Association VIE Vendée » Blog Archives

Tag Archives: histoire

Bulletin 2010 Histoire - Récits - Mémoire

Qui était monsieur de Pontchartrain

Published by:

Né le 26 mars 1674, Jérôme de Pontchartrain ne fut pas gâté par la nature. Petit, malingre, rendu borgne par une variole contractée en bas âge, il était d’un caractère difficile ; « un fagot d’épines » disaient de lui ses proches. Il faut dire que ses jeunes années ne furent pas entourées de tendresse. L’attention de ses parents était tout entière portée sur l’aîné, Louis, nettement plus flatteur et dont les parents attendaient beaucoup pour le prestige de la lignée. Malheureusement, celui ci mourut à 18 ans en 1686. Il revint au cadet de répondre à leurs attentes. Soumis à une éducation rigoureuse, il ne parvenait pas à obtenir la considération de son père, Louis de Pontchartrain, tandis que sa mère, Marie de Maupeou, inconsolable de la disparition de l’aîné, se lamentait de ses défauts et accablait « le pauvre enfant » de recommandations à propos de sa santé, funeste départ dans la vie.

Cependant Jérôme allait son chemin, recevant de Jacques de Tourreil (1656-1714), un ecclésiastique assidu des salons et distingué helléniste, une solide formation littéraire qui lui permit ultérieurement de nouer des amitiés durables dans le monde des lettres avec La Bruyère, Boileau, Racine, De Fontenelle pour ne citer que les plus proches.

Louis de Pontchartrain, soucieux du prestige de sa lignée, veilla à ce que son fils obtienne rapidement une charge. Ce fut ainsi que Jérôme de Pontchartrain fut nommé, à 18 ans, Conseiller au Parlement en mars 1692, puis, en 1693 membre du Conseil des Prises sous le haut commandement de l’Amiral de France, le comte de Toulouse. En dépit du ronflant de ces titres, Jérôme de Pontchartrain avait surtout un travail de secrétariat dont il s’acquittait avec fièvre et acharnement. Il avait à coeur de faire des notes précises, imparables sur des questions financières qui intéressaient Louis XIV au plus au point. Ce dernier, « arithméticien » et doué d’une mémoire redoutable n’aimait rien tant que les comptes précis et les notes circonstanciées du jeune Jérôme de Pontchartrain. A force d’acharnement, Jérôme, reçu enfin des billets de félicitations de son père et le roi le nomma, en décembre 1693, Secrétaire d’Etat Survivancier.

C’est alors qu’il entreprit de longues et épuisantes tournées afi n de dresser l’état du littoral en Poitou, Bretagne et Basse Bretagne et dans les provinces languedociennes. Dépêché au port de Saint Malo, alors assiégé par la flotte anglaise, il se fi t apprécier du Grand Vauban en charge de la fortification du littoral afi n d’aider les ports français à résister aux raids anglais. Là encore, ses mémoires et la pertinence de ses avis le firent accéder en 1699 aux charges de Secrétaire d’Etat à la marine et aux colonies au moment où son père fut lui-même nommé Chancelier, membre du Grand Conseil, ce qui allait lui laisser les coudées plus franches. Entre temps il avait épousé en 1697 Marie Christine de la Rochefoucault qui lui donna un fils, le futur Maurepas, (qui fut secrétaire d’état à la marine de Louis XV) et lui apporta la tendresse et l’estime qui lui avaient tant manqué enfant.

A ce nouveau poste, il se dépensa sans compter. On lui doit les fulgurantes percées de la marine française en Louisiane, au Canada, à Saint Domingue, dans les Iles Sucrières. Il remporta des succès sur la Royal Navy grâce à une politique avisée dotant le littoral d’ouvrages portuaires et d’une flotte performante. Il s’intéressa à la pêche hauturière, à Terre Neuve, tant il était convaincu (déjà) des correspondances fructueuses à établir entre les affaires militaires et le commerce. Depuis le système des rôles mis en place par Colbert, les équipages
de pêche étaient de véritables viviers pour la marine de guerre de sa Majesté. Enfin il encouragea les missions scientifiques et fit établir une cartographie si précise que le ministère de la marine anglais faisait acheter ses cartes à Paris. En 1714, Jérôme de Pontchartrain pris la décision d’allonger le vieux môle de Croix deVie. In extremis.

La mort de Louis XIV, le 1er septembre 1715 lui fut fatale.Le Régent renvoya Jérôme de Pontchartrain dans son domaine de Pontchartrain à 20 km de Paris. Il se passionna alors pour l’agronomie, augmenta et géra son domaine de 8 000 ha en le dotant des techniques les plus avancées pour l’époque, s’inscrivant déjà dans le siècle des lumières.

Michelle Boulègue

Sources : « Les Ponchartrain, ministres de Louis XIV- Alliances et réseau d’influence sous l’Ancien Régime »
par Charles Frostin- Presses Universitaires de Rennes.

Bulletin 2010 Les dossiers de V.I.E.

La protection du périmètre de la Baie d’Adon, en attente

Published by:

V.I.E toujours en alerte ! Depuis 2003, date de l’envoi à la Préfecture de notre dossier en vue de préserver la Baie d’Adon, nous avons obtenu l’appui de la D.R.A.C en vue de l’inscription du site en ZPPAUP. Aujourd’hui, fin 2009, nous sommes toujours dans la dernière ligne droite, en attente de la nouvelle défi nition de la ZPPAUP. Prévue pour la fi n de 2009, cette nouvelle défi nition est encore au point mort car rien ne peut se faire sans Monsieur l’Architecte des Bâtiments de France qui a décidé depuis 18 mois ne plus donner signe de vie tant que ses demandes de moyens ne seraient pas prises en considération. La récente arrivée d’une collaboratrice pourrait dégeler la situation. Encore faut il que soit déblayée l’accumulation des dossiers en souffrance. «Vaste programme».

La Baie d’Adon

Au-delà de la préservation de ce périmètre, V.I.E propose une extension de la ZPPAUP afin de mieux préserver les quartiers historiques de Saint Gilles et de Croix de Vie qui commencent à être surplombés par des constructions de plus de 13 mètres de hauteur au prix d’un tracé de la ZPPAUP au contour torturé pour satisfaire à des priorités éloignées de la préservation du patrimoine.
Michelle Boulègue

Bulletin 2010 Les dossiers de V.I.E.

Les murs en pierre de lest

Published by:

Mur en pierres de lest

Se promener le long des rues bordées de hauts murs de pierres qui jalonnent ses quartiers historiques est l’un des plaisirs simples que nous offre Saint Gilles Croix de Vie. Ces murs en disent long sur l’art des maçons de faire les agencements les plus improbables de pierres taillées, de galets, de dalles de schiste vert du Fenouiller, de tuilots et de débris de briques sans oublier quelques culots de bouteilles. Un examen attentif de ces murs révèle, plus encore, la cartographie des circuits maritimes du port, du temps où le commerce maritime européen était, au XVIIème siècle, l’activité portuaire dominante par rapport à la pêche y compris la pêche à la morue sur le site de Terre neuve. Depuis l’antiquité, le cabotage tout au long des côtes de France, de l’Angleterre et des pays nordiques a fait transiter, par le port, vers ces régions, des cargaisons de vins, céréales, sel, en échange de bois, d’étain, de fer et autres. Faiblement quillés afin de pouvoir remonter le plus loin possible à l’intérieur des terres, les bateaux devaient être lestés pour mieux affronter la houle en haute mer. Ces pierres que les équipages ramassaient sur les rivages sont les ultimes témoins de ces longs périples, dont Garcie Ferrande a dressé les routes dans son «Grand Routier». François 1er en a immédiatement compris la portée stratégique alors qu’il cherchait à contrer la domination des mers par l’Espagne et l’Angleterre. Ces murs de pierres sont donc des pages à ciel ouvert de l’histoire du port. A ce titre nous approuvons l’alerte donnée par le CPNS lorsque l’un de ces murs, porteur, qui plus est, d’un graffiti représentant l’un de ces bateaux, s’est fait mettre à mal, rue Abel Pipaud, lors de travaux autorisés par
Monsieur l’Architecte des bâtiments de France, ZPPAUP oblige. Cette alerte a sans doute inspiré la protection de ce graffiti par l’office du tourisme.*

Pour V.I.E il faut tirer les leçons de cette destruction :

  • Les murs en pierres de lest sont des biens privés qui ont acquis au fil du temps un intérêt collectif car ils contribuent à la personnalité de notre cadre de vie.
  • Ce patrimoine commun est mal protégé par la ZPPAUP actuelle.
  • Une protection renforcée ne devrait pas, cependant constituer une contrainte sans contrepartie pour les

Que faire ?

V.I.E propose une approche qualitative de la protection des murs en pierres de lest au-delà des dispositions actuelles de la ZPPAUP. Sa révision prévue fi n 2009, nous en offre l’opportunité. En effet, il s’agit de distinguer les murs en pierres de lest, des murs de pierres ordinaires qui ne manquent pas. Protéger l’ensemble des murs de pierres pourrait entraîner des contraintes excédant largement l’intérêt quand, seuls, quelques témoignages sont intéressants. V.I.E a donc entrepris, avec le concours de ses adhérents, de dresser une carte des murs de pierres sur Saint Gilles Croix de Vie et d’analyser les caractéristiques minérales des pierres qui les composent afin d’identifier les pans les plus représentatifs. Avec toutes les bonnes volontés qui pourraient se sentir concernées par la préservation des murs en pierre de lest, nous prévoyons de monter un dossier. Notre ambition est de travailler en concertation avec la mairie dans le cadre de l’élaboration du prochain règlement de la ZPPAUP avec pour but :

  • Élaborer un article du règlement de la future ZPPAUP précisant l’objet et les modalités de la protection des murs en pierres de lest identifiés comme tels.
  • Mobiliser la Préfecture de Vendée afin que la D.R.A.C soit amenée à ce prononcer sur l’intérêt collectif de ces murs et, sous couvert de l’avis de Monsieur l’Architecte des Bâtiments de France, intégrer définitivement cet article dans le règlement de la ZPPAUP.
  • Solliciter le Conseil Général afin que cette protection s’inscrive dans sa politique d’aide à la pierre et de protection du patrimoine à l’échelle départemental.

Pour V.I.E, il importe de protéger les murs en pierres de lest, témoins de l’histoire commerciale du port et exposés à l’usure, aux malfaçons et à la négligence. Cette protection ne peut incomber, sans contrepartie, aux seuls propriétaires de ces murs dès lors qu’ils font partie du patrimoine commun.

Denis Draoulec