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Bulletin 2023 La terre, l’eau, dons fragiles

LE JARDIN DE MONSIEUR TORTERUE: UN JARDIN CONNU ET RECONNU.

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LE JARDIN DE MONSIEUR TORTERUE: UN JARDIN CONNU ET RECONNU.

Depuis sa création en 2016, le Jardin de Monsieur Torterue n’avait jamais accueilli autant de visiteurs.
Peut-être l’effet post-covid et ses confinements répétés, suivi d’un été tout aussi confiné ont-ils amené
les uns et les autres à venir s’y aérer ou, peut-être, est-ce le résultat d’un intérêt grandissant pour découvrir ou re-découvrir cet Incroyable Jardin ouvert aux pupilles et aux papilles de tous…

Nous y avons croisé et renseigné des patients et accompagnants en attente de rendez-vous dans
le cabinet médical tout proche. En juin, à l’occasion des journées nationales «Rendez-vous aux
jardins» et «Bienvenue dans mon jardin au naturel», les jardinier.e.s, ont sensibilisé le public aux petits
gestes à faire au jardin pour accueillir la biodiversité. La Journée du Patrimoine a permis à Michelle
Boulègue de raconter l’histoire de l’hôpital local, une des plus anciennes bâtisses de Saint-Gilles-
Croix-de-Vie. Une édition spéciale de cette conférence a eu beaucoup de succès auprès des résidents.
Le collectif des Incroyables Jardinières et Jardiniers poursuit, depuis 5 ans, ses actions de sensibilisation et de pédagogie auprès des écoliers et en particulier ceux de l’école Sainte-Croix.
Les conseils donnés en juin 2021 à l’école maternelle Edmond Bocquier autour de l’aménagement d’un jardinet dans la cour de l’école ont été suivis cet automne par l’accueil de deux classes afin de lancer concrètement le projet jardinage avec les enfants. Le jardin est aussi un support d’activités scolaires en autonomie.

 

L’Ecole de la Chapelle y vient régulièrement et, en septembre, quatre classes de CM2 de chacune des écoles de SGXV ont participé à une animation reptile, organisée dans le cadre de l’ABC de la Biodiversité, sous la houlette d’une animatrice nature. Sans doute, le fait le plus significatif à retenir de notre bilan est-il la présence toujours plus importante de personnes résidant à l’Ehpad. Accompagnées de Linda, leur animatrice, elles participent activement aux menus travaux du jardin, papotent ou commentent gentiment les gestes des jardiniers débutants. Nous avons plaisir à les rencontrer et à échanger avec elles le mardi. Nous avons compté jusqu’à 19 résidents lors de la venue des enfants de l’Ecole Bocquier en octobre. Un bel exemple de rencontre multigénérationnelle que nous aurons à cœur de développer, en organisant une animation musicale et ludique,le dernier samedi de juin 2023.

Notons également l’animationmunicipale du Troc-plantes organisée le 26 novembre dernier sur notre jardin, ou encore l’animation conviviale et ludique proposée aux réfugiés ukrainiens en juin à l’ombre
des tilleuls, toujours en partenariat avec la municipalité.

Tout cela constitue des marqueurs de reconnaissance et de confiance adressés au collectif des  Incroyables Jardinier-e-s de Monsieur Torterue. L’Incroyable Jardin a, par ailleurs,
été remarqué dans le cadre de la démarche «Je fleuris ma ville» au niveau municipal, puis dans le
cadre de celle du «Paysage de votre commune» pilotée par le CAUE (Conseil d’Architecture d’Urbanisme
et d’Environnement) qui lui a attribué le 1er prix départemental dans la catégorie «Démarche collective».

Cette reconnaissance nous engage encore plus. Nous avons des défis à relever, à commencer par l’adaptation de nos pratiques au changement climatique. Malgré la mise en place d’un épais paillage sur
nos lasagnes, les plants qui nous ont été offerts par le GAEC Clair de Lune ont souffert cet été. Une réflexion est en cours pour collecter l’eau de pluie, optimiser les séquences d’arrosage, et aller vers des espèces et variétés plus rustiques.

 

L’activité ne manque pas. L’essentiel du travail concerne la mise en culture, l’entretien, la réflexion sur l’amélioration de nos pratiques, à travers la rencontre d’autres jardiniers, la transmission des savoirs
ainsi acquis à divers publics, dans le domaine du jardinage et de la permaculture. Les travaux d’aménagement de la remise qui nous a été confiée par l’hôpital, l’organisation, l’animation du
collectif, la participation aux tâches administratives et de communication peuvent aussi intéresser les bonnes volontés.
Alors, n’hésitez pas à nous rejoindre, nous avons besoin de vos compétences, et vous serez les bienvenu.e.s!

Gaëtan CHATELLIER
et Michèle TRAMOY

Bulletin 2023 La terre, l’eau, dons fragiles

DU MARAÎCHAGE A LA VIE : LE JARDIN SOLIDAIRE DE LA FAYE.

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DU MARAÎCHAGE A LA VIE : LE JARDIN SOLIDAIRE DE LA FAYE.

L’air sent le vert, ce matin de juillet, dans le jardin solidaire de la Faye. En rangs serrés, les légumes se pressent le long des sillons. Leurs feuillages denses déclinent une variété de tons, du bleu vert au jaune chartreuse ponctués d’éclats d’argent sous un soleil déjà chaud. C’est à peine si la terre légère et noire d’humus qui les nourrit se laisse apercevoir entre les rangs de haricots verts, de poivrons, de courgettes…. Une ligne chargée de tomates mûres cache le puits en limite de parcelle. Les insectes font preuve d’une vitalité bourdonnante. Cette abondance ne doit rien au hasard. Pour preuve, trois jeunes tomates marquées des stigmates du «cul noir» le rappellent. Heureusement le pied atteint est le seul de la rangée. Une résistance miraculeuse ? Le recours à la chimie ? Plutôt une alchimie maîtrisée, faite de connivence entre le maraîcher, la plante, le sol, l’eau, le vent et les insectes. Enfant, je me souviens avoir entendu chuchoter au marché de Croix-de-Vie «qu’il ne fallait pas acheter de légumes aux gens de Saint-Hilaire.
– Pourquoi ?
– Ce sont des légumes du diable».
La réponse m’enchantait tant il était facile d’y croire puisqu’ils étaient cultivés par la Fée. Un doute m’effleurait cependant.
«- Du diable, tu crois ?
– Tu ne vois donc pas comme ils sont beaux et gros ces légumes! Ce n’est pas normal !»
Les grand-mères, au mouchoir immaculé noué sous le menton, n’avaient pourtant rien de satanique, leur panier au bras rempli des fraises de leur potager, des «balles» de haricots verts à leur pieds. Le maraîchage à Saint-Hilaire-de-Riez est une longue histoire qui ne doit rien aux fées mais plutôt à celle de son sol, à l’esprit d’observation et au pragmatisme des natifs. Calés contre la dune, abrités du vent et baignés des eaux du marais proche, les potagers de la Faye fournissent des récoltes généreuses au fil des saisons.

Jusqu’au XVIIème siècle, Saint-Hilaire-de- Riez était une île, cernée de marais drainés par la Besse. Emergée sur un socle de micaschiste et de grès veinés de quartz, les vents de noroît déposèrent sur son sol une couche sableuse facile à travailler sans outillage lourd, amendée par l’apport de goémons, vite réchauffée mais toujours fraîche grâce à la nappe phréatique maintenue à fleur de terre par le marais.
Progressivement, les limons charriés par la Besse, et les apports de sables éoliens ont fait disparaître l’insularité primitive de Saint-Hilaire. La Faye en garde la mémoire. Sur son sol riche et léger, les légumes y trouvent les meilleures conditions pour s’y développer et apporter un complément financier indispensable à la survie des petites exploitations agricoles qui s’y maintenaient tant bien que mal. L’abondance et la qualité des récoltes ont fait la réputation des jardins de la Faye dont les surplus se vendaient traditionnellement aux marchés de Croix-de-Vie et de Saint-Gilles-sur- Vie. Les productions locales issues du maraîchage, de la pêche et de la récolte du sel permirent la création d’une véritable économie de marché s’étendant jusqu’en Angleterre où se vendaient les oignons récoltés à Saint-Hilaire-de-Riez, si recherchés par les équipages embarqués à la pêche hauturière. Les conserveries installées à Croix-de-Vie dès 1850 et l’arrivée du chemin de fer en 1885 ont stimulé ces échanges commerciaux.
L’engouement pour les activités balnéaires a complété l’attractivité de la côte en période estivale faisant affluer les «baigneurs» et se presser une foule gourmande autour des étals, les jours de marché. Il n’était pas rare alors de voir disparaître 50 kg de haricots verts à peine déversés sur l’étal en deux heures de marché. Le fleuron de cette culture maraîchère était celle des oignons si emblématique des échanges étroits entre maraîchage et activités maritimes dont le temps fort était la foire aux oignons. Elle se tenait le dernier samedi d’août. Ce jour-là, tôt le matin, les maraîchers prenaient possession des quais de Saint-Gilles-sur-Vie et de Croix-de-Vie, des rues commerçantes et du pont de la Concorde. Le long des
trottoirs, ils alignaient leurs paniers en osier remplis à ras bord d’oignons de toutes les couleurs joliment tressés. Les forains, venus pour l’occasion, installaient leurs manèges et autres stands de tir donnant à cette foire un côté festif qui faisait oublier qu’elle sonnait la fin de l’été et le départ des «baigneurs». Les commerçants se mettaient de la partie offrant aux badauds les invendus de la saison qu’ils bradaient sans barguiner. Cette foire attirait du monde. On y venait de loin. Sa réputation lui valut de se transformer progressivement en une foire commerciale incontournable jusque dans les années 90.
D’abord culture vivrière, le maraîchage s’est professionnalisé au cours du XXème siècle offrant aux grainetiers des débouchés stables permettant à leur tour d’entretenir cette activité grâce à l’excellence de leurs semences. Celles des haricots verts se sont taillées la part du lion.
Valentin AVRILLAS, l’un des trois principaux grainetiers de Saint-Hilaire- de-Riez, se souvient avoir vendu plus d’une tonne de graines de haricots verts en une seule saison dans les années 60.

L’âge d’or du maraîchage à Saint-Hilaire-de-Riez s’étend de 1850 à 1980.

L’Isle de Rié

 

A partir de cette date, les premiers signes du réchauffement climatique ont commencé à se manifester et furent d’abord interprétés comme des caprices de la nature. Le dérèglement de la succession des saisons a commencé à fatiguer les plantes et favoriser des maladies affectant les rendements.
L’alternative s’est vite imposée aux observateurs de la nature que sont les maraîchers : aider la nature à
se défendre et à trouver un nouvel équilibre en commençant par ne plus l’agresser. Ce retour aux sources
porte un nom : la permaculture, une culture raisonnée. Plus qu’une technique, c’est un état d’esprit. En
premier lieu, veiller à la santé des sols et les enrichir par des apports naturels tels que le goémon «rouget» ou lithothamne, les produits du broyage de bois et de fragments de végétaux et l’apport de fumier de cheval. La pratique de l’assolement faisant se succéder pommes de terre, poireaux et légumineuses permet au sol de se régénérer de lui-même portant successivement des cultures de moins en moins gourmandes jusqu’à celle des légumineuses qui apportent naturellement de l’azote. Pour finir, le paillage limite l’assèchement du sol et la fatigue des plantes. La permaculture pratiquée par une
vingtaine de jardiniers bénévoles sur la parcelle que leur a confiée par le Centre Communal d’Action Sociale de Saint-Hilaire-de-Riez approvisionnent la banque alimentaire avec succès depuis 5 ans.

 

Jardin solidaire de la Faye

Site de la Faye – Dunes de Saint-Hilaire

 

Source : Entretien avec Michel BERTHOME, responsable du jardin solidaire de Saint-Hilaire-de-Riez, Rue André CAIVEAU à Saint-Hilaire-de-Riez.

Cartes aimablement communiquées et autorisées à être reproduites par Patrick Avrillas, co-auteur avec Annie Antoine de «le Marais et les iles» Ed «LA GESTE».
Le comité de rédaction

Bulletin 2016 Dossiers d'actualité

Devenir « cigales » ?

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Ces cigales-là ne se contentent pas de chanter tout l’été. Vous pouvez en être une si vous ne privilégiez pas le rendement de vos investissements mais plutôt la satisfaction de participer au développement économique et social de votre environnement. Pour cela, il vous suffit de rejoindre un club de CIGALES dans le but d’investir une partie de votre épargne dans le projet d’un créateur dont vous approuvez l’objectif et les valeurs qui le sous-tendent et que vous voulez accompagner jusqu’à son aboutissement.
Si tel est le cas, vous êtes prêt à rejoindre un Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire (CIGALES).

Le 13 octobre 2015, Habitat et Humanisme organisait dans ses locaux une réunion d’information et d’échanges à laquelle V.I.E. a participé. L’assemblée comprenait, outre le représentant des CIGALES des Pays de Loire Atlantique, les membres du club de Saint Gilles Croix de Vie et des porteurs de projet bien décidés à ne pas laisser les banques les laisser en cale sèche. Les organisateurs avaient également invité la presse.

Un club CIGALES réunit de 5 à 20 personnes apportant chacune une part de leur épargne à concurrence de 300 euros en moyenne par an. A raison d’une réunion mensuelle, les membres du club étudient et sélectionnent les projets qu’ils soutiendront 5 ans durant. A l’issue de cette période, chacun est libre de décider de réinvestir cette épargne dans de nouveaux projets ou de la récupérer. Ce soutien fi nancier est souvent le coup de pouce qui permet de boucler un plan de financement et de rassurer les banques. Mais plus encore, le club est aussi un lieu « ressource » où le créateur trouve une écoute attentive non complaisante, un appui relationnel, des compétences et un réseau. C’est précisément ce qui motive les CIGALES qui partagent au sein de leur club une expérience de solidarité portant ses fruits, au plus près de l’activité économique locale, dans le respect de l’homme et de l’environnement.

Le développement économique par la solidarité collective, dans des rapports de proximité et de confi ance sans rien omettre des exigences d’une gestion rigoureuse, veut être une alternative à des investissements exclusivement dictés par la rentabilité financière.

Michelle Boulègue

Contact : Les Cigales de Vendée cigales85@laposte.net