DES HALLES COUVERTES À SAINT-GILLES-SUR-VIE.
Bien avant les «LES HALLES DE LA VIE», au succès mérité, des halles couvertes existaient à Saint-Gilles-sur-Vie. Marcel Baudoin dans ses «écrits» cite l’abbé Pondevie qui publia en 1885 l’intégralité d’un document datant de 1699 et relatif aux «droits de halles». Il y est fait mention des Halles de Saint-Gilles (N° bibl.109).
Au XVIIème siècle, des halles en bois se dressaient devant l’église de Saint Gilles, construites par des entrepreneurs qui en tiraient profit en faisant payer un droit de place aux commerçants. Les jours de marché et lors de la fête du 24 août, une foule affairée et animée se rassemblait sous la haute charpente en bois pour y échanger des nouvelles et des marchandises : légumes, volailles, sardines, tissus, paniers, cordages. Après avoir érigé le Mât de Mai sur la place du Marché aux Herbes, les bacheliers (1) faisaient la fête aux derniers jours d’août et lors d’évènements marquants.
La consultation des Archives de Vendée nous en dit plus.
La délibération du conseil municipal de Saint-Gilles-sur-Vie du 24 juin 1811, acte la location des halles au sieur de Marolles, usufruitier, pour 500 francs par an. Les halles changèrent ensuite de propriétaire comme le révèle le problème de fermage qui opposa M.Boyer à la commune (délibération du conseil municipal du 24 juillet 1834). S’étant porté acquéreur des halles pour 11 000 francs, il voulut en augmenter le loyer à 600 francs prétextant être propriétaire du sol ce que contesta la mairie preuve à l’appui. L’affaire traînant en longueur, la mairie envisagea alors la construction de nouvelles halles plus vastes, de 50 m de long. Finalement, la sous-préfecture des Sables-d’Olonne appelée à la rescousse donna raison à la mairie. M. Boyer fut contraint de jeter l’éponge.
A son tour, M. Goguet, fort de la caution apportée par les époux Malhat se portant garant de sa solvabilité, signa le 24 juin 1838, un nouveau bail de 5 ans avec la mairie représentée par le maire, Désiré Raynaud, pour un loyer de 615 francs par an. M. Goguet ne tarda pas à se plaindre que l’affaire n’était pas assez rentable. Il en rendit la mairie responsable. En 1841, Il demanda à la mairie de décider la tenue de 3 marchés par semaine afin de compenser la perte estimée à hauteur d’un quart de son chiffre d’affaires générée par l’ouverture d’un marché à Croix-de Vie. Le 4 septembre 1841, M. Goguet envoya à la mairie une résiliation du bail assortie de l’exigence d’une compensation estimée à 796 francs. Le 24 décembre 1841 ces exigences sont révisées à la hausse pour un montant de 1 451 francs. La mairie, considérant ces demandes irrecevables décida, par délibération du même jour, de s’en remettre à l’avis de la sous-préfecture des Sables-d’Olonne et, en attendant, de percevoir directement les droits de place déposés auprès de Me. Le gean de Barreau. Le 2 octobre 1842, le conseil municipal dénonça «l’état déplorable des halles» dont particulièrement celui de la toiture et envisagea de se retourner contre les époux Malhat qui s’étaient portés caution. Le conseil municipal, réuni en séance le 31 juillet 1843, constata l’insolvabilité de M. Goguet et du couple Malhat et le principe d’une expropriation de M. Goguet fut évoqué.
Finalement, le temps passant et les parties se lassant, le conseil municipal du 14 février 1844 décida de faire coup double. La mairie se porta acquéreur des halles, au grand soulagement de M. Goguet, aux abois, pour une somme de 10 926 francs et signa l’achat aux époux Malhat d’une maison en bordure de quai pour un mon tant de 12 000 francs afin d’en faire la future mairie et le prétoire de la commune. M. Goguet perçut les arriérés de location. La mairie finança ces sommes par un emprunt de 23 000 francs souscrit auprès de la Caisse des Dépôts et couvert par l’instauration d’un impôt «extraordinaire» décidée lors du conseil municipal du 25 février 1845. A compter de cette date, les halles furent mises en fermage, sous le contrôle de la mairie.
Le 23 mai 1897, la mairie décida de détruire les vieilles halles en bois et de reconstruire au même endroit des halles en pierre de Saint-Savin, briques et métal. Elle confia la conception et le suivi du chantier à l’architecte Charles Charrier*. Celui-ci proposa une nef d’une trentaine de mètres de longueur sur 14 m de largeur coiffée d’une charpente métallique recouverte de tôles galvanisées. Sur les murs de soubassement d’une hauteur de 1,10 m, furent implantées des tôles de protection sur lesquelles furent appliquées des grilles qui bien plus tard clôtureront le jardin de l’Hôpital de Saint-Gilles. A l’intérieur furent aménagées 14 stalles de chaque côté d’une allée centrale. Les étals de boucherie et de charcuterie furent placés sur les côtés nord et sud. Les étals situés de part et d’autre des portes latérales furent réservés aux légumes, poissons et crustacés. La réception des travaux eut lieu le 18 août 1898.
Les Halles de Saint-Gilles-sur-Vie.
Extrait de « Saint-Gilles-Croix-de-Vie,
miroir d’une mémoire», de Bernard de
Maisonneuve, édité par L’A.R.H.I.M.S.
Dès 1894, une pompe-borne avait été adjointe au puits existant sur la place. Cet équipement, installé par l’entreprise de ferblanterie et de plomberie Michon, facilitait grandement le nettoyage régulier des lieux.
Le coût de la construction estimé à 29 800 francs fut couvert par un emprunt de 30 000 francs souscrit auprès de la Caisse des Dépôts, remboursable en 10 ans et financé par un «impôt extraordinaire». Les entreprises locales contribuèrent à cette construction ainsi qu’aux réfections qui s’imposèrent au fil du temps. Les halles furent aussi prétexte à des litiges entre commerçants, placier et riverains comme celui qui opposa les marchands de crustacés habitués à offrir leur produits au nord des halles mais que les riverains exigèrent de voir déplacer au sud. Finalement, il fallut une délibération de la mairie du 24 mars 1901 instaurant des amendes en cas de refus pour que satisfaction soit donnée aux riverains.
Pôle de l’activité commerciale et sociale de la ville, les halles poursuivirent leurs activités, non sans aléas. Le 24 novembre 1904, M. Fonteneau demanda à résilier le bail. Lui aussi se plaignait de ne pouvoir rentrer dans ses fonds tant le marché de Croix-de-Vie lui portait préjudice. La résiliation fut actée le 24 décembre 1905, donnant à la mairie l’opportunité de réviser le cahier des charges et de décider l’instauration d’un troisième marché le dimanche outre ceux du mardi et du jeudi. De plus de nouvelles foires furent décidées les troisièmes dimanches d’octobre, de novembre et de décembre en sus de celles du 24 août et des lundis de Pâques et de Pentecôte.
Régulièrement des travaux d’entretien et de réparation furent décidés en privilégiant les artisans de la commune, tel le ferblantier Elisée Gabriel qui assura la réfection de la toiture en 1926 pour un montant de 4 368 francs.
Au cours des années 50, le démantèlement des halles fut décidé dans le cadre d’un vaste plan de rénovation urbaine lancé par la municipalité voulant tourner le dos aux temps de la guerre et de l’Occupation.
1 – Sous l’Ancien Régime, les bachelleries sont des fêtes de jeunes gens, mais égale ment des associations de jeunesse. La ba chellerie est un groupe social détenant une personnalité civile reconnue par tous. Elle est composée des bacheliers, jeunes hommes célibataires de la paroisse où elle fonctionne. À la tête de la bachellerie, le premier des bacheliers porte fréquemment le titre de roi.
Plan établi par Bernard de Maisonneuve à
partir des écrits de Marcel Baudouin.
Extrait de «Saint-Gilles-Croix-de-Vie, miroir
d’une mémoire», édité par l’A.R.H.I.M.S.
Sources :
• Les délibérations des conseils municipaux de SaintGilles-sur-Vie.
• Bernard de MAISONNEUVE. «Saint-Gilles-Croix-deVie, miroir d’une mémoire», édité par l’A.R.H.I.M.
• Les archives personnelles et familiales de Christophe Vidal, dessinateur d’architecture à Saint-GillesCroix-de-Vie.
• La bachelerie de Saint-Gilles et la plantation du mai
en 1781. In : Annuaire départemental de la Société
d’émulation de la Vendée, (1861-1862), [1e série, vol.
8], p. 198-204. [Arch. dép. Vendée, BIB PC 16].
• PELLEGRIN, Nicole. Les bachelleries : organisations
et fêtes de la jeunesse dans le Centre-Ouest, XVeXVIIIe siècles. Poitiers : Société des antiquaires de
l’Ouest, 1982. 400 p. [Arch. dép. Vendée, BIB 6647].
• TRAVERS Émilien. Les bachelleries : fêtes populaires du Poitou, du Berry et de l’Angoumois. Melle :
chez l’auteur, 1933. 47 p. [Arch. dép. Vendée, BIB
953].
• Arch. dépt. Vendée 9 Fi 6 : Arrêt de la Cour de Parlement qui fait défense aux habitants de la paroisse de Saint-Gilles-sur-Vie, en Poitou, de s’assembler et s’attrouper, sous quelque prétexte que ce soit […]. Extrait
des registres du Parlement / signé : Lecousturier. 11
décembre 1782.
*Charrier Charles Joseph (1853-1925) est né
à Coëx et est décédé aux Sables- d’Olonne.
Architecte à Alicante (1884-1888), SaintServan (1878-1925) et aux Sables-d’Olonne
(1889-1925).
Principales réalisations : Gares de Murcie
et d’Alicante, Halles de Saint-Gilles-sur-Vie
et de Challans (démolies), Eglise de l’Orbie,
Château de Fort près de Niort, Villas sur la
promenade du Sillon (Saint-Malo), à la plage
de Boisvinet à Croix-de-Vie et sur le remblais
sablais.
Sources : Extrait de notes de Christophe
Vidal. «Evolution architecturale et protection
du littoral» Congrès de Nantes 1999, CTHS
Paris 2002.
Le comité de rédaction
Le comité de rédaction