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Bulletin 2015 Histoire - Récits - Mémoire

Le parler des marins locaux (suite)

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Maurice Guittonneau a dressé un lexique qui s’enrichit tous les jours, nous poursuivons la publication de ce lexique. V.I.E. vous invite à le compléter.  
A vous !

4 Rétamé ….. À bout de fatigue, ou sous l’effet de l’alcool (ivresse).
2 Revlin de vent… Changement spontané pour un bref moment de la direction du vent . Plus fréquent lors des chaleurs de l’été
2 Sabaille (f) ….Cordage (bout’) qui relie le ret’ de sardine au canot.
1 Sabouraôu (m).poiss… Petite vive qui se tient surtout en bord de côte sur les plage de sable.
1 Sourdon (m)…coq.. bivalve …. Coque.
2 Salabarde (f) ……Grande épuisette montée sur palan qui sert à remonter le poisson à bord.
2 Salet (m) … Fouine ( fourche  avec argaillons  au bout d’un grand manche).
2 Sourit’ (m) ….. Taquet de bois fixé sur la lisse pour coincer les lignes à thon ou autres…
4 Sourit’ (m) ….Hématome, bleu du à un pincement de la peau, d’un doigt .
4 Sagoillage (m) …Ballotage: Agiter, secouer, action due au roulis et au tangage qui sont de tous sens.
1 Tape-cul (m) …crust. … Galathée. Crustacé décapode au corps aplati (de 5 à 8 cm)
2 Talonnette  (f) …. Sabot , Galoche en cuir avec une semelle de bois
2 Toulet’ (m) …..Tolet : Bout de bois qui sert à maintenir l’aviron de nage à l’aide d’une estrope.
3 Traites …… Parcs à moules : Autrefois, concessions accordées aux marins pêcheurs sur la Vie afin que ceux-ci, pendant les périodes creuses d’hiver, puissent en faire l’exploitation.
1 Tiritarat’ ou Aigrelette (m) …oiseau …Sterne, petite mouette.
1 Trembiard ou Dalitte (m) … poiss… Raie Torpille.
2 Tinette (f) ….. Récipient qui servait à ramasser des déchets de poissons ou les poissons salés afin d’en faire de l’appât.
2 Toutas ou Totas (m) ….Paquet de moules ou d’huitres prises ensemble.
2 Treuillot’ ou Trouillot’ (m) …Épuisette.
2 Trouille (m) …. Épuisette à deux manches.
5 Traîner son plomb …… Fait qu’un marin a mal pêché «Il a traîné son plomb !». Car le plomb de sonde servait à reconnaître la profondeur, la composition et le lieu des fonds marins, ce qui lui permettait de mieux reconnaître et affiner sa pêche.
4 Trâlée (f) …. Se dit d’un grand nombre, de gens, d’animaux … d’évènements bons ou mauvais. Une trâlée de mauvais temps (série de tempêtes).
1 Terre (f) …poiss….. Une Myliobatis.  Raie avec aiguillon veni- meux sur la queue, synonymes : Mourine, Aigle de mer, Paste- nague.
4 Trac (à) …. Couper au ras, trancher net sans laisser de bout’.
2 Touaïe (f) …. Longueur : Sur une filière de pêche, partie de ligne ou d’orin plus ou moins longue, selon la profondeur, entre la première gueuse et flotteur ou engin de pêche (casier, filet hameçon).
4 Turcoller ……. Chanceler ou vaciller sur ses jambes….se dit d’une personne ou d’un animal qui ne marche pas droit sous l’effet d’une grande fatigue, d’une maladie ou cas d’ivresse.
1 Use-Babines  * … coq.. bivalve … un Pignon (uneTelline).
1 Veuson (m f)….. Un Enfant turbulent, qui ne tient pas en place tout en faisant du bruit.
3 Veusounne  ….. Bruit lancinant  voir énervant  ( ou veusounne sans arrêt à mes oreilles  )
3 Virée (f) …. Boucle du cours de la rivière, méandre.
5 (tu) Vireras de bord ….. Être dans le même cas …. Je suis comme toi dans la même situation, dans la même incompréhen- sion, autres …. Toujours employé dans le sens d’une situation plus ou moins négative.
2 Vormaïe  (f) …. Engin de pêche pour les anguilles, composé de vers de terre enfilés sur un fil de coton ou de laine mis en paquets au bout d’un perche.
2 Vroïl (m) …. Remous produits par un poisson à la surface de l’eau.
4 Vroïl (m) ….. Sursauter par effet de surprise «Tu m’as fait faire un sacré vroïl !»
4 Vircouèt’ (m) …. Retourner, s’est retourné, faire route (naviguer) en méandres.
4 Vreuillot’ ou vroillot’….. Bien vivant, très vigoureux (se dit des poissons, des crabes ainsi que des hommes).
2 Veusée (f) …. Grain, averse qui va vous tremper (attraper une veusée).
4 Veusée (f) …. État d’ivresse chez une personne «Il se tenait une sacrée veusée !».
4 Vie chère (f) …. Une partie de la marée de pêche, selon l’espèce, vendue et partagée entre l’équipage sans y prélever la part d’armement et les frais (convention armement – équipage).

M. Guittonneau

http://unepassion-marinpecheur.blog4ever.com

Bulletin 2015 Histoire - Récits - Mémoire

Les petits animaux de l’estran se racontent

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Le Bernard l’ermite (ou l’hermite), (Pagurus bernhardus).
Avez-vous déjà vu  des  bigorneaux courir à toute vitesse sur la plage, à marée basse? Regardez-les de plus près et vous verrez sortir de la coquille des pattes articulées et des pinces, des antennes et des yeux.
Vous avez donc observé une coquille de mollusque gastéropode habitée par un crustacé décapode : c’est moi, le bernard l’ermite ou pagure.
Pourquoi ce nom ? Comme le moine Saint-Bernard de  Clairvaux et  les ermites, je vis caché ! En effet, j’ai un «défaut de fabrication». Pour mes pattes et mes antennes, ça va ! Elles sont protégées par unecarapace chitineuse. Par contre, pour mon abdomen, j’ai tout faux ! Il est recouvert d’une peau très fine et si je le laisse à «l’eau libre» je vais me retrouver coupé en deux par le premier prédateur passant par là. Pour me protéger, j’ai donc trouvé une solution : je repère une coquille vide de gastéropode, je la fais tourner en l’inspectant avec mes antennes,  je place les deux orifices des coquilles face à face et hop ! En un dixième de seconde, j’introduis mon abdomen dans la nouvelle coquille. Le problème, c’est que, comme tous les crustacés, je mue et je grossis. Je dois donc à chaque fois prospecter pour trouver une coquille plus grande. C’est sans compter sur la solidarité de mes congénères.  En effet, nous organisons parfois des «chaînes  de vacance». Nous nous  réunissons autour d’une coquille vide adaptée à la taille du plus gros. Chacun passe ensuite dans la coquille du plus gros que lui et seule la plus petite reste vide (selon Behavioral  Ecology). N’est-ce pas un bel exemple de solidarité lié à un recyclage efficace ? De plus, cela prouve que nous avons un don pour l’évaluation de la taille «à vue de nez» ou plutôt d’antenne !
Il m’arrive de vivre en «copropriété» avec une anémone de mer ou une colonie de petits polypes (Hydractinies) qui se fixent sur ma coquille. Ça va, on  s’entend  bien,  mais  attention, on partage les avantages  ! Comme je ne sais pas manger proprement, elles récupèrent les «miettes de mon repas». En échange, elles prolongent l’ouverture de ma coquille, j’ai donc plus de place pour me loger et elles peuvent aussi me protéger avec leurs tentacules urticants.
Nous   constituons dans ce cas une association de deux animaux d’espèces différentes qui retirent des bénéfices réciproques de cette union. Les biologistes parlent de mutualisme et non de symbiose (association bénéfique et  obligatoire de  deux organismes ne pouvant vivre l’un sans l’autre). Ne pourrait-on pas qualifier cette association de «resto-taxi» ?

L’Anémone de mer (Actinia equina).
Mais qui a bien pu me donner un nom de fleur ? Vous m’imaginez dans un bouquet ?
Il est vrai que c’est très flatteur et je regrette de ne pas pouvoir m’admirer lorsque je déploie mes tentacules comme une rosace autour de ma bouche… Je ne suis en vérité qu’un petit animal, tout mou, sans squelette, sans pattes, appartenant au groupe des actiniaires, voisin des coraux.
À marée basse, je me referme et j’ai beaucoup moins fière allure avec mon   aspect de petite boule rouge, visqueuse, collée au rocher et percée au milieu d’un trou qui fait pschitt si on me touche. En effet, je dois garder de l’eau pour survivre. Bien que  je  sois sans dents, sans pinces, sans aiguilles ni crochets, je suis un animal féroce ! Gare à la moindre crevette ou petit poisson qui effleure l’un  de  mes tentacules ! Je possède à leur surface des cellules urticantes microscopiques (cnidocytes) qui  injectent un  venin dans ma proie en la paralysant. Il ne me reste plus qu’à la faire entrer doucement par ma bouche pour la digérer. Les déchets de cette digestion prendront le   chemin inverse. Bouche ou anus, chez moi, c’est pareil ! Je peux me déplacer en glissant sur mon pédoncule basal imprégné de mucus. Les grandes voyageuses préféreront se placer «sur le bord de la route» en attendant le passage peu probable d’un bernard l’ermite qui les prendrait sur son dos.

Catherine Chauvet.

Bulletin 2015 Dossiers d'actualités

«La meule d’or» nous régale depuis 30 ans, galerie gourmande

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La Meule d’Or - Galerie Gourmande  (photo V.I.E.)

La Meule d’Or – Galerie Gourmande
(photo V.I.E.)

La galerie gourmande est animée en ce jour de marché.  Sylvie détaille, devant moi, les fromages dont ma gourmandise me dicte le choix.
Elle vient de dire d’un ton léger, comme par mégarde et le regard au loin, que cela fait 30 ans qu’elle tient la «Meule d’or». Quelques jours plus tard, Sylvie acceptera de me raconter ce parcours de fidélité à un métier et à des produits que ses clients saluent à leur manière en lui étant tout aussi fidèles.
Tout commença en 1984, quai du Port Fidèle, quand Sylvie et son mari se lancèrent dans l’aventure du commerce de produits laitiers. Ils s’y donnèrent corps et âme et obtinrent des résultats encourageants qui les confortèrent dans leur choix de vie professionnelle.
En 1987, les choses se compliquèrent quand le propriétaire du magasin décida de vendre son fonds. Le couple, après mûre réflexion, conclut que ses finances n’étaient pas assez solides pour lui permettre de se porter acquéreur. Ils préférèrent acheter un petit camion réfrigéré et vendre sur les marchés de Saint Gilles Croix de Vie et de Brétignolles, apprenant à négocier pied à pied des emplacements.  Rude école ! C’est alors que Clément Gauvrit les informa d’un projet de galerie commerciale à Croix de Vie. En 1987, la quincaillerie  Archambaud, occupant un  très  important espace entre la rue du Général de Gaulle et le quai des Greniers, envisageait de vendre et de s’installer en bordure du Marché aux Herbes ; la mairie vit  immédiate- ment l’opportunité de créer un passage commercial  couvert entre le port de plaisance et le cœur commerçant de la rue piétonne.
Le projet qui lui fut sou- mis prévoyait la création de 11 «cases» de 30 m2 ainsi que des réserves et des caves pour entreposer les produits. Des commerçants ayant déjà pignon sur rue, comprirent immédiatement que s’associer dans ce projet leur permettrait de valoriser  mutuellement  leur savoir-faire et leurs produits en créant une attraction commerciale.
Très vite, Guy Aubinais et son épouse s’affirmèrent comme les piliers du projet, d’autant que, d’entrée de jeu, ils décidèrent de se porter acquéreurs de 60 m2 afin d’aménager un laboratoire selon leur rêve ; la poissonnerie Pelloquin qui lui fera face presque 16 ans durant s’engagea à son tour dans le projet et offrira à ses clients l’illusion d’une plongée aquatique rafraîchissante créée par les ruissellements d’eau le long de ses mosaïques. Ils furent rejoints par le boucher Petitgars, Clément Gauvrit pour les fruits et légumes, un pâtissier, et enfin la «Meule  d’or».
Ensemble,  ils constituèrent une offre commerciale diversifiée avec, pour points communs, la qualité des produits et la chaleur de l’accueil. L’ambition de ces pionniers n’était pas que commerciale. Ils voulaient  offrir à leur clientèle un lieu esthétique et fonctionnel facile à entretenir et pouvant satisfaire aux normes d’hygiène. Le cabinet d’architecture  Tiberghien remporta l’appel d’offre. L’entreprise Berthomé mena les travaux à bien et la décoration revint au cabinet Jacques Pajot-Chauvière. L’inauguration  fut mémorable  et permit aux commerçants de la Galerie Gourmande  de  démontrer qu’ils savaient satisfaire les gourmands les plus exigeants dans toute l’étendue de leurs offres.
Tout de suite les clients leurs donnèrent raison qui firent de la Galerie Gourmande le point de passage  obligé de leurs courses. A la «Meule d’or» le démarrage se fit sur les chapeaux  de roue. Les heures ne se comptaient pas. Il fallait, tôt le matin réceptionner les meules d’emmenthal de 80 kg et autres fromages, ainsi que les palettes de produits laitiers déjà rigoureusement  sélectionnés  en donnant la priorité aux fournisseurs  locaux dont certains  sont de renommée  nationale. Ensuite il fallait charger le camion avec lequel le mari de Sylvie faisait les marchés tandis que Sylvie restée au magasin servait la clientèle en débitant les meules sans perte tout en faisant découvrir ses produits à des clients au palais émoussé au contact des produits standardisés des grandes surfaces. Pendant ce temps la vie se déroulait hors du magasin. Puis, en 2000, le couple se sépara. Ces années furent un peu difficiles pour Sylvie qui garda le magasin et put se refaire un nid. Un fléchissement commercial et des transformations des comportements de la clientèle se firent sentir à partir de 2007. La clientèle fit plus attention aux prix. Elle privilégia les produits plus diététiques  tout en continuant d’apprécier les fromages et les yaourts goûteux de Sylvie mais en moindre quantité et moins souvent. Sylvie s’adapta. Elle ne fit plus équipe avec sa vendeuse en dépit du tandem aussi efficace qu’amical qu’elles formaient. Elle ferma un jour de plus et en profita pour faire du sport. Elle réduisit sa voilure à la mesure de celle de sa clientèle qui lui resta fidèle. Mais surtout ce qui a assombri l’ambiance de la Galerie Gourmande à la fin des années 2000 fut le départ de ses piliers pour prendre un repos mérité. Une sorte de morosité s’installa. Pas pour longtemps.
Depuis  5 ans une nouvelle  équipe de commerçants  s’est formée. Elle joue, elle aussi la carte de la diversité d’une offre de produits alimentaires  de qualité et recherchés, respectueux des saisons et des fournisseurs, en même temps que la clientèle apprécie la bonne humeur des échanges et les bons conseils culinaires. Ainsi, «l’Abri côtier», les «Saveurs de Saigon», le restaurant «P’tit Marché», «La Meule d’or» et tout récemment la pizzeria «Youpizz» savent fidéliser leurs clientèles et redonner à la Galerie Gourmande son ambiance bon enfant. Sylvie attache beaucoup d’importance à la dimension relationnelle de son métier : «En 30 ans, j’ai vu les familles grandir, vieillir, partir, revenir.  De nouveaux  clients sont arrivés. C’est à chaque fois une découverte réciproque». Sylvie n’hésite pas à initier ses clients à des aventures gustatives.
La plupart apprécie et noue avec elle une relation de confiance amicale. Les déconvenues surviennent aussi. Sylvie se souvient d’une cliente furieuse qui lui rapporta du beurre cru au prétexte qu’il avait «du goût» et qu’elle le croyait rance. Aujourd’hui, Sylvie sait que son commerce a fait ses preuves. Elle sait aussi que la démonstration est à refaire chaque jour grâce à la sélection des bons produits et à la qualité de sa relation avec sa clientèle. Elle conclut : «Je vends du vivant et je suis dans la vie grâce à mes échanges avec mes clients. Plus qu’un commerce c’est une culture et c’est sur ce point que mes clients me rejoignent et me sont fidèles». Aujourd’hui, avec du recul, Sylvie ne renie rien du chemin parcouru en 30 ans.

Michelle Boulègue.

Sources  : entretiens  avec Madame  Sylvie Bethus et Monsieur Guy Aubinais