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Bulletin 2017 Histoire - récit - mémoire

Promenons-nous sur le port

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Que le soleil se montre impitoyable ou qu’il vente « à décorner les bœufs », qui peut résister à une promenade le long des quais, depuis le Pont de la Concorde jusqu’à la Corniche et, pour les plus courageux, jusqu’à la plage de Saint-Hilaire ?

Si le touriste de passage connaît le port de pêche et la célèbre sardine de Saint-Gilles-Croix- de-Vie, peut-être ne s’attend-il pas à découvrir, bien rangés à l’abri de leur anse creusée derrière la criée, une flopée de bateaux de plaisance se balançant mollement sur les pontons. C’est que le port de plaisance est un fringant quadragénaire, alors que le port de pêche, s’il n’atteint pas l’âge de Mathusalem, plonge ses racines dans l’Antiquité et se développe avec la construction, au début du 17è siècle, du « grand môle » ou « quai neuf de Madame », grâce à Marie de Beaucaire.

Ecoutons Loïc du Rostu qui écrivait en 1977 (1) : « Jusqu’en 1939, il n’y avait dans notre port que quelques plaisanciers, une dizaine peut-être. J’ai souvenir d’un seul bateau pouvant être baptisé yacht, un beau voilier mouillé à Saint-Gilles devant la « Philharmonique » et appartenant, je crois, à un Nantais. Quelques petits canots à moteur, quelques mixtes modestes servaient à la promenade et à la pêche ».

Le port de plaisance est né d’une conjonction favorable, des astres sans doute, mais surtout de l’élan dans les années 1960 vers les activités de plaisance et de la structure spécifique du bassin, bien protégé par les longues digues de l’entrée du port de pêche.

Cette situation n’avait alors pas échappé au Président du Cercle nautique, Michel Ragon, devenu maire. Dans la foulée de la fusion des deux communes en 1967, il commence par aménager le petit bassin pour les plaisanciers, puis lance les travaux pour un véritable port de plaisance le 13 octobre 1974. Financièrement, le projet était bien conçu et les emprunts amortis en 20 ans (pour une concession de 50 ans) laissaient augurer d’une bonne rentabilité.

En 1976, le port de plaisance est inauguré dans sa principale configuration actuelle. Continuons notre balade. Laissons les quelques bateaux accrochés aux quais à la croisée de l’embouchure de la Vie et du Jaunay.

Suit le long ponton parallèle au quai, qui peut voir s’amarrer les voiliers des grandes courses au large. Le port se souvient avoir accueilli à quatre reprises, en 2004, en 2006, en 2009 et en 2012, des étapes de la course du Figaro. C’est également le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie qui avait été choisi en novembre 2012 par des marins pour se préparer au Vendée Globe, notamment Samantha Davies et son SAVEOL (2), que de nombreuses personnes ont pu visiter.

Avançons derrière l’aire de carénage, dont la gestion a été confiée à la SEMVIE, comme l’ensemble du port de plaisance et des installations (le nouveau délégataire est la Communauté de Communes du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, depuis le 1er avril 2015). Notons que le capital de la SEMVIE, société d’économie mixte créée le 1er janvier 1981 est détenu pour 62% par la commune de Saint-Gilles-Croix-De-Vie et 20% par la Caisse des Dépôts et Consignations.

Mais observons l’activité de l’aire. Les navigateurs s’activent, les uns à repeindre les coques attaquées par les eaux salées, d’autres à faire des réparations sur leurs moteurs malmenés par des houles féroces. Les postes d’électricité et de soudure fonctionnent à plein. L’élévateur capable de soulever 35 tonnes ne prend pas de repos. Ce sont 2 500 manœuvres par an qui s’y déroulent, l’accès en est facile, entre le bassin et le vaste parking.

Prenons le chemin bordé d’un côté par des buissons de plantes locales et de l’autre par les pontons solidement fixés au quai. Une atmosphère de légèreté et de quiétude s’en dégage, tout est à sa place. Les voiliers et les bateaux de pêche-promenade (ces derniers représentant 80% de la flotte) se répartissent indifféremment sur les 1 013 anneaux loués à l’année. La taille moyenne de ces bateaux est d’environ 8 mètres, les bateaux les plus imposants étant en général amarrés en face, sur le quai Marie de Beaucaire.

Ce que le visiteur peut découvrir en premier et apprécier, c’est l’assistance aux bateaux lors de leur arrivée, notamment pour les guider dans les courants jusqu’à l’accostage. Ce sont jusqu’à sept saisonniers qui concourent l’été à la réception des plaisanciers dans le chenal et au guidage jusqu’au ponton.

Des services appréciables sont offerts aux plaisanciers, comme l’accès aux sanitaires tout près des pontons ou la possibilité de faire le plein 24h/24. Le port dispose de 100 anneaux supplémentaires pour les plaisanciers en escale, plus 50 anneaux dégagés provisoirement par des plaisanciers à l’année en voyage. Une darse pour les visiteurs (obligation légale) est creusée à 3 mètres au-dessous du niveau zéro pour les visiteurs. Le port, comme d’autres ports de l’Atlantique, s’est engagé dans le système des « passeports-escales ». Celui-ci permet, depuis 2013, de profiter d’escales gratuites pour les plaisanciers dans les autres ports affiliés, avec leur accord, ou d’obtenir le remboursement de l’escale. L’adhésion à ce système a entraîné une croissance de 6,5 % de l’activité de passage.

Le port dispose, comme atout précieux, d’un bassin très abrité par la dune de la Garenne. En cas de forte tempête, il n’est à déplorer aucun accident sérieux. L’exemple le plus significatif est celui de la terrible tempête XYNTHIA. Nul n’a oublié que le 28 février 2010, celle-ci a provoqué la mort de 59 personnes en France et près de deux milliards d’euros de dommages. La côte vendéenne a été particulièrement touchée. Cependant, même si des dégâts ont été constatés sur l’aire de carénage et le petit bassin nautique près de la Tour Joséphine, aucun bateau n’a subi de dégradation dans le port de plaisance.

Pour les plaisanciers, le coût de l’accostage au port de plaisance représente une dépense modérée. La chambre régionale de la Cour des Comptes, dans son rapport de 2015 (3) « a tenté de comparer les tarifs 2014 des ports des départements voisins, en gardant à l’esprit que les prestations et les tarifs qui en découlent diffèrent d’une collectivité à une autre. Sa modération lui permet de rester compétitive face aux autres ports voisins. On observe que les tarifs de Port-la-Vie sont relativement proches de la moyenne. » La Cour des Comptes ajoute : « La renommée du port ne faiblit pas. Il affiche complet et la liste d’attente compte 400 noms alors que certains ports vendéens n’ont plus de liste d’attente depuis que l’environnement économique général s’est dégradé. »

De même, la SEMVIE s’attache à développer les activités nautiques, notamment en direction des jeunes du pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, avec des partenariats étroits avec le CVGC (Club de Voile de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, activités de loisirs et régates). Les jeunes peuvent s’intégrer ensuite au tout récent TEAM VENDEE (qui a remplacé le Pôle Vendée France), centre d’entraînement des futurs champions de la voile, qui participe à la renommée du port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Financièrement, le port de plaisance affiche une belle santé puisque l’activité portuaire est bénéficiaire.

Mais le tableau ne serait pas complet si le problème récurrent du port n’était évoqué, à savoir les opérations de dragage. Comme l’explique une précédente étude de V.I.E. publiée dans le bulletin de 2015 (4), le désenvasement est justifié « par la nécessité économique de navigabilité dans le chenal de l’estuaire et dans les bassins portuaires. » Mais la solution actuelle de dragage (par un engin appartenant à la SEMVIE) a suscité quelques interrogations sur la nocivité des rejets et « les risques sanitaires engendrés par les différents contaminants contenus dans les sédiments dragués qui ont motivé des signalements de la part de responsables de clubs de sports nautiques et de leurs adhérents ». Cependant ces observations doivent être modérées par l’effet des autres sources de pollution. Des solutions sont étudiées sans qu’aucune position ne soit pour le moment retenue.

La visite du port de plaisance s’achève sur l’esplanade qui accueille à gauche les installations de la criée et à droite divers commerces, prélude à un centre-ville commerçant tout proche. Cette proximité concourt à conserver l’harmonie entre les ports de plaisance et de pêche, dont chacun tire profit des activités de l’autre. Nul doute que l’idée des années 60 a fait plus que son chemin et que le port a encore de beaux jours devant lui.

Christine Ménard

 

 

  1. Article août 1977 du « Vendée Journal – Edition de St GILLES CROIX DE VIE »
  2. Escale du voilier de course SAVEOL en 2012 : https://www.youtube.com/watch?v=Amp68pMFA24
  3. Rapport de la cour des comptes publié sur le site : http://www. ccomptes.fr/Publications/Publications/Societe-d-economie-mixteSEM-de-gestion-pour-la-mise-envaleur-de-Saint-Gilles-Croix-deVie-SEMVIE-Vendee
  4. Extrait du Bulletin de V.I.E. https://association-vie-vendee.org/le-dragage-des-ports-desaint-gilles-croix-de-vie-quellesalternatives/
Bulletin 2016 Histoire - Récits - Mémoire

Les 40 ans du Conservatoire du Littoral

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Acteur majeur de la protection du littoral, V.I.E soutient ses objectifs et n’a jamais manqué de répondre à ses sollicitations depuis sa création. Nous avons donc tenu à rappeler ses missions et leurs impacts au service de la protection du littoral et de la flore dunaire.
C’est un établissement public, administratif de l’Etat, placé sous la tutelle du Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire. Il a été créé en 1975. Objectifs : mener une politique foncière visant à la protection définitive des rivages maritimes et lacustres en métropole et départements d’Outre-Mer. Objectif pour 2050 : acquérir 1/3 du littoral français afin qu’il ne soit pas construit ou artificialisé. Objectif élargir au domaine public maritime, aux zones humides, aux estuaires et aux lacs.

Fonctionnement :

le siège est installé à la Corderie Royale de Rochefort. Il existe : un Conseil d’Administration (élus nationaux et des représentants des ministères), dix Conseils de rivages (élus départementaux et régionaux) et un Conseil scientifique.
Sur le terrain, 900 gardes du littoral, employés par les collectivités locales, entretiennent et mettent en valeur les espaces naturels. Le garde sur la Communauté de Communes du Pays de Saint Gilles Croix de Vie est Renan WANHERDRICK, dont vous avez pu faire la connaissance, lors de notre assemblée générale du 13 juillet 2013. Il agit sur les 140 ha du Conservatoire, répartis sur les trois communes littorales du canton : Brétignolles sur Mer, Saint Gilles Croix de Vie et Saint Hilaire de Riez.

Missions du Conservatoire du Littoral:

Acquisitions : Résultats d’une politique ambitieuse, rendue possible à la fois par des fonds publics (dotation de l’Etat, de l’Europe, des collectivités territoriales, établissements publics) et des fonds privés (legs, mécénats). 70% des acquisitions se font à l’amiable, le Conservatoire étant prioritaire à l’achat des parcelles, lorsqu’elles sont situées en ZPENS (Zone de Préemption des Espaces Naturels Sensibles).

Gestion des sites, Projet de conservation :

  • gouvernance (comité de gestion)
  • surveillance (garde du littoral)

Animation et suivi : les travaux de restauration sont fi nancés par le Conservatoire du Littoral. L’entretien courant et la valorisation des sites sont réalisés par les collectivités locales (ou autres organismes gestionnaires) qui emploient les gardes du littoral ;

Les Dunes du Jaunay et de la Sauzaie

Le retour de l’oeillet des dunes, résultat d’une protection efficace (photo V.I.E.)

Le retour de l’oeillet des dunes, résultat d’une protection efficace (photo V.I.E.)

C’est l’unique vaste plateau dunaire non boisé du département. Il est protégé depuis 1990. Et le Conservatoire en acquiert des parcelles à l’amiable ou par préemption depuis 1992. Il possède actuellement 70 ha en 57 acquisitions, alors que le total du massif dunaire représente 330 ha répartis sur les deux communes de St Gilles Croix de Vie et de Brétignolles sur Mer. Du côté de Saint Gilles Croix de Vie 85% des parcelles appartiennent au Conservatoire, contre 8% pour Brétignolles sur Mer. Une convention de gestion tripartite lie le Conservatoire du Littoral, la Communauté de Communes du Pays de Saint Gilles Croix de Vie et le Conseil Départemental. Ce dernier participe également au financement de la gestion du site. Lors de notre rencontre le 11 septembre 2015, Renan Wanherdrick a évoqué le plan de gestion du site Natura 2000 de la Sauzaie, lancé par la Communauté de Communes, financé par la Région et la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’aménagement et du Logement), en partenariat avec le Conseil Départemental de Vendée, le Conservatoire du Littoral et les communes. Ce plan de gestion a été établi suite à une étude de fréquentation réalisée en 2012 et une analyse des caractéristiques écologiques du site (milieux, fragilités, cheminements..) Il a pour objectif de maintenir, restaurer et valoriser les qualités biologiques et paysagères du site dunaire. On y trouve par exemple : l’amélioration de l’accueil du public ( requalification des cheminements, amélioration de l’information, réfection de parking, platelage en bois sur les accès plage…), la lutte contre l’envahissement par les peupliers blancs et les espèces exotiques invasives (Ailanthe, Baccharis), l’intégration paysagère des équipements.
En ce qui concerne l’accueil du public, le garde du littoral a réalisé plusieurs animations : 7 classes, entre mai et juillet, 2 groupes en accueil loisirs cet été ainsi qu’une sortie grand public à l’occasion des 40 ans du Conservatoire du Littoral. Parallèlement, notre association sensibilise le public au cours d’herborisations mensuelles entre mai et septembre. Dans le cadre de la lutte contre les plantes invasives, Renan Wanherdrick a également abordé le diagnostic agro-écologique, réalisé par la L.P.O. (Ligue de Protection des Oiseaux) l’objectif, à l’aide d’un contrat Natura 2000, est de mettre en pâture les parties envahies par les peupliers et les graminées qui font disparaître la flore dunaire.
Pour arracher les plantes ligneuses envahissantes (Ailanthus altissima, Baccharis halimifolia, Populus alba), la Communauté de Communes prévoit l’utilisation de chevaux ou l’arrachage manuel selon les cas. Un autre danger guette notre dune et sa fl ore spécifi que, après la sur-fréquentation et les espèces végétales envahissantes, c’est l’évolution du trait de côte et l’avancée de la mer. Résister ? Subir ? S’adapter ?

Janine.bureau@sfr.fr
Sources
Publication de la Ligue de Protection des Oiseaux( LPO) « L’oiseau Mag » de l’été 2015
Site : www.conservatoire-du-littoral.fr
Compléments d’information fournis par Renan Wanherdrick.

Bulletin 2016 Dossiers d'actualité

Le Plan de Prévention des Risques Littoraux

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Le PPRL se veut à la fois vecteur de sensibilisation à la culture du risque et dispositif de prévention.

La genèse du plan de prévention :

Xynthia _ Le remblai de la Grande Plage le 28 février 2010 (photo V.I.E.)

Xynthia _ Le remblai de la Grande Plage le 28
février 2010 (photo V.I.E.)

Le littoral vendéen est caractérisé par une présence importante d’étendues de marais et de terres gagnées sur la mer, par la protection d’espaces dunaires ou par l’aménagement d’ouvrages (digues, écluses, …). La tempête Xynthia du 28 février 2010 (35 victimes sur le littoral Vendée) a malheureusement illustré ce haut niveau de vulnérabilité qui caractérise le littoral vendéen, accentué par le faux sentiment de sécurité que procurent les protections naturelles et les ouvrages de défense et par l’insuffisance de sensibilisation à la culture des risques littoraux d’une population, nouvellement arrivée et vieillissante.
A Saint Gilles Croix de Vie, des secteurs de surverse ont entraîné des submersions localisées qui ont surpris, par le niveau atteint, les habitants, pourtant habitués de longue date aux inondations de leurs maisons (quartier du Maroc). Le long du quai Rivière, des sous-sols aff ectés à des stockages de documents ont été exceptionnellement inondés. Sur le remblai de la Grande Plage, sujet aux chocs mécaniques, des paquets de mer entraînant des galets ont brisé quelques vitrines de restaurants. L’équipement des commerces en batardeaux ou tablier roulant en aluminium renforcé devant les devantures a la capacité d’amortir les chocs mécaniques générateurs de dommages.

Raison d’être d’un plan gouvernemental de prévention ?

Avant d’être un plan d’action, la méthodologie de prévention de l’Etat s’inscrit dans une promotion de la culture du risque s’adressant aux responsables, aux acteurs économiques, à la population résidentielle en informant sur les risques encourus et sur les moyens de s’en prémunir, en apportant une meilleure connaissance des phénomènes et de leurs incidences. L’évaluation du risque pour la vie humaine détermine prioritairement le PPRL (Plan de Prévention des Risques Littoraux) élaboré sous la direction des services de l’Etat, ceci pour chaque territoire défi ni. En l’occurrence pour les habitants de Saint Gilles Croix de Vie, le PPRL des Pays de Monts couvre le littoral de Notre Dame de Monts jusqu’à Brétignolles sur Mer. La réduction de la vulnérabilité des lieux de vie, de travail, de santé, de loisirs ou autres, et donc l’atténuation des dommages résultants, constitue l’objectif prescriptif de ce plan. Un travail de diagnostic a été nécessaire pour recenser l’occupation humaine, les enjeux économiques, le fonctionnement du territoire, l’environnement, le patrimoine culturel, comprendre la dynamique d’un littoral parsemé de marais et d’étendues basses protégées par des aires dunaires, étudier l’historique des tempêtes, évaluer les techniques de défense mises en oeuvre pour réduire les vulnérabilités. Fort du diagnostic territoire par territoire, dans un second temps, les services de l’Etat ont défi ni des scénarii de submersion conjugués le cas échéant à des apports pluviométriques, phénomènes engendrant potentiellement des inondations prévisibles dans des secteurs précis.
Ces scénarii de submersion sont définis en retenant le niveau marin de base correspondant à celui de évènement historique le plus fort connu, c’est-à dire l’évènement Xynthia qui a été retenu comme événement de référence maritime. A partir des surcotes enregistrées avec les marégraphes du littoral (1,16 m au port de Saint Nazaire, soit un niveau de 4,18 m NGF (par rapport au niveau 0 NGF, niveau moyen proche de la mi-marée), 1,56 m à La Rochelle La Pallice, soit un niveau de 4,51 m NGF), un logiciel de modélisation hydraulique (s’appuyant sur la topographie établie par l’intermédiaire de relevés LIDAR, télédétection par laser) a calculé les cotes de référence applicables sur le littoral, jusqu’à l’intérieur des estuaires comme pour celui de la Vie à Saint Gilles Croix de Vie. Un supplément de 20 cm correspondant à la prise en compte des premiers effets du changement climatique, a été ajouté pour qualifier cette cote de référence dite d’aléa actuel. Un supplément de 60 cm a été ajouté à la cote Xynthia pour qualifier la cote de référence dite d’aléa 2100, estimation du niveau de submersion à la fin du siècle, compte tenu du changement climatique. (cf niveaux indiqués sur la carte ci-contre). Les zones effectivement inondées lors de la tempête Xynthia sont complétées par les zones susceptibles d’être inondées en référence à la cote de référence aléa actuel. D’autres zones susceptibles d’être inondées en référence à la cote de référence aléa 2100 sont également cartographiées. Toutes les vulnérabilités sont évaluées, comme les hypothèses de brèches des ouvrages de protection non conformes ou mal entretenus. Ce principe de faillibilité s’applique également sur les ouvrages de défense du trait de côte (enrochements). Enfin il est tenu compte de la puissance des vagues heurtant un ouvrage en définissant une zone de chocs mécaniques (cas du remblai de Saint Gilles Croix de Vie). Zones de submersion, zones de chocs mécaniques, bande de précaution s’inscrivent dans le zonage règlementaire : zones rouges pour les zones de danger, inconstructibles, zones bleues pour les zones de précaution, constructibilité sous conditions (cf. carte pour Saint Gilles Croix de Vie). Cette réglementation induit une stratégie de développement des territoires qui prend en compte les risques littoraux et s’impose au PLU (Plan Local d’Urbanisme). L’instruction des permis de construire, des déclarations préalables s’en trouve affectée.

Carte du zonage règlementaire avec côtes de référence à l’horizon 2100.

Carte du zonage règlementaire avec côtes de référence à l’horizon 2100.

Des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde doivent être prises dans les zones évoquées par les collectivités publiques ou appliquées par les particuliers, propriétaires ou exploitants, afin de réduire la vulnérabilité de l’existant. La réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens impose de limiter la population exposée au risque, de prescrire les travaux de mise en sécurité des biens existants, de maîtriser l’expansion urbaine littorale et de refuser des projets aggravant cette exposition. C’est aussi l’objet des PAPI (Programmes d’Action de Prévention contre les Inondations) portés par les Communautés de Communes, de réduire les risques d’inondation, par les aménagements adéquats. Ainsi le PAPI du Pays de Saint Gilles Croix de Vie a permis, par l’endiguement du quai des Greniers (crête à 3,90 NGF, c’est-à-dire 13 cm de plus que le niveau Xynthia constaté 3,77) et du quai Gorin (crête à 3,80 NGF, 10 cm de moins pour la perte de charge), de protéger les bas quartiers de Croix de Vie contre les risques de submersion. Après la neutralisation des arrivées maritimes par les conduites du sous-sol, il reste encore à créer sur le quai Gorin l’important bassin de rétention (700 m²) des eaux d’origine terrestre qui seront automatiquement déversées à marée basse par l’ouverture des clapets anti-retour des 4 buses. Ainsi est prévu côté Croix de Vie le scénario de la concomitance d’évènements centennaux de submersion marine et d’inondation terrestre. Côté Saint Gilles, la mise à la cote 4,80 NGF est envisagée pour le quai Rivière et le quai Marie de Beaucaire. Quelles conséquences en matière d’assurances pour les propriétaires et exploitants : si les propriétaires, exploitants ou utilisateurs de biens et d’activités antérieurs à l’approbation du PPRL ne se conforment pas à la réglementation, les assureurs peuvent ne plus garantir les dits biens et activités.
Si des biens immobiliers sont construits et que des activités sont créées ou mises en place en violation des règles du PPRL, les assureurs ne sont pas tenus de les assurer. Quelles conséquences financières pour les propriétaires et exploitants : les études et travaux de réduction de la vulnérabilité, rendus obligatoires par un PPRL approuvé, sont éligibles au «Fonds Barnier». Ce fonds est destiné à venir en aide aux personnes physiques ou morales ainsi qu’aux collectivités disposant de biens faisant l’objet de prescriptions de travaux obligatoires. Le coût des travaux aménagements (pièce refuge par exemple) est limité à 10 % de la valeur vénale ou estimée des biens à la date d’approbation du PPRL. Le financement des travaux est limité à 40 % des dépenses, 20 % dans le cadre d’activités professionnelles, 50 % pour les études et les travaux réalisés par les collectivités territoriales. Ces financements du Fonds Barnier peuvent se cumuler à d’autres financements (ANAH, CAF, collectivités…). Où en est-on dans la démarche de prévention ? Pour le PPRL des Pays de Monts, la phase de concertation a fait l’objet de plusieurs dépositions d’avis. La mairie de Saint Gilles Croix de Vie a fait le choix d’approuver le PPRL tout en émettant plusieurs réserves sur la forme (difficulté d’appréhension, explications insuffi – santes) et sur le fond (justifi cation des cotes, vérification de la modélisation, modifi cation du règlement des zones de chocs mécaniques afi n de maintenir l’activité économique du remblai de la Grande Plage, …). La déposition de l’association V.I.E. porte sur la diff érence entre la cote réelle atteinte par le niveau Xynthia + 13 cm et la cote de référence calculée par le logiciel de modélisation (diff érence de 30 cm= 4,20 NGF – 3,90 NGF pour le cas du quai des Greniers), sur le lien entre le PPRL et le PAPI et sur la problématique de la servitude de passage (chemin des douaniers) soustraite lors du recul du trait de côte. La phase d’enquête publique (janvier 2016) permet une plus ample information de la population, éventuellement invitée à déposer des avis et observations. Ceux-ci peuvent conduire à des adaptations du projet de PPRL. La procédure se termine par une approbation du PPRL par arrêté préfectoral après avis de la commission d’enquête. Approuvé, le PPRL vaut servitude d’utilité publique en application de l’article L.562-4 du Code de l’Environnement. Il s’impose aux documents d’urbanisme en vigueur et doit être annexé notamment au Plan Local d’Urbanisme (PLU) dans le délai d’un an. Les travaux de réduction de la vulnérabilité de l’habitat existant doivent avoir été réalisés avant 5 ans.

Conclusion et prolongement.

Le plan de prévention de l’Etat, décliné en PPRL sur les territoires littoraux, à grand renfort d’experts réunis par chaque Direction Départementale  des Territoires sous autorité du Préfet, s’avère à la fois un processus de sensibilisation à la culture de prévention du risque et un ensemble de prescriptions (servitudes d’utilité publique s’appliquant au-dessus de toute autre réglementation) s’inscrivant dans une stratégie de développement durable. Cependant de nombreuses résistances de la part des élus se sont traduites par un avis défavorable du PPRL, comme pour le territoire littoral de la Baie de Bourgneuf, pour la ville de Saint Jean de Monts qui fait réaliser une contre-étude ou pour Noirmoutier fi er de son système de défense par digues. Personne ne peut dire que nous sommes à l’abri d’un évènement à plus forte amplitude que Xynthia, notamment dépressionnaire, mais l’ensemble des prescriptions du PPRL appliquées pour réduire les vulnérabilités, complétées par la mise en oeuvre des PAPI, associées à une meilleure conscience du risque par la population et aux mesures du PCS (Plan Communal de Sauvegarde), doivent permettre d’éviter la perte de vies humaines et de réduire les dommages. Une telle mobilisation de l’Etat complétée par celle des collectivités territoriales, certainement justifi ée, ne pourrait-  elle pas être appliquée à d’autres risques qui nous concernent tous et tous les jours et dont la prévention est insuffi samment promue (campagnes de sensibilisation, formation pédagogique …) et prescrite (mesures et aménagements de sécurisation, …) : par exemple les risques domestiques (chutes, incendies, intoxications…), les risques de circulation automobile (une cinquantaine de décès par an en Vendée, 54 en 2014), les risques professionnels, les risques de noyade sur la plage (une quinzaine de décès par an en Vendée), les risques sanitaires liés aux diff érentes pollutions, etc

Denis.Draoulec22@orange.fr
Sources principales:
Documents préfectoraux relatifs au PPRL des pays de Monts
Délibération N° 21.09.2015-10 du Conseil Municipal de la ville de Saint Gilles Croix de Vie
Guide méthodologique PPRL (DGPR SRNH/BRM – mai 2014)