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Bulletin 2020

DE LA NÉCESSITÉ D’UNE NOUVELLE STATION D’ÉPURATION À GIVRAND

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2016, tous les clignotants virent au rouge. Sous la menace de lourdes pénalités, les gestionnaires des stations d’épuration du Havre-de-Vie et de notre Dame-de-Riez sont mis en demeure par la Préfecture de Vendée (la DDTM) d’agir tant les équipements sursaturés et non conformes à la réglementation européenne depuis 2015 sont frappés d’obsolescence. Notamment, la station du Havre-de-Vie  recevant les eaux usées de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, de Saint-Hilaire-de-Riez et du quartier du Val de Vie du Fenouiller ne traite ni l’azote ni le phosphore de ces effluents alors que les molécules de ces substances sont responsables de développements d’algues et de planctons consommateurs d’oxygène au détriment des poissons.

Le 1er janvier 2018, la dissolution du SIVOS gestionnaire de la station du Havre-de-Vie depuis 1978 entraina le transfert de compétence à la Communauté de communes tout en la dédouanant des pénalités. De toute urgence, les études furent lancées en vue d’une mise en fonction prévue pour le 1er décembre 2021. Un projet initial conduit par le SIVOS depuis 2016 sera abandonné. Il concernait une nouvelle station située sur Saint-Hilaire-de-Riez, au Rindouin à proximité du site actuel.  La Préfecture recommanda au nouveau gestionnaire d’opter pour une implantation plus éloignée du littoral.

UN PROJET A HORIZON 2022.

Plan de positionnement des ouvrages de transfert
(postes de refoulement et canalisations).

Le choix s’est vite imposé d’une seule station d’épuration en capacité de traiter la totalité des rejets des communes de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, de Saint-Hilaire-de-Riez, de Notre-Dame-de-Riez et Le Fenouiller.   Il a été dicté par la recherche d’économie d’échelle et la nécessité de disposer d’une surface foncière permettant des extensions futures sous la pression prévisible d’une augmentation des effluents à traiter. Située à proximité du centre d’enfouissement de Givrand, sur une terre agricole acquise par la Communauté de communes, le site a une capacité de traitement correspondant à 102000 équivalents-habitants et intègre l’évolution démographique sur 20 ans. Le réseau actuel sera conservé.  À celui- ci, partant des anciennes stations du Havre de Vie et de Notre-Dame-de-Riez, lui seront raccordés les effluents en provenance de trois zones de lagunage. Le tout sera relié à la nouvelle station par un tuyau collecteur de 600 millimètres de diamètre, enterré. Tous les effluents subiront à Givrand des traitements anti bactériologiques et physico chimiques. Les rejets traités seront renvoyés par un tuyau de 500 millimètres de diamètre, également enterré, sur 4 km, 8 jusqu’à l’estuaire de la Vie à un poste situé en face de l’actuelle station du Havre-de-VIe. Le débit des rejets sera constant, autosurveillé par sonde et capteur automatisés selon des valeurs paramétrées. En cas d’alerte, les gestionnaires seront mobilisés en temps réel par téléphone.
Le choix d’un rejet dans l’estuaire de la VIe plutôt qu’en mer s’explique par le respect de la Zone Natura 2000 des dunes du Jaunay.

Les promoteurs du projet assurent que la qualité des eaux traités sera améliorée. Toutefois il est signalé que Le Grenouillet est une source de pollution importante et avérée qui peut affecter la qualité des eaux de l’estuaire sans que cela puisse être imputable à la future station. L’établissement des responsabilités en cas de pollution de l’estuaire s’en trouve par avance compliqué. Par ailleurs, les eaux du Jaunay ne sembleraient pas être une source de pollution.

DES QUESTIONS :

Une amélioration indéniable sera apportée par la future station d’épuration de Givrand. Il reste une série de questions laissée à ce jour sans réponse :

  • Comment éviter les risques de pics de concentration de pollution bactériologique et physico chimique en période estivale ?
  • Quel peut être l’impact des rejets sur les marais salés et ses pêcheries ?
  • Quelles dispositions privilégier afin de garantir la qualité alimentaire des eaux ?
  • Quels traitements seront mis en œuvre en ce qui concerne les micropolluants dangereux en milieu aquatique ?

DES RÉPONSES.

La future station réduira significativement les flux de rejet en comparaison de ceux rejetés actuellement par la station du Havre-de-Vie (malgré un accroissement prévu des volumes de l’ordre de 18 % en moyenne annuelle, de 25 % en pointe estivale et de 16 % en hiver).

Les performances qualités prévues seront atteintes grâce à une maîtrise et au traitement de la totalité des effluents collectés sur un périmètre élargi y compris en période de forte pluie.

La compatibilité des rejets futurs avec les usages des eaux de l’estuaire et sur les berges de l’estuaire est assurée du fait de concentration d’E. COLI toujours inférieure à 100 ml.

De même les micropolluants seraient faiblement représentés sauf des pesticides de la famille des triazines

Quant aux polluants émergents dont ceux d’origine médicamenteuse, les techniques de détection et de traitement, non encore maitrisées, ne sont pas prévues par la future station, sans qu’il soit exclu qu’elle s’en dote à terme.

 

Conclusion

La santé des personnes, la préservation des ressources alimentaires des marais salés et des activités économiques qui y sont liées, le soutien aux activités touristiques dont la qualité des eaux de baignades fait partie intégrante, constituent, à grand traits, les fondements du développement de la commune. En matière de salubrité des eaux, des réponses adaptées sous la pression constante des besoins et l’évolution des pratiques et des techniques seront à inventer en continu. Mettre en commun les questions, les réflexions et les propositions des usagers, des organismes qui les représentent, des experts et des gestionnaires serait le moyen d’une saisie globale et ouverte des problématiques propices à l’adoption de réponses pertinentes aux problèmes complexes auxquels ont à s’affronter les stations d’épuration. Ce type d’approche mériterait d’être envisagé par le protocole de suivi de la future station d’épuration de Givrand.

Michelle Boulègue

Sources :
- Documentation transmise par la direction des services techniques de la Communauté de Communes
Bulletin 2020

XYNTHIA ET LA CONSCIENCE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

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Perturbations climatiques de l’anthropocène.

Dans notre confetti d’histoire et de phénomènes climatiques de l’anthropocène, la tempête Xynthia s’inscrit dans une longue suite de catastrophes naturelles provoquées par les inondations ou les submersions. Citons les plus meurtrières : le raz de marée de 1953 aux Pays-Bas, ses ruptures de digues et ses 1 800 morts, le tsunami de 2004 dans l‘Océan Indien et en France, les tempêtes Lothar et Martin le 27/12/1999 et la tempête Klaus le 24/01/2009.

Érosion supplémentaire provoquée par des aménagements non réfléchis. En second plan, un escalier en pilotis qui résiste aux vagues de submersion. Accès 29 Kerlo après passage de la tempête 26-27 novembre 2019 (photo VIE)

Pour citer un dernier coup de vent, plus local, entre le mardi 26 novembres 2019 et le mercredi 27, les  littoraux de la Gironde à la Vendée ont subi à la fois, du vent, une situation orageuse et beaucoup de précipitations. En concomitance d’un coefficient élevé de 99 ( à 4h du mercredi matin, houle de 5 m, rafales 80 km/h, surcote, violents courants côtiers), cette queue de tempête tropicale appelé Sébastien, a touché particulièrement le littoral du Pays de Saint-Gilles causant des sinistres sur l’estran : l’amaigrissement très net de 50 cm du haut de plage, la submersion du pied de dune, la mise en profil « falaise » de la dune (éboulements de pans de dune à prévoir), l’ébranlement des enrochements (supports des postes de secours) maladroitement posés sur le sable et qui s’éparpillent et la disparition de la clôture de protection de la dune qui a été arrachée sur plusieurs kilomètres par la puissance des vagues. Bien que des phénomènes d’accrétion naturelle aboutissant à la reconstitution de dunes détruites sont favorisés par des protections du haut de plage, aucune action durable n’est engagée pour empêcher les sinistres à chaque tempête.

 Le spectre de la « planète étuve ».

Que nous enseigne Xynthia, tempête somme toute classique, moins  puissante que les tempêtes Lothar et Martin en 1999 : sans doute une constante défaillance à anticiper, une « nébuleuse d’irresponsabilité collective » (Sénat) et notre incapacité à proposer des solutions conséquentes au réchauffement climatique.
Dans le cadre de l’accord adopté dans la capitale française, il est stipulé en effet que la politique climatique a pour but de « maintenir la hausse de température bien au-dessous de 2 °C tout en continuant les efforts pour ne pas dépasser 1,5 °C ».
Autrement dit, une fois enclenchée, la dislocation du Groenland (ou de toute autre calotte glaciaire) sera impossible à arrêter avant que soit atteint un nouvel équilibre énergétique du système Terre. Dans l’intervalle, cette dislocation risque de provoquer un enchaînement de « rétroactions positives » : transformation de l’Amazonie en savane, dislocation de glaciers géants de l’Antarctique, fonte irréversible du pergélisol… Un gigantesque effet domino climatique pourrait déboucher rapidement sur une hausse de 4 à 5 °C de la température moyenne de surface de la Terre.

Le réchauffement est actuellement de 1,1 °C environ par rapport à l’ère préindustrielle. Au rythme actuel des émissions, le cap des 1,5 °C sera franchi vers 2040. Tout doit être mis en œuvre pour empêcher qu’il le soit. Mais est-ce encore possible ? Ce n’est, hélas, pas certain. Pas certain du tout !
Ainsi, 2019 sera vraisemblablement au 2e ou 3e rang des années les plus chaudes. De plus, au niveau du globe, les cinq dernières années sont certainement les cinq plus chaudes et la dernière décennie 2010-2019 la décennie la plus chaude.

Les événements extrêmes du niveau de la mer, qui se produisent maintenant rarement (typiquement une fois par siècle) pendant les fortes marées et les fortes tempêtes, deviendront plus fréquents (typiquement une fois par an comme la surcote de Xynthia). Les aléas deviendront extrêmes  par la conjonction temporelle de phénomènes naturels plus ou moins rares.
Le niveau global moyen de la mer a augmenté d’environ 15 cm au cours du XXe siècle. Le niveau de la mer augmente actuellement plus de deux fois plus vite. Cela va s’accélérer pour atteindre jusqu’à 1,10 m en 2100 si les émissions ne sont pas fortement réduites. Au cours du siècle, et sans efforts majeurs d’adaptation, de nombreux littoraux seront exposés à des risques élevés de submersion marine, d’érosion côtière et de salinisation des sols.
Le dernier Rapport spécial du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC – novembre 2019) souligne qu’il importe de définir, de toute urgence, des mesures prioritaires opportunes, ambitieuses et coordonnées pour faire face aux changements durables et sans précédent que subissent l’océan et la cryosphère.

Les appels de la jeunesse (Marche pour le climat en Espagne, l’activisme des jeunes comme Greta Thunberg  « la crise climatique ne concerne pas que l’environnement, c’est une crise des droits de l’homme, de la justice et de la volonté politique ») seront-ils plus féconds pour le réveil des consciences que les Conférences des Parties organisées annuellement depuis le sommet de la Terre à Rio, en 1992 (la COP 25 s’est tenu en décembre 2019 à Madrid), avec un enlisement des négociations et des engagements.
Les collapsologues pourront-ils nous guider pour éviter le cataclysme ? Loin de laisser le lecteur consterné et résigné par ces révélations, la collapsologie cherche aussi à donner les moyens pratiques et spirituels de pouvoir naviguer tout en ayant conscience des tempêtes à venir. Cette nouvelle sagesse de vivre est notamment au cœur du dernier ouvrage « Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement, et pas seulement y survivre », paru en 2018 (Pablo Servigne, et Raphaël  Stevens, Gauthier Chappelle).
Ce qui l’on imagine le plus difficilement c’est la concomitance de plusieurs perturbations ou l’effet domino comme l’effet cocktail dans les effets cumulatifs de la pollution sur la nature et sur l’homme.

 

Denis Draoulec.

Bulletin 2020

LA CAMPAGNE DE DRAGAGES DU PORT 2019-2020

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Pour informer la population de la ville, la SEMVIE réunit régulièrement des représentants de la Ville, des représentants des administrations concernées (DDTM, DDASS, ARS, SAGE…), des usagers professionnels du port, des plaisanciers, des riverains et des usagers de la plage dans un comité de pilotage, pour les informer de l’avancement des travaux de dragage du port et désamorcer les conflits éventuels.

V.I.E. participe régulièrement à ces réunions et y apporte les remarques qui lui parviennent de ses adhérents.

Drague, baie de l’Adon (Cliché VIE)

Les campagnes de dragages sont actuellement nécessaires 2 années sur 3 pour enlever et les vases en provenance de la Vie et du Jaunay (bassin-versant de 780 km2) et le sable qui remonte de la mer lors des tempêtes, et qui s’accumulent jusqu’à empêcher les mouvements des navires à marée basse. Elles sont encadrées par les 13 articles de prescriptions de l’arrêté préfectoral du 27 novembre 2013 valable 10 ans.

La campagne de dragages 2019-2020 a commencé début novembre 2019 et devrait se terminer fin mars 2020, sans opérations les week-ends ni pendant les vacances scolaires sauf nécessité de rattraper des arrêts de la drague par incident technique. Elle se présente apparemment sans difficultés majeures, la sécheresse de l’été 2019 ayant limité les apports d’alluvions en provenance de la Vie et du Jaunay. La qualité des sédiments est largement dans les normes de rejet sur la plage et s’améliore avec les progrès des équipements et des pratiques des communes du bassin-versant et du port lui-même.

Il est prévu d’enlever 50 000 m3 de vases jusqu’à fin février et 30 000 m3 de sables ensuite dans le port de plaisance. Le dragage du port de pêche, du bassin de l’Adon et de la souille de la vedette de l’île d’Yeu a été aussi attribué à la SEMVIE.

Drague, port de plaisance (cliché VIE)

Il n’est pas prévu d’utiliser un relais de dragage pour les opérations autour du ponton 8 donc le niveau de bruit devrait rester stable. La tuyauterie de rejet en mer a été installée jusqu’à un point de rejet à 260 mètres du pied de dune, dans la vague, par marée basse de coefficient 115 ce qui assure une bonne dilution du mélange (80 % eau, 20 % sédiments) pompé par la drague même si un panache peut se voir depuis la dune, en général en direction du sud.

Un état des lieux de la richesse de la faune de la plage a été réalisé en septembre 2018 : on a compté 66 espèces présentes dans le sable donc un état satisfaisant, aussi bien en amont qu’en aval du point de rejet. Il y aura 2 prélèvements par mois pour analyse sur les coquillages de la plage.

Si la qualité des eaux de la plage n’est pas détériorée par les dragages aussi bien au niveau bactériologique que métaux lourds, des analyses régulières en font foi, par précaution, la pêche à pied des coquillages restera néanmoins interdite sur la plage et les activité nautiques sur 200 mètres de part et d’autre du débouché du tuyau d’évacuation des effluents de la drague jusqu’à 15 jours après la fin des travaux. L’élargissement de cette zone à 500 mètres a été discuté, mais les surfeurs veulent conserver une zone de surf par mauvais temps le long de la grande jetée, un arrêté municipal en décidera. Une information par panneaux sera mise en place pour les pratiquants.

Le rejet sur la plage est une solution technique et économique acceptable même si elle peut créer des inquiétudes au niveau sanitaire ; on se reportera à l’article bien documenté de Denis Draoulec dans le bulletin 2015 de V.I.E. pour l’examen des solutions alternatives.

 

Jean Georger