L’attractivité de la Grande Plage de Saint Gilles Croix de Vie s’accroît d’année en année, bien sûr durant la période estivale, mais également lors des vacances de printemps et d’automne et des week-ends ensoleillés, sans parler de l’essor des bains de mer en hiver des «Sardines» devenues maintenant une référence sur la côte vendéenne. La plage est également devenue spot de référence du monde du surf (1 600 licenciés au surfi ng Saint Gilles, 1er club de France) et également un site convoité pour la pratique du kitesurf. L’intérêt de se baigner en se jetant dans les vagues sans support trouve également de plus en plus d’amateurs. Seulement les interventions de sauvetage par les surfeurs et le MNS (Maîtres Nageurs Sauveteurs), voire les drames (en début de saison une famille en vacances s’est retrouvée en difficulté sur la plage du Jaunay ; si les enfants ont pu s’en sortir, le père s’est noyé), viennent nous rappeler les dangers de la baignade, ceux visibles quand les déferlantes libèrent leur puissance et ceux plus insidieux quand des courants vous transportent rapidement vers le large.
Ces courants dits d’arrachement (car ils provoquent l’érosion du sol de plage sur leur passage), peuvent être provoquées par les baïnes, cuvettes de relief de la plage (on parlera de courant de sortie de baïne) ou d’autres phénomènes comme la confluence de deux trains de vagues de direction légèrement différentes provoquant une concentration de masse d’eau à un endroit donné qui s’échappe en violent courant d’arrachement. Sur notre littoral vendéen et notamment sur la Grande Plage de Saint-Gilles Croix de Vie, le cas de baïne pouvant générer un courant suffisamment fort pour entraîner assez loin un nageur est assez rare (maximum 75 cm pour les
baïnes observées en octobre 2014 sur la Grande Plage). Par contre plus fréquents, les courants d’arrachement liés à la configuration des trains de vagues sont générés dès que les conditions de mer se durcissent. Les surfeurs pratiquant dans ces conditions témoignent de ce puissant brassage dans les zones de déferlement de la houle avec effet d’entraînement au large.
La saison estivale 2015 des Maîtres-Nageurs Sauveteurs (20 dont 6 CRS et 14 civils BNSSA) surveillant les 2,5 km de plage à Saint Gilles Croix de Vie, remarquable et particulière, est révélatrice (bien que les conditions optimales de la météo ont atténuées les conditions de mer à risque) : 6 sauvetages vitaux (vie en danger) et sauvetage de 15 baigneurs en difficulté (42 en 2014, 76 en 2013), de deux véliplanchistes et deux occupants d’embarcation en péril (pneumatique à moteur dégonflé en train de couler). Les pratiquants de surf et notamment les éducateurs sportifs de surf témoignent également d’avoir rencontré plusieurs baigneurs en difficulté qu’ils ont assistés.
Concernant les courants, c’est lors des mouvements de marée (marée montante et surtout marée descendante) en période de houle, que les risques d’être entraîné par un courant d’arrachement (lame de fond vers le large) sont les plus sérieux. C’est ce que nous ont confirmé les MNS, certains ayant été au cours de leur entraînement confrontés à ce type de phénomène. Le phénomène est amplifié lors des forts coefficients de marée.
La méconnaissance des recommandations peut être fatale au baigneur, même confirmé, s’il résiste imprudemment à ce courant. L’important pour tout baigneur emporté par un courant d’arrachement est de se rappeler de la recommandation suivante : surtout ne pas paniquer, conserver son discernement (face aux réflexes), se rappeler de ce phénomène (d’où la connaissance minimum) et des conseils formulés :
- ne pas tenter de résister au courant (même si l’on est un nageur expérimenté),
- et se laisser dériver sans s’essouffler afin de conserver ses forces pour le retour;
- dès que le courant cesse, faire des signes pour être secouru,
- regagner calmement le rivage en diagonale (plutôt vers le sud).
S’épuiser, s’essouffler est le meilleur moyen de se noyer. L’essoufflement survient en raison d’une respiration rapide qui n’élimine pas suffisamment le CO2. Petit à petit, le courant s’effacera, il sera temps alors de regagner sans affolement le rivage en se faisant pousser par les vagues déferlantes tout en obliquant légèrement vers le rivage (pour ne pas rencontrer le courant).
Boire la tasse n’est pas grave, c’est l’essoufflement, l’accumulation de fatigue et la panique qu’il faut éviter. La communication à la population des plages de ces conseils s’avère donc essentielle pour le cas échéant survivre à un fort courant d’arrachement. En complément du panneau d’avertissement (baïnes, courants), les consignes de prévention à destination des baigneurs sont à afficher, ceci durant toute l’année, y compris durant la période de surveillance MNS (comme ces derniers nous le conseillent pour favoriser la pédagogie).
Bien sûr, il vaut mieux ne pas être pris dans un courant d’arrachement. Ne pas se baigner lors de conditions de forte houle, ne pas se baigner dans les baïnes, même par condition de mer calme. Baignez-vous toujours en s’assurant de garder pied et aller dans les vagues avec un support (body-board par exemple). Et bien sûr apprenez à nager à vos proches ; les maîtres-nageurs de la piscine ont constaté une nette fréquentation des cours de natation.
Rappelons également qu’il existe déjà une communication sur panneau dédiée aux risques liés à la baignade lors de la marée haute le long du remblai de la Grande Plage : Baignade Dangereuse à Marée Haute.
Cette information est très utile en raison du danger du remblai (à marée haute). Elle ne concerne pas les risques des courants d’arrachement qui nécessitent une autre information. Dans un autre domaine de prévention, proche de l’environnement de la Grande Plage, rappelons aux jeunes qui ont pris l’habitude de se baigner dans le Jaunay en utilisant les passerelles comme plongeoir. Ils ont été avertis que les eaux du Jaunay sont polluées, notamment avec le ruissellement des eaux de pluies sur les zones d’épandage du lisier, sans compter les déversements accidentels de lisier. Les plongeons ne sont pas non plus sans risques (transit de branchage immergé…).
Concernant les méduses, il est déconseillé de se baigner ou de surfer parmi ces bancs de méduses. En cas de piqûre qui provoque une sensation de brûlure et des démangeaisons voire des nausées utiliser du sable chaud (ou un objet chauffé) en tampon sur la plaie sans frotter, puis rincer à l’eau de mer pour évacuer les restes des filaments urticants (pouvant encore libérer les neurotoxines), enfin passer une pommade antiurticante. Des nécroses (observées sur la main de surfeurs de Saint Gilles) peuvent retarder la guérison.
En cas de piqûres multiples, des réactions allergiques (avec vomissement et complications respiratoires) peuvent apparaître et devenir un réel danger pour les personnes vulnérables. Ceci dit, en toute prudence, notamment à l’égard des enfants, bonne baignade à tous pour cet été 2016.
Denis.Draoulec22@orange.fr
02 28 10 52 44
(*) BNSSA : Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique, accompagné d’un certificat de radiotéléphoniste et d’une formation de secourisme de niveau 2 (niveau des sapeurs-pompiers) et du permis bateau, soit une formation de 400 heures étalées sur huit mois d’octobre à mai.