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Bulletin 2020

LES RIVERAINS ET USAGERS DU BASSIN DE LA BASSE VALLÉE DE LA VIE S’INTERROGENT

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Les réponses apportées par la direction des services techniques de la Communauté de Communes laissent sur leur faim les riverains et les acteurs économiques qui exploitent les ressources des marais salés de la basse vallée de la Vie, zone Natura 2000 : « Marais Breton, baie de Bourgneuf, île de Noirmoutier et forêt de Monts ». Ces marais sont alimentés en eau de mer par l’estuaire, fermé environ six mois par an pour préserver la ressource en eau douce.

Quelle alternative trouver à la dégradation constatée depuis 15 ans ?

 En témoigne la multiplication des épisodes de mortalité élevée de poissons et anguilles, la raréfaction des coquillages et la prolifération d’algues. Cette prolifération des algues, grandes consommatrices d’oxygène, est sans doute la cause principale de mortalité élevée des poissons.

Autre source d’inquiétude selon les professionnels de ce secteur, il serait établi que les stations d’épuration rejettent en moyenne 70% des pesticides et 90% des polluants d’origine médicamenteuse qui y entrent dans les eaux usées.  Quelle est la capacité d’élimination de ces micropolluants par le marais ?

En dépit de l’amélioration des performances de traitement de la future station d’épuration, des rejets polluants, incompatibles avec la préservation des ressources alimentaires des marais salés sont à craindre. En effet, même si elle est en forte réduction, la pollution générée par la nouvelle station, vient s’ajouter à celle d’autres sources de pollution de l’estuaire, dont le Grenouillet, connu pour en être la source principale.

Comment prendre en compte l’impact des rejets, 24h/24h à flux continu et  l’effet conjugué des marées ?

 Deux fois par jour, celles-ci font remonter les effluents chargés de matières polluées en suspension qui se déposent sur les fonds des marais et des viviers. Selon les professionnels de ce secteur, les analyses fournies informent sur un niveau moyen de pollution sans rendre compte des pics qui font s’accumuler des substances toxiques dans les sédiments, sur les 8 km de la Vie jusqu’au barrage des vallées et dans les 12 étiers qui irriguent le marais salé. Ils souhaiteraient qu’un diagnostic sanitaire et écologique des marais salés (analyses des eaux et sédiments) soit effectué, et que ces analyses soient poursuivies dans le temps.

Pourquoi ne pas associer les techniques ?

A la recherche de solution, ces riverains et usagers des eaux de l’estuaire s’étonnent que, soucieux d’efficacité et de protection du public, les promoteurs de la future station d’épuration ne couplent pas l’activité de celle-ci au lagunage. Cette option permettrait d’utiliser les effets dépolluants naturels de l’exposition des alluvions à l’air et à la lumière. Ils proposent d’exploiter à cette fin des boucles de la Vie. Ils souhaiteraient, de plus, l’extension à la basse vallée de la Vie  de l’expérimentation menée par la station d’épuration des Sables d’Olonne (2019-2025) visant l’assainissement des pollutions par les micropolluants et les métaux lourds.

Conclusion
l’Association syndicale des marais de la basse vallée de la Vie nous a indiqué qu’elle  prenait acte de cette situation, mais qu’elle ne renonçait pas à se battre pour la réalisation d’un diagnostic de l’état sanitaire et écologique du marais, afin que soit mis en place un plan garantissant le maintien et la restauration de la zone humide du marais salé de la Vie, dans ses fonctionnalités (article 5 du règlement du SAGE –schéma d’aménagement et de gestion des eaux- ), et ses usages alimentaires traditionnels.

Michelle Boulègue

 

Sources :
-Entretien avec l’association syndicale des marais de la Basse Vallée de la Vie
Nota : Ce projet a été soumis à Enquête publique. Le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable le 15 octobre dernier à la mise en œuvre de ce projet dans les conditions prévues. À la date de préparation de cet article, l’arrêté préfectoral d’autorisation n’est pas encore publié.
Bulletin 2020

XYNTHIA ET LA CONSCIENCE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

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Perturbations climatiques de l’anthropocène.

Dans notre confetti d’histoire et de phénomènes climatiques de l’anthropocène, la tempête Xynthia s’inscrit dans une longue suite de catastrophes naturelles provoquées par les inondations ou les submersions. Citons les plus meurtrières : le raz de marée de 1953 aux Pays-Bas, ses ruptures de digues et ses 1 800 morts, le tsunami de 2004 dans l‘Océan Indien et en France, les tempêtes Lothar et Martin le 27/12/1999 et la tempête Klaus le 24/01/2009.

Érosion supplémentaire provoquée par des aménagements non réfléchis. En second plan, un escalier en pilotis qui résiste aux vagues de submersion. Accès 29 Kerlo après passage de la tempête 26-27 novembre 2019 (photo VIE)

Pour citer un dernier coup de vent, plus local, entre le mardi 26 novembres 2019 et le mercredi 27, les  littoraux de la Gironde à la Vendée ont subi à la fois, du vent, une situation orageuse et beaucoup de précipitations. En concomitance d’un coefficient élevé de 99 ( à 4h du mercredi matin, houle de 5 m, rafales 80 km/h, surcote, violents courants côtiers), cette queue de tempête tropicale appelé Sébastien, a touché particulièrement le littoral du Pays de Saint-Gilles causant des sinistres sur l’estran : l’amaigrissement très net de 50 cm du haut de plage, la submersion du pied de dune, la mise en profil « falaise » de la dune (éboulements de pans de dune à prévoir), l’ébranlement des enrochements (supports des postes de secours) maladroitement posés sur le sable et qui s’éparpillent et la disparition de la clôture de protection de la dune qui a été arrachée sur plusieurs kilomètres par la puissance des vagues. Bien que des phénomènes d’accrétion naturelle aboutissant à la reconstitution de dunes détruites sont favorisés par des protections du haut de plage, aucune action durable n’est engagée pour empêcher les sinistres à chaque tempête.

 Le spectre de la « planète étuve ».

Que nous enseigne Xynthia, tempête somme toute classique, moins  puissante que les tempêtes Lothar et Martin en 1999 : sans doute une constante défaillance à anticiper, une « nébuleuse d’irresponsabilité collective » (Sénat) et notre incapacité à proposer des solutions conséquentes au réchauffement climatique.
Dans le cadre de l’accord adopté dans la capitale française, il est stipulé en effet que la politique climatique a pour but de « maintenir la hausse de température bien au-dessous de 2 °C tout en continuant les efforts pour ne pas dépasser 1,5 °C ».
Autrement dit, une fois enclenchée, la dislocation du Groenland (ou de toute autre calotte glaciaire) sera impossible à arrêter avant que soit atteint un nouvel équilibre énergétique du système Terre. Dans l’intervalle, cette dislocation risque de provoquer un enchaînement de « rétroactions positives » : transformation de l’Amazonie en savane, dislocation de glaciers géants de l’Antarctique, fonte irréversible du pergélisol… Un gigantesque effet domino climatique pourrait déboucher rapidement sur une hausse de 4 à 5 °C de la température moyenne de surface de la Terre.

Le réchauffement est actuellement de 1,1 °C environ par rapport à l’ère préindustrielle. Au rythme actuel des émissions, le cap des 1,5 °C sera franchi vers 2040. Tout doit être mis en œuvre pour empêcher qu’il le soit. Mais est-ce encore possible ? Ce n’est, hélas, pas certain. Pas certain du tout !
Ainsi, 2019 sera vraisemblablement au 2e ou 3e rang des années les plus chaudes. De plus, au niveau du globe, les cinq dernières années sont certainement les cinq plus chaudes et la dernière décennie 2010-2019 la décennie la plus chaude.

Les événements extrêmes du niveau de la mer, qui se produisent maintenant rarement (typiquement une fois par siècle) pendant les fortes marées et les fortes tempêtes, deviendront plus fréquents (typiquement une fois par an comme la surcote de Xynthia). Les aléas deviendront extrêmes  par la conjonction temporelle de phénomènes naturels plus ou moins rares.
Le niveau global moyen de la mer a augmenté d’environ 15 cm au cours du XXe siècle. Le niveau de la mer augmente actuellement plus de deux fois plus vite. Cela va s’accélérer pour atteindre jusqu’à 1,10 m en 2100 si les émissions ne sont pas fortement réduites. Au cours du siècle, et sans efforts majeurs d’adaptation, de nombreux littoraux seront exposés à des risques élevés de submersion marine, d’érosion côtière et de salinisation des sols.
Le dernier Rapport spécial du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC – novembre 2019) souligne qu’il importe de définir, de toute urgence, des mesures prioritaires opportunes, ambitieuses et coordonnées pour faire face aux changements durables et sans précédent que subissent l’océan et la cryosphère.

Les appels de la jeunesse (Marche pour le climat en Espagne, l’activisme des jeunes comme Greta Thunberg  « la crise climatique ne concerne pas que l’environnement, c’est une crise des droits de l’homme, de la justice et de la volonté politique ») seront-ils plus féconds pour le réveil des consciences que les Conférences des Parties organisées annuellement depuis le sommet de la Terre à Rio, en 1992 (la COP 25 s’est tenu en décembre 2019 à Madrid), avec un enlisement des négociations et des engagements.
Les collapsologues pourront-ils nous guider pour éviter le cataclysme ? Loin de laisser le lecteur consterné et résigné par ces révélations, la collapsologie cherche aussi à donner les moyens pratiques et spirituels de pouvoir naviguer tout en ayant conscience des tempêtes à venir. Cette nouvelle sagesse de vivre est notamment au cœur du dernier ouvrage « Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement, et pas seulement y survivre », paru en 2018 (Pablo Servigne, et Raphaël  Stevens, Gauthier Chappelle).
Ce qui l’on imagine le plus difficilement c’est la concomitance de plusieurs perturbations ou l’effet domino comme l’effet cocktail dans les effets cumulatifs de la pollution sur la nature et sur l’homme.

 

Denis Draoulec.

Bulletin 2020

LA CAMPAGNE DE DRAGAGES DU PORT 2019-2020

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Pour informer la population de la ville, la SEMVIE réunit régulièrement des représentants de la Ville, des représentants des administrations concernées (DDTM, DDASS, ARS, SAGE…), des usagers professionnels du port, des plaisanciers, des riverains et des usagers de la plage dans un comité de pilotage, pour les informer de l’avancement des travaux de dragage du port et désamorcer les conflits éventuels.

V.I.E. participe régulièrement à ces réunions et y apporte les remarques qui lui parviennent de ses adhérents.

Drague, baie de l’Adon (Cliché VIE)

Les campagnes de dragages sont actuellement nécessaires 2 années sur 3 pour enlever et les vases en provenance de la Vie et du Jaunay (bassin-versant de 780 km2) et le sable qui remonte de la mer lors des tempêtes, et qui s’accumulent jusqu’à empêcher les mouvements des navires à marée basse. Elles sont encadrées par les 13 articles de prescriptions de l’arrêté préfectoral du 27 novembre 2013 valable 10 ans.

La campagne de dragages 2019-2020 a commencé début novembre 2019 et devrait se terminer fin mars 2020, sans opérations les week-ends ni pendant les vacances scolaires sauf nécessité de rattraper des arrêts de la drague par incident technique. Elle se présente apparemment sans difficultés majeures, la sécheresse de l’été 2019 ayant limité les apports d’alluvions en provenance de la Vie et du Jaunay. La qualité des sédiments est largement dans les normes de rejet sur la plage et s’améliore avec les progrès des équipements et des pratiques des communes du bassin-versant et du port lui-même.

Il est prévu d’enlever 50 000 m3 de vases jusqu’à fin février et 30 000 m3 de sables ensuite dans le port de plaisance. Le dragage du port de pêche, du bassin de l’Adon et de la souille de la vedette de l’île d’Yeu a été aussi attribué à la SEMVIE.

Drague, port de plaisance (cliché VIE)

Il n’est pas prévu d’utiliser un relais de dragage pour les opérations autour du ponton 8 donc le niveau de bruit devrait rester stable. La tuyauterie de rejet en mer a été installée jusqu’à un point de rejet à 260 mètres du pied de dune, dans la vague, par marée basse de coefficient 115 ce qui assure une bonne dilution du mélange (80 % eau, 20 % sédiments) pompé par la drague même si un panache peut se voir depuis la dune, en général en direction du sud.

Un état des lieux de la richesse de la faune de la plage a été réalisé en septembre 2018 : on a compté 66 espèces présentes dans le sable donc un état satisfaisant, aussi bien en amont qu’en aval du point de rejet. Il y aura 2 prélèvements par mois pour analyse sur les coquillages de la plage.

Si la qualité des eaux de la plage n’est pas détériorée par les dragages aussi bien au niveau bactériologique que métaux lourds, des analyses régulières en font foi, par précaution, la pêche à pied des coquillages restera néanmoins interdite sur la plage et les activité nautiques sur 200 mètres de part et d’autre du débouché du tuyau d’évacuation des effluents de la drague jusqu’à 15 jours après la fin des travaux. L’élargissement de cette zone à 500 mètres a été discuté, mais les surfeurs veulent conserver une zone de surf par mauvais temps le long de la grande jetée, un arrêté municipal en décidera. Une information par panneaux sera mise en place pour les pratiquants.

Le rejet sur la plage est une solution technique et économique acceptable même si elle peut créer des inquiétudes au niveau sanitaire ; on se reportera à l’article bien documenté de Denis Draoulec dans le bulletin 2015 de V.I.E. pour l’examen des solutions alternatives.

 

Jean Georger