Pour les ornithologues, ce sont des oiseaux côtiers, parfaitement à leur place dans les zones littorales. Pour les habitants en zone côtière, ces oiseaux marins provoquent d’indéniables nuisances en ville, essentiellement pendant la période de reproduction (février à août ).
Comment en est-on arrivé là ?
Initialement, les goélands argentés (espèce la plus abondante sur nos côtes) nichaient sur les rochers, les falaises, les bords de mer au sens strict. Puis, progressivement, ils sont venus nicher dans les villes : sur les toits, ils retrouvent un site comparable aux falaises, mais sans prédateur et avec une nourriture facile à proximité.
Pourquoi sont ils particulièrement gênants en période de reproduction ?
Cela commence par les parades nuptiales bruyantes : Ils s’installent sur les hauteurs (toits, poteaux..) et crient de longs moments, cou tendu, bec ouvert. La construction des nids est encore un moment d’échanges et de salissures vers le sol, la rue, les voitures, les jardins .Après la couvaison (une trentaine de jours), apparaissent les poussins qui mêlent très vite leurs cris aigus à ceux des parents. Les allers et venues des adultes pour nourrir les affamés ne se font pas en silence.
Mais le plus spectaculaire c’est l’encadrement des apprentissages à voler. Sur les toits, les jeunes glissent, ont peur, crient ; les parents les encouragent …en criant aussi. Bref, tout cela serait très sympathique, si cela ne se passait pas sur nos toits !!!!
Au début du XX° siècle, le goéland argenté fait partie des espèces protégées depuis 1962 (article L411-2 du code de l’environnement). Et cette protection est maintenue car les effectifs totaux en Bretagne et en Normandie sont en régression (arrêté du 29 octobre 2009).
Il existe plusieurs espèces de goélands, dont 3 assez abondantes chez nous ; voir photos : le goéland argenté (Larus argentatus) ; le goéland brun (Larus fuscus) et le goéland marin (Larus marinus). Les 2 derniers très strictement protégés. Le goéland argenté bénéficie du statut de catégorie LC (préoccupation mineure), ce qui veut dire qu’une municipalité peut obtenir l’autorisation de stérilisation des oeufs dans un contexte rigoureusement encadré.
Un certain nombre de municipalités se sont lancées dans cette aventure pour un coût non négligeable.
Le Havre pratique cette stérilisation depuis 15 ans, Courseulles sur mer depuis 10 ans, Trouville depuis 8 ans et Les Sables d’Olonne depuis 17 ans. Il y a donc un certain recul. La mise en oeuvre est très lourde et doit être renouvelée chaque année :
- Demander au ministère du développement durable une dérogation au décret de protection en octobre pour une campagne en mai suivant.
- Recherche de la société spécialiste des travaux d’accès difficiles, avec appel d’offre.
- Contact avec une société ornithologique, capable de repérer les nids sur la ville, en distinguant bien les 3 espèces – la dérogation préfectorale ne vaut que pour le g.a.
- Demande d’autorisation d’accès aux toitures auprès des administrés.
- Premier passage( début mai) des techniciens cordistes pour stériliser les oeufs en les badigeonnant d’un mélange qui rend la coquille imperméable à l’air, les embryons ne se développent plus ;
- 2° comptage fin mai
- 2° passage des stérilisateurs début juin.
- 3° comptage pour vérifier l’efficacité des pratiques.
Qu’elle leçon tirer de l’expérience des communes qui interviennent ?
On parvient tout au plus à stabiliser les effectifs. Les communes ont intérêt à coopérer. A défaut, celles qui ne font rien deviennent le refuge des goélands. A la lumière de l’expériences acquise, les recommandations sont connues :
- Limiter les déchets facilement accessibles : le nourrissage des goélands est interdit. (article 120 du règlement sanitaire du 7 juin 1985).
- Enfermer les sacs poubelles dans des containers pour éviter les coups de bec .
- Jeter les déchets de pêche en mer et non dans les ports.
- Garder les cours des restaurants sans déchets à l’air libre.
- Nettoyer rapidement les marchés après le départ des commerçants.
- Fermer les décharges à ciel ouvert.
Et enfin, les habitants ont tout intérêt à poser des pics et des fils sur les toits en pente, sur les cheminées et à leur base, ou des filets sur les terrasses et à procéder au nettoyage des terrasses en période internuptiale. L’objectif est de limiter la population de goélands. Des efforts isolés n’aboutiront pas.
Janine Bureau
Sources : -«Reproduction des goélands sur la ville de Courseulles-sur-Mer ; Calvados» Etude réalisée par le GON( Groupe Ornithologique Normand) septembre 2010 -«Campagne de stérilisation des oeufs de goélands pour l’année 2012» Document de Profil armor ( spécialiste des travaux d’accès difficile)
Personnes consultées :
- Mme Enroque- service Environnement de la Mairie de Tourville
- M. Danel, service Environnement de la Mairie du Havre
- M.Murzeau,service de la garde urbaine Ville des Sables d’Olonne
Pingback: Ou l’on reparle des goélands argentés | Association VIE Vendée