Bulletin 2010 Dossiers d'actualité

A chacun son port

Bateau en attente de destruction

Le géographe retiendra de St Gilles Croix de Vie les traits physiques singuliers d’un port d’estuaire imbriqué dans la ville, protégé de l’océan par un fragile cordon dunaire, soumis aux courants du Bassin versant de la Vie et du Jaunay qui en ont dessiné les méandres. L’historien s’attachera à l’étude des mutations économiques liées aux activités maritimes et à l’évolution des rapports sociaux d’une rive à l’autre. Mais au delà de ce rapport à l’espace et au temps, le port a longtemps été le lieu de travail de la pêche artisanale, relayée à terre par la criée, les ateliers de mareyage et les conserveries, générateurs d’ambiances et d’émotions, de «la Roussière» au «Pont Bodin», de «la Douane» au «Port Fidèle», illustrés par ces événements populaires qu’étaient les fêtes de la mer et les lancements de bateaux. Un conseil : n’abordez ce passé avec les acteurs de l’époque que si votre temps n’est pas compté. Cette culture portuaire a disparu pour deux raisons majeures : l’irruption des loisirs en des lieux jusqu’alors perçus comme espaces de travail et la mise en oeuvre de la politique européenne de la pêche. Le port de pêche s’est

atrophié, victime de la crise des ressources puis de la crise des marchés, tandis que le port de plaisance devenait un vecteur de plus en plus important de développement économique. Quelques chiffres : 50 bateaux de pêche, plus de 1000 anneaux à Port la Vie ; 12000 tonnes de poissons débarquées en 1998, 4000 tonnes en 2008 !

Outre les conséquences économiques et sociales évidentes, ces mutations ont profondément modifi é le site par l’implantation d’infrastructures nouvelles, et altère durablement sa force d’attraction, même si la qualité de certains aménagements – La promenade Marie de Baucaire – mérite d’être soulignée.

A plus ou moins court terme, le visage du port va encore changer :

  • Fragilité du secteur pêche en érosion constante, remet en cause la rentabilité de ses installations, notamment du centre des marées ; que va-t’il devenir?
  • Où en est le projet départemental de bassin en eaux profondes prévu Quai Rivière ?
  • La protection du périmètre de la Baie d’Adon reste en attente (voir article p.15 de ce bulletin)
  • Certaines structures vieillissantes (le Quai du Port Fidèle?) ne doivent-elles pas être consolidées ?

Ces chantiers potentiels nous interrogent, notamment après les événements du printemps 2009, à savoir le spectacle consternant du «déchirage» de 4 bateaux, et le déroulement du chantier Merceron dans le cadre de l’allongement du Ponton 8, laissant à beaucoup, le sentiment confus de situations d’urgence difficilement maîtrisées sans pour autant identifier les niveaux de responsabilité. Enfin, l’effondrement d’une partie de la cale Bénéteau, alimente les commentaires, à tort ou à raison, quant aux études d’impact réalisées. En conclusion, nous sommes d’accord pour l’entretien de la vitalité du port par l’organisation de manifestations, en évitant les parkings – à voitures et à bateaux – qui ne font rêver personne. D’accord aussi avec les voeux 2010 du maire, pour un «dynamisme collectif», sous réserve que les autorités en réunissent les conditions.

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