Le Conseil Municipal a décidé de lancer un « nouvel aménagement » du port de plaisance, selon une sémantique qui se veut la moins alarmante possible !
Le ponton des visiteurs sera allongé de 80 m. Les études géotechniques réalisées par la société « Arcadis » confirment que le schiste altéré du fond du port permet de creuser à la pelleteuse une fosse de -3 m de profondeur, de 15 à 30 m de large, sur une longueur de 120 m. Ces travaux ne devraient pas avoir d’incidence sur la solidité des piles du pont de la Concorde comme on pouvait le craindre. Le coût du chantier, ponton compris, est estimé à ce jour à un montant de 1 466 090 euros hors taxe. Il devrait être financé par un emprunt souscrit par la commune, à hauteur de 1 080 700 euros et une subvention, à solliciter auprès du Conseil Général, pour un montant de 385 381 euros, soit 35% de la dépense subventionnable HT, voire plus… la Semvie, gestionnaire de Port la Vie n’exclut pas une contribution financière qui pourrait diminuer la charge de l’emprunt.
Pour faire quoi ?
Résumons l’information officielle : satisfaire au projet du Conseil Général qui veut faire de Saint-Gilles- Croix-de-Vie la tête de pont de la future course « Vendée Arctique » à but scientifique afin de mesurer, chaque année les effets du réchauffement climatique sur le Grand Nord. La vocation de la Vendée pour les courses de plaisance hauturière devrait ainsi se voir confirmer en associant les rendez vous du « Vendée Globe » à l’expédition nordique. Chaque année, 2 à 3 catamarans seraient au départ. De fait, les catamarans de cette course nordique ne seraient que provisoirement amarrés au ponton 8, le temps d’un rodage. Mais le lancement de cette course, théoriquement programmé pour septembre 2009 est aujourd’hui repoussé à 2010. Le point d’ancrage de la course arctique devrait être au final quai Rivière au prix de travaux considérables tel que le creusement d’un bassin en eau profonde de 6 à 8 m de profondeur pour un diamètre de 80 m devant accueillir une flottille de 4 à 5 multicoques ou monocoques de 18 m à l’année. Tant qu’à faire des travaux, l’imagination des promoteurs du projet a le vent en poupe : un port à sec est envisagé associé à un parking, le tout en souterrain, pour une estimation ébouriffante de l’ordre de 40 millions d’euros voire plus, si le sous-sol s’avère plus résistant que prévu. La sagesse ne serait-elle pas d’adopter un programme plus modeste. En effet une autre hypothèse pourrait se contenter d’un ponton ancré sur le quai Rivière. Là encore une souille, à la cote – 3 m sur 15 m de large, serait creusée tout au long de ces nouveaux pontons. Le triangle restant au centre du port serait creusé à – 2 m pour réduire les écarts de niveaux et les effets de courant. Le coût des travaux de cette version serait diminué en proportion, estimé à hauteur de 10 millions d’euros. Au-delà de la création de ces infrastructures et de leurs équipements, il est prévu l’implantation d’un « village » de toile sur le quai Rivière qui permettrait d’organiser des évènements médiatiques et commerciaux. Si ce projet sortait des cartons, le département aurait la maîtrise d’ouvrage et la commune serait concessionnaire.
Des questions restent en suspend :
- Jusqu’où la commune peut-elle s’engager financièrement dans l’aménagement du port de plaisance quand le département limite son investissement à 20% du coût des travaux du ponton 8 ?
- Quelles seraient les conséquences des travaux quai Rivière pour les fondations des propriétés riveraines si le chantier envisagé se concrétisait ?
- Quelle implantation de remplacement pour la fête foraine, actuellement située sur le futur bassin, pourrait offrir les mêmes avantages du point de vue des forains, à défaut de concilier les calendriers ?
- Quelles répercussions sur la vie aquatique du bassin ? Déjà, les civeliers craignent que l’allongement du ponton 8 ne compromette la campagne de pêche 2008/2009.
Ces projets à tiroir inquiètent. Même s’ils révèlent un intérêt certain pour le port de Saint-Gilles-Croix-de- Vie, les termes du partenariat entre la commune, le Conseil Général et les autres parties prenantes concernées mériteraient d’être plus explicites.
Gérard Roches