NOTRE ENVIRONNEMENT

AGIR CONTRE L’ÉROSION CÔTIERE AU PAYS DE SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE

Le Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie veille sur les 32 km de ses côtes exposées aux risques d’érosion et de submersion marine. L’EPCI, Établissement Public de la Coopération Intercommunale mène ses actions selon deux axes, la protection des sites et des habitants.

1 – Protéger les sites exposés a l’érosion

1-1 – Surveillance selon les types de zones

• Les zones basses et sableuses :

– À Saint-Hilaire-de-Riez : le recul probable est inférieur à 100 m pour les plages des Soixante Bornes, des Salins, des Becs et des Mouettes.

– À Saint-Gilles-Croix-de-Vie : le recul probable est inférieur à 65 m pour la Grande Plage.

– À La Parée à Brétignolles-sur-Mer : Suivi et consolidation des ouvrages en continu.

– Les dunes de la Garenne et du Jaunay doivent faire l’objet d’un suivi pour la prévention de l’érosion marine et éolienne.

• La zone rocheuse de la Pelle à Porteau subit une érosion continue moins spectaculaire.

• Les zones artificialisées :

– Le remblai de la Grande Plage est artificialisé par une série d’aménagements réalisés depuis 1924 par le secteur privé, les pouvoirs publics, voire l’armée d’occupation allemande. Son avancée en mer aggrave son exposition à l’érosion marine.

1-2 Les actions réalisées

• Au titre de l’érosion

Le couvert végétal du cordon dunaire le protège efficacement. Le préserver en limitant le piétinement et en comblant les brèches-vents fait l’objet d’une veille continue des dunes du Jaunay et de la Garenne. Celle dernière revient de loin. En 1976, dénudée, elle n’assurait plus la protection du port. La plantation de 150 000 oyats avec l’aide des enfants des écoles, des habitants, des bénévoles du secteur associatif et des élus, a permis de la restaurer en quatre hivers, avec le concours des forces de la nature.

En 2006 et 2011 les enrochements se sont poursuivis, en pensant que leur poids et leur volume seraient gages d’efficacité face aux éléments. Des enrochements sont posés successivement sur la Grande Plage et sur les plages des Becs, des Mouettes, de la Pège et des Demoiselles. Des tests démontrent que ce procédé favorise les arrachements et le creusement des plages. Il existe cependant peu d’alternative pour protéger les zones urbanisées en front de mer. En zone rocheuse, les enrochements peuvent protéger la base des falaises et freiner l’érosion comme à la Pelle à Porteau sans épargner la nécessité d’une vigilance étroite.

Conscient que la dune est le seul rempart naturel contre l’érosion, l’EPCI a également fait le choix de supprimer des ouvrages en enrochements et de renaturer la dune dans les zones où l’enjeu en arrière-dune le permettait. Cela a notamment été le cas aux 60 bornes et aux Salins à Saint-Hilaire-de-Riez, à la Paterne et à Kerlo à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et à Dunes 1 et Dunes 2 à Brétignolles-sur-Mer.

La protection des ouvrages et des zones artificialisées, est plus complexe et justifie une surveillance rapprochée et régulière. Les dégâts provoqués par la tempête Nelson sur le remblai de la Grande Plage, dans la nuit du 23 au 24 mars 2024, font envisager un confortement structurel complet de cet ouvrage vieillissant ainsi que la création d’un mur anti-vagues pour limiter la submersion par paquets de mer. L’étude en cours envisage également la création de bassins de rétention des eaux équipés de pompes refoulantes (cf ceux réalisés quai Gorin).

• Au titre du risque de submersion marine Suite à la tempête Xynthia, et en application d’une directive préfectorale, l‘Intercommunalité s’est dotée, en 2014, d’un Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI (1)), complété par un règlement d’urbanisme pour les zones exposées établi à partir d’une cartographie des risques de submersion marine (cf le Plan de Prévention des Risques Littoraux du Pays de Monts du 30 mars 2016).

Les risques de submersion marine menacent plus particulièrement à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, les quartiers limitrophes de l’estuaire de la Vie. Une étude récente visant à évaluer les risques d’inondation d’ici 100 ans depuis l’estuaire jusqu’au barrage des Trois Vallées permet de constater que si les quartiers limitrophes de l’estuaire sont exposés, au-delà, les berges de la Vie bordées de prairies et de marais permettent de minimiser le risque.

2 – Les moyens d’action

2-1 – Une surveillance régulière et précise

Équipé de drones depuis 2022, l’EPCI effectue des relevés en 3D, au cm près, en vue d’alimenter son observatoire du littoral et d’appréhender le fonctionnement morpho-sédimentaire de notre littoral. Les prises de vue sont réalisées selon 2 méthodes :

• La photogrammétrie qui permet, à partir d’une série de photos aériennes prises selon des incidences précises, de modéliser le terrain en 3D

• Le LIDAR qui avec un rayon lumineux invisible permet également de modéliser une surface.

Ces deux méthodes sont complémentaires et permettent de couvrir différents types de terrain sur des surfaces différentes. À partir de diagnostics annuels, l’EPCI effectue des analyses comparatives et programme ses actions de protection. L’ensemble de ces relevés fonde les règlements d’urbanisme pour les zones exposées.

2-2 – Des financements

L’EPCI dispose de 300 000 € pour les dépenses d’entretien annuel. Certains travaux peuvent être financés en partie au titre de la taxe GEMAPI (2). Un dossier de travaux de défense contre la mer peut bénéficier d’une aide à hauteur de 10 €/habitant à 40 €/habitant selon l’ampleur de l’opération. Des subventions peuvent également être sollicitées, entre 30 et 80 % du coût projeté, auprès du Fonds de Financement de la Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM) dit Fonds Barnier, ou du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) en vue de financer les actions et travaux de défense. Ces subventions sont versées uniquement dans le cadre de travaux prévus et programmés dans le PAPI. Le Département de la Vendée et la Région Pays de la Loire sont également financeurs d’études et d’opérations de protection réalisées dans ce même cadre.

Conclusion

Depuis la tempête de 1999 qui a sévi sur l’ensemble du territoire métropolitain, l’approche a évolué. Sous la pression croissante du dérèglement climatique, dont l’accélération du recul du trait de côte est un marqueur, un aménagement du littoral élargi au rétro-littoral est préféré aux actions défensives. Confrontées aux risques d’érosion et de submersion marine, les collectivités territoriales du littoral, en première ligne, cherchent à élargir leur marge de manœuvre tout en sollicitant la solidarité nationale et en incitant les habitants à s’engager dans la transition climatique.

Le Comité de rédaction V.I.E.

Sources : Entretien avec François BARRETEAU, directeur et Anne JARROS, responsable du service Environnement – Direction Générale Adjointe des Pôles techniques et cadre de vie du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 1 PAPI : Programme d’Action et de Prévention des Inondations. 2 GEMAPI : Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations, c’est une compétence confiée aux intercommunalités par les lois de décentralisation. La taxe GEMAPI est une taxe facultative perçue par les intercommunalités en vue de couvrir les charges liées à cette compétence.