’insularité primitive de Saint-Hilaire. La Faye en garde la mémoire. Sur son sol riche et léger, les légumes y trouvent les meilleures conditions pour s’y développer et apporter un complément financier indispensable à la survie des petites exploitations agricoles qui s’y maintenaient tant bien que mal. L’abondance et la qualité des récoltes ont fait la réputation des jardins de la Faye dont les surplus se vendaient traditionnellement aux marchés de Croix-de-Vie et de Saint-Gilles-sur- Vie. Les productions locales issues du maraîchage, de la pêche et de la récolte du sel permirent la création d’une véritable économie de marché s’étendant jusqu’en Angleterre où se vendaient les oignons récoltés à Saint-Hilaire-de-Riez, si recherchés par les équipages embarqués à la pêche hauturière. Les conserveries installées à Croix-de-Vie dès 1850 et l’arrivée du chemin de fer en 1885 ont stimulé ces échanges commerciaux.
L’engouement pour les activités balnéaires a complété l’attractivité de la côte en période estivale faisant affluer les «baigneurs» et se presser une foule gourmande autour des étals, les jours de marché. Il n’était pas rare alors de voir disparaître 50 kg de haricots verts à peine déversés sur l’étal en deux heures de marché. Le fleuron de cette culture maraîchère était celle des oignons si emblématique des échanges étroits entre maraîchage et activités maritimes dont le temps fort était la foire aux oignons. Elle se tenait le dernier samedi d’août. Ce jour-là, tôt le matin, les maraîchers prenaient possession des quais de Saint-Gilles-sur-Vie et de Croix-de-Vie, des rues commerçantes et du pont de la Concorde. Le long des
trottoirs, ils alignaient leurs paniers en osier remplis à ras bord d’oignons de toutes les couleurs joliment tressés. Les forains, venus pour l’occasion, installaient leurs manèges et autres stands de tir donnant à cette foire un côté festif qui faisait oublier qu’elle sonnait la fin de l’été et le départ des «baigneurs». Les commerçants se mettaient de la partie offrant aux badauds les invendus de la saison qu’ils bradaient sans barguiner. Cette foire attirait du monde. On y venait de loin. Sa réputation lui valut de se transformer progressivement en une foire commerciale incontournable jusque dans les années 90.
D’abord culture vivrière, le maraîchage s’est professionnalisé au cours du XXème siècle offrant aux grainetiers des débouchés stables permettant à leur tour d’entretenir cette activité grâce à l’excellence de leurs semences. Celles des haricots verts se sont taillées la part du lion.
Valentin AVRILLAS, l’un des trois principaux grainetiers de Saint-Hilaire- de-Riez, se souvient avoir vendu plus d’une tonne de graines de haricots verts en une seule saison dans les années 60.

L’âge d’or du maraîchage à Saint-Hilaire-de-Riez s’étend de 1850 à 1980.

L’Isle de Rié

 

A partir de cette date, les premiers signes du réchauffement climatique ont commencé à se manifester et furent d’abord interprétés comme des caprices de la nature. Le dérèglement de la succession des saisons a commencé à fatiguer les plantes et favoriser des maladies affectant les rendements.
L’alternative s’est vite imposée aux observateurs de la nature que sont les maraîchers : aider la nature à
se défendre et à trouver un nouvel équilibre en commençant par ne plus l’agresser. Ce retour aux sources
porte un nom : la permaculture, une culture raisonnée. Plus qu’une technique, c’est un état d’esprit. En
premier lieu, veiller à la santé des sols et les enrichir par des apports naturels tels que le goémon «rouget» ou lithothamne, les produits du broyage de bois et de fragments de végétaux et l’apport de fumier de cheval. La pratique de l’assolement faisant se succéder pommes de terre, poireaux et légumineuses permet au sol de se régénérer de lui-même portant successivement des cultures de moins en moins gourmandes jusqu’à celle des légumineuses qui apportent naturellement de l’azote. Pour finir, le paillage limite l’assèchement du sol et la fatigue des plantes. La permaculture pratiquée par une
vingtaine de jardiniers bénévoles sur la parcelle que leur a confiée par le Centre Communal d’Action Sociale de Saint-Hilaire-de-Riez approvisionnent la banque alimentaire avec succès depuis 5 ans.

 

Jardin solidaire de la Faye

Site de la Faye – Dunes de Saint-Hilaire

 

Source : Entretien avec Michel BERTHOME, responsable du jardin solidaire de Saint-Hilaire-de-Riez, Rue André CAIVEAU à Saint-Hilaire-de-Riez.

Cartes aimablement communiquées et autorisées à être reproduites par Patrick Avrillas, co-auteur avec Annie Antoine de «le Marais et les iles» Ed «LA GESTE».
Le comité de rédaction

Bulletin 2022 LA VILLE, HISTOIRE, ENJEUX ET PERSPECTIVES

L’ECOQUARTIER DE LA CROIX EN DEVENIR

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L’ECOQUARTIER DE LA CROIX EN DEVENIR

– « Tu es sûre que c’est là ? » –

Elles s’attendaient à voir des grues surplombant un chantier bourdonnant. Pour le moment, leurs regards voltigent sur des champs dorés par le soleil couchant. Les deux amies se regardent, interloquées. Le projet du futur écoquartier, exposé le long du quai des Greniers tout l’été, les avait convaincues de venir s’y loger, dans la foulée de leur CDI tout neuf. Il leur faudra attendre un peu.

Les deux amies auraient tort de se décourager. Le projet avance, au rythme de tout projet d’urbanisme d’envergure.

Aujourd’hui où en sommes-nous ?

          1.AMBITIONS DU PROJET.

Dès son lancement, en 2015, ce projet s’est engagé à satisfaire les 20 critères lui permettant de prétendre au label « Ecoquartier » institué par le ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires et notamment :

  • Tenir compte des attentes des habitants et des contraintes du territoire.
  • Privilégier une approche participative, une gouvernance partagée et une évaluation en continu.
  • Choisir une urbanisation, une architecture et des aménagements au service de la qualité de vie des habitants, individuelle et collective, dans le respect de l’environnement.
  • Anticiper les évolutions climatiques et technologiques afin que le nouveau tissu urbain et l’architecture des logements favorisent les économies d’énergie et de ressources naturelles ainsi que la gestion des déchets, tout en satisfaisant à la qualité et aux modes de vie des
    habitants.
  • Intégrer l’impact du projet sur l’environnement et prévoir les compensations en
    résultant dans le respect des critères de
    développement durable.

          2.RETROSPECTIVE.

Comme tout projet d’urbanisme, celuici consacra 2/3 de son planning à la conception, à la concertation et à la négociation de 2015 à 2021.

2017 : CONSULTATION DES HABITANTS à partir d’un comité de vingt membres comprenant pour moitié des représentants du secteur associatif. En quatre séances, avec l’appui d’experts, ce comité a précisé les objectifs du pro- jet afin d’articuler étroitement les attentes des habitants au projet initial de la muni- cipalité et d’anticiper les évolutions afin que le futur quartier garde le cap des ambitions de ses promoteurs.

2018 : IMPLICATION ELARGIE DES  HABITANTS invités à participer à une réunion d’information et de consultation afin de s’approprier ce projet urbain et de préciser leurs priorités.

  • Mettre l’accent sur la mixité sociale.
  • Augmenter l’offre de logements, en location et en accession à la propriété prioritairement réservée aux jeunes ménages, à concurrence de 1 500 habitants en 15 ans, dans le respect des critères de développement durable compte tenu des évolutions climatiques.
  • Satisfaire aux économies d’énergie et de ressources naturelles ainsi qu’à à l’accès aux nouvelles
    technologies.
  • Adopter un plan d’urbanisation, de circulation, de végétalisation et des principes architecturaux, garants de la qualité de vie des résidents et d’une inscription harmonieuse dans le paysage et le bâti existant.

 

2019 : DESIGNATION DE L’AMENAGEUR ET CHOIX DES BUREAUX D’ETUDE.

  • Choix de de l’aménageur : le Groupe GIBOIRE, basé à Rennes.

30 entretiens auprès de potentiels futurs habitants de ce quartier sont réalisés, complétés par 15 consultations de professionnels et d’associations et des rencontres avec des citoyens « miroirs » .

 

2020-2021 : LES OBJECTIFS SE PRECISENT.

Située en zone naturelle et agricole, à proximité d’une zone commerciale, de services et d’équipements existants, la future ZAC de la Croix est accessible par la route de La Roche (RD 6).

Pour répondre à son ambition bioclima- tique, 53% des 720 logements prévus se- ront construits en collectif, 27% le seront en maison particulière et 20% du foncier sera réservé aux terrains à bâtir.

L’offre se répartira en 46% de logements régulés, 38% en accession libre et 16% en logements aidés.

Le choix d’une architecture largement ouverte sur les paysages induit, à ce stade des études, l’implantation des logements collectifs au sud, en limite de la zone humide, afin de ne pas faire obstacle à la vue et à l’ensoleillement des logements individuels et des petits collectifs regroupés au centre, dans la zone dite « Le Cœur ».

Le long du vallon du Grenouillet et en lisière de la pinède, les logements seront dispersés afin de ménager des percées visuelles sur les paysages diversifiés de la ZAC de la Croix. L’ensemble urbain ainsi créé est structuré par le croisement de deux axes, une pénétrante est-ouest reliant le centre commercial à la périphérie est du nouveau quartier via le vallon du Grenouillet et la pinède, et un axenord-sud arboré qui desservira des zones d’activités sportives et ludiques, de jardinage collectif ainsi que des équipements.
Un maillage de rues secondaires et de ruelles irriguera l’ensemble en privilégiant les modes de déplacement doux destinés aux piétons et cyclistes.

Les consultations se poursuivent afin de s’assurer de la concordance des avancées du projet avec les ambitions initiales. Deux ateliers de travail associant la ville et l’aménageur ont été programmés dans ce but.
Les professionnels ont été invités à suivre les avancées du projet et à donner leur avis. Les attentes des habitants du quartier de la Croix ont été recueillies afin de les intégrer au projet.
Une information mise en ligne, ouverte à tous, permet de suivre le projet.

Une plateforme « PARTICIP’LAB3 » est mise en place en 2021, afin d’aider les habi- tants à se projeter dans l’avenir de la ville.

          3.PERSPECTIVES

Mise en chantier de l’écoquartier en 2023 avec remise des clefs des pre- miers logements prévue en 2025.

Dans le même temps le volet environne- mental mobilise le secteur associatif car la ZAC de la Croix doit aussi permettre l’accueil de projets participatifs telle que la production légumière sur place et la vente en circuit court. Dans le même esprit une filière locale de recyclage de déchets est en réflexion.

Des points soulevés par l’association

V.I.E restent en suspens :

  • L’implantation et le nombre de bornes électriques restent à préciser.
  • La préservation des zones humides en bordure du Grenouillet s’inscrit en toute cohérence avec celle de la biodiversité soutenue par la mairie. Cette démarche est un atout pour le paysage et un facteur de régulation thermique. Comme tout choix en faveur du vivant, il n’est pas dénué de risques. Ainsi la qualité des eaux de ce cours d’eau assuré naturellement par la végétation aquatique et terrestre qu’il favorise restera à surveiller.
    • Où en est le projet de la micro-ferme ? Celui d’organiser à partir de sa produc- tion de légumes un circuit court d’approvisionnement du quartier et au-delà est séduisant. En savoir plus est très attendu.
    • La circulation intraquartier et les liaisons sont à préciser. Il reste un risque de voir le quartier traversé par des axes nord/ sud de liaison et de transit entre Le Fenouiller et la route de La Roche-sur-Yon. Les liaisons douces et un maillage dédié aux piétons et cyclistes sont à privilégier au service de la tranquillité et la sécurité des résidents.
    • L’exigence de satisfaire aux économies d’énergie devrait avoir une traduction plus explicite quant à l’orientation des bâtiments, leur isolation et leur ventilation.
  • Situé en périphérie de la ville, ce nouveau quartier en sera la porte d’entrée par la route de la Roche-sur-Yon. La concentration de collectifs dans cette zone afin de ne pas entraver la vue des résidences particulières peut à contrario faire obstacle à la qualité de l’entrée en ville en constituant un mur d’immeubles.
  • Si l’aménageur accepte de satisfaire aux exigences spécifiques à tout écoquar- tier, rien n’est dit en termes d’innovation architecturale dans l’énoncé du projet qu’il nous a été donné de consulter.

CONCLUSION.

Ce projet veut être une vitrine des ambitions urbaines et architecturales de la ville. Respectueux des critères de déve- loppement durable, attaché à la valorisation et à la préservation de l’environnement les concepteurs et réalisateurs de la ZAC de la Croix veulent aussi anticiper lucidement les évolutions climatiques. Ces ambitions seront d’autant mieux satisfaites que les habitants de la future ZAC seront associés en continu au suivi de sa gestion et de son évolution. L’enjeu est d’assurer au mieux son adaptation aux aléas. La vie civique d’un quartier ne se décrète pas. Anticiper les dispositions à prendre peut y contribuer.

Michelle Boulegue

Sources : Entretien avec les responsables du projet et dossier de présentation communiqué par le service d’urbanisme de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

 

Bulletin 2022 LA TERRE, L’EAU, DONS FRAGILES

L’EFFACEMENT DES ENROCHEMENTS DE LA GRANDE PLAGE

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L’EFFACEMENT

DES ENROCHEMENTS DE LA GRANDE PLAGE

Les observations du trait de côte du littoral sud gillocrucien (classé Natura 2000) révèlent une évolution disparate de la morphologie de l’ensemble plage- dune :

  • d’une part la poursuite de l’érosion dans la partie voisine de la plage artificielle,
  • d’autre part une stabilité voire le renforcement naturel du mécanisme d’accumulation de sable (témoins : avancement de clôture, mesure de l’enfouissement des poteaux de la clôture) notamment sur le haut de plage et le pied de dune (accrétion).

Sur le secteur particulier de l’accès La Paterne (28), le cordon dunaire fragilisé a subi régulièrement des sinistres dus notamment à la désorganisation hydrodynamique des déferlantes se fracassant sur les enrochements.

Cette situation a perduré jusqu’aux travaux de novembre 2021 et l’effacement tant attendu des enrochements de la plateforme (blocs de rhyolite).

Sur le secteur des Océanides, la cale de l’accès La Vigie (27) délimite la plage artificielle de la plage naturelle bordée par le cordon dunaire qui s’étend au-delà de la limite communale (accès Breti 01).

Une nouvelle fois l’allongement et la consolidation de la cale et du perré d’enrochement (travaux de décembre 2020) confirme la stratégie du renforcement des points durs. Bien sûr les bâtiments les plus proches du trait de côte artificiel (Panoramique) restent éligibles à être défendus, mais pendant combien de temps et à quel coût ? Lors des coefficients élevés ou des surcotes, c’est la même hydrodynamique provoquée par les enrochements qui engendre la dépression (bassine) et qui sape le pied de la dune voisine et fait s’ébouler par pans la dune du site 27.

Sur toute une partie de la plage artificielle qui borde le remblai, la dépression s’étend, aidée en cela par le poids des enrochements qui s’enfoncent et renforcent la puissance dévastatrice des déferlantes. L’immense baïne de 2019 atteste que la désorganisation des déferlantes peut se propager en courants d’arrachement au-delà des points durs.

Vue de la bassine creusée par les perturbations des déferlantes cognant sur les enrochements protégeant la cale. Photo du 9 nov. 2021

Au niveau de l’accès

28 La Paterne Bilbao, en novembre 2021, les enrochements de la plateforme servant 2 mois au poste de secours ont enfin été retirés à la satisfaction des usagers qui désapprouvaient les enrochements facteurs de la désorganisation des déferlantes engendrant les sinistres dans la dune.

Ceux-ci étaient en expansion notamment suite aux tempêtes de la fin d’automne 2019 et de l’hiver 2020. Il a fallu une dernière fois apporter du sable de remblai (juin 2020) pour reconstruire le front de dune (chargement de centaines de mètres cubes de sable). Ces enrochements étaient ébranlés à chaque marée par les déferlantes (à partir de coefficient 85). En équilibre précaire certains blocs auraient constitué un danger lors de leur chute.

Paterne avant retrait des enrochements : cône d’érosion et cheminement d’accès en suspens.

Photo du 26 sept. 2021

En complément de l’effacement salutaire des enrochements, les travaux de terrassement ont porté sur une modification du chemin d’accès de la Paterne plus en oblique dans la dune rabotée sur la crête, permettant de rejoindre l’estran avec une pente acceptable. Cette solution permet de s’affranchir d’aménagement type escalier, et de l’entretien y afférent. Auparavant la pente de l’accès nécessitait des marches pour rejoindre la plateforme d’enrochement. Si les marches n’étaient pas soumises directement à la puissance des déferlantes, les abords étaient devenus de plus en plus vulnérables à l’érosion accélérée (sape, mise en falaise, succion, éboulement de pans, …) malgré les rechargements en sable du front dunaire.

Accès Paterne,Insertion graphique de la plateforme du poste de secours. Source : Bureau d’études ATLAM Environnement

L’avenir nous montrera l’évolution de la connexion à l’estran avec les risques de bassine engendrés par la propagation des perturbations des déferlantes sur l’enrochement de la cale de La Vigie. C’est la résistance du pied de dune qui sera en premier testée. En l’absence de structure végétale du fait du piétinement, le pied de dune de l’accès doit être consolidé par du tissu géotextile.

De même, à l’emplacement de l’ancien accès, la consolidation du pied de dune réalisée avec du sable récupéré (sable sans structure végétale) est nécessaire. Une plateforme sur pilotis, recevant en été le poste de secours, se trouve en aval de la clôture sur cet ancien accès. Espérons que les tempêtes épargneront cette structure positionnée relativement bas.

Plus au sud à 150 m, l’accès Kerlo (29) équipé d’un escalier permet, de la dune, d’atteindre l’estran. La troisième version de l’escalier et le plancher, qui sert de petit belvédère, s’appuient sur des pilotis fichés sur le versant de la dune. Quelques marches facilitent le passage de la crête et rejoignent la platebande du chemin.

Après avoir beaucoup insisté, cinq blocs découverts lors des tempêtes et perturbant l’atterrissage des déferlantes ont été retirés (décembre 2020). Néanmoins l’absence de rechargement de sable manquant a laissé vulnérable ce versant dunaire. Des rangs de clôture de renforcement (poteaux et ganivelles) compensent en partie le déficit en sable sur le versant. Cependant l’écoulement du sable du front dunaire se poursuit, de même que l’éboulement chaotique des fondations d’une ancienne voie empierrée.

Le projet de remodeler les accès (via une tranchée) est prévu également pour l’accès Kerlo. Pourtant l’escalier a montré sa résistance malgré les désordres sur le versant dunaire sur lequel s’appuient ses pilotis. Un rechargement en sable permettant de laisser les pilotis suffisamment enfouis donnerait la possibilité de garder ce petit patrimoine (escalier et belvédère), construit par les menuisiers de la commune, au moins pendant 3 années sans beaucoup d’entretien. L’arrachement de la clôture lors des tempêtes est un marqueur approximatif de ce secteur soumis à l’érosion.

L’accès Kerlo (29) a-t-il besoin d’être déplacé et remodelé pour s’affranchir de l’escalier ?

Photo du 18 nov. 2021

L’accès suivant (STGIL 30) vers le sud constitue le seul accès à un important secteur dit plage sauvage qui s’étend au-delà de la limite communale jusqu’à l’accès Bréti 01, avant les rochers qui annoncent le massif rocheux de La Roche Biron. Auparavant l’accès 31 permettait l’accès à ce secteur très sauvage.

Au contraire du secteur nord de la plage (accès 27, 28, 29) soumis lors des tempêtes aux sinistres d’une érosion accélérée, la morphologie de la plage- dune du secteur sud autour de l’accès

30 a vu l’engraissement de l’estran(formation de nombreuses banquettes) et l’accumulation du sable en pied de dune. Cette accrétion est le résultat des tempêtes Bella (27-28 déc. 2020),

Hortense (21 jan. 2021) et Justine (30 jan. au 1er fév. 2021).

Le littoral dunaire a bien résisté aux déferlantes qui ont glissé sur le pied de dune (jusqu’à 3 ou 4 m sur le profil en pente douce) sans dégât majeur. Une accumulation vraiment exceptionnelle par son ampleur a été observée sur le chemin dunaire de l’accès 30 qui a été complétement enfoui sur la crête (plus d’un mètre d’épaisseur).

Aux confins sud du cordon dunaire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le front de dune est en reconstruction après une période de dévastation dont on voit les échancrures dans les crêtes dunaires.

Petit à petit des banquettes sur le haut de l’estran ont initié le rechargement des dunes embryonnaires qui rejoignent le massif dunaire dévasté et inapte (car déminéralisé) à la végétalisation.

Le développement de prairies naturelles de chiendent maritime puis d’oyats protégées par de nouvelles ganivelles installées plus près de la mer, favorise le dépôt et l’accumulation de sable (phénomène d’accrétion par apport éolien sédimentaire).

Au printemps, protégés par la ganivelles, les cakiliers, les panicauts et autres plantes halophiles tolérantes à la salinité, profitent également de l’engraissement du haut de l’estran. Des deux accès Bréti 01 A et Bréti 01 B, à la hauteur du Pont Jaunay, seul le dernier est resté ouvert et aménagé (fil de fer de délimitation du cheminement) pour rejoindre l’estran. Des délimitations de protection sur le haut de l’estran ont pour objectif de favoriser la ponte en haut de plage des gravelots (gestion LPO).

L’effacement du point dur de la plateforme de La Paterne (nov. 2021) devenait de plus en plus nécessaire pour stopper la dynamique du délabrement de la dune et défendre l’intégrité du cordon dunaire, défense naturelle de la zone sud de la commune.

Paradoxalement, les enrochements placés le long du remblai et qui s’enfoncent irrémédiablement, amplifient le phénomène des vagues subversives et des courants d’arrachement et augmente la sensibilité du trait de côte artificiel en renforçant les cycles d’amaigrissement de l’estran.

Cet accès est le seul accès au chemin dunaire jusqu’aux fins du littoral Brétignolles (Bréti 01). L’enfouissement des poteaux témoigne du

phénomène d’accrétion.

Nous devons nous préparer à des aléas météorologiques marins de plus en plus déstabilisants.

L’effacement des enrochements doit donc se poursuivre notamment en réduisant la longueur de la cale et en arrondissant le perré, pour limiter la zone de perturbation des déferlantes. Un repli stratégique pour défendre la dune doit être adopté en s’appuyant sur des aménagements renforcés par du tissu géotextile.

D’autres enjeux sont liés à la défense des dunes :

•l’expansion des siffle-vents et des caoudeyres,

•la protection de la biodiversité particulière attachée à cet environnement,

•l’accessibilité : les cheminements pour accéder aux plages sont un facteur d’inclusion favorisant l’accès de tous dans un espace naturellement sécurisé toute l’année. « L’accès des piétons aux plages est libre », rappelle en effet le code général de la propriété des personnes publiques. Les enfants en bas âge, les personnes à mobilité réduite, doivent dans des conditions de sécurité acceptables pouvoir emprunter les cheminements publics.

Les accès sont aussi des « portes de secours » en cas d’épisodes de submersion qui peuvent vite surprendre les promeneurs. Sans doute ne sont-ils pas assez nombreux (3 sur une distance de 2 km). L’organisation des secours doit pouvoir intégrer les accès dans les procédures tout en respectant la fragilité de l’environnement dunaire.

Denis Draoulec