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Bulletin 2023 Les RENDEZ-VOUS de V.I.E

SORTIES NATURE 2023 RECONNAISSANCE DE LA DUNE DU JAUNAY

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SORTIES NATURE 2023 RECONNAISSANCE DE LA DUNE DU JAUNAY

A l’occasion d’un parcours pédestre de 2 heures environ, vous découvrirez le milieu dunaire si sauvage et ses particularités spécifiques, la diversité et l’originalité de sa flore adaptée à son environnement naturel (vent, sable, sel, embruns…), son exploitation par l’homme. Cette découverte sera agrémentée de quelques histoires insolites.
Agissons pour protéger ce milieu fragile.
Ces promenades sont organisées les Vendredi 23 juin, Vendredi 7 juillet, Vendredi 4 août, et le Vendredi 11 août 2023.
Rendez vous à 9h30 à l’angle de la rue de Kerlo et de la rue Roche Bonneau (juste après les jardins familiaux de la Paterne).

Pour tout renseignement complémentaire : 06 48 43 41 38

 

Bulletin 2023 La terre, l’eau, dons fragiles Non classé

VALENTIN AVRILLAS, GRAINETIER ET PEPINIERISTE A SAINT-HILAIRE-DE-RIEZ.

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VALENTIN AVRILLAS, GRAINETIER ET PEPINIERISTE A SAINT-HILAIRE-DE-RIEZ.

Un léger sourire aux lèvres, il désigne de la main le coin d’un confortable salon.

«Je suis né là, en 1929. Autrefois, à cet emplacement, c’était la chambre de mes parents. «Les Plantes», c’était le nom de leur maison, elle avait des volets bleus. Un signe du destin, on dirait. J’étais leur deuxième enfant. Ma sœur était plus âgée que moi de 7 ans. Mes parents travaillaient dur. J’ai été élevé par ma grand-mère. Une adorable grand-mère. J’avais 8 ans quand elle nous a quitté. Une bien adorable grand-mère…»
93 ans plus tard, Valentin AVRILLAS évoque ses souvenirs comme on se promène dans son jardin.
«On vivait dans une petite maison sur une parcelle de 4 ha que cultivaient mes parents. Ils faisaient des légumes, surtout des haricots. On avait un cheval et deux vaches comme la plupart des gens d’ici. Mon père s’est fait pépiniériste et grainetier un peu par hasard. Mon grand-père avait une petite maison sur Sion qu’il louait l’été à des gens de Cholet qui étaient pépiniéristes. Ils revenaient tous les ans. A force
on se connaissait bien. C’est eux qui ont donné l’idée à mon père de se faire pépiniériste et grainetier. Mon père s’est spécialisé dans les arbres fruitiers. J‘ai appris le métier avec lui jusqu’à prendre sa suite. J’ai toujours aimé faire ça. J’ai juste un diplôme agricole mais j’ai beaucoup appris des plantes. On vendait des graines achetées en gros qu’on détaillait à la cuillère. C’était l’unité de mesure. VILMORIN était notre fournisseur, au début ; il avait commencé modestement en vendant ses graines sous un parasol sur un pont de Paris. Plus tard on s’est fourni aussi chez TEZIER à Valence et chez CAMUS à Angers. On vendait beaucoup car, à Sion, tous les gens faisaient des légumes dont ils vendaient le surplus au marché de Croix-de-Vie. Nos plus grosses demandes étaient pour les haricots verts, les métis. Les haricots étaient un gros marché chez nous. Une année j’ai vendu une tonne de graines de haricots. Nous faisions aussi des légumes. Un jour de marché j’ai vendu en deux heures 50 kg de haricots verts
Nous étions trois grainetiers à Saint-Hilaire-de-Riez dont la famille CANTIN. Gros fournisseurs, leur clientèle s’étendait jusqu’à Saint-Révérend et Givrand. Il y avait assez à faire pour tout le monde. On ne se faisait pas d’ombre.
On s’est mis aussi à faire des plants de légumes et de tabac. C’est comme ça qu’on a eu un gros contrat
pour 400 000 plants. On semait et les cultivateurs venaient nous acheter les plants. Ça se cultivait du côté de Notre-Dame-de-Riez. Après la guerre, un gars, venu du Maine-et-Loire, a toqué à la porte. Il avait sa fourgonnette remplie de bégonias. Il y avait une forte mévente dans leur coin. Il tentait sa chance sur la côte. On lui avait dit qu’on faisait des plants de légumes. Il nous proposa de lui acheter ses bégonias pour ajouter la vente de fleurs à celle des légumes. On n’avait encore jamais fait ça et on lui a dit que ce n’était pas notre métier. Il a insisté : «Je vous laisse ce que vous voulez, histoire d’essayer. Si ça vous convient vous me le dites et vous m’achèterez les prochains plants». Au marché suivant à Croix-de-Vie on les a très bien vendus. Les parisiens, les nantais venaient sur la côte l’été et aux beaux jours. La gare SNCF à Croix-de-Vie y était pour beaucoup. Il fallait fleurir les nouvelles villas. On s’est mis à faire des plants de fleurs et des arbres d’ornement. Là encore, ça a plu. Petit à petit nous nous sommes fait une solide clientèle. Des célébrités venaient renouveler leurs plantes chez nous, l’humoriste Desproges par exemple, et sa fille plus que lui. J’ai entretenu des jardins, la taille des arbres surtout.

Sur le pays, nos activités se complétaient. Les maraîchers nous achetaient nos graines et nos plants. Ils vendaient leurs légumes aux marins-pêcheurs, surtout des oignons. Les pêcheurs achetaient le sel aux sauniers et vendaient leurs poissons à tout le monde. Les oignons étaient la production phare ici. A la mi-septembre, la belle saison se terminait par une foire aux oignons qu’on présentait en tresses. C’était l’occasion d’une fête qui faisait venir beaucoup de monde.

La retraite est arrivée tranquillement. La relève est assurée. J’aime venir donner un coup de main quand la santé le permet. L’équipe des jeunes est épatante. Ils savent faire sans qu’on leur dise. On s’entend bien.
Ça a beaucoup changé mais je m’y reconnais encore.»

Propos de Valentin AVRILLAS, grainetier et pépiniériste, recueillis par Michelle Boulègue le 8 juillet 2022 aux Jardins de la Fée.

Le comité de rédaction

Bulletin 2023 La terre, l’eau, dons fragiles

DU MARAÎCHAGE A LA VIE : LE JARDIN SOLIDAIRE DE LA FAYE.

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DU MARAÎCHAGE A LA VIE : LE JARDIN SOLIDAIRE DE LA FAYE.

L’air sent le vert, ce matin de juillet, dans le jardin solidaire de la Faye. En rangs serrés, les légumes se pressent le long des sillons. Leurs feuillages denses déclinent une variété de tons, du bleu vert au jaune chartreuse ponctués d’éclats d’argent sous un soleil déjà chaud. C’est à peine si la terre légère et noire d’humus qui les nourrit se laisse apercevoir entre les rangs de haricots verts, de poivrons, de courgettes…. Une ligne chargée de tomates mûres cache le puits en limite de parcelle. Les insectes font preuve d’une vitalité bourdonnante. Cette abondance ne doit rien au hasard. Pour preuve, trois jeunes tomates marquées des stigmates du «cul noir» le rappellent. Heureusement le pied atteint est le seul de la rangée. Une résistance miraculeuse ? Le recours à la chimie ? Plutôt une alchimie maîtrisée, faite de connivence entre le maraîcher, la plante, le sol, l’eau, le vent et les insectes. Enfant, je me souviens avoir entendu chuchoter au marché de Croix-de-Vie «qu’il ne fallait pas acheter de légumes aux gens de Saint-Hilaire.
– Pourquoi ?
– Ce sont des légumes du diable».
La réponse m’enchantait tant il était facile d’y croire puisqu’ils étaient cultivés par la Fée. Un doute m’effleurait cependant.
«- Du diable, tu crois ?
– Tu ne vois donc pas comme ils sont beaux et gros ces légumes! Ce n’est pas normal !»
Les grand-mères, au mouchoir immaculé noué sous le menton, n’avaient pourtant rien de satanique, leur panier au bras rempli des fraises de leur potager, des «balles» de haricots verts à leur pieds. Le maraîchage à Saint-Hilaire-de-Riez est une longue histoire qui ne doit rien aux fées mais plutôt à celle de son sol, à l’esprit d’observation et au pragmatisme des natifs. Calés contre la dune, abrités du vent et baignés des eaux du marais proche, les potagers de la Faye fournissent des récoltes généreuses au fil des saisons.

Jusqu’au XVIIème siècle, Saint-Hilaire-de- Riez était une île, cernée de marais drainés par la Besse. Emergée sur un socle de micaschiste et de grès veinés de quartz, les vents de noroît déposèrent sur son sol une couche sableuse facile à travailler sans outillage lourd, amendée par l’apport de goémons, vite réchauffée mais toujours fraîche grâce à la nappe phréatique maintenue à fleur de terre par le marais.
Progressivement, les limons charriés par la Besse, et les apports de sables éoliens ont fait disparaître l’insularité primitive de Saint-Hilaire. La Faye en garde la mémoire. Sur son sol riche et léger, les légumes y trouvent les meilleures conditions pour s’y développer et apporter un complément financier indispensable à la survie des petites exploitations agricoles qui s’y maintenaient tant bien que mal. L’abondance et la qualité des récoltes ont fait la réputation des jardins de la Faye dont les surplus se vendaient traditionnellement aux marchés de Croix-de-Vie et de Saint-Gilles-sur- Vie. Les productions locales issues du maraîchage, de la pêche et de la récolte du sel permirent la création d’une véritable économie de marché s’étendant jusqu’en Angleterre où se vendaient les oignons récoltés à Saint-Hilaire-de-Riez, si recherchés par les équipages embarqués à la pêche hauturière. Les conserveries installées à Croix-de-Vie dès 1850 et l’arrivée du chemin de fer en 1885 ont stimulé ces échanges commerciaux.
L’engouement pour les activités balnéaires a complété l’attractivité de la côte en période estivale faisant affluer les «baigneurs» et se presser une foule gourmande autour des étals, les jours de marché. Il n’était pas rare alors de voir disparaître 50 kg de haricots verts à peine déversés sur l’étal en deux heures de marché. Le fleuron de cette culture maraîchère était celle des oignons si emblématique des échanges étroits entre maraîchage et activités maritimes dont le temps fort était la foire aux oignons. Elle se tenait le dernier samedi d’août. Ce jour-là, tôt le matin, les maraîchers prenaient possession des quais de Saint-Gilles-sur-Vie et de Croix-de-Vie, des rues commerçantes et du pont de la Concorde. Le long des
trottoirs, ils alignaient leurs paniers en osier remplis à ras bord d’oignons de toutes les couleurs joliment tressés. Les forains, venus pour l’occasion, installaient leurs manèges et autres stands de tir donnant à cette foire un côté festif qui faisait oublier qu’elle sonnait la fin de l’été et le départ des «baigneurs». Les commerçants se mettaient de la partie offrant aux badauds les invendus de la saison qu’ils bradaient sans barguiner. Cette foire attirait du monde. On y venait de loin. Sa réputation lui valut de se transformer progressivement en une foire commerciale incontournable jusque dans les années 90.
D’abord culture vivrière, le maraîchage s’est professionnalisé au cours du XXème siècle offrant aux grainetiers des débouchés stables permettant à leur tour d’entretenir cette activité grâce à l’excellence de leurs semences. Celles des haricots verts se sont taillées la part du lion.
Valentin AVRILLAS, l’un des trois principaux grainetiers de Saint-Hilaire- de-Riez, se souvient avoir vendu plus d’une tonne de graines de haricots verts en une seule saison dans les années 60.

L’âge d’or du maraîchage à Saint-Hilaire-de-Riez s’étend de 1850 à 1980.

L’Isle de Rié

 

A partir de cette date, les premiers signes du réchauffement climatique ont commencé à se manifester et furent d’abord interprétés comme des caprices de la nature. Le dérèglement de la succession des saisons a commencé à fatiguer les plantes et favoriser des maladies affectant les rendements.
L’alternative s’est vite imposée aux observateurs de la nature que sont les maraîchers : aider la nature à
se défendre et à trouver un nouvel équilibre en commençant par ne plus l’agresser. Ce retour aux sources
porte un nom : la permaculture, une culture raisonnée. Plus qu’une technique, c’est un état d’esprit. En
premier lieu, veiller à la santé des sols et les enrichir par des apports naturels tels que le goémon «rouget» ou lithothamne, les produits du broyage de bois et de fragments de végétaux et l’apport de fumier de cheval. La pratique de l’assolement faisant se succéder pommes de terre, poireaux et légumineuses permet au sol de se régénérer de lui-même portant successivement des cultures de moins en moins gourmandes jusqu’à celle des légumineuses qui apportent naturellement de l’azote. Pour finir, le paillage limite l’assèchement du sol et la fatigue des plantes. La permaculture pratiquée par une
vingtaine de jardiniers bénévoles sur la parcelle que leur a confiée par le Centre Communal d’Action Sociale de Saint-Hilaire-de-Riez approvisionnent la banque alimentaire avec succès depuis 5 ans.

 

Jardin solidaire de la Faye

Site de la Faye – Dunes de Saint-Hilaire

 

Source : Entretien avec Michel BERTHOME, responsable du jardin solidaire de Saint-Hilaire-de-Riez, Rue André CAIVEAU à Saint-Hilaire-de-Riez.

Cartes aimablement communiquées et autorisées à être reproduites par Patrick Avrillas, co-auteur avec Annie Antoine de «le Marais et les iles» Ed «LA GESTE».
Le comité de rédaction