Association VIE Vendée » Blog Archives

Tag Archives: Personnage

Bulletin 2020

NOUS NE LES OUBLIONS PAS

Published by:

L’été 2019 aura été une épreuve répétée pour V.I.E.

Le 18 août, Jean Jacques Mouton, «  Incroyable Jardinier » de la première heure, nous quittait après une impitoyable maladie affrontée courageusement deux ans durant.

Quelques jours plus tard, le 26 août, Jean Louis Charrier s’éteignait brusquement, nous laissant incrédules et ébranlés par sa disparition.

 Le 20 septembre, Louis Toupet, délégué de l’APF en Vendée, nous quittait à son tour alors que nous étudiions avec lui et selon ses conseils le moyen de rendre accessibles les allées de « l’Incroyable Jardin de Monsieur Torterue ».

 Tous les trois avaient en commun leur générosité et l’élégance de tenir à distance la maladie et le handicap. Leur amitié nous manque. Le souvenir de leur générosité  et le témoignage de leur courage discret nous restent.

Les administrateurs de V.I.E.

Bulletin 2020

UN ENFANT DU PAYS NOUS A QUITTES.

Published by:

Jean Louis Charrier

Jean Louis Charrier, fidèle et généreux administrateur de V.I.E. nous a quittés brusquement le 26 août dernier, épuisé par sa lutte obstinée pour préserver les marges de vie que lui mesurait sa santé fragile. Depuis, son large sourire, son regard bleu pétillant, poivré d’humour, ses paroles mesurées et toujours pertinentes nous manquent. La morosité lui était trop étrangère pour la laisser nous gagner.

Évoquons plutôt le parcours d’un enfant du pays si profondément attaché à Saint-Gilles-Croix-de-Vie qu’il aurait voulu y naître.  Mais la guerre a voulu qu’il naisse le 4 mai 1940 au Lude, où sa mère avait été évacuée. S’ouvrirent à lui six années de plein bonheur chez ses grands-parents paternels aux Allées, route de la Roche (maintenant 89 de la rue du Calvaire) à Saint-Gilles.  À leurs côtés, il s’imprégna de tendresse, de discipline, de lumière et des parfums du jardin. Sa tristesse, ce fut que sa mère avait dû regagner Paris pour y travailler, et que ses visites ne pouvaient être qu’espacées, même si régulières ; et que, comme beaucoup d’enfants nés à cette époque, il ne fit connaissance avec son père, fait prisonnier quelques jours après sa naissance, qu’à la toute fin de la guerre. Doux, discret et secret, il fut adoré par sa grand-mère et réceptif aux enseignements de vie, distillés au fil des jours, par un grand-père paternel chaleureux et aussi rigoureux que pouvait l’être le directeur de l’école de garçons de Saint-Gilles.

De retour à Paris, après une scolarité à l’école primaire de la rue Lepic à Paris et de solides études secondaires au lycée Condorcet, Jean Louis s’engagea sans conviction dans deux années de droit sur les pas d’un père avocat. Un reportage destiné à promouvoir les atouts touristiques de Sarlat suivi d’une exposition de ses prises de vue, très appréciée, l’engagea définitivement dans la carrière de photographe. Cela faisait des années que Jean Louis exerçait son regard au travers d’un objectif photographique. Un box-kodak offert par sa mère l’avait mis sur cette voie, de cliché en cliché. Trop de plaisir à saisir et rendre compte des jeux de lumière sur les paysages et les visages pour n’en faire qu’un passe-temps. Sa jeune épouse elle-même de tempérament artistique, lui fit rencontrer un photographe professionnel auprès duquel il apprit les ficelles du métier. À ses côtés il acquit une assurance professionnelle qui l’amena à créer dans le XVIII ème arrondissement un studio laboratoire avec son jeune frère Michel. La répartition des rôles alla de soi : à Jean- Louis le pilotage du studio et à Michel le laboratoire. 20 ans durant, le tandem fut gagnant. L’entreprise acquit une solide réputation auprès des sociétés qui savaient l’importance d’un bon visuel pour faire connaître et valoriser leurs produits, pourtant aussi difficiles à flatter que  l’outillage de précision et les machines-outils. Les deux frères enchaînèrent les stands d’expositions avec un succès répété. L’histoire commença à s’enrayer quand les entreprises frappées par la crise limitèrent les budgets alloués à la publicité. S’ajouta à ce déclin progressif l’arrivée de la photo numérique, qui ouvrit le marché à des « non-professionnels », puis le non-renouvellement du bail du studio-laboratoire. Dans le même temps, Jean louis commença à avoir des problèmes pulmonaires jusqu’à ce qu’une infection impossible à éradiquer lui imposa l’ablation d’un poumon encaissée stoïquement. Les frères firent le point et décidèrent que leurs chemins professionnels devaient se séparer. Michel poursuivit une solide carrière dans une importante agence d’images. Jean Louis accepta des vacations au rythme toléré par sa santé, car un asthme sévère avait fait sa réapparition, le privant d’une de ses grandes passions, les randonnées pédestres, jusqu’au moment où il décida de prendre sa retraite à Saint-Gilles-Croix-de-Vie dans la maison bleue de ses grands-parents. Pas un meuble ne changea de place. En revanche, au fil des années, le jardin fut remodelé de fond en comble sous l’œil exercé de Jean Louis qui savait exactement ce qu’il voulait y voir à chaque heure du jour. C’est là qu’il apprivoisa il y a cinq ans, Cooky, son dernier chat. Car les chats ont été une autre de ses passions. 

À son rythme, Jean Louis mit sa connaissance du pays, sa disponibilité, ses compétences de photographe, son coup d’œil intransigeant, au service des associations qui lui semblèrent en phase avec ses centres d’intérêts et ses principes de vie.

 V.I.E. eut ainsi la chance de pouvoir, plusieurs années durant, bénéficier de son fidèle attachement au pays, de ses qualités de discernement et de sa générosité qui lui faisait taire les exigences de sa santé pour être le plus possible à nos côtés dans la diversité de nos entreprises. Il est certain que « l’Incroyable Jardin de Monsieur Torterue » a tenu une place particulière dans ses engagements. Il se réjouissait d’en voir le dessin habité sans façon par une végétation généreuse pour le plus grand plaisir des résidents, des voisins et des bénévoles qui s’y consacrent. Il nous a vivement encouragé à entreprendre l’accessibilité de ses allées pour les personnes à mobilité réduite. Nous avons été profondément touchés d’apprendre qu’il avait demandé que les fleurs d’adieux soient remplacées par des dons pour le Jardin. Sa façon à lui de poursuivre son compagnonnage amical et assidu avec les « Incroyables Jardiniers » et V.I.E. dont il partageait le goût pour ce qui régale l’œil, le palais et le cœur.

Les administrateurs de V.I.E.

Bulletin 2020

ROUE PÔLE-HOMME

Published by:

par Pierre Garcie dit Ferrande
Le Grant Routtier (1483 – 1502 – 1520)

 

 

Roue Pôle-Homme de Pierre Garcie – 1520

Lorsque j’ai commencé, en 2010, à transcrire le texte de Pierre Garcie dit Ferrande, je savais que la figure qu’il représentait à la page 5 du Grant Routtier (1520) était encore une énigme. Puis un événement fortuit m’a conduit à Lisbonne où j’ai pu relier cette représentation à la Roue Pôle- Homme, représentée au Musée maritime portugais.

Suite à la publication de l’ouvrage, «Pierre Garcie dit Ferrande – le routier de la mer, v.1490 – 1502 – 1520», CRHIP – 2015, de nombreuses questions m’ont été posées sur cet instrument de navigation, son origine, son utilisation. Aussi, ce premier document (deux autres suivront en 2021), tente d’y apporter quelques réponses, en particulier l’inscription de Pierre Garcie dit Ferrande au cœur de la science nautique des XVe et XVIe siècles.

Pierre Garcie, Le Grant Routtier, 1520  [J’ai] composé et [je tai] envoyé le présent livret,  qui  t’apprendra  à  reconnaître  et conntre  les  noms  des  vents  et  leurs rumbs, en présupposant toutefois que tu saches, toi ou un autre, distinguer [le cycle de] la Lune [de celui] du Soleil. Le Soleil et la Lune sont les guides et gardiens de tous les  braves  compagnons  qui  voguent  et naviguent à travers les ondes innombrables de la mer. Toutefois, bien que le Soleil et la Lune te permettent de reconntre et conntre les heures – le Soleil, de jour et la Lune, de nuit – j’ai voulu te donner à savoir et reconntre sans voir ni Soleil ni Lune lheure de minuit et l’aube du jour.

S’ensuit la figure qui apprend à reconntre et savoir les heures de nuit, c’est-à-dire minuit et l’aube du jour, sans Soleil ni Lune ni compas, et sans horloge mesurant les heures ou les demies, avec les noms et les rumbs des vents, ce qui est une chose très délicate et nécessaire pour l’habile et ingénieux métier de la mer.

La    Roue    Pôle-Homme,      instrument marinisé au XVe   siècle, offre au marin un cadran des heures, un cadran aux étoiles,  un  cadran  compas,  un  cadran solaire,  un  cadran  lunaire,  un  cadran des marées, avec leurs Règlements. Pierre Garcie dit Ferrande, né à Saint- Gilles-sur-Vie en 1441, est un des tout premiers marins  scientifiques qui initie la  communauté  maritime  française  à une navigation à l’estime avec un apport de l’astronomie.
Il engage ainsi une génération de marins vers la navigation hauturière.

Le Grant Routtier, que Pierre Garcie dit Ferrande termine en 1483, est publié en 1502 et 1520 jusqu’en 1662. Il donne à la communauté maritime française le moyen de naviguer au large. Pierre Garcie rappelle l’importance de cette avancée scientifique maritime : com- ment naviguer sans voir la terre et sans instrument de marine autre que la Roue Pôle-Homme. Cet instrument, marinisé à la fin du XVe siècle au Portugal, permet de se positionner avec ou en l’absence de quadrant et de compas, de vérifier le temps avec ou en l’absence de sablier (horloge), de calculer l’âge de la Lune et des marées.

une science appliquée

Le XVe siècle est une période charnière pour la navigation côtière. Celle-ci prend son essor vers le large grâce à l’avancée scientifique. Elle va bénéficier de deux apports, celui du monde arabe et celui du Portugal (dont Christophe Colomb, 1451 – 1506 est l’éclatant témoignage). Les méthodes des  navigations  arabes et occidentales ne sont pas des copies identiques. Elles ont, cependant,  le point commun d’être le résultat d’une collaboration entre des scientifiques et des marins. La transmission des savoirs scientifiques est affaire de savants, alors que la transmission des techniques est affaire de professionnels. Pierre Garcie dit Ferrande (1441-1502) est un marin français et un savant qui expérimente cette science. Il en fera un trésor avec le premier routier européen, Le Grant Routtier – 1483 et 1520, viatique indispensable pour tous les marins européens jusqu’au milieu du XVIIe siècle.

de la navigation

En raison de l’influence directe des contraintes naturelles, comme le  vent, les tempêtes, les marées, le navigateur a essayé de s’affranchir de la navigation à vue de terre par des méthodes empiriques. La navigation  à  l’estime lui a permis d’augmenter son domaine d’action.  L’estime  est  la  méthode  de navigation qui consiste à déduire la position actuelle du navire  à  partir  de sa route et de la distance parcourue depuis sa dernière position connue. Elle peut être résolue par le calcul ou par un graphique, mais seule la deuxième solution est accessible au navigateur médiéval, précisément grâce au portulan ou carte marine sur lequel le navigateur va reporter par un graphique tous les changements de route induits par les diverses manœuvres engendrées par les sautes de vent. Si le premier problème du navigateur : savoir quelle direction prendre est résolus par la boussole et le routier ou bien par catalogue des routes usuelles, c’est grâce à l’estime que l’on va résoudre ceux afférents au contrôle de cette route. C’est une méthode de calcul du point en fonction de deux paramètres mesurés : le cap et la distance. Ce sont ces deux  avancées qui ont permis d’élaborer le compasso, ou routier C’est un catalogue de directions et un catalogue de distance. Le Routier de la mer de Pierre Garcie s’inscrit dans cette démarche.
Il était alors temps de faire appel à la recherche appliquée. Et c’est le début de la navigation astronomique. Dès qu’il a fallu s’éloigner des côtes, le repère naturel pour les navigateurs a été le ciel avec ses astres : le Soleil, la Lune, les étoiles de la voûte céleste.
Le Routier de la mer de Pierre Garcie précise aux marins, pour la première fois en Europe, l’utilisation d’un instrument nautique, la Roue Pôle-Homme, qui permet le positionnement à partir des astres. Il peut alors confirmer ou infirmer les repères, amers, sonde, courant, rhumbs et distances pour recaler sa position estimée en vue de terre à intervalles réguliers.

étude du creuset portugais

Taqi al-Din al-Shami al-Assadi … de l’Observatoire de Galata, fondé en 1557 par le sultan Soliman.

Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, la Roue Pôle-Homme est  inventée  à  partir des  réflexions  arabes  sur  l’astrolabe, instrument qui permet le calcul, à terre, de la latitude d’un  lieu  pour  implanter un lieu religieux et du calcul de l’heure nocturne pour  rythmer  les  prières. Les plus anciens textes en latin sur l’astrolabe paraissent provenir de l’abbaye de Ripoll ; ils sont contenus, en particulier, dans un manuscrit copié au Xe  siècle dans cette abbaye.
Une  seconde  période,  à  partir  de  la deuxième moitié du XIIIe siècle est caractérisée par le nombre et l’intérêt de nouvelles recherches, par la diffusion inouïe de  certains  instruments,  bref une période d’expansion directement liée au rôle joué par tout ce matériel dans l’enseignement universitaire, plus particulièrement au Portugal, lieu privilégié où la transmission de cette science  des  Arabes  vers  l’Occident est la plus évidente. C’est ce problème qui était à l’ordre du jour au Portugal à la fin du XVe  siècle et qui fut étudié et résolu par la Junta dos matematicos, avec le Règlement de Munich et celui d’Évora [Regimento do estrolabio e Tractado da Spera do Mundo], traitant dans un texte élémentaire, accompagné de tables approximatives de la plus grande simplicité, la méthode de calcul des latitudes par la hauteur du Soleil. Ces tables ont comme point de départ l’Almanach perpetuum (1473 à 1478) de Zacuto. L’examen de ces œuvres remarquables nous montre de combien les marins portugais devançaient leurs concurrents espagnols dans l’art de la navigation, au moment même où les deux peuples se disputaient la division du globe.
Le Routier de la mer de Pierre Garcie est le premier document français qui décrit, dès 1483, ces avancées scientifiques nautiques nécessaires pour la navigation au large.

étude des instruments

Avant  le  XIVe    siècle,  les  instruments d’astronomie sont établis pour un usage à terre. Les arabes, puis les portugais, cherchent à les mariniser. La vraie nou- veauté   des   marins   portugais   réside dans les instruments utilisés : l’astrolabe nautique,      le     quadrant      nautique, l’arbalestrille, la Roue Pôle-Homme. L’astrolabe,   qui   mesure   la   hauteur du  Soleil,  sera  adapté  en  mer  sous une   forme   très   simplifiée,   l’astrolabe nautique, (en bois au début). En raison du  roulis  et  de  la  difficulté  d’observer le  Soleil  directement,  il  sera  utilisé  à terre,  à  l’escale.  Le  marin  utilise  aussi l’arbalestrille ou bâton de Jacob que l’on utilise sur le bateau lorsque la mer est calme et sans houle.

Mais il est un instrument ancien, utilisé par les religions pour définir la latitude des lieux Saints et l’heure nocturne : la Roue des heures (futur nocturlabe). Les astronomes vont offrir aux  navigateurs un instrument marinisé, la Roue Pôle- Homme, avec une  méthode  pratique et largement utilisée pour repérer le passage de l’Étoile Polaire au méridien inférieur ou au méridien supérieur.

Pierre Garcie dit Ferrande un marin français moderne

Le Grant Routtier de Pierre Garcie dit Ferrande est le premier manuscrit fran- çais qui explicite, dès 1483, imprimé en 1502 et 1520, l’utilisation de la Roue Pôle-Homme. Cet ensemble permet de calculer l’heure nocturne, la hauteur de la Polaire et par déduction la latitude du lieu, puis de calculer l’âge de la Lune en vue de définir l’établissement d’un port. Cette base scientifique sera, dès le XVe siècle à l’origine des documents obliga- toires à bord de tous  les  bateaux  : les Pilotes ou l’Almanach nautique, actualisés jusqu’à ce jour.

la roue Pôle-Homme de Pierre Garcie, un cadran des heures

La Roue Pôle-Homme est un cadran des heures qui est étalonné en 24 heures par l’aiguille céleste : Étoile Polaire > Gardes.
Pierre Garcie annonce un instrument nautique, en l’absence de sablier (horloge), quadrant (compas) et boussole (compas). Cette Roue Pôle-Homme présente une roue de 24 secteurs, utilisée comme 24 heures pour la couronne extérieure (2 fois 12 heures) et 24 quinzaines de jours pour la couronne intérieure avec un corps humain au centre. Le sens est direct d’est en ouest, (sens inverse des aiguilles d’une montre).

figue 1

En Atlantique, un marin qui veut calculer l’heure la nuit du 15 février 1520 met la Roue Pôle-Homme face à soi (figure 1), contrairement à une utilisation normale d’une rose des vents qui est  placée  horizontalement  pour  les mesures d’angle. Du point de vue astronomique, et contrairement à une carte terrestre,  vous  observez  des  objets situés au-dessus de vous et non en des- sous : d’où le fait que l’est et l’ouest sont respectivement à gauche et à droite ; le haut est le sud et le bas est le nord.  Si on observe le ciel on constate que les  étoiles  tournent  autour  du  Pôle, de la droite vers la gauche, quand on les  observe,  face  au  nord  sous  nos latitudes. Le Soleil et la Lune tournent, quant à eux, de la gauche vers la droite toujours dans l’hémisphère nord, mais on les observe face au sud. Pourtant le  mouvement  apparent  des  astres étant  dû  à  la  rotation  terrestre,  les astres  tournent  d’un  même  mouve- ment  dans  l’espace,  c’est  la  position de  l’observateur  qui  les  fait  paraître changer de sens. Il faudrait spécifier chaque  fois  la  position  de  l’observateur : face au sud ou face au nord ; les explications deviennent alors pénibles. Pour y remédier, on prend pour repère cet homme de la Roue Pôle-Homme, épinglé  sur  le  Pôle  Nord  céleste  et qui regarde donc toujours vers le sud et on parlera de la position d’un astre en disant qu’il est dans le bras droit ou bien dans le bras gauche. La Polaire étant  au  nombril  du  bonhomme,  le méridien coupe l’horizon par les pieds au nord et dans le prolongement de la tête au sud. On sait désormais de quoi  on  parle  d’une  façon  simple.  Il s’agit donc d’une simple convention de signe exactement comme on a inventé tribord et bâbord qui sont des directions repérées par rapport à l’avant du navire, alors que les mots de droite et gauche sont un repérage par rapport à l’observateur.

la roue Pôle-Homme de Pierre Garcie, un cadran compas aux étoiles

Pierre Garcie propose le calcul de la hauteur de l’Étoile Polaire,  Polaris,  et de sa déclinaison au Pôle Nord, avec la Roue Pôle-Homme utilisée comme quadrant.

  • la première couronne de 8 vents représente 360°, étalonnée par quart de 1 vent = 45° 
  • la deuxième couronne de 24 quarts représente 360°, étalonnée par quart de 15° 
  • la troisième couronne de 32 quarts (dessin étoilé), représente 360°, étalon- née en quart de 11,25° (ou 11°15’)

 

 

La Roue Pôle-Homme est un cadran compas pour prendre la hauteur de Polaris et par déduction la latitude d’un lieu 

  1. tenir la Roue devant soi, l’axe Nord-Sud dans l’axe du corps Tête/Pied ;
  2. orienter la Roue de manière que la car-dinale EST soit sur l’horizontale ou ligne d’eau ;
  3. trouver l’azimut de Polaris sur le bord extérieur de la couronne, en tendant + ou – le bras qui tient la Roue ;
  4. compter le nombre de quarts de l’EST à Polaris, soit ici : 3 quarts ;
  5. chaque quart valant 15° (cadran-compas de 360°, 15 ° par 24 heures ; ou 11,25°, par 32 quarts), l’exemple donne : 45° ;
  6. La mesure se faisant à minuit et au moment du calcul de l’heure, il est possible de relever la déclinaison de Polaris par rapport au Pôle Nord (+ ou – 3,5°).

Cette valeur sera utilisée pour corriger la hauteur de la Polaire. Cette rectification se fait avec la figure du nombril de l’homme comme ajustement.
Le marin  applique  la  rectification en plaçant la Polaris sur le bord du nombril déformé. Pour l’exemple  ci-contre  et  en  fonction  de la position de la Petite Ourse, il est possible d’ajouter 3,5° à 45°.

Sources utilisées :
Bensaúde Joaquim, ingénieur et historien portugais, a apporté une contribution remarquable à l’ histoire des grandes découvertes maritimes portugaises et en particulier sur le Règlement de l’ astrolabe, appelé aussi Règlement de Munich [1509] et Règlement d’ Évora [1516]. Com’ Nougué Michel, ingénieur et historien français, a contribué à l’ apport de la science nautique arabe avant l’ essor des Portugais. Je
m’ appuie sur son doctorat CNAM.
Beaujouan Guy, Poulle Emmanuel, Les origines de la navigation astronomique du xive au xve siècle, Paris, SEVPEN. [1960]. et Bernard de Maisonneuve, Pierre Garcie dit Ferrande - le routier de la mer, v.1490 - 1502 - 1520, CRHIP, 2015.

Bernard de Maisonneuve, septembre 2019 – garciepierre@gmail.com