Alexandre Soljenitsyne est mort le 3 août 2008, chez lui à Moscou. 20 ans après avoir été expulsé de son pays et privé de ses droits de citoyenneté, il a été autorisé à revenir dans ses terres natales. En 1993, sur le chemin du retour, plutôt buissonnier, il s’est arrêté en Vendée, répondant à l’invitation du Conseil Général. Il a même poussé une pointe jusqu’à Saint-Gilles-Croix-de-Vie pour inaugurer une stèle à l’entrée de la dune de la Garenne à la mémoire de la poétesse russe Marina Tsvetaiëva. Celle-ci avait fait, en août septembre 1926, un court séjour à Saint-Gilles-sur-Vie dont le paysage lui avait inspiré des propos peu flatteurs. En revanche, le soulèvement des Chouans l’avait enthousiasmée car elle y voyait le même élan de liberté que celui qui avait inspiré les révoltés du Don.
Les écrits de Alexandre Soljenitsyne, dans le contexte actuel, prennent une résonance particulière. Il considérait qu’«il fallait donner les coudées franches à l’initiative privée mais en instaurant des limites fermes». Il n’a eu de cesse d’insister sur le fait qu’un système ne dédouane personne de sa responsabilité individuelle envers lui même et les autres. Il considérait enfin que notre devise nationale : « Liberté, Egalité et Fraternité » était irréaliste. Elle réunit, selon lui, des termes contradictoires. Elle est pourtant le socle de notre unité nationale. Ces contradictions, si contradictions il y a, en sont peut-être la clé en créant suffisamment de jeu pour que les tensions de chaque époque trouvent, ainsi l’espace de leur expression et accompagnent sa maturation.
Denise Rivalin