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Bulletin 2020

LA CRIÉE RETROUVE SES COULEURS

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Notre criée revient de loin. Cette bonne nouvelle mérite d’être partagée.

Retour au port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

Il y a quatre ans, l’ambiance était plus morose 53 quai Marcel Bernard à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

En 2015, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Vendée (CCI) a entrepris la rationalisation de la gestion des criées vendéennes. Selon cette logique, celles de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et de l’Ile-d’Yeu devaient disparaître pour prix d’un regroupement des forces sur la criée des Sables-d’Olonne. L’argument fort opposé aux professionnels de la pêche, secoués par l’annonce, était que la criée de Saint-Gilles-Croix-de-Vie perdait 300 000 euros par an. C’était condamner le port de pêche. Mis devant un quasi fait accompli, les maires des communes concernées saisirent la Communauté de Communes afin de mettre au point une alternative crédible et durable.

Le premier janvier 2016, la Communauté de Communes décida la reprise du port en gestion directe, pour 12 ans et mit sur pied à cet effet la Société d’Économie Mixte du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Dès la première année la criée limita son déficit à 20 000 euros, loin en deçà des 300 000 euros de déficit allégués par la CCI. À partir de cette date, le chiffre d’affaires de la criée progressera de 2 % chaque année. Son tonnage augmentera de 5 % avec la même régularité. Un bémol toutefois : le prix moyen des prises de poissons bleus diminue de 1 % dans la même période.

Le point d’équilibre est atteint en 2019. Les volumes des prises en anchois, sardines, chinchards et sardines sont en hausse de 205 tonnes soit plus de 6 % et le débarquement de poissons blancs connaît une hausse de 22 tonnes (+ 2 %).

Actuellement, l’activité de la criée est portée à 80 % par la pêche côtière. En 2018, 3 995 tonnes ont été pêchées par 8 sardiniers dont une paire est armée par la conserverie Gendreau qui en traite 2 900 tonnes. Son label rouge lui assure un vaste marché.

Sitôt péchés, déjà des acheteurs

1 200 à 1 300 tonnes de « fraîches » sont vendues en criée aux mareyeurs. Ce rapide redressement de situation s’explique par une gestion plus proche des professionnels de la pêche et une réactivité appréciée des marins et des acheteurs.

 Le redressement de la situation n’exclut pas la vigilance. La saison de pêche 2019 accuse une légère baisse de tonnage imputable à un été particulièrement chaud. De plus, l’actualité apporte en continu son lot d’incertitudes. Ainsi un éventuel Brexit pourrait avoir pour conséquence une restriction des zones de pêche le long du littoral français et le report des flottes normandes et bretonnes sur les zones situées plus au sud.

Loin de céder au pessimisme, la criée de Saint-Gilles-Croix-de-Vie soutient son dynamisme tout en dédiant 250 m2 de sa surface à l’accueil de visiteurs captivés par le spectacle qu’elle offre aux matinaux dès 5 heures du matin. Le but est de sensibiliser un public friand de nouveautés en prise direct sur la pêche et la vie des marins. Deux visites pédagogiques organisées au petit matin et à partir de 10 heures permettent aux amateurs de suivre le trajet du poisson depuis son débarquement sur le quai jusqu’à l’enlèvement des lots par les mareyeurs.

L’activité de la criée dépend de l’abondance et de la diversité des stocks. En prise directe sur le vivant, les professionnels de la pêche fournissent un effort constant d’adaptation en termes de techniques de pêche et d’instruments de capture. Ils sont attentifs aux travaux des scientifiques qui, pas à pas, révèlent parfois en tâtonnant, les processus de renouvellement des stocks et les régulations à adopter aux niveaux intergouvernementaux et européens pour en préserver l’abondance et le renouvellement. Ils savent aussi qu’ils n’ont pas l’entière maîtrise des facteurs en jeu, que ce soient les évolutions climatiques, l’acidification des eaux des océans, la pression de la surpêche industrielle au détriment de la pêche artisanale tant il est démontré que les seules règles du marché appliquées aux ressources de la planète conduisent à l’épuisement de celles-ci.

 Bien au-delà du monde de la pêche, la prise de conscience de la complexité des enjeux, économiques, sociaux et environnementaux, implique l’engagement des dirigeants politiques à des niveaux de responsabilité intergouvernementaux. La pertinence de leurs décisions dépendra de la qualité de leur écoute vis à vis des professionnels, des experts et de la légitime inquiétude des populations.

Les équilibres à préserver nous engagent tous, bien au-delà du seul monde de la pêche.

Michelle Boulègue.

Sources : SEM des ports du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-
Vie.

Bulletin 2018 Dossiers d'actualité

L’échouage des dauphins.

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Une triste découverte.

Dauphin échoué en février 2017 – Grande Plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

Ce matin de février 2017, la grande plage de St-Gilles-Croix-de-Vie retrouve son calme après le passage tonitruant des tempêtes Kurt, Leiv et Marcel, qui, sans être exceptionnelles, se sont relayées pour balayer la côte atlantique et n’ont accordé de répit ni aux animaux ni aux hommes.(1)

Un chien court sur la plage, la truffe à l’affût des débris jonchant le sable. Soudain, avant de dépasser les rochers bordant la baie, il se fige et fait entendre un long hurlement. Une forme est allongée, immobile sur le sable mouillé, les contours doucement floutés par la brume, linceul diaphane. Il s’agit d’un dauphin, mort et échoué à la faveur de la première marée de la journée. Ni les goélands ni les crabes ne l’ont encore entamé.

Un phénomène récurrent.

Le Centre d’observation des mammifères et oiseaux marins de la Rochelle, Pelagis, se charge de le recueillir pour l’autopsier et analyser les causes de l’échouage. Car si le spectacle d’un dauphin échoué sur la plage est choquant pour le simple promeneur, il n’est pas rare, puisque, chaque année, environ 200 à 500 échouages de dauphins sont enregistrés sur la côte atlantique. Mais ce qui étonne les scientifiques, c’est le nombre important d’échouages constatés entre le 1er et le 10 février 2017, de la Loire à la Gironde, trente fois plus élevé que le niveau « normal», comme l’explique le centre Pelagis le même mois. En effet, durant le seul premier trimestre, la Vendée et la Charente-Maritime ont à elles seules cumulé près de 490 échouages. (2)

L’augmentation des échouages, phénomène naturel ou accidentel ?

Les scientifiques ont écarté l’explication tirée de la succession des tempêtes, qui n’ont eu qu’un effet « révélateur». En effet, les courants n’ont fait que pousser vers les plages du littoral les carcasses des dauphins déjà morts.

Les échouages recensés ne concernent pratiquement que la seule espèce des dauphins communs (98% des animaux examinés). Les premières études effectuées sur 68 dauphins révèlent que leur mortalité est due pour 85% à la capture accidentelle dans un engin de pêche, comme le démontrent les traces de fractures et d’amputations relevées par l’observatoire Pelagis.

En ce qui concerne la côte Atlantique, le système MOTHY (Modèle Océanique de Transport d’Hydrocarbures) a analysé les zones probables de mortalité accidentelle. Il s’agit soit d’une capture près des côtes de Charente-Maritime et de Vendée (30 à 80 km des côtes), soit une capture intervenue à proximité du talus continental (environ 150 km des côtes).

La principale explication avancée pour ces échouages massifs d’une seule espèce résiderait dans le fait que les dauphins communs et les bars «sélectionnent  »les mêmes espèces de proies ce qui pourrait les amener à se retrouver ponctuellement aux mêmes endroits où peuvent aussi figurer les bateaux de pêche», notamment ceux qui pratiquent la pêche au chalut pélagique en bœuf. Cette technique très pratiquée dans la région des Pays de la Loire permet l’utilisation de chaluts à ouverture plus importante, de manière alternative et donc un meilleur rendement. Cependant cette méthode ne permet pas de faire le tri entre les poissons recherchés (bars ou thons) et les dauphins, (3Dans le même temps, les pêcheurs exerçant dans cette zone remarquent depuis quelques années une augmentation significative du nombre de dauphins évoluant près de leurs bateaux. Ils se rapprochent de plus en plus des côtes, été comme hiver et ont même pu être observés de la jetée de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. En l’absence de données chiffrées exploitables, cette observation faite unanimement par les professionnels de la pêche nécessite d’être prise en compte, pour estimer l’impact des pratiques des pêcheurs sur l’augmentation du nombre des échouages.

La conservation de l’espèce est-elle en danger ?

Pour établir un état exact de la population de dauphins communs et son évolution, on dispose actuellement de données globales, établies par les programmes de recensement SAMM et SCANS. Selon eux, il y aurait 100 000 dauphins communs en été et 200 000 en hiver répartis du sud du golfe de Gascogne à la Manche ouest.

En revanche, il est actuellement difficile d’estimer le nombre d’échouages des dauphins sur les côtes atlantiques françaises (de 4 000 à 400 selon la méthode). Dans l’ignorance du réel quota de morts prématurées au regard du chiffre de la population, la réduction des captures accidentelles doit être impérativement recherchée, non seulement par précaution, mais également dans l’intérêt des pêcheurs.

L’intérêt des pêcheurs.

 Loin de se désintéresser du sort des dauphins qu’il leur arrive de ramener dans leurs filets avec les bars et les thons, les patrons-pêcheurs s’inquiètent de cette recrudescence d’accidents. En effet, non seulement l’équilibre du milieu marin peut se trouver menacé, mais eux-mêmes subissent d’importants dommages matériels et des pertes financières. Le même discours est tenu par Willy Dabin,

(Ingénieur à l’Observatoire pour la conservation des mammifères et oiseaux marins et au Réseau national d’échouage – RNE). « Pour un pêcheur, il n’y a aucun intérêt à remonter un dauphin, au contraire, confirme Caroline Mangalo, chargée de mission au Comité national des pêches maritimes et des élevages marins. D’un point de vue économique c’est dommageable, les dauphins pris dans les filets abîment le poisson et peuvent détériorer le matériel.» Et aucun pêcheur ne souhaite être associé à une image de « tueur de dauphins» (4). Les pêcheurs confirment cette analyse. N’oublions pas que les filets adaptés à ce type de bateau sont extrêmement coûteux et que leur remplacement peut s’avérer nécessaire après plusieurs prises de dauphins. Le bénéfice d’une campagne de pêche, au demeurant toujours aléatoire, peut se trouver altéré par les conséquences de ce type d’accidents.

Des solutions inefficaces et une recherche en panne.

Cependant quelques solutions ont été avancées, notamment technologiques (engins modifiés, répulsifs acoustiques)ou adaptation de la stratégie de pêche. Mais on ne peut que constater l’inefficacité aggravée par le manque de moyens financiers pour des études approfondies. Des répulsifs acoustiques ont été testés depuis 2002. Mais force est de constater qu’ils ne constituent pas une véritable réponse puisque selon les études effectuées, outre leur manque d’efficacité, ils produiraient des dommages sur le système auditif des dauphins qui pourrait affecter leur système d’écholocalisation ! Des tentatives de modification des engins de pêche ont également été testées. Ainsi, Willy Dabin explique : « On a, par exemple, installé des trappes d’échappement sur les chaluts, qui fonctionnent très bien pour les tortues, mais pas pour les) mammifères marins qui sont beaucoup plus actifs et s’épuisent dans les filets.»

  • Une autre solution est avancée par le responsable océans et côtes pour WWF France Denis Ody. Il préconise de «revoir les méthodes de pêche». Mais il s’avère que les recherches et la mise en place éventuelle de dispositifs plus sélectifs à destination des pêcheurs requiert un important effort fi nancier (cf. : l’avis de 2012 du CESE – Conseil économique social et environnemental – sur la politique commune de pêche).

Un désintérêt des pouvoirs publics. Au niveau européen, la directive-cadre stratégie pour le milieu marin (2008/56/ CE) du 17 juin 2008 oblige chaque État membre à élaborer une stratégie en vue de l’atteinte ou du maintien du Bon État Écologique. Elle a été suivie en France par un Plan d’Action pour le Milieu Marin, en vue de réaliser ou de maintenir un bon état écologique du milieu marin au plus tard en 2020. Ce plan a été suivi d’un programme de surveillance pour les années 2014– 2017, sans réel impact concret, dans la mesure où aucune proposition d’action n’a été engagée. En effet, la préservation de cette espèce de dauphins est classée actuellement en « préoccupation mineure» dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Il apparaît évident que si le déblocage de fonds est indispensable pour trouver des solutions pérennes, satisfaisantes pour la préservation du milieu marin et l’économie maritime, ce n’est qu’avec une action ciblée et coordonnée de tous les acteurs, pêcheurs, ingénieurs, pouvoirs publics, CCI, etc., qu’une vraie réponse pourra être donnée, afin que le dauphin continue à nous enchanter dans les vagues et non à nous désespérer sur la grève.

Christine Ménard.

 

Documentation :
  • Données de METEO France. 
  • CNRS – Actualités observatoire Pelagis mars 2017 – «Pic d’échouages multiples de dauphins».
  • COREPEM – Pratiques de pêche en pays de Loire – «La pêche embarquée – Le chalut pélagique».
  • Article du Monde du 25-03-2016 – «Dauphins échoués sur la plage – La pêche industrielle en ligne de mire».
  • Dossiers de l’association SOS GRAND BLEU – «es répulsifs acoustiques contre les prises accidentelles » 
Bulletin 2018 Histoire Récits Mémoire

Les pieux d’amarrage

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Depuis 2015, l’association V.I.E. essaie de protéger et restaurer les pieux d’amarrage de la baie de l’ADON.

En fait l’utilisation de ces pieux du XIXe siècle remonte la mémoire du temps. Ils sont disposés le long de la V.I.E. dans l’anse de l’ADON et sur l’éperon de la Garenne.

Sur la jetée de la Garenne, les pieux étaient espacés tous les 10 m. Ils permettaient aux bateaux de pêche ou de commerce de remonter le fleuve lorsque le vent faisait défaut ou lorsque le courant était contraire.

Soit par halage à partir du bateau, soit par « le halage à la cordelle » (corde de moyenne grosseur, en anglais tow = touer, touage). Ces pieux d’amarrage, (parfois appelés bollard, soit toute pièce de bois ou d’acier, cylindrique, fixée verticalement sur les quais), servaient aux marins qui halaient le bateau à pouvoir frapper la cordelle (c’est-à-dire amarrer) et embosser le bateau (amarrer un vaisseau de l’avant et de l’arrière, pour le fixer contre le vent ou le courant). Ils pouvaient ainsi se reposer ou lutter contre une force contraire.

 

Parfois, un canot portait une remorque ou touée d’une encablure (200 m environ) et la virait autour d’un pieu d’amarrage ou pieu de touage pour ramener cette remorque sur le bateau. A l’aide d’un cabestan ou à la force des bras, les marins du bateau pouvaient se haler vers le pieu ; et ainsi de suite remonter la V.I.E.

Halage à la cordelle, à l’entrée du port des Sables d’Olonne.

 

 

 

 

Bernard de Maisonneuve
bdemaisonneuve@gmail.com