La Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et des Paysage (ZPPAUP) en vigueur depuis 1991 sera remplacée par l’Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) en 2016.
Dans cette perspective le conseil municipal du 15 mars 2013 a décidé la mise en place d’une commission locale consultative ayant pour objet de définir les priorités à prendre en compte et à concrétiser au titre de l’AVAP. Depuis un an et à raison d’une réunion mensuelle, un groupe de personnes désignées, dont Gérard Roches, président de V.I.E., avance pas à pas sous la houlette de Gilles Maurel, architecte du patrimoine et de ses collaborateurs, Eric Emon, paysagiste et Eve Lagleyze, environnementaliste.
Nouveauté : la réglementation de l’AVAP accordera toute leur place à la géologie, au climat, au système hydraulique et aux pressions exercées sur le littoral par l’océan. Conjointement, ces contraintes physiques ont façonné notre paysage et notre habitat tout en influençant les vies, économique, sociale et culturelle de notre commune.
Les objectifs sont à la mesure de l’ambition réglementaire de l’AVAP :
- prendre en compte des enjeux environnementaux, conformément au Grenelle 2 et aussi l’intégration des nouveaux matériaux et des nouvelles technologies,
- améliorer la coordination avec le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le Plan de Développement Durable (PADD),
- formuler des préconisations précises afin d’éviter l’écueil des interprétations, sources de conflits,
- favoriser une plus grande réactivité quant aux consultations des services de l’Architecture et des Bâtiments de France,
- prendre en compte le contexte local et de ses évolutions notamment en matière de réhabilitation,
- favoriser les rencontres entre les générations, la mixité sociale et la cohésion sociale.
La démarche se veut participative, associant des représentants de la Mairie, des experts et des membres du secteur associatif tandis que les habitants seront invités à en prendre connaissance lors de réunions publiques et d’une enquête publique prévue en 2015. Un cahier d’observations est à leur disposition à la mairie qui expose, dans son hall, une présentation synthétique de la phase de diagnostic.
A ce jour, la commission a réalisé un recensement du patrimoine architectural et urbain. Nous avons noté avecsatisfaction, la confirmation que la baie d’Adon est répertoriée comme site remarquable tandis que les murs en pierres de lest sont bien identifiés comme constitutifs de l’originalité architecturale et urbaine des quartiers historiques de la commune. La commission a été invitée à constater les interactions du bâti avec l’environnement naturel.
Ce travail s’est appuyé sur des références historiques tels que des cartes archéologique du Bas Poitou à l’époque gallo-romaine, les cartes du 18ème siècle établies par Claude Masse en 1703, le cadastre Cassini (1750) et les cadastres napoléoniens de 1820 et 1866, les carte IGN et le cadastre actuel. Ces contraintes physiques fortes expliquent sans doute la stabilité de la configuration du tissu urbain depuis le 17ème siècle jusqu’au 19ème siècle. Dès 1920, la vogue du balnéaire, l’intensification de la pêche et le développement des conserveries ont impulsé une extension accélérée du tissu urbain, au-delà du noyau historique tout en l’englobant. C’est en se déplaçant dans la commune que la commission a pu mesurer les impacts du climat et du peu de matériaux de construction disponibles sur place qui façonnèrent une architecture traditionnelle ramassée, dictée par l’économie de moyens et la prise en compte du climat. Lorsque les moyens financiers l’autorisent, les demeures prennent de l’ampleur et de la hauteur au tout début du 20ème siècle, l’attrait du balnéaire a fait fleurir sur la corniche et en bordure des plages des villas souvent de style «anglo-normand» ou «basque» en référence à Cabourg et à Biarritz, célèbres villes balnéaires.
Actuellement, le recours aux nouvelles technologies font que l’architecture se libère de plus en plus de ces contraintes jusqu’à des choix de toitures complexes peu compatibles avec les nouvelles nécessités d’économie d’énergie tandis que les toits de tuiles «tige de botte» pigeon- nées disparaissent de notre paysage. Ces évolutions mettent en évidence que les choix architecturaux répondent concrètement à des contraintes climatiques, géographiques et économiques dont les avancées technologiques tendent à nous affranchir à condition que celles-ci restent financièrement accessibles. Cette analyse a permis aux experts en charge du dossier d’identifier 6 zones urbaines dont il conviendrait de respecter les caractéristiques en conservant les volumes et les matériaux traditionnels. Les coffres de volets roulants et de climatisation devront se faire discrets tandis que le recours aux fenêtres sur toit ne sera pas encouragé. Les couleurs de façade devront se faire neutres et le faux rustique est carrément proscrit. La zone des quais s’érigeant en une barrière d’immeubles hétéroclites à l’architecture considérée comme banale n’atteindrait pas l’objectif de «faire vitrine». A défaut, il est recommandé de privilégier la cohérence. Autant dire que le mal est fait.
Le 6ème secteur cité est celui de notre environnement naturel de dunes et de marais, constitutif de notre tissu urbain et dont il est recommandé de préserver la végétalisation endémique. La valorisation de l’existant, la préférence accordée aux matériaux traditionnels ne veut pas faire obstacle au recours aux nouveaux matériaux et nouvelles technologies à condition de préserver l’identité des quartiers et de rechercher la cohérence d’ensemble. Ces recommandations valent aussi pour les clôtures.
La prochaine étape des travaux de la commission consultative devrait la conduire, au-delà des constats actuels, à identifier des évolutions et à définir les critères permettant aux décideurs de les accompagner tout en préservant les traits identitaires de la commune. La rareté du foncier et l’envolée des prix qui va avec ne seront pas les contraintes les plus faciles à maîtriser pour une commune au tissu urbain déjà serré et exposé , le long de l’estuaire, à des risques de submersion que les travaux en cours devraient permettre de mieux contrôler.
Gérard Roches