Les Puces sont des Insectes qui ont trois paires de
pattes alors que moi, je suis un Crustacé comme les Crevettes, les Cloportes
(terrestres) ou les Gammares (d’eau douce). Ces horribles bestioles sont aussi
des parasites suceurs de sang alors que je suis un inoffensif mangeur d’algues.
De plus, je ne suis pas un animal marin (je déteste les bains de mer bien que
je sache nager !) et je passe la majeure partie de mon temps dans des terriers
de sable en haut de plage.
Par contre, j’aime bien mon nom scientifique
(Saltator) qui fait penser à un personnage de Star Wars ! Surtout, il montre
que je suis un champion de saut en hauteur (20 cm alors que je mesure au plus
2,5 cm). Hélas, la Puce est la championne du monde animal avec un saut de 34 cm
équivalent à 340 fois sa taille. Je suis très sensible à la lumière selon
laquelle je peux m’orienter et je ne peux pas rester allongé sur le sable
pendant les vacances d’été. Ma carapace très fine appelée cuticule se
dessècherait très vite et mes yeux ne supporteraient pas cette forte
luminosité. J’ai donc une activité plutôt nocturne au cours de laquelle je
m’occupe à grignoter les algues laissées sur le sable. En les broyant, je
favorise leur décomposition par les mouches et asticots ; le travail sera
achevé par les bactéries. Je suis au menu de nombreux animaux venant picorer
dans cette laisse de mer, tels que les Gravelots, les Pipits maritimes, les
Tourne-pierres ainsi que les Mouettes rieuses et les Goélands argentés. Je
participe ainsi à l’équilibre de l’écosystème littoral. Les zoologistes qui ont
étudié ma biologie, ont constaté que je suis un bon indicateur de la qualité de
l’eau. J’ai horreur des zones polluées ou contaminées par des métaux lourds et
c’est pourquoi j’ai déserté certaines plages. De plus, ne me parlez-pas de ces
nettoyages par raclage et nivellement du sable qui détruisent mes galeries
ainsi que des mégots remplis de goudrons et de nicotine. Le tabagisme passif,
ce n’est pas pour moi ! L’Océan, incontournable acteur de SGXV 4 Vous pourrez
encore me trouver en haut des plages sauvages, mais attention, si vous me
dérangez, je pourrai vous chatouiller le dos ou vous mordiller la plante des
pieds ! Ah ! Ah ! Gare à la vengeance de Saltator !
Sous
la protection de ces Sauveteurs, improvisés ou non, chacun espère pouvoir
profiter des bienfaits de l’air marin. Les touristes, estivants ou autres,
peuvent se référer au classement « Pavillon bleu » pour choisir leur station.
Mais Saint-Gilles-Croix-de-Vie n’y figure jamais : serions-nous dans un endroit
malsain ? Nous allons voir les raisons de cet état de fait.
Mai 2018. Enfin arrive le classement des villes
déclarées « Pavillon Bleu ». Distinction convoitée ou simple hochet à mettre en
vitrine ?
Certains ont pu être surpris que Saint-Gilles-Croix-de-Vie
ne figure pas dans ce classement. Serait-ce qu’elle n’est pas assez belle,
notre ville ? Les eaux seraient-elles polluées à ce point ? Et n’y respirerait-on
pas un air sain ?
Scrutons un peu la liste des communes mises à
l’honneur en Vendée. Première surprise, le classement sépare les ports des
plages. Un seul port est à l’honneur dans notre département : Bourgenay. Et
huit plages, dont celle toute proche de Saint-Jean-de-Monts. Ces sites sont-ils
si différents ?
Deuxième surprise, il ne s’agit pas d’un label
officiel décerné par un organisme public, mais par une association loi 1901,
dénommée TERAGIR (1). La procédure complexe n’est pas initiée par
l’association, mais sollicitée par la ville candidate. Et c’est là que
commencent les difficultés.
Un difficile
processus de labellisation
• Tout d’abord, la ville doit monter un dossier ayant
trait à quatre grands critères : l’éducation à l’environnement, la gestion de
l’eau, la gestion des déchets et l’environnement en général. Vaste programme,
direz-vous, d’autant plus qu’il ne s’agit pas seulement de remplir une ligne,
avec un indice de qualité, reflet d’une situation à un instant t.
• Mais la ville doit mettre en place des actions
déterminées précisément par l’association pour chaque critère. Ainsi, pour
l’éducation à l’environnement, cinq actions doivent être engagées par les
communes et deux au minimum sur la plage en cours de labellisation. C’est un
effort de longue haleine, qui exige une vigilance de chaque instant, les
évaluations étant faites l’année précédant celle de l’attribution du label.
• A ce stade, intervient ce que l’on a l’habitude de
nommer le nerf de la guerre, soit l’argent nécessaire pour arriver au but
ultime, décrocher le graal !
– Tout d’abord, des frais de participation sont versés
à l’association par la commune qui désire participer au classement. En effet,
l’association fonctionne avec des subventions mais insuffisantes pour assumer
les frais de présentation à l’international. Ces frais varient, selon qu’il
s’agit d’un port (proportionnellement au nombre d’anneaux) ou d’une simple
commune (suivant le nombre d’habitants permanents). Ils sont décomptés, d’une
part au retour du questionnaire et d’autre part pour le montage du dossier
international (2).
* frais de
participation pour une commune pour la labellisation 2019
* frais de
participation pour un port pour la labellisation 2019
– Ensuite, la commune doit voter une ligne budgétaire
significative pour combler les attentes en termes de qualité. En effet, tous
les détails sont examinés, de l’accessibilité des plages aux handicapés,
jusqu’au type de poubelles sélectives proposées en passant par des mesures de la
qualité des eaux de baignade, été comme hiver, par temps calme ou après des
tempêtes. Les communes doivent se montrer réactives et doivent pouvoir
bénéficier de matériel et de personnel à tout instant. Ainsi, pour la
labellisation de ses trois plages, Saint Nazaire a dû investir 115.000 euros en
2017.
Des
bienfaits attendus
Si le coût paraît exorbitant, nul doute que la
décision de la commune candidate soit le fruit d’une longue réflexion et que
les élus sont attentifs aux résultats. L’engagement doit être impérativement
suivi d’effets, quasiment immédiatement.
• Si l’on ignore comment aurait évolué la commune sans
cette quête du « Pavillon bleu », de multiples actions ont été
engagées méthodiquement, réfléchies en amont et s’inscrivant dans le sens d’une
amélioration du cadre de vie. C’est donc quotidiennement et aussi bien en
saison qu’hors saison, que les habitants pourront profiter des aménagements et
nouveaux équipements qui auront été installés.
• N’oublions pas que le « Pavillon bleu »
est un label international, pour des communes destinées à recevoir des
touristes de divers pays. Il représente un important argument attractif à
destination de personnes soucieuses de leur santé et de la qualité
environnementale. Les étrangers qui ne connaissent pas les communes en cause
sont friands d’informations crédibles sur la qualité du site qu’ils vont
choisir pour leurs vacances. Il est d’ailleurs reconnu qu’ils consultent ce
classement et s’y fient pour la plupart. Les retombées en termes d’attraction
touristique sont incontestables pour ces communes, même si on ne peut les
chiffrer exactement.
Pourquoi
Saint-Gilles-Croix-de-Vie n’a-t-elle pas engagé la démarche de labellisation ? Depuis près de vingt ans, notamment depuis la
décision prise en novembre 2000 à l’unanimité par l’association des élus du
littoral (Avel), les communes de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Brétignolles,
Olonne, Les Sables, pour les plus proches, ne sont plus candidates. Elles
estiment que la démarche n’a plus aucun sens, compte tenu du mode de relevé des
analyses et des atouts de ces stations balnéaires.
• A ce sujet il n’est pas inintéressant de consulter
les critères d’attribution du « Pavillon bleu » dans la commune
voisine de Saint-Jean-de-Monts (3). Cinq points ont été examinés :
« – Qualité de l’eau : 11 prélèvements par site
de baignade, (trois sites) du 15 juin au 15 septembre à partir des analyses de
l’ARS (Agence Régionale de Santé). Contrôle sanitaire sur paramètres
microbiologiques réglementaires, Escherichia coli et entérocoques intestinaux,
(risques de gastroentérites)
– Gestion : Démarche globale de gestion du label –
comité de pilotage dédié. Conseil d’enfants force de proposition, à l’origine
de la distribution de cendriers de plage.
– Education : Installation de bacs à marée hors saison
et collectes pédagogiques de déchets. Retrait des douches trop gourmandes en
eau
– Sécurité : 5 CRS et 21 sauveteurs civils recrutés et
logés par la commune. Vigies en plus des postes de secours sur les plages.
– Accessibilité : Tiralos dernière génération,
fauteuils pour personnes à mobilité réduite. »
• Même si Saint-Gilles-Croix-de-Vie présente des
particularités du fait de son double statut de port de pêche et de station
balnéaire, des exigences identiques de qualité environnementale s’imposent.
Comparons avec les éléments retenus à Saint-Jean-de-Monts pour 2018.
– Les prélèvements d’eau de mer effectués par l’ARS
pour l’ensemble de l’année 2017 (4) décernent trois étoiles, soit le maximum, à
la Grande Plage de Rochebonne, à la Grande Plage Marine et à la Grande Plage
Paternes. Quant aux plages de Boisvinet et des Cinq Pineaux, à la sortie du
port, elles obtiennent deux étoiles, ce qui relève encore d’une bonne qualité.
– La démarche de distribution de cendriers de plage a
été associée à une démarche de prévention du cancer par plusieurs campagnes
organisées sur le remblai de la Grande Plage par le Lion’s club.
– Des bacs à marée sont installés toute l’année au
bout du remblai, ainsi que des pancartes pédagogiques. Il n’y a plus de douches
sur les plages.
– Sécurité : Saint-Gilles-Croix-de-Vie offre deux
kilomètres de plage pour nager, surfer, bronzer et autant d’occasions d’atteintes
à la sécurité. Les pompiers et la police municipale, la brigade territoriale de
gendarmerie ont vu leurs effectifs renforcés par seize gendarmes mobiles et une
équipe de maîtres-nageurs sauveteurs dans trois poste de secours.
– Accessibilité : aménagement de chemins pour l’accès
à la plage et à la mer, cabines de plages adaptées à disposition des personnes
à mobilité réduite, fauteuils roulants amphibies : tiralos et hippocampes, pour
la Grande Plage et la plage de Boisvinet.
Résultat d’une décision ancienne de la municipalité
prise à l’unanimité, opposants inclus, l’absence de Saint-Gilles-Croix-de-Vie
de la compétition pour le « Pavillon bleu » s’explique aisément. Il
n’empêche que les exigences de ce label sont peu contestables. La vigilance
reste de mise pour qu’avec l’argent ainsi économisé, des efforts continus
soient déployés pour améliorer la qualité d’accueil de notre station.
Christine Ménard
(1)
https://www.teragir.org/agir/ Teragir est une association à but non lucratif et
reconnue d’intérêt général, créée en 1983. Sa vocation est d’accompagner les
acteurs de la société dans leurs projets de développement durable grâce à 7
programmes d’actions : Pavillon Bleu, Eco-Ecole, Clef Verte, la Journée
internationale des forêts, Jeunes Reporters pour l’Environnement, Explorateurs
de l’eau et le Stockholm Junior Water Prize. L’association participe à une action
globale déployée dans 75 autres pays, au sein du réseau de la Foundation for
Environmental Education (FEE), dont elle est fondatrice et membre actif.
(3) Magazine
municipal des Montois n° 118 d’octobre 2018 (4) https://www.pays-de-la-loire.ars.sante.fr/system/
files/2018-07/Bmer_classement_pdl_2017.pdf Qualité eau de mer 2017
Depuis l’été dernier, en marchant le long de la plage
entre Saint-Gilles et Brétignolles, vous avez peut-être été surpris de voir le
mauvais état des descentes sur la plage.
Le responsable de la construction et de la défense
contre la mer à la Communauté de Communes, Monsieur Barreteau, nous a reçus
cordialement et nous a expliqué les raisons de la lenteur de la remise en état.
Effectivement, il y a en cours actuellement un travail sur le recul du
littoral, sur la nécessité d’effacer les enrochements. Mais c’est un travail à
long terme. Il faut tenir compte de toutes les implications : il s’agit d’une
zone Natura 2000, dont une partie seulement (côté Saint-Gilles) est du domaine
public car appartenant presqu’entièrement au Conservatoire du Littoral, le
reste de la dune appartenant à des propriétaires privés. C’est à partir de ces
contraintes que les services de M. Barreteau doivent gérer la dune :
cheminements, plantes envahissantes, lignes de crête, propriétés privées. Mais
les accès à la plage proprement dits dépendent des compétences communales. Il
faut savoir aussi que les accès surveillés aux plages sont complexes à mettre
en œuvre. Un poste de surveillance implique l’arrivée du courant électrique,
d’eau, de fil de téléphone (loi de 1986). L’inspectrice des travaux n’a pas
encore donné l’autorisation des travaux parce que le projet n’est pas encore
finalisé.
En ce qui concerne la préservation des
caractéristiques dunaires, en particulier la floristique, les difficultés sont
liées au développement des plantes invasives (ailanthe, baccharis, peuplier
blanc, prunelier, ronces, yucca) qui prennent la place des immortelles, œillets
des dunes… et à la nécessité d’un arrachage manuel ou avec un attelage animal.
Ce travail est fait par le garde-littoral, dans la zone appartenant au
Conservatoire du Littoral, mais pas dans les propriétés privées, qui deviennent
ainsi une réserve de graines pour ces plantes invasives.
M.Barreteau nous parle ensuite de la parcelle n°13,
située vers l’autre extrémité de la dune du Jaunay : la célèbre parcelle « Voisin
». Elle appartient toujours à la SCI Bénatier qui ne semble pas vouloir la
conserver à tout prix. Pour que le Conservatoire du Littoral puisse l’acquérir,
il faut d’abord qu’elle soit préemptée par le Conseil Départemental, ce qui
n’est pas encore fait.
C’est le même problème en ce qui concerne la dune de
la Garenne, même constat et mêmes propriétaires à quelque chose près. Ainsi, si
la Communauté de Communes parvient à établir des partenariats avec eux, elle
pourrait envisager de poursuivre le programme de protection de cette dune.
Dans ces propriétaires, il y a entre autres le Conseil
Départemental et la ville. La zone est sanctuarisée ; mais il reste à remplacer
certaines ganivelles qui sont abimées. Il est possible de passer des
conventions pour le faire faire par la Communauté de Communes du Pays de
Saint-Gilles. A suivre des futurs discussions et accords. Ce petit tour
d’horizon nous permet de comprendre la complexité des structures qui
travaillent à la protection de notre dune si belle, si fragile.