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L’OCEAN, INCONTOURNABLE ACTEUR DE SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE. 2024

LA PECHE AUX CIVELLES* .

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Engoncé dans son ciré, il affronte une bise aigre venue des marais. Debout, à la barre pour plus de trois heures
de pêche, le temps d’une pleine mer, il va suivre, en boucle, le cours de la Vie, depuis le port jusqu’au barrage des Vallées. La nuit claire laisse transparaître un paysage d’encre de chine. Il guette le miroitement des douves que réveille la lune entre deux nuages. Pas un détail n’échappe à sa vigilance, régularité du moteur calé sur une vitesse de 4 nœuds afin de ne pas blesser les civelles, les remous de l’eau signalant les reliefs des fonds connus de longue date, par le menu. Un coup d’œil lancé de temps à autres le rassure sur la solidité des attaches de ses deux « pibalous », ces nasses de 2,08 m de large fixées de part et d’autre de son bateau dans lesquelles se piègent les civelles qu’il confiera délicatement à un bac à bulles après chaque levée de filet. Propriétaire d’un bateau « Bénéteau » de 9,20 m, il repère, devant lui, les petits bateaux dont le faible tirant d’eau leur a permis de passer les premiers sous les arches du pont de la Concorde. Désormais ils ne sont plus que 15 civelliers engagés en 2022 dans la campagne de pêche à la civelle contre 25 en 1995. A l’époque on comptait 1200 civelliers en France, ils ne sont plus que 400.

La réglementation édictée par Bruxelles fixe chaque année, dès septembre, le quota de pêche à respecter pour la civelle. Le volume autorisé pour la France en 2022 est de 57 tonnes soit environ 150 kg par bateau pour chaque campagne. Ce quota réserve 40% du volume pêché à la consommation payé minimum 350 €/ kg et 60% au repeuplement, rémunéré à hauteur de minimum 180 €/kg.

Les cours d’eau d’accueil sont essentiellement situés en Vendée, en Allemagne et aux Pays Bas.
Pour Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la vente est négociée chaque année avec deux mareyeurs basques, spécialistes de la civelle, très recherchée en Espagne. Le marché avec l’Asie a été interdit par Bruxelles en 2002 car, plus lucratif, il a fait craindre une surpêche au détriment de l’espèce (de 700 à 900 €/kg comparés à 500 €/kg, prix plancher payé en Europe)

A Saint-Gilles-Croix-de-Vie, les civelliers s’appuient sur une organisation pilotée par un secrétaire administratif et un civellier bénévole qui met à disposition, à la criée, un vivier nominatif où chaque pêche est conservée dans le respect d’un cahier des charges rigoureux,
garant de la fraîcheur et de la qualité des si fragiles civelles recherchées par une clientèle exigeante. Le prix de vente est stable, de l’ordre de 500 €/kg avec de légères fluctuations, de l’ordre de 20 € à 30 €/kg de plus en début de campagne ou en cas de faiblesse du volume des prises.
Depuis 2008, les civelliers constatent, d’année en année, une remontée du stock de civelles, sans que le quota n’évolue. Pourtant les autorités en sont informées scrupuleusement. Depuis les années 2000, chacun d’entre eux est tenu de remplir, à chaque sortie, une fiche de pêche détaillée qui précise, la zone de pêche, la durée de la marée, la date, la durée de la pêche, la qualité suivant une nomenclature précise, les équipements, le poids en toutes lettres, le mode de transport et le numéro d’immatriculation du véhicule. Ces fiches de pêche, remplies en trois exemplaires, sont respectivement transmises aux autorités concernées, aux archives professionnelles, et conservées par chaque
pêcheur, susceptible, à tout moment, d’être auditionné sur son activité.
Les civelliers attendent de savoir quelle suite sera réservée par les autorités à cette masse de données précises, cumulées depuis 22 ans, scrupuleusement transmises et dont la richesse mérite mieux que le silence opposé à leurs demandes d’information quand ce qui est en jeu est leur métier* et leur moyen de subsistance.

Michelle Boulègue.

Source : Christophe Buchoux, civellier.
• A Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la campagne 2023/2024 a été sauvée
de justesse grâce à la mobilisation conjointe des professionnels de
cette pêche et des élus au prix d’une réduction de la durée de pêche
de deux mois.
* désigne l’alevin de l’anguille

L’OCEAN, INCONTOURNABLE ACTEUR DE SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE. 2024

LA PÊCHE RECREATIVE DE L’ANGUILLE DANS LE COLLIMATEUR.

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Acteurs décisifs au service de la préservation et dela valorisation des marais, leurs propriétaires sont soumis à un ensemble de directives et d’obligations réglementaires : les directives européennes, les Stratégies Nationales des Aires Protégées, et l’ensemble des textes réglementaires que sont le Code de l’Environnement, la Loi Littoral, les arrêtés ministériels et Natura 2000.

C’est ainsi que l’interdiction faite aux non professionnels de « pratiquer la pêche récréative de l’anguille à tous ses stades de développement dans les eaux saumâtres de l’Union Européenne, dans ses estuaires, lagunes côtières et eaux de transition » soit en aval de la limite de salure des eaux, a douché les propriétaires de marais.

Ce projet met vent debout les responsables des marais du Payré (Jard-sur-Mer), de la Basse Vallée de la Vie et de la Gachère (L’Ile d’Olonne). Ils craignent que cette interdiction ne conduise au délaissement des marais dont l’entretien, contraignant et coûteux, n’ouvrirait droit à aucune contrepartie. Conscients des enjeux, les élus du littoral vendéen ont défendu leur opposition argumentée à l’arrêté du 9 mars 2023
du ministre de l’Agriculture.

En septembre 2023, tous voulaient espérer que rien n’était joué d’autant que des alternatives sont à l’étude. Ainsi le projet « d’Aménagement des marais favorables à l’anguille et à la biodiversité » sous l’égide du Syndicat Mixte des Marais de la Vie, du Ligneron et du Jaunay (SMMVL J), de l’Association LoireGrands Migrateurs (LOGRAMI), de Natura 2000, et de l’Association Syndicale des Marais de la Basse Vallée de la Vie (ASMBVV). L’objectif serait de proposer aux propriétaires de marais en cours de déprise, une gestion collective de leurs marais en milieu ouvert afin de favoriser la croissance de l’anguille d’Europe et le retour des géniteurs à la mer. Ce projet, en cours de développement, est constructif pour l’avenir du milieu naturel et de l’espèce, mais il ne résout par le problème des propriétaires amateurs d’anguilles qui n’entretiennent leur marais et les niveaux d’eau que pour pêcher quelques anguilles chaque année.

L’ASMBVV, qui passe depuis 40 ans des commandes groupées aux écloseurs de larves de crevettes impériales, propose un soutien original au développement de l’anguille d’Europe. Il s’agirait d’organiser annuellement une commande groupée de civelles aux pêcheurs professionnels et de les distribuer avec justificatif de provenance aux propriétaires qui souhaitent poursuivre la pisciculture d’anguille. Une partie des anguilles serait relâchée à la mer pour la reproduction, une autre pourrait être prélevée par les propriétaires de marais sous réserve de l’accord de l’Administration.
Les marais salés de la basse vallée de la Vie, riches d’une biodiversité dynamique, réserves de ressources vitales telles que l’eau ou la nourriture, facteurs de régulation thermique et zones tampons en cas de submersion marine, jouent un rôle clef au service du bien-vivre au Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et de son avenir. Les propriétaires de ces marais, si attentifs à leur entretien, méritent en retour la reconnaissance de leur rôle au service de la préservation de ce patrimoine vivant d’intérêt général et le droit d’y perpétuer la pêche récréative aux anguilles.

Michelle Boulègue.

Source : Association Syndicale des Marais de la Basse Vallée de la
Vie (ASMBVV).

Bulletin 2023 L’Océan, incontournable acteur de SGXV

LE PORT DE SAINT-GILLES CROIX-DE-VIE TIENT SON CAP.

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LE PORT DE SAINT-GILLES CROIX-DE-VIE TIENT SON CAP.

 

Confronté au réchauffement climatique, aux aléas économiques et aux enjeux internationaux, le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie résiste en s’organisant et en se diversifiant. Il s’adapte. Il suit en cela les orientations  adoptées par le monde de la pêche, très en alerte sur les évolutions qui affectent l’environnement maritime et les pratiques  professionnelles. 

En 2021, IFREMER dresse un diagnostic qui  prouve que les efforts entrepris par les professionnels de la pêche pour restaurer les stocks commencent à porter leurs fruits. On estime à 300 le nombre d’espèces pêchées  le long de nos côtes. Une cinquantaine d’entre elles représente à elles seules 95%  des prises. Le risque de surpêche justifie le  suivi effectué. 

En 2020, la part des débarquements français provenant de stocks en bon état est de  52% (contre 9% en 2000 et 16% en 2010).  C’est encore loin de l’objectif de 100% fixé  par la PCP (Politique Commune de la Pêche)  pour 2020. En 2020 la part des débarquements français provenant de stocks effondrés a augmenté (10% du total) du fait de l’effondrement du stock de sardines du Golfe de Gascogne où la sardine est particulièrement affectée par le réchauffement climatique. Il en est de même dans le Golfe  du Lion. Pour un âge donné, la taille des individus diminue fortement. 

Le réchauffement des eaux vaut aux marins pêcheurs de voir leurs casiers et leurs filets  investis par les poulpes depuis 2021. En dépit de la nette amélioration constatée, l’IFREMER souligne que la surpêche continue de menacer d’effondrement certaines espèces dont le cabillaud en Mer-du-Nord. Dans ce contexte incitant à la vigilance sans catastrophisme, qu’en est-il pour le port de  Saint-Gilles-Croix-de-Vie ? 

Fin 2021 le tonnage débarqué représente 2 641 t en diminution de 33% par rapport  à 2020. 

Ce fléchissement s’explique par une diminution importante des apports en poissons bleus de 1 627 t (-53%). Au contraire le poisson blanc débarqué est en hausse de 320 t (+37%) 

La valeur débarquée représente 8 607 k,  en progression de 13%, due à l’augmentation du tonnage des prises de poissons blancs assortie d’une hausse du prix moyen  de 70%. 

Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie résiste aux aléas climatiques et économiques en  menant de longue date une politique de  modernisation et de diversification de ses  activités de pêche. 

La criée, informatisée, accueille 10 ateliers de mareyage et s’ouvre au public pour mieux  lui faire partager l’histoire du port et de ses  métiers. Les bateaux accompagnent la demande. Les poissons traqués au sonar sont gardés au frais grâce à des techniques innovantes de conservation des prises à bord. Actuellement le port compte 4 fileyeurs, 10 chalutiers, et 26 ligneurs, soit 40 unités  

en tout. Géré par la Communauté de Communes depuis le 5 mars 2015, le port maintient son cap en s’attachant à suivre 2 axes :

  • miser sur la qualité des produits avec l’obtention du label «Poisson du Pays de Saint-Gilles»
  • valoriser et mutualiser les équipements des ports de pêche et de plaisance. Des signes de résistance au mauvais vent ?  

En 2021, les Etablissements Gendreau associés aux mareyeurs et à un patron de pêche  arment deux nouveaux chalutiers, le «Jérémie Simon» et le «Prométhée» au service d’une pêche artisanale qui approvisionne, en circuit court, le marché local. A ce nouvel attelage s’ajoutent 2 sardiniers des Sables d’Olonne qui débarquent leurs prises, chaque saison, au port de Saint-Gilles Croix-de-Vie : le «PapyChiChi» et «Les  Chignolles» et de plus en plus de bateaux  sont équipés de cuves d’eau de mer à 0C°  et de moteurs à émissions de CO2 réduites. Le port et plus encore la pêche, fondent l’identité sociale et culturelle de notre territoire et stimulent son attractivité touristique; en témoigne l’inscription de la pêche sardinière au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO décidé en 2000 par les 4 ministères de la Culture, de l’Agriculture, du Tourisme et de l’Environnement. En 2018, Saint-Gilles-Croix-de-Vie a été identifié comme site remarquable du goût promu par la Confrérie de la Sardine. 

Ouvert sur la cité, acteur de la politique touristique du Pays, notre port peut compter sur la convergence des efforts et la coopération des professionnels de le pêche et de  leurs organisations socioprofessionnelles avec les collectivités territoriales et en premier lieu la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 

 

SEM DES PORTS DU PAYS DE SAINT-GILLES-CROIX DE-VIE.  

  1. : Les montants des tonnages présentés 

dans le tableau ci-dessus sont en kg et non en  tonnes comme indiqué. 

IFREMER : Diagnostique 2021 sur les res sources halieutiques débarquées par la pêche  française métropolitaine – Présentation par  Alain Biseau (janvier 2022). 

Le comité de rédaction