Cet été, Quai Gorin, une pancarte fixée sur un mur du vivier en annonçait sa mise en vente. Puis celle-ci a brusquement disparu, à l’insu des vendeurs. Pour modeste que soit ce bâtiment utilitaire, son histoire n’est déjà pas simple. Le chapitre qui s’annonce risque d’être de la même veine.
- Dans les années 60, l’idée se discute dans les milieux de la pêche, d’accorder une concession à des marins pour développer l’élevage des moules en période hivernale. Le Comité Local des Pêches obtient des Ponts et Chaussées Maritimes une concession, rive droite de la Vie, en amont du pont de la Concorde.
- En 1967,on passe des moules aux huîtres, dans le cadre d’une coopérative d’ostréiculture, la SOCOVIE qui réunit 150 sociétaires et fait travailler de 8 à 9 salariés traitant de 11 000 à 14 000 poches/an. Le naissain est acheté au Portugal dans les premiers temps, puis au Japon, après une épizootie qui ravagea les parcs à huîtres de la façade Atlantique, dans la même période. Ce naissain élevé dans les eaux de la Vie pendant 2 à 3 ans puis détroqué et nettoyé sur place, dans la cabane construite à cet effet sur le quai Gorin, est revendu par les ostréiculteurs de la Baie de Bourgneuf qui détiennent les circuits de commercialisation. Après une année défi citaire en 1968, l’activité triple en 1969 et redonne espoir aux gestionnaires qui poursuivront cette aquaculture jusqu’en 1974. A partir de 1975, la coopérative change de nom et devient « l’Huître Vendéenne » et se dote d’une implantation complémentaire à Bourgneuf. L’activité se maintient jusqu’en 1980 avec deux salariés qui traitent 3 000 poches/an. Mais la mauvaise qualité de l’eau favorisant la multiplication des épizooties, les huîtres deviennent invendables.
- 1980, la cabane change de vocation. M. Jean Zinsius rachete la concession à M. Martial Rocheteau, de la Chaume, et développe un négoce de civelles. La cabane s’équipe de viviers et un quai d’accostage pour les civeliers est construit.
Jusqu’en 2006, une flotte de trente bateaux y compris ceux des Sables pouvaient pêcher jusqu’à 50 tonnes de civelles par saison, achetées essentiellement par un négociant basque, M. Anguleros Aquinolo. Depuis deux ans, le vivier a cessé son activité. Cependant 18 bateaux continuent la pêche aux civelles sur le Bassin de Vie mais le tonnage des prises ne cesse de décroître. Fort heureusement, ce produit voit son prix monter en flèche, stimulé par la demande japonaise.
Janine Bureau