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Bulletin 2022 L’OCEAN, INCONTOURNABLE ACTEUR DE SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE.

PORT LA VIE, AUJOURD’HUI ET DEMAIN

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PORT LA VIE, AUJOURD’HUI ET DEMAIN.

Le 22 juillet 2021, la commission de médiation mise en place par la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles, a soumis les conclusions de ses travaux aux élus communautaires. Ceux-ci ont décidé de ne pas donner suite au projet de création d’un nouveau port de plaisance à Brétignolles.

Ce projet de port avait été accueilli avec intérêt par une majorité de plaisanciers appréciant la perspective d’une extension de leur périmètre de navigation, et le transfert d’un certain nombre d’embarcations à Brétignolles.

Ces transferts auraient permis une reconfiguration de Port la Vie pour l’adapter aux besoins de la plaisance d’aujourd’hui après 45 ans de bons et loyaux services.

Port la Vie aujourd’hui.

Dès son lancement en 1975, Port la Vie s’est voulu être un acteur dynamique au service du tourisme nautique et balnéaire.

Outre la plaisance, la SEMVIE, gestionnaire de Port la Vie depuis 1981, développe une offre diversifiée de loisirs et de formations aux techniques des sports nautiques en partenariat avec l’Office Municipal des Sports, le Club de Voiles de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le Cercle Nautique de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la Fédération Française de Voile et l’UCPA.

Les stages de formation à la conduite de char à voile sur la Grande Plage et à la navigation à la voile sur les bases de Boisvinet et de la Soudinière ont connu une forte croissance en 2021.

Parallèlement, l’activité de l’entreprise Bénéteau monte également en puis- sance sur le site de la Bégaudière avec des prévisions importantes de mises à l’eau de grandes unités en 2022.

Port la Vie est au maximum de ses capacités d’accueil depuis plusieurs années avec ses 1 000 anneaux sur pontons à flot et ses 90 places d’escale.

Le ponton 8 dispose d’une souille creusée à -3,00 m (cotes marines) qui lui permet d’accueillir des unités à fort tirant d’eau et notamment les voiliers de la classe Figaro.

Au fil du temps Port la Vie a peaufiné la qualité de son accueil en mettant en place des équipements tels que le WIFI, la surveillance vidéo, une déchetterie portuaire. En octobre 2021, les capacités de levage sont passées de 35 à 55 tonnes grâce à l’acquisition d’un élévateur prenant en compte les besoins de la pêche professionnelle et des Chantiers Bénéteau.

Port la Vie

Port la Vie demain.

Plusieurs problématiques se posent désormais:

Aujourd’hui, Port la Vie est propriété du département de la Vendée, qui en a délégué la gestion à la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles, qui elle-même a sous-délégué ce service public à la SEMVIE. La convention de la SEMVIE prendra fin en 2024. Une réflexion sur l’avenir de ce montage juridique est engagée.

Port la Vie gère une liste d’attente de plus de 300 places. Les possibilités d’extension ont déjà été inventoriées, notamment sur le quai Rivière. Le coude que forme l’estuaire à cet endroit, au débouché de l’écluse du Jaunay en fait toutefois un site exposé à l’envasement comme l’ont démontré les études de courantologie réalisées en 2013. Un précèdent projet d’extension avait été abandon- né pour ce motif par la municipalité de l’époque.

Depuis 45 ans, la taille des bateaux de plaisance a fortement augmenté. Plusieurs facteurs en sont la cause :

L’industrialisation des process de fabrication et les technologies innovantes ont permis de diminuer les coûts.

La technologie, encore elle, a peu à peu rendu la pratique de la plaisance plus confortable, moins exigeante physiquement et donc accessible à une population, souvent plus âgée, avide d’évasion et de contact avec la nature.

Ponton « Figaro » – Ponton 6.

Aujourd’hui, plusieurs pannes (étendues d’eau entre les pontons) sont devenues bien trop étroites pour assurer des accostages sereins. De nombreux sinistres sont constatés chaque année. Les plaisanciers de passage mais aussi les habitués, surpris par les courants et les vents, ne peuvent éviter des abordages malencontreux et néfastes à la réputation de notre port de plaisance.

Le Port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie veut et doit se donner de nouvelles perspectives. Les contraintes que lui impose le site n’ont pas entravé son évolution au cours de son histoire. A l’origine port marchand, puis port de pêche, c’est aujourd’hui un port dédié à la fois à la pêche professionnelle et à la plaisance qu’elle soit à voile ou à moteur. A chaque étape, la compréhension partagée des enjeux et les capacités de négociation des décideurs, ont permis de surmonter les obstacles.

La reconfiguration de Port la Vie pour en faciliter l’usage, sans diminuer le nombre d’anneaux, nécessitera d’engager des études et des travaux à court et moyen terme. Une concertation étroite avec les usagers sera la bienvenue

Eric Peythieu.

 

L’OCEAN, INCONTOURNABLE ACTEUR DE SGXV Non classé

LA MER

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Je vous avais promis une planche sur la mer ; mais la mer sans l’homme n’aurait que peu d’intérêt.

La mer sera présentée à travers l’adolescent, l’apprenti… avant de rejoindre le monde des «grands» de la mer.

Nous ne parlerons pas de la mer sous ses aspects géographiques et physiques ; cette mer-là vous la connaissez mieux que moi et les professeurs de géographie le feraient de façon bien plus précise.

Nous ne parlerons pas non plus de la mer des scientifiques et des écologistes ; ce n’est pas mon métier et cela serait bien trop déprimant ; ni de la mer des plaisan- ciers et de l’intérêt qu’ils y portent, intérêt bien souvent proportionnel à la taille et à la magnificence du navire qu’ils y font évoluer.

Nous ne parlerons pas davantage de la mer des vacanciers qui l’aiment suivant sa température ou la douceur de ses plages.

Mon propos est de vous entretenir de la mer, à travers ceux qui y travaillent, qui y souffrent, qui l’aiment et qui la craignent, de la mer et de ses laboureurs : les Ma- rins Pêcheurs.

Cette mer a bercé mon enfance et ma vie. Mon grand-père et mon père étaient des marins. À la maison, dès mon plus jeune âge, il était question des vents, des marées, des quartiers de lune. Les saisons étaient rythmées par les périodes de pêche. Ce n’était pas l’été mais «la campagne aux thons», pas le printemps mais «l’époque sardinière». L’hiver c’était les «poissons plats» et l’automne «les merlans». Ainsi concrétisait-on le temps dans ma famille. Les dictons fleurissaient à la maison : il était question du «vent d’aval, plein les cales» du «vent d’amont, pas de poissons» du «vent du nord, reste au port» ou bien «petite brise, bonnes prises» et bien d’autres encore.

Nous, les gosses de la côte, cette mer nous fascinait. La fureur de ses éléments durant la tempête, les récits des anciens, la ligne infinie de son horizon, tout cela avait des airs de surnaturel.

Quand nous allions au plus bas des marées d’équinoxe, témoins étonnés de cette mer mystérieuse, au lieu de ramener quelques-uns de ses secrets, nous nous contentions de gros congres et d’énormes dormeurs.

Cette époque s’est achevée à treize ans, enfin délivré de sommaires études à l’école communale, mon embarquement se précisait et allait devenir réalité.

Je pensais être devenu un homme ; père me trouva un embarquement avec un cousin éloigné, en qualité de mousse sur un chalutier mixte, le GRE DES FLOTS.

À la coopérative des marins, père m’acheta bottes, suroît, ciré et tablier, le tout d’un beau jaune couleur du coton enduit d’huile de lin ; c’était un grand bonheur à tel point que je suis resté en tenue de mer toute la journée. Seule ma mère ne semblait pas partager ma joie. Pourquoi ce sentiment ? Après tout ce n’était pas mon problème.

Mon père me disait : «les femmes c’est triste les jours de grand vent, elles ont les yeux fragiles». Deux ou trois jours avant mon embarquement, je suis allé avec la mère à l’église de la paroisse porter un cierge à Saint Pierre, patron des marins. C’était la coutume. Rite ou symbole, en ces temps, je ne savais pas. Puis, le jour du départ arriva. Sur le pont, en compa- gnie des hommes tous affairés aux pré- paratifs du métier, le malaise s’empara de moi. Mon regard se portait vers l’arrière, dans le sillage du navire, vers le phare qui diminuait : c’était le mal de mer!… cela dura toute la marée, trois jours, trois longs jours, couché sur la paillasse que ma mère avait faite avec tant de soin et qui sentait la paille fraîche.

Les marées se succédèrent avec comme souvenir affreux, le mal de mer. Cela ne pouvait plus durer ; ma tâche n’était pas exécutée et le travail d’un mousse, c’est utile sur un bateau. Le patron vint voir mes parents. Après discussion, le père décida de me conduire chez un rebou- teux, dans un petit village du marais ven- déen. Le «soigneur», qui était un homme très grand et dégageait une drôle d’odeur, m’a délivré définitivement du mal de mer. Réalité scientifique ou foi ? Peu importe, seul le résultat compte !

Les marées gardaient leur rythme. Le chalut montait régulièrement du fond, des bons et des mauvais coups ou traits. Nous étions penchés le long du bord, jeunes et vieux, dans une attente infantile de la remontée. Nous étions tous là, guet- tant le cul du chalut. Le souvenir me reste de ces approbations ou de ces silences, suivant l’importance de ce cul, plein ou vide de poissons, venant frapper le flanc du bateau. Sur notre dix-huit mètres, nous étions six liés les uns aux autres et le sachant. Une grande tolérance existait entre nous, seule façon de vivre harmo- nieusement dans une telle promiscuité.

Notre vieux patron «BELONIE», marin sûr, parlant peu, donnait ordres et décisions que personne ne discutait. Il ne nous venait même pas à l’idée qu’ils puissent être différents.

Les saisons passaient ; mon statut évoluait : mousse, novice puis matelot. Le métier de la mer m’avait appris beaucoup de choses sur les hommes : la joie d’une équipe, la solidité d’une entente devant les coups durs.

Le souvenir de ces journées interminables reste intact : quinze à dix-huit heures sur le pont, les bonnes et les mauvaises marées, les bordées à terre dans les ports voisins : bordées au vin rouge, c’était moins cher !

Il y avait un grand sentiment de liberté sur les embarcations ; après les escales de deux ou trois jours, nous nous sen- tions mal dans notre peau dans ces rues étroites pleines de gens pressés, n’ayant pour but que des horaires ou des emplois du temps.

Comme si on pouvait employer le temps! Un vieux marin disait «à amarres larguées, comptes réglés» ; il nous arrivait d’oublier une dernière tournée ou de laisser une fille déçue sur le quai mais, une fois au large, les comptes étaient clairs, la page tournée.

À bord, nous parlions peu. Nous n’avions rien à dire sans doute ou bien les mots ne venaient pas. Mais il n’est pas besoin de paroles pour dire que nous aimions tous ce beau ciel étoilé où l’on a repéré la grande ourse ou Cassiopée, un beau soleil levant ou couchant, une mer du large, rose, couverte de plancton, un rayon de soleil au travers d’une déferlante ou, par une nuit de printemps, le spectacle des hommes travaillant sur le pont.

Il arrivait aussi la nuit que, dans la lumière des projecteurs, des dizaines d’oiseaux de différentes espèces, viennent s’écraser sur les vitres de la passerelle ou les agrès de la mâture. Cette lumière, tout être vient à sa rencontre. L’homme la chérit encore plus car il la veut au dehors comme au dedans. Nous n’en parlions pas, nous étions bien.

Les années passaient avec leurs apports de connaissances ; beau temps et gros temps se succédaient.

Je me souviens d’un autre patron, aussi sûr que le premier qui disait «la mer n’aime pas ou ne garde pas les incompétents». Il nous rapportait, lors d’un coup de tabac «écoutez les gars, le bateau qui chante» ; c’est impressionnant, surtout de nuit, d’entendre les membrures d’un chalutier craquer, se plaindre. Quand il retombe plus ou moins bien dans un creux, parfois sur le flanc, tout frémit jusqu’à la quille. Une petite angoisse, la gorge sèche, un petit point au creux du ventre c’est peut- être cela la peur ? En ces moments j’ai vu des hommes se signer discrètement, pour ensuite se retrouver joyeux, bien vi- vants autour d’une «moke» de café géné- reusement mouillée de gnole du pays en se disant «ç’aurait pu être plus méchant».

Et les quarts ? Quart de jour, quart de nuit où l’on est seul avec la mer, maître du navire, les compagnons se reposant. On éprouvait un sentiment indéfinissable de pouvoir changer les choses à son gré…

Tel est ce métier avec ses doubles joies ; celle du retour : retrouver ceux qu’on aime, celle du départ, sentiment plus obscur d’indépendance.

Voilà ce que ressent encore un ancien marin pêcheur.

Je terminerai avec ces vers d’un grand navigateur :

«HOMME LIBRE, TOUJOURS TU CHERIRAS LA MER»

Sylvain Rebeyrotte

 

LA MER

Je vous avais promis une planche sur la mer ; mais la mer sans l’homme n’aurait que peu d’intérêt.

La mer sera présentée à travers l’adolescent, l’apprenti… avant de rejoindre le monde des «grands» de la mer.

Nous ne parlerons pas de la mer sous ses aspects géographiques et physiques ; cette mer-là vous la connaissez mieux que moi et les professeurs de géographie le feraient de façon bien plus précise.

Nous ne parlerons pas non plus de la mer des scientifiques et des écologistes ; ce n’est pas mon métier et cela serait bien trop déprimant ; ni de la mer des plaisan- ciers et de l’intérêt qu’ils y portent, intérêt bien souvent proportionnel à la taille et à la magnificence du navire qu’ils y font évoluer.

Nous ne parlerons pas davantage de la mer des vacanciers qui l’aiment suivant sa température ou la douceur de ses plages.

Mon propos est de vous entretenir de la mer, à travers ceux qui y travaillent, qui y souffrent, qui l’aiment et qui la craignent, de la mer et de ses laboureurs : les Ma- rins Pêcheurs.

Cette mer a bercé mon enfance et ma vie. Mon grand-père et mon père étaient des marins. À la maison, dès mon plus jeune âge, il était question des vents, des marées, des quartiers de lune. Les saisons étaient rythmées par les périodes de pêche. Ce n’était pas l’été mais «la campagne aux thons», pas le printemps mais «l’époque sardinière». L’hiver c’était les «poissons plats» et l’automne «les merlans». Ainsi concrétisait-on le temps dans ma famille. Les dictons fleurissaient à la maison : il était question du «vent d’aval, plein les cales» du «vent d’amont, pas de poissons» du «vent du nord, reste au port» ou bien «petite brise, bonnes prises» et bien d’autres encore.

Nous, les gosses de la côte, cette mer nous fascinait. La fureur de ses éléments durant la tempête, les récits des anciens, la ligne infinie de son horizon, tout cela avait des airs de surnaturel.

Quand nous allions au plus bas des marées d’équinoxe, témoins étonnés de cette mer mystérieuse, au lieu de ramener quelques-uns de ses secrets, nous nous contentions de gros congres et d’énormes dormeurs.

Cette époque s’est achevée à treize ans, enfin délivré de sommaires études à l’école communale, mon embarquement se précisait et allait devenir réalité.

Je pensais être devenu un homme ; père me trouva un embarquement avec un cousin éloigné, en qualité de mousse sur un chalutier mixte, le GRE DES FLOTS.

À la coopérative des marins, père m’acheta bottes, suroît, ciré et tablier, le tout d’un beau jaune couleur du coton enduit d’huile de lin ; c’était un grand bonheur à tel point que je suis resté en tenue de mer toute la journée. Seule ma mère ne semblait pas partager ma joie. Pourquoi ce sentiment ? Après tout ce n’était pas mon problème.

Mon père me disait : «les femmes c’est triste les jours de grand vent, elles ont les yeux fragiles». Deux ou trois jours avant mon embarquement, je suis allé avec la mère à l’église de la paroisse porter un cierge à Saint Pierre, patron des marins. C’était la coutume. Rite ou symbole, en ces temps, je ne savais pas. Puis, le jour du départ arriva. Sur le pont, en compa- gnie des hommes tous affairés aux pré- paratifs du métier, le malaise s’empara de moi. Mon regard se portait vers l’arrière, dans le sillage du navire, vers le phare qui diminuait : c’était le mal de mer!… cela dura toute la marée, trois jours, trois longs jours, couché sur la paillasse que ma mère avait faite avec tant de soin et qui sentait la paille fraîche.

Les marées se succédèrent avec comme souvenir affreux, le mal de mer. Cela ne pouvait plus durer ; ma tâche n’était pas exécutée et le travail d’un mousse, c’est utile sur un bateau. Le patron vint voir mes parents. Après discussion, le père décida de me conduire chez un rebou- teux, dans un petit village du marais ven- déen. Le «soigneur», qui était un homme très grand et dégageait une drôle d’odeur, m’a délivré définitivement du mal de mer. Réalité scientifique ou foi ? Peu importe, seul le résultat compte !

Les marées gardaient leur rythme. Le chalut montait régulièrement du fond, des bons et des mauvais coups ou traits. Nous étions penchés le long du bord, jeunes et vieux, dans une attente infantile de la remontée. Nous étions tous là, guet- tant le cul du chalut. Le souvenir me reste de ces approbations ou de ces silences, suivant l’importance de ce cul, plein ou vide de poissons, venant frapper le flanc du bateau. Sur notre dix-huit mètres, nous étions six liés les uns aux autres et le sachant. Une grande tolérance existait entre nous, seule façon de vivre harmo- nieusement dans une telle promiscuité.

Notre vieux patron «BELONIE», marin sûr, parlant peu, donnait ordres et décisions que personne ne discutait. Il ne nous venait même pas à l’idée qu’ils puissent être différents.

Les saisons passaient ; mon statut évo- luait : mousse, novice puis matelot. Le métier de la mer m’avait appris beaucoup de choses sur les hommes : la joie d’une équipe, la solidité d’une entente devant les coups durs.

Le souvenir de ces journées intermi- nables reste intact : quinze à dix-huit heures sur le pont, les bonnes et les mau- vaises marées, les bordées à terre dans les ports voisins : bordées au vin rouge, c’était moins cher !

Il y avait un grand sentiment de liberté sur les embarcations ; après les escales de deux ou trois jours, nous nous sen- tions mal dans notre peau dans ces rues étroites pleines de gens pressés, n’ayant pour but que des horaires ou des emplois du temps.

Comme si on pouvait employer le temps! Un vieux marin disait «à amarres lar- guées, comptes réglés» ; il nous arrivait d’oublier une dernière tournée ou de laisser une fille déçue sur le quai mais, une fois au large, les comptes étaient clairs, la page tournée.

À bord, nous parlions peu. Nous n’avions rien à dire sans doute ou bien les mots ne venaient pas. Mais il n’est pas besoin de paroles pour dire que nous aimions tous ce beau ciel étoilé où l’on a repéré la grande ourse ou Cassiopée, un beau so- leil levant ou couchant, une mer du large, rose, couverte de plancton, un rayon de soleil au travers d’une déferlante ou, par une nuit de printemps, le spectacle des hommes travaillant sur le pont.

Il arrivait aussi la nuit que, dans la lumière des projecteurs, des dizaines d’oiseaux de différentes espèces, viennent s’écra- ser sur les vitres de la passerelle ou les agrès de la mâture. Cette lumière, tout être vient à sa rencontre. L’homme la chérit encore plus car il la veut au dehors comme au dedans. Nous n’en parlions pas, nous étions bien.

Les années passaient avec leurs apports de connaissances ; beau temps et gros temps se succédaient.

Je me souviens d’un autre patron, aussi sûr que le premier qui disait «la mer n’aime pas ou ne garde pas les incompétents». Il nous rapportait, lors d’un coup de tabac «écoutez les gars, le bateau qui chante» ; c’est impressionnant, surtout de nuit, d’entendre les membrures d’un chalutier craquer, se plaindre. Quand il retombe plus ou moins bien dans un creux, parfois sur le flanc, tout frémit jusqu’à la quille. Une petite angoisse, la gorge sèche, un petit point au creux du ventre c’est peut- être cela la peur ? En ces moments j’ai vu des hommes se signer discrètement, pour ensuite se retrouver joyeux, bien vi- vants autour d’une «moke» de café géné- reusement mouillée de gnole du pays en se disant «ç’aurait pu être plus méchant».

Et les quarts ? Quart de jour, quart de nuit où l’on est seul avec la mer, maître du navire, les compagnons se reposant. On éprouvait un sentiment indéfinissable de pouvoir changer les choses à son gré…

Tel est ce métier avec ses doubles joies ; celle du retour : retrouver ceux qu’on aime, celle du départ, sentiment plus obscur d’indépendance.

Voilà ce que ressent encore un ancien marin pêcheur.

Je terminerai avec ces vers d’un grand navigateur :

«HOMME LIBRE, TOUJOURS TU CHERI- RAS LA MER»

Sylvain Rebeyrotte

Bulletin 2020

LES POSTES D’AMARRAGE EN VOIE DE RESTAURATION

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Il y a 5 ans, les tempêtes de printemps ont détruit l’un des 5 postes d’amarrage qui jalonnent la Baie de l’Adon. Ils avaient été demandés et obtenus par les capitaines du port 150 ans plus tôt afin de pouvoir y amarrer des petits canots. Simples poteaux en cœur de chêne solidement ancrés sur leur socle de maçonnerie en pierres du Fenouiller et autres matériaux de récupération,  ils rendent service aux marins aujourd’hui encore. Sculptés par l’érosion marine, ils s’alignent en signes mystérieux et font la signature des lieux.

L’indéniable valeur esthétique et d’usage de ces postes d’amarrage a amené V.I.E. à souhaiter voir remplacé le poste d’amarrage détruit et préservés les autres. A cette fin nous avons consulté des experts dans ce type de restauration en vue de recueillir des préconisations et d’entreprendre, sur cette base, des démarches auprès des autorités se partageant les compétences administratives et juridiques à propos de ces modestes équipements maritimes : Les Affaires Maritimes, le Conseil Départemental de Vendée, La Chambre de Commerce et d’Industrie de Vendée (gestionnaire du port de pêche à l’époque), La Communauté de Communes  et la Mairie de Saint Gilles Croix de Vie. Sollicitant leur avis et une prise d’initiative, V.I.E. a reçu de tous des encouragements à poursuivre ses démarches, unanimement considérées comme fondées. Sans plus. La principale question soulevée par la restauration et la préservation des postes d’amarrage était la détermination de qui avait compétence pour quoi. Au fil du temps le problème s’est décanté.  La gestion du port est assurée, depuis 2017, par la Communauté de Communes en remplacement de la Chambre de Commerce et d’industrie. En 2019, la Mairie a décidé de prendre l’initiative et a obtenu du Conseil Départemental le feu vert pour entreprendre la restauration et la prévention des postes d’amarrage de la baie de l’Adon. De son côté, la SEMVIE maintient, depuis le début, une ligne budgétaire en vue de contribuer au financement de cette action avec qui en prendrait l’initiative. Cette offre de concours a bien été entendue par la Mairie.

En 2020, où en est la restauration des postes d’amarrage ?

La Mairie a consulté l’architecte des Bâtiments de France qui a confirmé l’intérêt de la restauration des postes d’amarrage en considérant que leur valeur esthétique l’emportait sur la valeur fonctionnelle. La Mairie s’est alors tournée vers le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous -Marines (DRASSM) basé à Marseille pour savoir comment procéder. Elle a été réorientée vers un laboratoire spécialisé de Nantes. Celui-ci a souhaité que la Mairie sollicite également un laboratoire implanté à Grenoble. La complexité technique de cette restauration est mise en pleine lumière. Pragmatique, V.I.E. avait surtout souligné l’intérêt de mettre à la disposition des marins des équipements fonctionnels et consolidés.

La ténacité de la Mairie vaut bien celle de V.I.E. Nous gardons espoir que soit remplacé le poste d’amarrage détruit et que la restauration des quatre autres soit entreprise.

Attention aux tempêtes d’hiver et de printemps!

Michelle Boulègue