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Bulletin 2023 L’Océan, incontournable acteur de SGXV

LE PROJET DE PORT DE BRÉTIGNOLLES À LA NORMANDELIÈRE. Suite de la Saga. 

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LE PROJET DE PORT DE BRÉTIGNOLLES À LA NORMANDELIÈRE. Suite de la Saga. 

 

Le 15 octobre 2021, lors d’une réunion  publique, le maire, Frédéric Fouquet, a  défendu l’option d’un port communal, laissant penser qu’elle était la seule capable de répondre aux trois enjeux  du site : faciliter et sécuriser la mise à l’eau, rendre la Normandelière attractive à l’année et prendre en compte  la dimension naturelle du site. (O.-F.  22/10/21) (…) 

Le 24 novembre 2021, La Vigie s’oppose «à toute atteinte au domaine dunaire» et souligne que des expertises supplémentaires repousseraient le réaménagement du plan d’eau. Elle doute du retour sur investissement d’un tel projet. 

Elle rappelle qu’elle «est favorable à un aménagement du site de la Normandelière, en respect avec la Loi Littoral et la préservation de la biodiversité, pour en faire un espace ouvert accessible à tous avec un bon équilibre des  usages.» (O.-F. 24/11/21) 

Depuis : 

2 décembre 2021 : Le Conseil Commu nautaire du Pays de Saint-Gilles-Croix de-Vie met en œuvre l’abandon du projet de port de plaisance sur le site de la Normandelière en accord avec le préfet de Vendée et suivant ses instructions. 

En compensation, la Communauté de Communes décide d’indemniser  la commune de Brétignolles-sur-Mer  pour les études qu’elle a conduites, d’un montant de 2 116 804 euros. 

Cette indemnisation, qui pourrait être versée dans les deux ans, est conditionnée à l’engagement, par la mairie de Brétignolles, de ne pas réaliser de port. 

9 décembre : Le Journal des Sables titre : «Le Collectif pour la remise en  état du plan d’eau s’impatiente et se mobilise»: 

«C’était une promesse de Christophe  Chabot, si le port ne se faisait pas …  Plus rien n’empêche la municipalité de  respecter ses engagements.» 

8 janvier 2022, Ouest-France titre:  «F. Fouquet et C. Chabot, s’associent dans le privé» : 

Frédéric Fouquet, est depuis le 25 oc tobre 2021 le nouveau gérant de l’entreprise Coutaud Manutention dont il  était jusqu’à présent le directeur commercial salarié. 

Christophe Chabot et Frédéric Fouquet sont co-actionnaires de la nouvelle société Foutex maison mère de Coutaud Manutention. 

Dans le même temps, le lobbying de Christophe Chabot est intense auprès de Frédéric Fouquet pour défendre contre vents et marées le projet de  port. L’ancien maire en rend compte  publiquement sur le site de l’association «Brétignolles Veut Son Port», qu’il préside. Au soir du 22 juillet 2021, après le vote du Conseil Communautaire du Pays de Saint-Gilles-Croix-de Vie abandonnant le projet de port à  Brétignolles , Christophe Chabot fustige une «parodie».  

Selon Christophe Chabot, les deux  maires se voient le 1er août, pendant trois heures. À l’issue de cette rencontre, les tensions s’apaisent. «Je  crois pouvoir affirmer que l’on a peut être retrouvé notre Fred… Notre maire a pris l’engagement très clair que rien ne se fera à la Normandelière sans notre association», relate Christophe Chabot. 

12 janvier : Un collectif de contribuables, habitants du Pays de Saint Gilles-Croix-de-Vie, dépose un recours gracieux contre la décision du Conseil Communautaire du 2 décembre 2021, qui actait le remboursement de 2,1 millions d’euros à la commune de Brétignolles, au titre d’études engagées pour l’aménagement d’un port de plaisance, ce projet ayant finalement été abandonné par les élus communautaires en juillet 2021. 

Dans ses vœux, le 8 janvier 2022, le maire de Brétignolles, Frédéric Fouquet maintient la solution d’un  port communal comme «scénario  prioritaire». (O.-F. 14/01/22) 

1er mars : La Région des Pays de Loire  lance un nouvel Appel à Projets pour  un port de plaisance innovant et établit son cahier des charges : 

– Port connecté (internet des objets), 

– Port lieu d’expérimentation, 

– Port durable (économie circulaire,  intégration du port à sec sur le terri toire et dans son environnement). 

Date limite de dépôt des dossiers : 31 mai 2022. 

5 mars, 11 mars et 10 juin : derniers  arrêtés préfectoraux d’abrogation  pour clore le dossier Port-Brétignolles  à la Normandelière, après la décision  communautaire d’abandon.  

5 avril : Congrès annuel de l’association vendéenne des élus du Littoral, salle de la Balise à Saint-Hilaire-de Riez, à l’initiative de Yannick Moreau,  président, et de François Blanchet :  Catherine Meur-Ferec, professeure de  géographie et littoral à l’Université de Bretagne, y intervient sur les risques d’érosion et de submersion côtière. 

5 juin : La Vigie organise un rassemblement pour réclamer la remise en état du plan d’eau de la Normandelière, la remise en état de la dune et le classement définitif du site. 

Le maire évoque un risque de «trouble  à l’ordre public» et envisage un «arrêté  d’interdiction.» (O.-F. 26/05/22) 

9 juin : Après l’abandon du projet de port de plaisance de Brétignolles, en Bureau Communautaire, la Communauté d’Agglomération du Pays de  Saint-Gilles-Croix-de-Vie lance les études pour le développement et l’avenir du port de Saint-Gilles-Croix de-Vie. 

Elle a ainsi répondu à l’Appel à Projets  régional pour un port de plaisance innovant. 

24 juin : le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» diffuse une vidéo de six minutes, sur YouTube, intitulée «Proposition d’aménagement  pour la Normandelière». 

18 juillet : en pleine sécheresse, la carrière de Brethomé est une énigme:  son niveau d’eau reste insensible aux variations climatiques, ne se remplissant pas par l’eau de pluie et ne se vidant pas en été du fait de l’évaporation. 

8 août : le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» présente sa vidéo déjà diffusée, le 24 juin, sur YouTube : 

«Pendant 8 mois, 80 bénévoles ont mis en place une démarche de travail en équipe pour réfléchir à une proposition d’aménagement alternative du site de la Normandelière et a réalisé un film permettant de visualiser ce que ces propositions pourraient offrir. 

Le plan d’eau pour la baignade et les  activités nautiques est restauré avec des espaces de jeux en proximité; les bâtiments de la ferme de la Normandelière sont utilisés comme centre d’interprétation pour le public et lieu de vente de produits de la ferme ; la zone humide est aménagée avec des  cheminements doux ; les prairies accueillent des races anciennes de bovins; un vaste espace de maraîchage est dédié à la recherche agronomique et la carrière est imaginée comme un lieu d’accueil du public avec un pont suspendu, une via ferrata et une scène flottante.» 

Le 8 septembre, Ouest-France titre :  «Brétignolles s’oppose à une intervention de l’agglomération dans la dune» : «La Vigie s’alarme de l’érosion de la dune de la Normandelière, sur le littoral de Brétignolles-sur-Mer. Pour l’association, la dune «a été rendue vulnérable suite aux travaux de septembre 2019 [préparatoires] au projet de port». À la veille des tempêtes hivernales, il devient urgent de la protéger.  (…) Le maire de Brétignolles s’oppose à toute intervention sur la dune.» 

Le président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint Gilles-Croix-de-Vie, François Blanchet, confirme qu’il n’a pas eu l’autorisation du maire de Brétignolles, Frédéric Fouquet, pour faire intervenir ses services. «Comme je m’y étais engagé lors d’un  Conseil Communautaire en décembre  2021, j’ai sollicité [en mai 2022] le maire de Brétignolles pour une intervention des services intercommunaux dans la dune, afin de limiter l’érosion. Le maire n’a pas souhaité donner suite à notre demande», déclare François Blanchet. «La compétence de  défense contre la mer est intercommunale, mais le domaine dunaire est communal. Il faut l’accord du propriétaire pour intervenir», affirme-t-il. 

Le 16 septembre, Le Journal des  Sables titre : «L’association «Bréti gnolles Veut Son Port» perd patience  et confiance» : 

Christophe Chabot [président de  BVSP], amer, refait l’histoire et promet  d’y donner une suite via «Brétignolles  Veut Son Port».  

Il explique : «Après avoir protégé Frédéric Fouquet à de nombreuses re prises, nous considérons que ce n’est  plus possible. Je me suis trompé sur l’homme et je culpabilise. Si j’étais resté, le port serait en cours, les Brétignollais que je rencontre me demandent fréquemment des comptes… J’ai  démissionné de l’actuel mandat après que le maire m’ait refusé de continuer à porter le projet du port… 

(…) 

Frédéric Fouquet a aussi laissé faire la  commission de médiation. Il néglige notre électorat et notre association,  considérée comme rien, qu’il a mise  sous l’éteignoir… Il n’a adressé aucun  message aux Brétignollais et à l’équipe qui portait le port le 22 juillet après la  décision négative du Conseil Communautaire…» 

Le 4 octobre, audience du Tribunal  Administratif. 

Ouest-France titre : «Le tribunal enclin  à protéger l’estran» :  

«Le Plan Local d’Urbanisme ménageait la possibilité d’un port à La Normandelière. Le rapporteur public préconise une annulation partielle. 

Le rapporteur public (…) estime en revanche que l’estran, la partie maritime de La Normandelière, constitue «un espace remarquable», ce pour quoi milite la Vigie. Cela impliquerait une sacralisation de l’estran, interdisant la  construction, sauf exception. Le rapporteur public préconise, en conséquence, une annulation partielle du PLU sur ce dernier point.» (O.-F.  5/10/22) 

La décision est mise en délibéré. 

Début octobre, la municipalité publie son périodique «Parole de Brétignolles» n° 39 :  

«La vocation nautique et touristique de la Normandelière sera confortée» : Pour «- Sécuriser l’accès à la mer et  l’accueil des bateaux, notamment pour  respecter la règlementation concernant la mise à l’eau ;  

– Faciliter les activités nautiques et la  voile légère à proximité de l’école de  voile municipale.» 

Le 20 octobre, Frédéric Fouquet rencontre le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière», dans le cadre de la concertation publique qu’il a engagée en octobre 2021. (O.-F.  2/11/22). 

Le 8 novembre, annulation partielle par le Tribunal Administratif de Nantes du PLU de Brétignolles-sur-Mer. 

Le Tribunal Administratif décide la préservation de l’estran et son classement comme espace remarquable: «Ainsi, contrairement à ce que soutient  la commune, cette partie de l’estran, dans le secteur de la Normandelière présente un caractère géologique remarquable et un intérêt écologique  fort. (…) Dans ces conditions, l’estran du secteur de la Normandelière, qui, à tout le moins, est caractéristique du patrimoine naturel du littoral de  Brétignolles-sur-Mer et présente un  intérêt écologique, est au nombre des espaces remarquables dont les articles L. 121-23 et R. 121-4 du code de l’urbanisme imposent la préservation.» 

Il est enjoint à la commune d’élaborer, sans  délai, les nouvelles dispositions du PLU. 

Le 16 novembre, la «Gazette des communes» titre : «Coup d’arrêt juridique pour le port de plaisance de la discorde» :  

«Le PLU doit être revu sur la partie estran.  Par ailleurs, les autorisations environnementales ont également été abrogées. La partie arrière de l’estran sur laquelle  devait se développer les aménagements  portuaires faisait l’objet d’une orientation d’aménagement et de programmation  (OAP) au PLU, qui tombe également»,  précise Yves Le Quellec, président de FNE Vendée. 

Cependant, la commune a décidé de faire appel de ce jugement le 15 novembre, mais selon les juristes, les  chances de réussite sont très minces. «Le  jugement du 8 novembre 2022 est solidement motivé, tout particulièrement sur la question des espaces remarquables du littoral, tirant toutes les conséquences de la jurisprudence antérieure et de la déclinaison marine de la Loi Littoral sur  cette question essentielle de la protection des espaces remarquables ; il sera pour le moins difficile de faire tomber le jugement nantais…», analyse Laurent  Bordereaux, professeur en droit du littoral à l’Université de La Rochelle. 

Le 3 décembre, le «Collectif pour l’aménagement de la Normandelière» présente une vidéo documentant des solutions pérennes, pour faciliter une mise à l’eau sécurisée des bateaux, par tout  temps et tout niveau de marée, tout en  préservant l’ensemble des activités de la plage, l’environnement et la réglementation de l’estran, grâce à un tapis géotex tile sur la plage, un tracteur immersible,  une remorque hydraulique et l’implantation d’un petit port à sec (si la demande  le justifie). 

Le 13 décembre 2022 : «La mairie de Brétignolles-sur-Mer relance le projet  d’un port… à seuil», titre Ouest-France  du 14/12/2022 :  

Frédéric Fouquet, maire, présente un  aménagement d’ensemble avec un bassin de baignade, un bassin de pratique  de la voile légère, la zone humide, la carrière et les bâtiments préservés, … avant  d’en arriver à son projet de port : un port à seuil, soit un bassin à flot avec un seuil  submersible, protégé par une porte anti tempête, pour 400 bateaux de 6 à 10 m, accessible uniquement par beau temps.  

Bernard Biron, président de La Vigie,  réagit : «On est reparti vingt ans en arrière. Pendant ce temps, rien ne se fait à  la Normandelière.» 

Effectivement, nous voilà revenus aux  caractéristiques du 1er projet de port  présenté par Christophe Chabot, le 15 février 2003 (O.-F. 20/02/03)…  

A suivre…. 

Le comité de rédaction

Bulletin 2022 LA VILLE, HISTOIRE, ENJEUX ET PERSPECTIVES

SON NOM POUR UN JARDIN

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SON NOM POUR UN JARDIN

Le 9 octobre 2021, à l’initiative de la mairie de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le nom de Jean Marcel Couradette a été donné au jardin public auquel conduit la délicieuse allée ombragée « Narcisse Pelletier ».

Quel meilleur endroit pour rendre hommage à l’engagement de Jean Marcel Couradette !

Après une longue carrière passée au service d’une coopérative agricole qu’il contribua à rendre prospère, cet ingé- nieur agronome décida de résider à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Il se mit alors tout naturellement au service de ses concitoyens, de la cité et de l’environne- ment.

Situé au croisement de ses incessantes allées et venues au chevet des dunes du Jaunay et de la Garenne, ce jardin lui doit d’exister.

Voici son histoire.

40 ans plus tôt, a été entrepris, le recalibrage du Jaunay afin d’assurer une meilleure irrigation des marais en amont. Les limons dragués et rejetés sur les berges risquaient, à la longue, par ruissellement, de réembourber le canal. De plus ces matériaux, bruts de coffre, offraient un spectacle désolé qui gâchait l’entrée de ville et le plaisir des promenades dans les dunes du Jaunay. La plantation des berges fut décidée tandis que leur aménagement en jardin public gratifiait la ville de jardins d’agréments sur la rive droite et de la promenade Narcisse Pelletier le long de la rive gauche.

Alors que les travaux progressaient vers l’écluse, Jean Marcel Couradette eut l’idée de conclure l’allée Narcisse Pelletier par un jardin public dédié aux enfants. Une roussière échevelée et infestée de moustiques, au débouché du Jaunay, s’y prêtait à peu de frais. Le conseil municipal approuva sa proposition. Mais des voix s’élevèrent, dénonçant la destruction d’une zone humide naturelle en pleine ville. Si la municipalité ne retint pas cet argument, il n’en fut pas de même pour Jean Marcel Couradette très attaché à la préservation des espaces naturels, gages de notre qualité de vie. Après avoir soupesé les arguments contradictoires, il considéra qu’un jardin public en pleine ville valait bien le sacrifice d’une zone humide quand les marais proches en étaient généreux. Cette anecdote illustre pleinement son engagement, toujours à la recherche de ce qui permet de concilier plutôt que d’opposer la préservation de l’environnement et la qualité de vie.

Finalement, les dernières plantes en place, les jeux de plein air installés et le grillage posé, le jardin fut immédiatement adopté par les mères et pères des tout petits à la recherche de coins ombragés, ludiques et en pleine ville.

C’est alors qu’un ami débarqua chez Jean Marcel Couradette, lui annonçant qu’un panneau accroché à la grille du jardin le baptisait « Square Couradette». La blague lui parut évidente mais le sérieux de son interlocuteur le décida à enfourcher sa bicyclette pour voir sur place ce qu’il en était. Là, l’attendait une petite compagnie hilare. Elle saluait en le charriant amicalement, son obstination à faire aboutir ce chantier au service des habitants et des plus jeunes d’entre eux. Ils avaient fait fort les amis, tant le panneau, aux dimensions et couleurs réglementaires, était à s’y méprendre !

La mairie au courant de la farce le fit enlever fissa. Sans commentaires de part et d’autre.

Et pourquoi pas ?

Ce fut l’avis de l’assemblée réunie, ce matin du 9 octobre 2021 à l’initiative d’un autre conseil municipal, bien informé et tout autant au service de l’environ- nement, qui baptisa, pour de vrai, le «Square Jean Marcel Couradette». Elle témoignait en toute amitié du souvenir durable qu’elle gardait de lui.

Parmi les personnes présentes, certaines se souvenaient avoir participé à la restauration de la dune de la Garenne, et à celle du Jaunay. La réussite de ces réalisations dut beaucoup au rôle de pivot que Jean Marcel Couradette sut jouer, comme conseiller municipal, secrétaire du CPNS et, plus tard, président de l’association « Valoriser les Initiative et l’Environnement (V.I.E.) ». A la charnière des pouvoirs, d‘action de la mairie et de mobilisation du secteur associatif, il n’eut aucun mal à convaincre les enseignants de venir avec leurs élèves renforcer les rangs des planteurs bénévoles d’oyats, ces piégeurs des sables apportés par les tempêtes d’hiver. D’année en année, la dune s’est ainsi réhaussée. Plus déterminant encore fut d’avoir associé à ces plantations la transmission, aux enfants, de savoirs leur faisant comprendre les forces et les faiblesses de la nature et préparant ainsi la relève à son chevet. Pour preuve, les enfants devenus adultes se souviennent. La dune de Garenne restaurée témoigne de l’efficacité durable de ces engagements partagés.

Tandis que, ce 9 octobre, l’assemblée se dispersait lentement, échangeant par petits groupes les dernières anecdotes que leur inspirait la rencontre, des enfants reprirent possession des balançoires. Les rayons d’un soleil d’automne lustraient les branches des pommiers conduites en espalier.

Le square Jean Marcel Couradette avait tout le temps de leur raconter ce que la nature attendait d’eux en échange de ses bienfaits.

Michelle Boulègue

 

Bulletin 2022 L’OCEAN, INCONTOURNABLE ACTEUR DE SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE.

REFUS D’ACCOSTAGE POUR UN PROJET DE PORT

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REFUS D’ACCOSTAGE POUR UN PROJET DE PORT

Christophe Chabot, élu maire de Brétignolles en 2001, lance en 2003 un projet de port de plaisance sur le site de la Normandelière, à Brétignolles-sur-Mer.

Ce port aura une capacité de 500 à 700 anneaux. Le coût de l’opération est éva- lué à 15 millions d’euros (15 M€).

Le premier projet, avec un avant-port protégé par des digues et des bassins portuaires créés dans les terres, est présenté en 2006.

Les digues bloquant le transit sédimentaire nord/sud et mettant en danger de disparition les plages du sud et les plages des Dunes, ce premier projet est abandonné début 2008.

En octobre 2008, un deuxième projet est exposé. L’avant-port est désormais protégé par 2 récifs artificiels, position- nés en mer, et des bassins portuaires sont créés dans les terres. La capacité du port est portée à 1 000 anneaux et son coût à 40 M €.

En mars 2009, le préfet de Vendée, Thierry Lataste, rejette la mise en en- quête publique du projet.

Le 28 février 2010 : Tempête Xynthia.

Le 15 mars 2010, Christophe Chabot sort une plaquette «Le port de plaisance de Brétignolles-sur-Mer : l’avenir exemplaire». Selon lui, le port résisterait à une tempête de type Xynthia.

Le 19 mars 2010, le préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot, met un terme à l’intervention de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer dans ce dossier.

Fin mars 2010, Philippe de Villiers, alors président du Conseil Général de Ven- dée, émet des réserves sur le projet de port de Brétignolles.

En juillet 2010, le préfet de Vendée, juge les progrès insuffisants pour déclarer les dossiers complets et recevables.

Mi-2011 : première enquête publique sur le projet de port de plaisance. Près de 6 000 observations sont déposées. Résultat : 7 avis négatifs pour les 7 enquêtes publiques associées au dossier.

En décembre 2011, Christophe Chabot insulte et traite de « Pieds Nickelés » la commission d’enquête publique qui réagit par un communiqué de presse.

Le 1er février 2012, en conseil municipal, Christophe Chabot retire son projet de port avant que le préfet de Vendée ne prononce un refus d’utilité publique. Christophe Chabot demande une nouvelle enquête publique.

Le 4 février 2012, dans une lettre publique, le préfet de Vendée, Bernard Schmeltz, dit qu’une nouvelle enquête publique ne serait possible que sur un projet substantiellement différent de celui proposé à l’enquête publique de 2011.

En décembre 2012, le préfet de Vendée, Bernard Schmeltz, précise sa position dans un communiqué de presse et affirme que « le site de la Normandelière n’est pas forcément l’endroit pour installer un port de plaisance en raison des caractéristiques géologiques des terrains. Pour qu’un tel projet soit réalisable, il faudrait une raison exceptionnelle, un intérêt public majeur. Il existe d’autres sites pour envisager un port de plaisance même si nous ne pouvons remettre en cause l’intérêt économique d’un tel équipement ».

En décembre 2013, en prévision du salon nautique de 2013, Christophe Chabot sort une nouvelle plaquette :

«Port de Brétignolles-sur-Mer, l’avenir exemplaire», avec un projet légèrement modifié mais toujours sur le site de la Normandelière. L’avant-port est identique au projet précédent avec 2 récifs artificiels positionnés en mer, les bassins portuaires sont légèrement décalés au sud pour moins impacter une zone humide. Le coût de l’opération reste fixé à 40 M €.

En avril 2014, le Tribunal Administra- tif de Nantes annule une délibération du conseil municipal de Brétignolles approuvant l’acquisition des terrains et de la ferme de la Normandelière, pour achat à un coût excessif. Aujourd’hui un juge du Tribunal des Sables a déclaré propriétaire Sipo-Philam, promoteur immobilier des Sables-d’Olonne, et acquéreur initial.

Fin 2014, sous prétexte d’études préalables du sous-sol (non demandés par les services préfectoraux), Christophe Chabot fait exécuter des carottages et des poses de piézomètres sous le seul plan d’eau salée, de baignade et d’initiation nautique de la Normandelière. Le complexe d’étanchéité, spécifique à la dune, est crevé. Le plan d’eau salée est durablement asséché.

En avril 2015, Christophe Chabot, devenu en 2014 Président de la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles, fait passer le dossier de Port Brétignolles, de la commune de Brétignolles-sur-Mer à la Communauté de Communes.

En novembre 2015, François de Rugy, député, cherche à comprendre les en- jeux et l’intérêt du projet de port de plaisance. Il vient à Brétignolles et se laisse convaincre par Christophe Chabot. Il ne rencontre aucun opposant ni aucune association environnementale. Il parle du « dogmatisme des écologistes ».

En janvier 2016, le dossier de Port Brétignolles est retoqué au concours national des ports de plaisance exemplaires.

En mars 2017, le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) du Pays de Saint-Gilles, incluant le projet de port de Brétignolles, est mis en vigueur par la Communauté de Communes, éliminant une coupure d’urbanisation inscrite dans le POS (Plan d’Occupation des Sols) de la commune de Brétignolles. Cette disposition particulière de la Loi Littoral aurait empêché la création d’un port de plaisance sur le site de la Normandelière. Un recours est déposé par l’association La Vigie.

En 2018, le préfet de Vendée, Benoît Brocart, met le nouveau projet de Port Brétignolles à l’enquête publique. Près de 6 000 dépositions pour une enquête publique unique accompagnée de 5 de- mandes d’autorisation.

  • Demande d’autorisation environnementale au titre de la loi sur l’eau comprenant une demande de dérogation « espèces protégées » :

La commission émet un avis favorable, avec la réserve suivante :

«Une étude hydrogéologique complémentaire doit être effectuée en reprenant les mesures déjà réalisées et éventuellement en installant d’autres piézomètres pour répondre à la question : « le risque de rabattement de nappe est-il contenu par la paroi «soil-mixing »

  • Demande de déclaration d’utilité publique du projet :
  • La commission considère qu’il pré- sente un intérêt général, est compatible avec les documents d’urbanisme et offre un bilan positif compte tenu des avantages identifiés (économie et tourisme, organisation du territoire, emplois, amélioration des usages …)

La commission émet un avis favorable assorti des réserves suivantes :

«contenir dans une enveloppe de 30 mil- lions d’euros le coût net HT des travaux (valeur 2017), réduire le périmètre d’expropriation des mesures compensatoires au besoin réglementaire, créer, au moins en période estivale, une navette portuaire, ainsi que les équipements qui lui sont nécessaires et qui assurent un accès PMR (Personnes à mobilité réduite), destinée prioritairement aux piétons et joignant le plus directement possible les plages du Marais Girard et de la Normandelière ».

  • Demande d’un arrêté de cessibilité :
  • La commission émet un avis défavorable à la délivrance de l’arrêté de cessibilité, sollicité dans le cadre du dossier de réalisation d’un port de plaisance.
    • Demande de transfert de gestion du domaine public maritime :
  • La commission d’enquête émet un avis favorable à la collectivité représentée par la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles.
    • Demande de création du port :
  • La commission émet un avis favorable, avec la réserve suivante : « prévoir, au minimum, pendant la saison estivale, un service de navette électrique avec passeur entre les deux rives du port ».

En décembre 2018 : le Conseil Régional lance un appel à projets pour des ports à sec dans le cadre de son Plan d’Ambition Maritime. La Région entend soutenir les projets de modernisation et/ou de nouvelles implantations de port à sec sur son territoire, pour inciter au développement d’un nouveau modèle portuaire, innovant, adapté aux nouveaux usages de la plaisance, plus respectueux de l’environne- ment et en cohérence avec l’offre portuaire régionale. La Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles ne participe pas, ne fait pas de proposition au titre de Port La Vie.

Fin 2018 – début 2019, la commune de Brétignolles met en enquête publique son projet de PLU avec un zonage per- mettant la réalisation du projet de port de plaisance.

L’avis de la commission d’enquête publique est favorable avec une réserve importante : «le rétablissement d’une coupure d’urbanisation sur le secteur de la Normandelière».

Le 23 avril 2019, Christophe Chabot met en exécution le PLU de Brétignolles sans rétablir la coupure d’urbanisation et sans avis contraire du préfet de Vendée, par délibération du Conseil Municipal.

Un recours est déposé par l’association La Vigie.

Le 16 juillet 2019, François de Rugy dé missionne du ministère de la Transition Ecologique et Solidaire.

Le 16 juillet 2019, le préfet de Vendée, Benoît Brocart, signe les autorisations pour le projet de port de plaisance sans attendre la mise en place du nouveau cabinet ministériel d’Elisabeth Borne.

Des recours sont déposés par l’association La Vigie et les associations environnementales.

Le 23 septembre 2019, la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles lance les travaux de destruction de la dune de la Normandelière.

Le 6 octobre 2019, une manifestation de 2 500 personnes se déploie contre le projet de port de Brétignolles, suivie de l’installation d’une ZAD (zone à défendre), sur un terrain privé, avec l’accord des propriétaires.

Le 8 octobre 2019, l’intervention de «Zadistes» et de « Vieux fourneaux » (retraités militants) oblige les engins de TP à repartir, entraînant la suspension définitive du chantier. Les engins ne reviendront plus !

8 avril 2020, suite à la mort d’un chiot, écrasé par une voiture, et à l’altercation qui s’en est suivie entre l’auteur et deux zadistes, une vaste opération de gendarmerie est lancée. Elle conduit à l’interpellation des deux jeunes (dont le propriétaire du chiot) et de l’ensemble des autres zadistes.

Après l’évacuation, les services municipaux libèrent les axes de circulation. En pleine période de confinement, des dizaines de bénévoles autorisés par le maire, détruisent, le plus souvent par le feu, les habitats précaires, les objets et effets personnels, la bibliothèque coopérative … et fracassent à coup de barres de fer moteurs et véhicules des occupants, dans des conditions qui ont soulevé beaucoup de questions de la part des opposants au port.

Le 10 Juillet 2020, François Blanchet, maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, est élu, par 25 voix contre 22, face à Christophe Chabot, à la présidence de la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles. Il annonce un moratoire qui prend acte de l’arrêt des travaux du projet de port de plaisance. Il en remet en cause la pertinence dans ce contexte de crise économique post-Covid et pré- conise une étude approfondie de l’ensemble des questions soulevées par le dossier du port, par une Commission de médiation.

Le 26 août 2020, la procédure d’appel d’offres est officiellement interrompue. La ligne comptable, dédiée au projet de port, dans le budget de la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles, est annulée.

De janvier à juillet 2021, la Commission de médiation travaille.

Le 22 juillet 2021, à l’issue des travaux de la Commission de médiation, initiée par la Communauté de Communes, le Conseil communautaire prend connaissance du rapport qui lui en est présenté.

Le Conseil vote l’abandon définitif du projet par 33 voix contre 14. Cette décision entérine la perte de 6,5 millions d’euros déjà dépensés ou engagés sur le projet.

Cette décision suscite l’indignation de certains Brétignollais attachés au projet de port, et amène le maire de Brétignolles à sortir de la réserve qu’il s’était fixée, comme co-animateur de la Commission de médiation, en dénonçant « une alliance politique de certains élus avec les oppositions historiques au projet de port ».

Au cours de l’été, une pétition a recueilli plus de 5 000 signatures en faveur du réaménagement de l’ancien plan d’eau salée de la Normandelière, asséché en 2014.

Le 17 septembre 2021, le maire, Frédéric Fouquet déclare qu’il est « indispensable de faire de la Normandelière un pôle nautique structurant et un lieu de vie dynamique et moderne, y compris hors-saison ». (Ouest-France, 18/09/21).

Il veut réaliser un nouveau projet de « port à flot communal ».

Un « petit » port communal de « seule- ment » 400 anneaux est évoqué.

Le 15 octobre 2021, lors d’une réunion publique, le maire a défendu l’option d’un port communal, laissant penser qu’elle était la seule capable de répondre aux trois enjeux du site : faciliter et sécu- riser la mise à l’eau, rendre la Normandelière attractive à l’année et prendre en compte la dimension naturelle du site. (Ouest-France, 22/10/21).

L’association La Vigie veut rappeler :

« ce projet se heurte à des problématiques et obstacles qui impliqueraient un délai de réalisation conséquent. »

Puis : « Ces obstacles engendreraient des pertes de temps alors même que 5 000 personnes ont signé une pétition pour réclamer le retour d’un plan de baignade et d’initiation nautique. Nous sommes pour un réaménagement du site pour tous, baigneurs, promeneurs, plaisanciers, pêcheurs, mais rapide- ment et avec une réelle concertation. »

La Vigie souhaite à long terme demander le classement du site en espace remarquable mais doit attendre la fin des recours, « un classement qui n’empêche aucunement un aménagement et une mise en valeur du site. » (Ouest-France, 22/10/21).

Le 24 novembre 2021, La Vigie s’oppose

« à toute atteinte au domaine dunaire » et souligne que des expertises supplémentaires repousseraient le réaménagement du plan d’eau ; elle doute du retour sur investissement d’un tel projet.

Elle rappelle qu’elle « est favorable à un aménagement du site de la Normandelière, en respect de la Loi Littoral et de la préservation de la biodiversité, pour en faire un espace ouvert accessible à tous avec un bon équilibre des usages. » (Ouest-France, 24/11/21).

Bernard Delion

Source : Fond documentaire de La Vigie – actualite- normandeliere.blogspot.com