Il n’a pas le moral le pibaleur ou civelier (pêcheur de pibale ou civelle). Découragé, il envisage de vendre son bateau avec lequel il espérait gagner sa vie. C’est une petite unité de moins de 9 mètres conçue pour, l’hiver, pêcher la civelle dans la Vie, et, aux beaux jours, poser casiers, lignes et filets du printemps à l’automne. Pour la pêche à la civelle, le bateau est équipé de deux trémies (pibalots), grandes épuisettes rectangulaires installées de chaque côté du bateau, traînées dans l’eau et remontées au bout de quelques minutes. S’il décide d’arrêter, il espère bénéficier d’une indemnisation pour l’arrêt d’activité de pêche (aide financière à la destruction du bateau). Que le temps est loin (20
ans) quand ils étaient une trentaine de pêcheurs. Maintenant 15 pêcheurs résistent encore aux menaces pesant sur leur activité, devenue très peu rentable. En octobre 2014 la flottille des civeliers a perdu 4 unités.
Le problème est que, malgré l’augmentation de la population de civelles constatée récemment dans l’estuaire de la Vie, les quotas* limitent la production à 40 kg de civelles par bateau destinées à la consommation, principalement le marché espagnol, soit un quota global de 42,5 tonnes pour les pêcheurs français, dont 17 tonnes pour les ports vendéens et de la Loire (1). En décembre 2013, la période de pêche a duré moins de 15 jours, au moment où la température de l’eau et les masses d’eau douce consécutives aux pluies sont propices à la remontée des civelles qui profitent de l’ouverture des vannes du barrage des Vallées pour accéder aux marais (limite de salure des eaux). Quand les vannes sont fermées, c’est par la passe à anguilles que les civelles grimpent vers l’amont. Plusieurs dizaines de kilos de civelles sont de temps en temps constatées en haut de la passe.
La pêche a pu continuer en janvier 2014 pour le repeuplement, mais le mareyeur n’a pas réussi à bien commercialiser la production, la concurrence est vive.
Des braconniers plus ou moins organisés brouillent le marché en réalisant des ventes au noir.
A ce jour le civelier ne sait quel parti prendre. Doit-il, l’angoisse au ventre, se séparer de son bateau et abandonner la pêche à la civelle ? Peut-il raisonnablement espérer une révision du quota, couplée à une autorisation d’exporter sa pêche en Asie? Son projet est plutôt de se lancer dans la pêche à la crevette.
Denis Draoulec
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La civelle est vendue vivante et est exportée en grande partie pour les élevages d’anguilles du monde entier. Elle vaut 5 à 6 centimes d’euro pièce environ. Un kilo de civelles représente en moyenne 3 000 individus.
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La pêche à la civelle a fait autrefois figure de pêche miraculeuse tant les prix étaient élevés; ce n’est plus le cas aujourd’hui et les professionnels français demandent une réouverture, même partielle des marchés asiatiques qui dopaient les ventes. Les marins étant assujettis à un quota de tonnage de pêche, il est incompréhensible que l’exportation vers les pays asiatiques soit fermée car cela n’entraînerait aucun préjudice sur le stock de civelles, si ce n’est une volonté politique de faire tomber les prix afin que les marins pêcheurs aient plus de mal à vivre de ce métier et que cela entraîne dans le temps une diminution de leurs effectifs ?
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Rappelons que la pêche de loisir de la civelle est interdite. La pêche professionnelle est autorisée du 1 décembre au 15 avril. En fait dès janvier 2014 la pêche à la civelle a été fermée prématurément (arrêté préfectoral) du fait des quotas atteints. Elle a été prolongée dans l’estuaire de la Vie jusqu’en avril 2014 pour alimenter le marché du repeuplement.
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Le quota était de 34 tonnes pour 2012-2013. Après avis du comité scientifique en juillet 2013, puis du comité socio-économique, le 2 septembre 2013, le Ministère de l’Écologie et du Développe- ment durable a fixé à 42,5 tonnes le quota national de captures pour la saison 2013-2014. Un quota revu à la hausse en raison non seulement des remontées importantes de civelles en 2012 et 2013 mais aussi de la baisse conjointe du nombre de pêcheurs professionnels. 17 tonnes de civelles étaient destinées à la consommation, 25,5 tonnes au repeuplement.
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Pour la saison de pêche 2014-2015, il est envisagé de fixer le quota de pêche d’anguilles de moins de 12 cm destinées à la consommation à 30 tonnes, soit une augmentation de 13 tonnes par rapport au quota destiné à la consommation fixé lors de la campagne 2013-2014 (17 tonnes). Cette augmentation est proposée au regard de l’avis du comité scientifique qui confirme l’augmentation du recrutement en civelles et l’atteinte des objectifs de réduction de la mortalité par pêche fixés par le plan de gestion de manière à ce qu’il représente 60 % du quota total, conformément aux dispositions du règlement «anguilles». Afin de protéger le stock il est envisagé un quota de 30 tonnes qui correspond à l’avis du comité socio-économique.
* les quotas de capture de civelles instaurés en France des 2009, visent à reconstituer la population d’anguilles en application du règlement européen (2007). La population des anguilles autrefois très abondante s’effondre en France depuis les années 1980 et figure dans la liste rouge des espèces menacées. Plusieurs mesures de sauvegarde, luttant contre les principales menaces (les pollutions des eaux, les barrages, la surpêche, les pertes d’habitat), contribuent au repeuplement progressif de l’espèce.