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L’AGGLOMÉRATION, HISTOIRE, ENJEUX ET PERSPECTIVES

DES PERSPECTIVES POUR LE PORT DE SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE

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Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie,actif tout au long de l’année, doit son attractivité à sa double identité de port de pêche et de plaisance. Escale Pêche (1) dans les locaux de la Criée, sous l’égide de l’Office de Tourisme du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, témoigne de l’attraction que suscitent les activités portuaires pour le tourisme. Le Conseil départemental de la Vendée a délégué la gestion du port par convention au Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie Agglomération.

• L’activité pêche

est gérée par la SEM des Ports (2) titulaire d’un contrat de Subdélégation de Service Public, consentie par le Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie Agglomération. Créée le 1er juillet 2015, la SEM des Ports a pour compétences : la gestion, l’exploitation, l’entretien, la maintenance et le développement du port. Actuellement le port de pêche compte 40 bateaux sur lesquels naviguent de 80 à 100 marins. Depuis le plan « Mellick » de 1991 ayant entraîné la casse de 55 bateaux, puis l’arrêt de la pêche à l’anchois en 2005, les effectifs n’ont cessé de baisser. Il est vrai que s’engager dans les métiers de la pêche n’est pas sans risques : acquérir un bateau est un investissement financier qu’il faut pouvoir amortir en dépit des aléas économiques. La modernisation des techniques de pêche sécurise les pratiques et les rendent plus efficaces mais génère des coûts supplémentaires. Les évolutions climatiques perturbent la migration des poissons, leur niveau de reproduction et diminuent leur taille. Une gestion réglementée des stocks a dû être mise en œuvre, s’ajoutant aux nombreux règlements inhérents aux métiers de la mer très encadrés tant au plan européen que national. A cela s’ajoutent les divers programmes de sauvegarde des espèces menacées : après le plan sole en 2023, le plan cétacé a mis la pêche à l’arrêt du 20 janvier au 20 février 2024. Pour un bateau dont le capitaine part à la retraite, la relève est donc difficile. Nombre de ces patrons-pêcheurs quitteront le métier d’ici 10 ans pour un repos bien mérité.

• Enjeux pour le port de pêche

La pérennité de la filière mobilise toute l’attention de l’Organisation Producteurs Vendée (OP Vendée). La nouvelle génération compte surtout de jeunes marins qui travaillent sur de petits bateaux : ligneurs, crevettiers, caseyeurs (homards et crustacés), sardine à la saison. A chaque sortie, ils constatent que la ressource halieutique est présente et leur permet de maintenir leur chiffre d’affaires grâce à une valorisation des espèces nobles en hausse. Outre les aléas climatiques, leur principale difficulté réside dans le poids des réglementations nationales et européennes. L’atout majeur du port est sa criée qui maintient son cap avec détermination grâce à une gestion fine de ses coûts de fonctionnement et à son dynamisme commercial. Le tonnage des prises de 2023 s’élève à 3 500 t (2 000 t de sardines + 1 500 t de poissons blancs) pour un chiffre d’affaires de 7,8 millions €. En 2024, les prises à fin septembre s ‘élèvent à 2 500 t pour un CA de 6 millions €. Ce résultat à ce stade permet d’envisager un tonnage global de 3 200 t pour un CA de 7,5 millions € en 2024. En dépit des incertitudes et des contraintes qui pèsent sur le métier, la motivation des jeunes pour la profession à risque de marin-pêcheur reste vive. Ce métier de liberté, exercé en prise directe avec les forces de la nature, attire la jeune génération. Être marin-pêcheur c’est associer la maîtrise de techniques complexes à la compréhension d’un environnement naturel et réglementaire en évolution constante. Autant d’exigences qui nécessitent d’y être familiarisé. Pourquoi ne pas proposer aux jeunes, dès le collège, des expériences à bord susceptibles de les ouvrir à cet horizon professionnel et aux formations qui y préparent ? Les marins-pêcheurs sont prêts à soutenir toutes les initiatives en ce sens issues du secteur professionnel ou des pouvoirs publics.

• La Plaisance (Port la Vie) et les Activités Nautiques sont le deuxième volet des activités portuaires. Elles sont gérées par la SEMVIE La ville est le principal actionnaire de la SEMVIE.

La SEMVIE est sub-délégataire de la concession de Délégation de Service Public octroyée par le Conseil départemental au Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie Agglomération pour la gestion du port de plaisance. Port la Vie dispose de 1 000 anneaux sur pontons dont 50 places d’escale. Les grosses unités à fort tirant d’eau peuvent accoster dans une darse draguée à la cote de – 3 m CM (cote marine). Engagé dans la défense de l’environnement, Port la Vie souscrit à la Charte des Ports Propres. Outre la gestion du port de plaisance, la SEMVIE assure des activités de dragage, la location de locaux commerciaux, la gestion des Activités Nautiques. La SEMVIE est propriétaire d’une drague qui assure la navigabilité du chenal et la remise à la cote des espaces portuaires. La campagne de dragage, en cours depuis le 4 novembre 2024, s’achèvera fin avril 2025. Les Activités Nautiques sont, elles, porteuses des formations garantes de la pérennité de la filière nautique essentielle pour l’économie locale. Bien que déficitaires, elles se doivent d’être préservées et encouragées. Enfin Port la Vie accueille et participe à l’organisation de nombreux évènements nautiques (Course Croisière des Ports Vendéens, Femmes à la barre, Grand Largue, Solitaire du Figaro…) qui rehaussent la visibilité de notre territoire.

• Enjeux pour Port la Vie

Le nautisme se porte bien mais les anneaux sont loués par des clients qui prennent de l’âge. 67 % d’entre eux sont des résidents du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, les autres sont originaires des Pays de la Loire. La majorité d’entre eux sortent de moins en moins et ne libèrent donc pas leur anneau pour les plaisanciers de passage. Le port, à saturation, doit pouvoir offrir une plus grande capacité, satisfaire de nouveaux arrivants, accueillir les plaisanciers en escale et répondre aux besoins de bateaux de taille plus importante dont les multicoques. Il faut également répondre aux attentes des concessionnaires locaux qui commercialisent, entre autres, les bateaux de l’entreprise qui fait la fierté de notre territoire, le Groupe Bénéteau. Les infrastructures de notre port de plaisance sont aujourd’hui fragilisées par une usure bien naturelle après 50 ans de bons et loyaux services et ne ré pondent plus aux standards de la plaisance moderne. Par ailleurs, les équipements du port de plaisance doivent s’ouvrir davantage sur la ville et participer à son développement touristique.

• Perspectives pour le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

Conscient des enjeux auxquels sont confrontées les activités de pêche et de plaisance et de leurs impacts sur le tourisme, le Conseil départemental de la Vendée souhaite privilégier la synergie entre les deux vecteurs de l’activité portuaire. Le scénario retenu est de coupler les deux Délégations de Service Public (DSP) en bousculant le calendrier de leurs renouvellements respectifs prévus le 31/12/2027 pour le port de pêche et le 31/12/2024 pour le port de plaisance avec pour objectif de :

– promouvoir une cohérence stratégique,

– faciliter l’adaptation des équipements aux enjeux futurs,

– simplifier la gestion administrative.

L’appel d’offres lancé courant octobre 2024 était ouvert à tous les candidats présentant les compétences requises, groupes privés, collectivités, sociétés d’économie mixte, fonds de pension, etc.

Le Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie Agglomération et ses SEM ont voulu se donner toutes les chances de remporter l’appel d’offres en anticipant leurs réflexions par une vaste consultation des acteurs locaux, économiques et associatifs, et ceci dès novembre 2023, dans le cadre de 4 ateliers participatifs.

Les éléments recueillis ont mis l’accent sur plusieurs prérequis :

– nécessaire modernisation des infrastructures et leur adaptation aux contraintes actuelles,

– préservation de l’environnement et lutte contre les pollutions,

– ouverture des installations portuaires sur le tissu urbain, – mise en œuvre de moyens de transport nautiques permettant la mise en relation des différentes zones portuaires.

Depuis lors, les parties prenantes ont poursuivi leurs concertations et ont remis au Conseil départemental leurs meilleures propositions début 2025. Après dépouillement et négociations, l’organisme retenu prendra ses fonctions le 1er janvier 2026.

• Conclusion

Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, confronté à de nombreux défis, veut faire de sa double vocation de port de pêche et de port de plaisance, un atout. En accord avec le Conseil départemental de la Vendée, les décideurs locaux œuvrent à la mise en convergence des objectifs de développement du port, à la modernisation de ses outils, à la mutualisation des ressources matérielles et humaines, dans le cadre d’une future et unique Délégation de Service Public. Gageons que la détermination dont font preuve les responsables du port et de la collectivité permettra à nos instances locales de remporter cet appel d’offres déterminant pour l’avenir du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Le Comité de rédaction V.I.E.

Sources : Entretiens avec Messieurs Carpentier, capitaine à la retraite, Lionel Guilbaud, PDG de la SEMVIE, Timothé Michaud, Directeur délégué de la SEMVIE, David Blanconnier, Directeur de la Criée du Port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 1 Musée de la Pêche. 2 Les SEM sont des sociétés anonymes dont une collectivité possède entre 51 et 85% du capital. Les SEM sont des personnes morales de droit privé.

Bulletin 2023 L’Océan, incontournable acteur de SGXV

LE PORT DE SAINT-GILLES CROIX-DE-VIE TIENT SON CAP.

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LE PORT DE SAINT-GILLES CROIX-DE-VIE TIENT SON CAP.

 

Confronté au réchauffement climatique, aux aléas économiques et aux enjeux internationaux, le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie résiste en s’organisant et en se diversifiant. Il s’adapte. Il suit en cela les orientations  adoptées par le monde de la pêche, très en alerte sur les évolutions qui affectent l’environnement maritime et les pratiques  professionnelles. 

En 2021, IFREMER dresse un diagnostic qui  prouve que les efforts entrepris par les professionnels de la pêche pour restaurer les stocks commencent à porter leurs fruits. On estime à 300 le nombre d’espèces pêchées  le long de nos côtes. Une cinquantaine d’entre elles représente à elles seules 95%  des prises. Le risque de surpêche justifie le  suivi effectué. 

En 2020, la part des débarquements français provenant de stocks en bon état est de  52% (contre 9% en 2000 et 16% en 2010).  C’est encore loin de l’objectif de 100% fixé  par la PCP (Politique Commune de la Pêche)  pour 2020. En 2020 la part des débarquements français provenant de stocks effondrés a augmenté (10% du total) du fait de l’effondrement du stock de sardines du Golfe de Gascogne où la sardine est particulièrement affectée par le réchauffement climatique. Il en est de même dans le Golfe  du Lion. Pour un âge donné, la taille des individus diminue fortement. 

Le réchauffement des eaux vaut aux marins pêcheurs de voir leurs casiers et leurs filets  investis par les poulpes depuis 2021. En dépit de la nette amélioration constatée, l’IFREMER souligne que la surpêche continue de menacer d’effondrement certaines espèces dont le cabillaud en Mer-du-Nord. Dans ce contexte incitant à la vigilance sans catastrophisme, qu’en est-il pour le port de  Saint-Gilles-Croix-de-Vie ? 

Fin 2021 le tonnage débarqué représente 2 641 t en diminution de 33% par rapport  à 2020. 

Ce fléchissement s’explique par une diminution importante des apports en poissons bleus de 1 627 t (-53%). Au contraire le poisson blanc débarqué est en hausse de 320 t (+37%) 

La valeur débarquée représente 8 607 k,  en progression de 13%, due à l’augmentation du tonnage des prises de poissons blancs assortie d’une hausse du prix moyen  de 70%. 

Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie résiste aux aléas climatiques et économiques en  menant de longue date une politique de  modernisation et de diversification de ses  activités de pêche. 

La criée, informatisée, accueille 10 ateliers de mareyage et s’ouvre au public pour mieux  lui faire partager l’histoire du port et de ses  métiers. Les bateaux accompagnent la demande. Les poissons traqués au sonar sont gardés au frais grâce à des techniques innovantes de conservation des prises à bord. Actuellement le port compte 4 fileyeurs, 10 chalutiers, et 26 ligneurs, soit 40 unités  

en tout. Géré par la Communauté de Communes depuis le 5 mars 2015, le port maintient son cap en s’attachant à suivre 2 axes :

  • miser sur la qualité des produits avec l’obtention du label «Poisson du Pays de Saint-Gilles»
  • valoriser et mutualiser les équipements des ports de pêche et de plaisance. Des signes de résistance au mauvais vent ?  

En 2021, les Etablissements Gendreau associés aux mareyeurs et à un patron de pêche  arment deux nouveaux chalutiers, le «Jérémie Simon» et le «Prométhée» au service d’une pêche artisanale qui approvisionne, en circuit court, le marché local. A ce nouvel attelage s’ajoutent 2 sardiniers des Sables d’Olonne qui débarquent leurs prises, chaque saison, au port de Saint-Gilles Croix-de-Vie : le «PapyChiChi» et «Les  Chignolles» et de plus en plus de bateaux  sont équipés de cuves d’eau de mer à 0C°  et de moteurs à émissions de CO2 réduites. Le port et plus encore la pêche, fondent l’identité sociale et culturelle de notre territoire et stimulent son attractivité touristique; en témoigne l’inscription de la pêche sardinière au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO décidé en 2000 par les 4 ministères de la Culture, de l’Agriculture, du Tourisme et de l’Environnement. En 2018, Saint-Gilles-Croix-de-Vie a été identifié comme site remarquable du goût promu par la Confrérie de la Sardine. 

Ouvert sur la cité, acteur de la politique touristique du Pays, notre port peut compter sur la convergence des efforts et la coopération des professionnels de le pêche et de  leurs organisations socioprofessionnelles avec les collectivités territoriales et en premier lieu la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 

 

SEM DES PORTS DU PAYS DE SAINT-GILLES-CROIX DE-VIE.  

  1. : Les montants des tonnages présentés 

dans le tableau ci-dessus sont en kg et non en  tonnes comme indiqué. 

IFREMER : Diagnostique 2021 sur les res sources halieutiques débarquées par la pêche  française métropolitaine – Présentation par  Alain Biseau (janvier 2022). 

Le comité de rédaction

Bulletin 2023 L’Océan, incontournable acteur de SGXV

QUAND CROIX-DE-VIE ET SAINT-GILLES-SUR-VIE SE FIRENT PORTS SARDINIERS.

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QUAND CROIX-DE-VIE ET  SAINT-GILLES-SUR-VIE SE  FIRENT PORTS SARDINIERS.  

Au XIXème siècle, les ports de Saint-Gilles sur-Vie et de Croix-de-Vie, souvent ensablés, se prêtaient de plus en plus mal aux  exigences du trafic maritime marchand. 

D’importants bancs de sardines se  présentaient alors régulièrement, aux  beaux jours, à portée d’avirons. Les  marins saisirent leur chance, associant étroitement la pêche et les conserveries. 

Depuis l’Antiquité, on sait conserver les aliments, confits dans le sel. Au Moyen Âge on utilisait déjà des «presses en baril», sorte de tonneaux percés de trous dans lesquels on tassait légumes, viandes ou poissons entre des couches de sel. En 1835, on comptait à Saint Gilles-sur-Vie trois presses en baril, ou  «saurisseries». L’une d’elle était la propriété du sieur JUHEL. Le sieur COLIN,  un industriel nantais, fut le premier confiseur à associer, en 1830, l’appertisation*  (1809) à la ferblanterie. La renommée de  ses sardines ainsi conservées le poussa  à sortir 100 000 boîtes par an en 1836.  Fort de ce succès, il installa une fabrique à Saint-Gilles-sur-Vie.  

vaudage d’un chalut sur le quai sud de la 1ère darse du port de Saint-­‐Gilles-­‐Croix-­‐de-­‐Vie. Ravaudage d’un chalut sur le quai de la 1ère
darse du port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

Le 2 juin 1850, la réussite du sieur COLIN  donna l’idée à deux nantais, Messieurs  TERTRAIS et BALLEREAU, d’industrialiser la fabrication. Ils implantèrent une première conserverie à Croix de-Vie, à l’emplacement actuel de la  salle de la «Conserverie». Plus tard, SAUPIQUET leur succédera. Ils furent  imités par Messieurs LEJEAU et DEFESSES qui acquirent le château COLLINET où ils construisirent leur usine, reprise ensuite par CASSEGRAIN, puis par GENDREAU. 

En 1883, à Croix-de-Vie une quarantaine de conserveries s’échelonnaient depuis  la baie de l’Adon, jusqu’au quai Gorin.  Les tables bourgeoises et les casse-croûtes faisaient une place de choix aux  conserves de sardines cuites à l’huile  d’olive. En 1880, les Parisiens consommaient 300 tonnes de sardines à l’huile par an. L’arrivée du chemin de fer à Croix de-Vie en 1885, permit la commercialisation des boîtes de sardines sur tout le territoire national voire international. 

Les familles des marins-pêcheurs n’ap préhendèrent plus l’hiver. Le nombre de pêcheurs sardiniers quadrupla de 1830  à 1906. En 1850, la flottille vendéenne compta 600 bateaux dont l’essentiel était basé à Saint-Gilles et Croix-de-Vie. Jusqu’en 1900 elle était composée de  chaloupes de 7 m le long et de 2,60 m  de large avec un tirant d’eau de 1,10 m.  Ces chaloupes à faible tirant d’eau et  fortement voilées, manœuvrées à l’aviron par des équipages de 5 hommes  étaient bien adaptées à une côte dangereuse truffée de hauts fonds et de bancs de sable. Voilures déployées, les  chaloupes portaient haut foc, misaine, taillevent, un ou deux huniers surmon tant deux voiles au tiers majeures et, parfois, un tape cul à livarde. Ainsi parées, les chaloupes avaient fière allure. 

 

Le succès de cette pêche transformée et commercialisée par les conserveries attira, en saison estivale, des paysans  audacieux qui, les moissons faites, se  lançaient sur les flots. Ces nouveaux  venus, fraîchement accueillis par les  marins du cru, étaient surnommés «marins patates». Mais à l’époque, il y avait  assez de sardines pour tout le monde.  

La prospérité était cependant inégalement répartie. La capitalisation de certaines usines se révéla fragile dès que la sardine se fit capricieuse. Les campagnes sardinières de 1846, 1852, 1858, 1872 furent médiocres mais les conserveries résistèrent, fortes de leur monopole. De 1880 à 1887, la pénurie  frappa le littoral, épargnant les côtes de  Saint-Gilles et de Croix-de-Vie en 1880 et 1881. Ce ne fut qu’un répit. En 1890, après une succession de faillites et de rachats, seule une quinzaine de conserveries subsistaient à Croix-de-Vie. Déjà, depuis 1886, des industriels installaient des usines au Portugal et en Espagne  créant leur propre concurrence. La pénurie de sardines jeta les familles de pêcheurs du littoral breton et vendéen  dans la misère et poussa à la création de comités de secours. La crise mit en évidence les intérêts économiques et sociaux qui opposaient les conserveurs et les pêcheurs. Les premiers voulaient  augmenter le rendement de la pêche par la modernisation de flottilles plus puissantes et l’évolution des techniques. Les seconds craignaient l’appauvrissement des stocks et la concentration des richesses dans les mains de ceux capables d’investir au détriment des autres. Les pêcheurs utilisèrent le filet tournant tardivement craignant déjà la surpêche et dénonçant l’écrasement des poissons au détriment de leur qualité. De plus, les fortes prises minoraient leur valorisation ne les faisant pas mieux  vivre que lors des années médiocres. Si  leurs intérêts étaient mieux préservés lors des années de rendement moyen,  pourquoi investir et s’endetter ? Pour se faire mieux entendre, les pêcheurs se dotèrent d’organisations professionnelles capables de défendre leurs intérêts et de les représenter auprès des décideurs. La loi sur la pêche de 1852 et les décrets de 1853 et 1859 réglementèrent l’usage des sennes et interdirent le chalutage à moins de 3 milles des côtes. A la fin du XIXème siècle, la sardine, de capricieuse se fit rare.  Le retour des sardines en 1909 amena les capitaines les plus fortunés à faire  construire des «gazelles» capables de traquer la sardine plus loin et plus longtemps. Tandis que ceux qui se contentaient d’une pêche d’appoint optèrent pour des bateaux plus petits manœuvrés à trois, les Quimperlés, sur le modèle d’embarcations bretonnes adaptées à la petite pêche côtière à l’année et à la sardine l’été. 

Les cours fluctuaient au gré des rendements de la pêche et de la demande. C’est ainsi qu’en début de saison, en 1912, le «mille» était payé par les  conserveurs entre 15 et 20 francs tandis qu’il baissait à 8/12 francs en fin de saison. Les ouvrières ne voyaient pas leur travail mieux rémunéré avec 0,20  francs de l’heure à la même époque, de jour comme de nuit, sans  garantie du nombre d’heures  rémunérées. Elles percevaient des jetons par quart  d’heure travaillé monnayé à  la semaine. En 1917, suivant  l’exemple des ouvrières des  Sables-d’Olonne, elles ont fait  grève et obtinrent 25 francs  de l’heure. Plus tard, pendant  les années 1920-1930, une  pêche trop abondante a saturé les capacités de traitement des usines. Les poissons, faute d’acquéreurs, furent rejetés dans le port. Les conserveurs des Sables-d’Olonne vinrent  profiter de l’aubaine, au grand dam des marins-pêcheurs sablais. Pire, des marins bretons sont venus le 25  août vendre leurs maquereaux et firent s’effondrer les cours pour cette pêche.  En 1927, les ouvrières firent cause commune avec les pêcheurs pour exiger que les conserveurs paient les prises à un prix acceptable. Forcés de négocier, les conserveurs acceptèrent que le prix soit fixé au vu et su de tous dans le cadre d’enchères publiques dans la nouvelle criée de Croix-de-Vie construite sur le  quai, face à la gare.  

Une crise de surproduction et de dé bouchés suivit l’augmentation des capacités de pêche jusqu’en 1931 sur un  marché dominé par les productions portugaises, espagnoles et américaines. La qualité s’imposa pour y résister. Dès lors, l’enjeu pour les capitaines était autant le tonnage des prises que leur capacité à être les premiers à vendre en criée, à un bon prix, un poisson tout  juste sorti de l’eau. Conscient de l’enjeu, dès 1925, Benjamin BENETEAU a été parmi les premiers à construire des sar diniers à moteur. Des aménagements  portuaires sont entrepris: construction des cales et creusement du chenal, en 1937, creusement de la première darse en 1951 suivie par celui de la deuxième darse entre 1967 et 1971 abritant 450 marins, 135 bateaux dont 23 sardiniers, 12 thoniers, 10 caseyeurs, 40 chalutiers côtiers et 50 canots. La pêche faisait alors tourner 3 conserveries dont GENDREAU. 

En 1967, les deux communes portuaires, Croix-de-Vie et Saint-Gilles sur-Vie fusionnent. La même année, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ajoute une corde à son arc en se dotant d’un port de plaisance. Etabli sur la «Roussière»,  il compta d’abord 600 anneaux, puis bientôt 1000, toujours très demandés.

En 1993 le port abritait 106 navires sur lesquels embarquaient 300 marins-pêcheurs pratiquant une pêche diversifiée. Fort du dynamisme du port, la  Chambre de Commerce et d’Industrie de Vendée, son gestionnaire, décida de moderniser la criée selon les normes européennes. En 1995 la nouvelle criée  disposa d’une surface opérationnelle de 9 200 m2, d’une halle de vente de 3 000 m2 et de 14 ateliers de mareyage pour une coût de 30,5 millions de francs, le tout financé en partie par des subventions nationales et européennes. C’était sans compter avec «le plan Mellick», qui, en application de dispositions communautaires européennes, fit  disparaître 40% de la flotte de pêche française, par vagues successives à partir de 1991. Le port paiera un lourd tribut, perdant des unités de pêche tandis que les équipages se dispersaient et que disparaissaient des compétences ancestrales. Suivirent la réduction des quotas de pêche aux anchois, la crise de 2008 et les premiers signes du changement climatique.  

Depuis, de crise en crise, les marins-pêcheurs s’adaptent, modernisent et diversifient leur flotte et leurs techniques de pêche. Depuis 2006, l’entreprise GENDREAU reste la seule conserverie, après avoir intégré VIF ARGENT ex-SAUPIQUET. L’entreprise, partie prenante de l’activité portuaire, a armé deux unités de pêche. Depuis 2015, la Communauté de Communes assure efficacement la gestion de la criée, équipement indispensable à l’activité portuaire et source de notre attractivité touristique. 

Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie  s’adapte et résiste. 

 

 

darse du port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

 

6    

 


Le  Port  de  Saint-­‐Gilles-­‐Croix-­‐de-­‐Vie,  juillet  2021.   

 

 

 

 

Sources : 

– Chasse-Marée – Bateaux des côtes de France- Sar diniers de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et des Sables d’Olonne. 

– «J’ai posé mon sac à terre, le port de Croix-de-Vie de  1950 à 1985» – Louis VRIGNEAU 2015. 

– «Produits du Terroir et Recettes traditionnelles de Ven dée» – Edition l’Etrave 1995.  

– «La crise sardinière française : les premières re cherches scientifiques autour d’une crise économique  et sociale» par Marie-Hélène Durand, économiste  ORSTOM. 

* Appertisation : procédé mis au point par  Nicolas Appert qui consiste à stériliser par la  chaleur des denrées alimentaires périssables  dans des contenants hermétiques (bocaux en  verre ou boîtes métalliques) afin de les conser 

ver durablement sans altérer leurs qualités  gustatives et nutritives. 

Le comité de rédaction