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Bulletin 2023 Les RENDEZ-VOUS de V.I.E

LES JOURNEES DU PATRIMOINE DES 17 ET 18 SEPTEMBRE 2022

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LES JOURNEES DU PATRIMOINE DES 17 ET 18 SEPTEMBRE 2022

 

Lors des journées du patrimoine des 17 et 18 septembre 2022, V.I.E. a invité les habitants et visiteurs à suivre deux conférences.

La première était consacrée à un bienfaiteur de la commune dont la générosité a permis de créer l’hôpital local en 1899, Emile Aimé Torterue. En avant-première, V.I.E. avait raconté la réalisation de l’hôpital local à 24 résidents. Le 17 septembre dans «L’Incroyable Jardin de Monsieur Torterue» une dizaine de visiteurs ont pu écouter à leur tour ce récit.

La deuxième conférence avait pour thème «Les murs en pierres de lest».
Elle a été proposée à une trentaine de participants lors d’une promenade dans le vieux Saint-Gilles. Le double but de cette présentation était de faire découvrir ce patrimoine urbain, révélateur de l’activité maritime du port tout au long des XVIIème et XVIIIème siècles, et d’attirer l’attention sur sa valeur et sa nécessaire préservation.

Hôpital local de Saint-Gilles-Croix-de-Vie
«l’incroyable Jardin de Monsieur Torterue»
entretenu par les «Incroyables Jardiniers»
bénévoles.

 

Un mur en pierres de lest rue beneteau à
Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Bulletin 2023 La terre, l’eau, dons fragiles Non classé

VALENTIN AVRILLAS, GRAINETIER ET PEPINIERISTE A SAINT-HILAIRE-DE-RIEZ.

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VALENTIN AVRILLAS, GRAINETIER ET PEPINIERISTE A SAINT-HILAIRE-DE-RIEZ.

Un léger sourire aux lèvres, il désigne de la main le coin d’un confortable salon.

«Je suis né là, en 1929. Autrefois, à cet emplacement, c’était la chambre de mes parents. «Les Plantes», c’était le nom de leur maison, elle avait des volets bleus. Un signe du destin, on dirait. J’étais leur deuxième enfant. Ma sœur était plus âgée que moi de 7 ans. Mes parents travaillaient dur. J’ai été élevé par ma grand-mère. Une adorable grand-mère. J’avais 8 ans quand elle nous a quitté. Une bien adorable grand-mère…»
93 ans plus tard, Valentin AVRILLAS évoque ses souvenirs comme on se promène dans son jardin.
«On vivait dans une petite maison sur une parcelle de 4 ha que cultivaient mes parents. Ils faisaient des légumes, surtout des haricots. On avait un cheval et deux vaches comme la plupart des gens d’ici. Mon père s’est fait pépiniériste et grainetier un peu par hasard. Mon grand-père avait une petite maison sur Sion qu’il louait l’été à des gens de Cholet qui étaient pépiniéristes. Ils revenaient tous les ans. A force
on se connaissait bien. C’est eux qui ont donné l’idée à mon père de se faire pépiniériste et grainetier. Mon père s’est spécialisé dans les arbres fruitiers. J‘ai appris le métier avec lui jusqu’à prendre sa suite. J’ai toujours aimé faire ça. J’ai juste un diplôme agricole mais j’ai beaucoup appris des plantes. On vendait des graines achetées en gros qu’on détaillait à la cuillère. C’était l’unité de mesure. VILMORIN était notre fournisseur, au début ; il avait commencé modestement en vendant ses graines sous un parasol sur un pont de Paris. Plus tard on s’est fourni aussi chez TEZIER à Valence et chez CAMUS à Angers. On vendait beaucoup car, à Sion, tous les gens faisaient des légumes dont ils vendaient le surplus au marché de Croix-de-Vie. Nos plus grosses demandes étaient pour les haricots verts, les métis. Les haricots étaient un gros marché chez nous. Une année j’ai vendu une tonne de graines de haricots. Nous faisions aussi des légumes. Un jour de marché j’ai vendu en deux heures 50 kg de haricots verts
Nous étions trois grainetiers à Saint-Hilaire-de-Riez dont la famille CANTIN. Gros fournisseurs, leur clientèle s’étendait jusqu’à Saint-Révérend et Givrand. Il y avait assez à faire pour tout le monde. On ne se faisait pas d’ombre.
On s’est mis aussi à faire des plants de légumes et de tabac. C’est comme ça qu’on a eu un gros contrat
pour 400 000 plants. On semait et les cultivateurs venaient nous acheter les plants. Ça se cultivait du côté de Notre-Dame-de-Riez. Après la guerre, un gars, venu du Maine-et-Loire, a toqué à la porte. Il avait sa fourgonnette remplie de bégonias. Il y avait une forte mévente dans leur coin. Il tentait sa chance sur la côte. On lui avait dit qu’on faisait des plants de légumes. Il nous proposa de lui acheter ses bégonias pour ajouter la vente de fleurs à celle des légumes. On n’avait encore jamais fait ça et on lui a dit que ce n’était pas notre métier. Il a insisté : «Je vous laisse ce que vous voulez, histoire d’essayer. Si ça vous convient vous me le dites et vous m’achèterez les prochains plants». Au marché suivant à Croix-de-Vie on les a très bien vendus. Les parisiens, les nantais venaient sur la côte l’été et aux beaux jours. La gare SNCF à Croix-de-Vie y était pour beaucoup. Il fallait fleurir les nouvelles villas. On s’est mis à faire des plants de fleurs et des arbres d’ornement. Là encore, ça a plu. Petit à petit nous nous sommes fait une solide clientèle. Des célébrités venaient renouveler leurs plantes chez nous, l’humoriste Desproges par exemple, et sa fille plus que lui. J’ai entretenu des jardins, la taille des arbres surtout.

Sur le pays, nos activités se complétaient. Les maraîchers nous achetaient nos graines et nos plants. Ils vendaient leurs légumes aux marins-pêcheurs, surtout des oignons. Les pêcheurs achetaient le sel aux sauniers et vendaient leurs poissons à tout le monde. Les oignons étaient la production phare ici. A la mi-septembre, la belle saison se terminait par une foire aux oignons qu’on présentait en tresses. C’était l’occasion d’une fête qui faisait venir beaucoup de monde.

La retraite est arrivée tranquillement. La relève est assurée. J’aime venir donner un coup de main quand la santé le permet. L’équipe des jeunes est épatante. Ils savent faire sans qu’on leur dise. On s’entend bien.
Ça a beaucoup changé mais je m’y reconnais encore.»

Propos de Valentin AVRILLAS, grainetier et pépiniériste, recueillis par Michelle Boulègue le 8 juillet 2022 aux Jardins de la Fée.

Le comité de rédaction

Bulletin 2023 La ville, histoire, enjeux et perspectives Non classé

UNE RENAISSANCE.

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UNE RENAISSANCE.

La danse des particules irise la lumière dans laquelle baigne l’atelier et distille les arômes des bois qui y sont travaillés.

Patrick Avrilla, d’un souffle prolongé, fait gémir un tuyau d’orgue en une plainte sourde et grave qui fait basculer la quiétude de l’atelier dans un univers maritime inquiétant.

Magie des sons ! Cela fait 400 heures que deux bénévoles de talent, Jean-Paul Boury, luthier spécialiste
des instruments anciens, et Patrick Avrilla, maître-ébéniste, consacrent à un orgue du XVIIIème siècle
rescapé d’une longue histoire qui aurait pu le laisser ignoré et démembré dans un château de Dordogne.
Il a connu des heures plus fringantes, quand, comme tant d’autres avant lui, il sortit de l’atelier d’un facteur d’orgue sans doute italien, comme le donnent à penser l’architecture du buffet, son décor, la structure mécanique et la facture du sommier. Sur de telles orgues ont joué et composé des musiciens
prestigieux, Frescobaldi, Gabrieli, Scarlatti…

L’Italie ne l’ayant pas retenu, il accompagna les offices religieux célébrés dans les chapelles de demeures seigneuriales en Corse puis en Dordogne où le dénicha Jean-Michel Dieuaide, célèbre organiste, à la recherche de pièces indispensables à la construction d’un orgue de style français du XVIIIème siècle entreprise à Commequiers. Même si beaucoup de ses pièces s’étaient détériorées ou perdues au fil du temps, ce qu’il en restait méritait mieux que le dépeçage envisagé. Il a fallu le diagnostic affûté de Jean-Michel Dieuaide pour y croire quand il ne restait plus que le sommier et 200 tuyaux sur les 400 que comptait sa «forêt» initiale. L’orgue, incomplet et en pièces détachées, arriva àCommequiers. C’est alors que Jean-Louis Loriaut, ami facteur d’orgue de Jean-Michel Dieuaide et actuel restaurateur des orgues de Corse, fut consulté pour savoir si, plus qu’une restauration, une reconstruction était envisageable tant il y avait de pièces à refaire. Ce qu’il restait de cet orgue méritait bien de se lancer dans l’aventure et il proposa de fournir les plans, véritables guides de restructuration.
Autant lancer un défi à Patrick Avrilla et à Jean-Paul Boury qui décidèrent avec enthousiasme de le relever.

S’ouvre alors un nouveau chapitre voué à la découverte des matériaux capables d’émettre des sons dont l’association produira de l’harmonie.

Du cormier pour le pédalier, celui qui a été abattu à Landevieille en 1980 fera l’affaire. Du chêne pour le coffre du pédalier, bordé de wengé pour le renforcer. Les dièses des pédales seront en palissandre de Rio, le clavier en citronnier de Ceylan et en ébène du Gabon sans compter l’ébène prélevée sur les touches du piano de Jean Rousseau qui en fit le don. Il faut trouver du bois à fibres très serrées pour les tuyaux de basse à section carrée.

L’épicéa est choisi tandis que le peuplier sera utilisé pour refaire les deux volets du buffet, de 19 kg chacun, et dont il faut refaire les 6 ferrures à l’identique sur des modèles retrouvés à Figeac et à Thiers, une forge du Fenouiller en est chargée. La restauration des tuyaux métalliques est confiée à Luca Scotti, tuyautier italien à Coma, près de Milan. Même les colles respectent les procédés d’époque comme la colle de poisson ou de peau de lapin utilisée à chaud pour assembler les pièces. Finalement l’orgue, installé sur un socle de 90 cm de haut sur une base de 1,50 m de côté, se dressera sur 3 m de hauteur donnant à admirer l’ornementation rouge et or de ses panneaux, dans le style de l’époque.

Ce sera l’œuvre d’un artiste de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Jean Hondré. On a déjà pu en admirer la représenta tion grandeur nature suspendue dans la nef de l’église Saint Gilles lors des Journées du Patrimoine.

Patrick Avrilla dans son atelier
le 16 septembre 2022

 

A ce jour, Patrick Avrilla et Jean-Paul Boury ont consacré 400 h de travail à cette restructuration. Ils estiment qu’il faudra en totaliser 2 500 pour que l’orgue fasse de nouveau résonner ses sonorités dans la nef de l’église Saint Gilles. Patientons jusqu’en 2023 !

Sa splendeur recouvrée, l’orgue vaudra alors de l’ordre de 125 000 €. De fait, sa restructuration ne devrait pas coûter plus de 50 000 € correspondant au coût des matériaux et aux montants cumulés
des rémunérations dues aux artisans et artistes sollicités, autres que les bénévoles.

Encore faut-il réussir à réunir cette somme.

Une souscription a été lancée lors des Journées du Patrimoine à l’initiative de l’association 0R0(Orgue Rouge & Or). Cette souscription est soutenue par l’Association Orgue en Pays de la Loire dont
le président, Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre, a souligné l’engagement en tenant son assemblée générale de novembre 2022 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Tant il est vrai qu’une telle entreprise ne peut aboutir sans la participation du plus grand nombre.

Sources : Entretien du 16 septembre avec Patrick
Avrilla dans son atelier au Fenouiller .
Contact : ORO.saintgilles@gmail.com

 

Orgue rouge en cours de restructuration.

Le comité de rédaction