Bulletin 2019 vie locale

LE BIPOLE MULTI MODAL DU PAYS DE SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE, UN ATOUT DE DEVELOPPEMENT.

La ligne ferroviaire de 84 km, qui relie Nantes à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Pornic, est un axe structurant de notre littoral, sur lequel se greffent les lignes des cars CAP VENDEE : 168,170,171,172. A ces dessertes routières départementales s’ajoutent la ligne régionale 11, de Nantes à Saint-Jean-de-Monts et la ligne 12 de Nantes à Saint-Gilles-Croix-de-Vie via Challans. La desserte TVG Nantes-Les Sables d’Olonne, via la Roche-sur-Yon complète le dispositif à l’année. Ces dessertes permettent l’accès aux lignes maritimes qui relient toute l’année l’Île d’Yeu depuis Fromentine et, l’été, depuis Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Notre ligne ferroviaire ouverte en 1881 a répondu au développement économique impulsé par la montée en puissance de la pêche et l’implantation concomitante des conserveries à Croix-de-Vie, à plein régime dès 1878. Le terrain avait été préparé par les confiseries de poissons au sel, alimentées de longue date par les salines de Saint-Hilaire-de-Riez. Cet héritage résulte d’un arbitrage entre deux tracés, par la rive nord de la Vie ou par la rive sud. Les intérêts économiques concentrés sur les communes de Saint-Hilaire-de-Riez et de Croix-de-Vie ont emporté la décision en faveur du tracé « rive nord de la Vie », en dépit des activités balnéaires initiées par Saint-Gilles-sur-Vie et dont Croix-de-Vie bénéficiera dans la foulée. La gare implantée deux ans plus tard en bordure du port de Croix-de-Vie a donc été longtemps dite «de Croix-de-Vie Saint-Gilles » avant que, fusion oblige, ne soit inversé l’ordre des communes dans l’intitulé. Depuis son ouverture, cette ligne irrigue un bassin économique dont le dynamisme a généré aujourd’hui un tissu urbain dense, qui s’étend de Saint-Hilaire-de-Riez à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, au Fenouiller et à Givrand. L’originalité de cette agglomération de 25 000 habitants est de disposer de deux gares à 3 km de distance, tout comme Arcachon qui s’en porte bien.

La récente réforme de notre système ferroviaire conduit à s’interroger sur les éventuelles menaces que l’ouverture à la concurrence pourrait faire peser sur l’avenir des lignes secondaires. Déjà, les usagers de la ligne Nantes-Saint-Gilles-Croix-de-Vie, à peine restaurée, se heurtent aux fermetures des guichets en gare de Challans et s’attendent au même traitement dans les autres gares de la ligne, d’ici 2019, au profit d’automates plus ou moins en état de marche.

Faut-il y voir des signes précurseurs annonciateurs de la fermeture de notre ligne ?

Pour en avoir le cœur net, V.I.E. a consulté l’ASLO (1) et s’est entretenue avec les maires de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et de Saint-Hilaire-de-Riez. Leurs réponses sont unanimes et sans équivoque : si la SNCF mise sur le tout digital pour gagner des parts de marché sans trop s’embarrasser de concertation avec les élus locaux, les menaces sur les lignes secondaires de Vendée sont levées depuis juillet 2018. C’est le résultat d’une négociation réduisant par ailleurs de 33 000 heures le temps d’ouverture des guichets en gare, sous réserve d’une concertation préalable de la SNCF avec les maires des villes concernées, quant aux modalités d’accueil en gare et d’accompagnement des voyageurs. En effet, l’usage des automates en rebute certains, sans compter ceux qui n’ont pas accès à internet pour s’informer sur leur trajet et acheter leurs titres de transport. L’intransigeance de la SNCF met les voyageurs et les élus locaux devant le fait accompli, au risque de creuser les inégalités entre les personnes et les territoires. Ayant à trouver les nécessaires aménagements en cette difficile phase transitoire, les élus locaux et la Communauté de Communes ont aussi à mener à bien un projet « transport » structurant, riche de perspectives de développement pour le Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

De quoi s’agit- il ?

Le projet consiste en la création d’une plateforme multimodale, s’appuyant sur les complémentarités des deux gares pour articuler différents modes de déplacement, individuel, collectif, à pied, à vélo, automobile, ferroviaire, maritime, voire aérien. A partir des aménagements implantés sur les deux sites, valorisant l’espace foncier de l’un et la situation en cœur de ville de l’autre, s’organiserait l’irrigation fluide des échanges économiques et sociaux depuis le littoral vers l’arrière-pays, en direction du nord à partir de Saint-Hilaire-de-Riez et du sud à partir de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

L’objectif est d’organiser et de faciliter la mobilité des personnes, à leur rythme et quels que soient leurs choix de vie, personnel et professionnel. De même, les marchandises doivent pouvoir circuler de façon fiable et rapide, quel que soit le lieu d’expédition et de réception.

Quelles sont les complémentarités des deux gares ?

Un diagnostic des atouts respectifs des deux gares et de leurs faiblesses les démontre :

A Saint-Hilaire-de-Riez :

– Une seule voie desservie par un quai de 150 mètres, décalé par rapport au bâtiment voyageur, à 500 mètres du centre-ville et d’un accès médiocre pour le transport collectif.

– Un accès automobile facile en toutes saisons.

– Un parking couvert pour les deux roues, libre d’accès dans l’ancien garage de la gare.

A Saint-Gilles-Croix-de-Vie :

– Trois voies à quai de 150 à 210 mètres, permettant de recevoir et de garer plusieurs automotrices.

– Mitoyenneté avec le domaine portuaire et liaison facile avec l’embarcadère par le quai de la République.

– Accessibilité facilitée par la situation de la gare en centre-ville pour les piétons et les deux roues.

– Un accès facile aux transports collectifs en hiver mais difficile en été tout comme l’accès automobile du fait d’une circulation saturée en période estivale.

– Deux parkings à vélo libres d’accès et sécurisés. Trois axes d’aménagement découlent de ce diagnostic :

– Consolider les atouts respectifs de chaque gare en termes d’accessibilité et d’ouverture.

– Améliorer les modalités de correspondances multimodales : trains/ autocars à Saint-Hilaire-de-Riez et trains/autocars et trains/bateaux à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

– Simplifier, sécuriser et améliorer les accessibilités piétons et deux roues pour les deux sites.

Quelles sont les améliorations spécifiques à apporter à chacune des deux gares ?

A la gare de Saint-Gilles-Croix-de-Vie :

– Favoriser l’accès à pied, aux deux roues et par les transports collectifs.

– Faciliter et sécuriser le cheminement piéton/vélo entre le cœur de ville et la plage de Boisvinet.

– Valoriser et aménager la connexion portuaire.

– Améliorer les correspondances multimodales avec le littoral sud du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en exploitant au mieux le potentiel foncier du site de la gare (ex-cour de marchandises) en dépit des opportunités gâchées en ne déplaçant pas les lignes vers le quai de la République lors de leur modernisation. Particulièrement sensible sera l’amélioration à apporter aux correspondances autocars, par le passage de 1 à 4 quais pour les 3 lignes Littorale, 168,172 plus et le Gillobus.

– Diminuer la saturation de la circulation en centre-ville et particulièrement près de la gare en été.

A la gare de Saint- Hilaire- de- Riez :

 -Ouvrir la gare du côté de Sion et du Terre Fort.

-Faciliter les correspondances avec les cars de la Littorale et en raccourcir le trajet, en aménageant des quais de correspondance du côté du Terre Fort.

-Valoriser et consolider les capacités de parking du site.

Quels enjeux de développement pour le pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et ses habitants ?

L’enjeu du Bipôle multimodal est double :

* Garantir le droit de chacun à disposer, là où il réside, de toutes les opportunités que lui offre le territoire pour autant qu’elles soient accessibles.

* Soutenir le développement du territoire.

Miser sur la complémentarité des deux gares est un gage de développement et d’attractivité renforcée pour le Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. A l’inverse, le choix d’une logique comptable à court terme, restreignant la mobilité des personnes en compliquant leur accès aux transports, ne peut que réduire nos perspectives de développement individuelles et collectives et hypothéquer l’avenir du territoire.

Ce projet se situe à la charnière des aspirations des personnes à améliorer leur qualité de vie et de la volonté des décideurs locaux à apporter au Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie les moyens de développer ses potentialités. Sa réussite dépend de la convergence des énergies de la société civile et des élus locaux. Déjà, les échanges qui se tissent sur les deux communes à l’initiative des habitants, de la vie associative et économique tous secteurs confondus y concourent et préfigurent la fusion à laquelle réfléchissent les deux communes de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et de Saint-Hilaire-de-Riez.

Parvenir à cette fusion donnerait à l’agglomération qui en résulterait le poids et l’audience nécessaire à l’aboutissement d’un tel projet, à moins que ce soit ce projet qui en serait le moteur.

Michelle Boulègue (1) Sources : Les Dossiers de l’ASLO (Association Sud Loire Océan pour la promotion du transport public) Illustration extraite des dossiers de l’ASLO

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